Le bonheur

Etymologiquement, la philosophie c’est l’amour de la sagesse. On peut dire aussi qu’elle est recherche de la vérité et en ce sens elle est un perpétuel questionnement. Tout le monde veut le bonheur mais le philosophe aspire au bonheur dans la lucidité. Au siècle des Lumières, le but des philosophes était avant tout le bonheur de tous les hommes.

Bergson disait que: "Nous avons la liberté de changer ce qui nous rend malheureux.
Le bonheur se construit en permanence à partir de la lutte contre le malheur.
Le bonheur durable est la résultante d'un acte volontaire."

Le plaisir est le moteur le plus naturel et le plus juste pour motiver l'action humaine. L'esclavage par opposition, en est le moteur le plus injuste.
Puisque le sens de l'évolution semble exiger que nous devenions de plus en plus humain ..
N nous devons alors préconiser les plaisirs correspondants à l'éthique humaine.

Autrement dit, nous devons promouvoir les plaisirs partagés avec autrui .. sans gêner autrui .. dans le respect d'autrui ... et dévaluer au contraire, tout plaisirs pris au détriment d'autrui.

L'action est la valeur fondamentale de l'humanité en construction ... la quête du bonheur en est le moteur ... et le plaisir éthique, sa récompense.

je pense que nous trouvons aussi un certain bonheur dans la contemplation et la méditation , car c'est à partir de là que nous construisons notre monde.

L'État de contemplation (spirituellement parlant) induit la cessation de toute action constructrice. C'est l'extase, l'absorption dans l'absolu.

Mais l'homme doit élaborer son monde. C'est pourquoi l'accès à la contemplation* lui est si difficile.

* La contemplation étant liée à la « non-action» (dans sa dimension spirituelle).

Cette exigence d'efficacité, le ferme également à la gratification de l'extase (la quiétude, le bonheur absolu).

Autrement-dit, le monde étant encore à finir de construire, il exige beaucoup plus d'action que de contemplation. Plus de désir que de béatitude. C'est pourquoi l'homme « constructeur de béatitude », n'a pas accès à la béatitude. Sa récompense se limite au plaisir. Le plaisir est la gratification de l'action constructrice.
L'extase, est la récompense de la non-action (au sens spirituel du terme) ...

Entre les deux formes de ressenti, s'établit une frontière infranchissable. Il est plus facile à l'homme constructeur d'accéder aux divers plaisirs de la vie courante, qu'a l'expérience béate de la contemplation. Celle-ci exige la plupart du temps, une ascèse rigoureuse et un renoncement au plaisir. Je tiens l'inaction pour la véritable joie dit Tchouang tseu, mais la coutume en fait un grand malheur.

"L’autre nuit, moi, Tchouang-Tseu, moine du monastère de Si-Ling, j’ai rêvé que j’étais un papillon. Je voletais ici et là, de fleur en fleur, heureux de vivre libre et insouciant dans la nature ensoleillée. Je n’avais aucune conscience de mon individualité propre, je me sentais papillon, un point c’est tout.
Soudain, je me réveille, et me voilà redevenu moi-même, un moine dénommé Tchouang-Tseu. Maintenant je ne sais plus si je suis un homme qui a rêvé qu’il était papillon ou si je suis un papillon en train de rêver qu’il est un homme !"

Le moine Tchouang-tseu n’essaie pas d’interprêter son rêve, il se conforme simplement à la doctrine taoïste qui dit: "Lorsque nous nous réveillerons, nous comprendrons que notre vie ne fut qu’un long rêve (Tchouang-Tseu est un moine taoïste qui a vécu au 4e siècle avant Jésus-Christ).


le bonheur est éphémère, il se construit à chaque moment de la vie.

Merci Soussou pour tes contributions subtiles et ta superbe image de papillon

je voudrais revenir à la notion de bonheur chez KANT et qui me plaît particulièrement :

Kant refuse l'identification du bonheur au souverain bien. En effet, le bonheur, en tant que satisfaction de tous nos penchants est déterminé par des motifs empiriques réfractaires à l'universalité tandis que le souverain bien n'est rien d'autre que la conduite morale, l'obéissance à la loi universelle dictée par la seule raison. Le bonheur ne saurait être une conséquence matérielle de la vertu ; celle-ci ne le produit pas comme une récompense, comme quelque chose dont on pourrait faire l'expérience ; ce que peut la vertu, c'est nous rendre digne du bonheur.

Le bonheur est un idéal de l'imagination et non de la raison.  

Pour Kant le « concept » de bonheur est impossible à définir. C’est un idéal inaccessible, lié à l’imagination et pas du tout à la raison.
Sa quête n’en reste pas moins un objectif de tous les hommes, partout et toujours.
Pour moi, la notion de bonheur et plus encore la sensation de bonheur sont tout à fait subjectives en effet. Cela n’empêche pas de s’intéresser à ce que chacun met derrière le mot, du plus humble quidam au plus grand philosophe d’hier ou d’aujourd’hui, ne serait-ce que pour être amené à avancer dans sa propre réflexion.

