Histoire des jeux

Il existe bien des familles de jeux: ceux de plateau, d'adresse les jeux physiques et intellectuels, , les jeux de stratégie ou de hasard.

L'origine de certains remonte à la plus haute antiquité. Les Égyptiens s'adonnent déjà a de multiples jeux , de plateau pour la plupart. Le jeu royal de Uhr , en vogue dès 2 500 ans av J.C , est l'un des plus anciens jeux de plateau connus !

Les jeux pratiques par les hommes du Moyen Age sont hérités pour la plupart de jeux connus des Égyptiens, des Romains ou des Grecs. D'autres proviennent de la lointaine Asie et ont transité par les pays arabes . Bien sûr les règles ont évolué au fil des siècles.

De nos jours certains jeux sont encore pratiqués, parfois sous des noms différents ou avec de nouvelles règles. C'est le cas de notre actuel backgammon : nommé senet par les Egyptiens de la III ème Dynastie ( 27 ème siècle av J.C ) , tabula par les Romains , il prend le nom de tric-trac ou de tables au Moyen Age

oui, un fil interessant.

je deborde un peu du sujet avec cet essai de Caillois qui étudie l'interêt et la nature des différents jeux, comme d'éprouver un certain vertige par exemple.


Il parle à cette occasion du chien qui court après sa queue, et de la "tournante" du mouton (rien de sexuel dans ces deux pratiques).

MARELLE

C'est un jeu très ancien dont on trouve des traces sur le forum de Rome.
Les voies romaine dallèes étaient de bons terrains de jeu.

Au moyen Age, ce jeu est encore beaucoup pratiqué par les enfants et le plan de la marelle n'est pas sans rappeler celui d'une église romane avec sa nef et son transept.

Le nom marelle provient certainement du masculin méreau[i], qui désigne une petite pièce ou jeton, celui ci faisant parfois office de palet.


CERCEAU

Le cerceau, grand cercle de bois poussé à la main ou à l'aide d'un bâton, est déjà connu au IV ème siècle av J.C et Hippocrate, médecin grec , en fait mention dans l'un de ses traités.

Le but du jeu est de faire rouler le cerceau le plus vite et le plus longtemps possible. Des courses de cerceaux peuvent ainsi être organisées. Il constitue un excellent exercice physique.

Intéressant tout ça !

Mon petit doigt me dit que tu vas sans doute nous parler du jeu des osselets ?

Curieux en effet !

la marelle est décrite par Caillois comme le parcours de l'âme après lamort, et ton message me fait m'en souvenir.

C'est une interprétation de Caillois tout à fait plausible !

BILLES

L'origine des billes remonte aux Grecs, qui jouent avec des glands ou des olives. Le jeu s'appelle tropa.

Les Romains le nomment orca et utilisent des noisettes ou des noix. Une expression romaine, relinquere nuces ( quitter les noix ) , qui signifie " quitter l'enfance ", semble indiquer que ce jeu est exclusivement destiné aux enfants. Pourtant, les adultes ne dédaignent pas ce jeu à l'occasion.

Au moyen Age , même si les noisettes sont encore en usage , les billes sont souvent confectionnées en terre cuite.

De telles billes ont été retrouvées dans les fouilles archéologiques de la citadelle militaire de Calmont d'Olt , Espalion ( Aveyron ), ce qui semble indiquer que même les soldats s'adonnent à ce passe temps durant leur loisirs.


DIABLE BOITEUX

Ce jeu d'origine grecque porte le nom d'Empuse en référence à cette divinité effrayante, messagère de la déesse Hécate.
Empuse possédait un pied en airain, ce qui la faisait boiter.
Au Moyen Age, le jeu perdure sous le nom de diable boiteux. De nos jours il est encore connu sous le nom de mère Garuche .

Règle du jeu :

Un joueur est désigné pour faire le diable boiteux. Il réside dans son antre, qui peut être un carré de 2 mètres sur 2 tracé au sol. Il tient dans la main un morceau de tissu enroulé sur lui même et symbolisant la queue du diable. Lorsqu'il sort de son antre , il crie " Le diable vient ". Aussitôt, les autres joueurs doivent éviter de se faire toucher par la queue du diable.
Si l'un d'eux est touché, il est capturé et devient diablotin. Il pourra alors aider le diable dans sa chasse. Le dernier joueur capturé emporte la partie

ATTENTION : le diable ne se déplace qu'en boitant à cloche pied !

Natalia , je suis désolé mais je n'ai pas d'os-laids !! Que du beau chez moi !!!

j'adorais jouer aux billes. je reviendrais bien en arrière pour faire 2 ou 3 parties.

Moi aussi , et j'avais même des gros " calots " !

COLIN MAILLARD

Jeu immémorial, Colin aurait été créé selon la légende, pour honorer la mémoire du chevalier Colin, qui , lors de la prise d'un château fort, s'était introduit avec quelques uns de ses hommes par une brèche dans une courtine : malheureusement un morceau de muraille se détacha, ensevelissant quelques hommes sous les pierres et soulevant un gros nuage de poussière.

Colin perdit son épée à ce moment et , la cherchant à tâtons , il trouva un maillard ( mailloche utilisée par les sapeurs de muraille).
A défaut d'épée , il s'en empara et frappa à l'aveuglette , laissant le temps à ses hommes de se retirer des gravats et de se réorganiser .


Règle du jeu

On fixe