Que répondre à tous ces gens qui se chatouillent la tête pour savoir ce qu'est le bonheur ? Le bonheur, ce sont des moments où tout semble être en harmonie, entre nous et Dieu, entre nous et nous, entre nous et les autres. Il ne dure pas tout le temps. Pour un chrétien, c'est la joie d'être en Dieu qui dure tout le temps.
Ah, ces philosophes !

Que répondre à tous ces gens qui se chatouillent la tête pour savoir ce qu'est le bonheur ? a écrit:

Daisy

tu ne connaissais pas les intellos ?          chuis écrouléeeeeeee

Si tu es écroulée, c'est que tu passes un instant de bonheur ! Tu vois, c'est pas plus compliqué que ça mon Ysandre !n

J'ai lu il y a quelque temps un livre que j'ai apprécié :


S'il est bien un thème qui traverse toute l'histoire de la pensée et dont tous les philosophes s'accordent à dire qu'il serait impossible, c'est bien le BONHEUR.

Mettre la joie dans nos actes et transfigurer le désir peut nous permettre d'avoir une existence heureuse et aussi d'y accéder.

Je ne connais ni ce livre ni son auteur, Sapho. Peux-tu nous en dire un peu plus ?

Robert MISRAHI est un philosophe français né à Paris le 3 janvier 1926. Spécialiste de SPINOZA il consacre son travail à la liberté et au bonheur

    Professeur émérite de philosophie à la Sorbonne, il a publié des dizaines d'ouvrages dont les principaux sont :


   Spinoza, Choix de textes et Introduction, Seghers, 1964

   Traité du bonheur : 1, construction d'un Château, Seuil, 1981, 1995 ; Entrelacs, 2006

   Traité du bonheur : 2, éthique, politique et bonheur, Seuil, 1984

   Traité du bonheur : 3, les actes de la joie, PUF, 1987, 1997 (Rééd. Encre marine, 2010)

   Voici un extrait d'une interview faite à l'université de CAEN:




        Pour avoir la bibliographie complète http://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Misrahi#Bibliographie

Ban Ki-Moon exprimait à ce sujet : «Lorsque nous contribuons au bien commun, nous nous enrichissons nous-mêmes. La compassion apporte le bonheur, et elle nous aidera à façonner l’avenir que nous voulons ».
« La compassion envers soi-même réfère à la capacité d’être indulgent et compréhensif envers soi-même lorsque confronté(e) à des insuffisances personnelles ou des situations difficiles plutôt que de se critiquer négativement«
Les personnes qui ont de la compassion envers elles-mêmes conçoivent les revers et les problèmes de la vie comme une partie de l’expérience humaine, partagée par tous à un moment ou un autre. Elles sont également conscientes de leurs pensées et de leurs émotions négatives telles qu’elles sont. Ces dernières sont ainsi reconnues sans être supprimées ou amplifiées.

le bonheur passe aussi par les émotions, par l'harmonie de nos cinq sens:

La sensualité du bonheur découle directement de la pleine conscience. Cet effet de la pleine conscience n’est pas encore étudié mais on pourrait y trouver là une des clés du bien-être.
Au plus la conscience de notre corps et de notre environnement se développe grâce à l’entraînement de la pleine conscience, au plus nous devenons sensibles aux stimulations sensorielles et au plaisir qu’elles nous apportent.
Respirer, sentir l’air et ses parfums, le mouvement de son corps nous ramènent au présent oui, mais surtout nous apportent des sensations agréables et nous font ressentir le « plaisir d’être » vivant, d’être en connexion permanente à notre environnement grâce à nos cinq sens.
La méditation de la pleine conscience n’est donc pas une simple méditation sur la présence à « ce qui est », ce qui serait déjà extraordinaire tant les effets,  c’est aussi et surtout une ouverture à ressentir et jouir de « ce qui est », à la manière d’un enfant toujours émerveillé, à la manière d’un artiste en communion avec la beauté, à la manière d’un amant amoureux de l’univers.

Un jour Krisnamurti, sans doute un des plus grand maîtres de la pleine conscience, marchait dans la campagne en Inde et témoignait à la vue d’un cortège de moines passant sur le chemin et récitant des mantras et étant pleinement présent à leur marche et leur chant : « Ont-ils vu ce ciel majestueux au-dessus de leur terre, se sont-ils extasiés sur le rouge de ces montagnes dans le coucher du soleil, ont-ils pu jouir de ce parfum unique à cette heure de la journée, de cette qualité de lumière et de ce vert merveilleux que l’on voit en cet instant ? En ont-ils seulement profité ? »
L’enseignement de Krishnamurti repose sur la conviction que les transformations de la société ne peuvent se faire qu’au terme d’une transformation des individus. Critique vis-à-vis des religions et des sectes, Krishnamurti n’aura de cesse de répéter que le bonheur passe par le refus de tout type d’autorité. C’est le sens des multiples conférences qu’il a données pendant des dizaines d’années, partout dans le monde.

« Dès l’instant où vous suivez quelqu’un, vous cessez de suivre la Vérité. »

Le Sens du bonheur – un best-seller mondial – nous permet de voir le monde autrement. Sans parti pris, universelle, la parole de Krishnamurti nous fait découvrir les racines mêmes de nos problèmes personnels et de ceux de la société qui nous entoure. Il nous apprend l’art de voir et d’écouter avec notre cœur. Et à découvrir la Vérité qui est en nous.

 Merci Sapho pour tes infos. Il faudra que je réfléchisse aux propos de Misrahi  
Je connais le livre de Krishnamurti, Soussou, ce que tu rappelles est intéressant,  .
Voilà des points de vue qui enrichissent notre réflexion.

Se sentir heureux (ou malheureux) n'est pas compliqué, Daisybraille, tu as raison. Cependant, réfléchir à ce que recouvre cette notion, impossible à définir de façon universelle selon certains, ne peut être qu'enrichissant. Cela dit, nul n'est obligé de le faire !

je n'arrive pas à trouver du bonheur aujourd'hui ... je ne vais vraiment pas bien:pale: je n'ai pas eu le coeur à faire des facéties pour vous faire sourire ..... lémurien oreilles plates et queue au sol.... il a fait très chaud et ce soir, le ciel est menaçant.
j'ai quand même eu vos paroles gentilles et celles de ma fille au téléphone.

Voilà des petits instants de bonheur dans ta journée : ta gentille fille qui pense à toi, et nos petits messages... Encore une fois, pas compliqué !
Linda

coucou Daisy  c'est pourquoi je dis souvent : "simple comme le bonheur !"
ce matin j'ai trouvé un e mail de mon fils envoyé hier soir tard. Un poème pour me dire toute sa tendresse, son amour filial, sa peur de me perdre. J'en ai pleuré ... de bonheur. Il a ce don de mettre des mots sur ses sentiments, sans mièvrerie, des mots qui percutent... Voilà qui a illuminé ma journée !
La fin m'inquiète un peu ? encore une déception sentimentale ....
il écrit : "tu es la plus belle âme de femme que j'ai jamais rencontré" 

Et quel bon moment !
Moi, mon bonheur du moment, c'est d'enfin sentir un petit vent frais me caresser l'épaule alors que j'écris à tous mes amis. Ce vent fait un bien fou fou fou...
Gros bisous, et la gentille cloche sonne le quart d'heure passé...
Daisy

 
320 p chez Milan.
 
il a écrit retour à l'emerveillement chez Albin Michel, collaboré avec marie hennezel pour Une vie pour se mettre au monde, La foi, ou la nostalgie de l'admirable, La foi au miroir de la psychanalyse   et des livres sur Kant, et les philosophes contemporains.
 
Sa bibliographie pour le livre ci-dessus me donne l'impression qu'il fait feu de tout bois, de Philippe Delerm ) à Epicure et Lao Tseu, Alain, Camus et Spinoza.

autrement dit : penser avec la pensée des autres. Pfuit !

pas forcément, on a besoin de repères et de bien poser les questions ; là j'ai pris lelivre pour son titre, mais je doute d'être interessé par "la beatitude" et des rappels à tout va. Mieux vaut, à mon sens, prendre un penseur, et se positionner à sa suite (ce qui ne veut pas dire "dans son sillage").

j'entends bien ! mais on peut aussi avoir sa propre idée du bonheur, après tout, chacun à son ressentit personnel ! les philosophes sont là pour nous aider à nous poser les bonnes questions, mais je ne vais pas laisser quelqu'un "penser à ma place" !
Les "certitudes" de certains philosophes m'ont hérissé le poil ! je veux bien que l'on me suggère des directions (suis pas obligées de les prendre !), que l'on me fasse me questionner, j'en ai besoin, mais pas de "maîtres à penser" au sens rigide du terme ! Quelque part, je dois être une rebelle ! 

et se positionner à sa suite (ce qui ne veut pas dire "dans son sillage"). a écrit:

tu joue sur les mots ! pour moi, "à sa suite", c'est dans son sillage !

pas du tout.

A sa suite : selon sa façon, acceptée ou non, de poser les problèmes ;

dans son sillage, agir comme un disciple, adopter son point de vue.

bon, d'accord, je n'avais pas saisi la nuance !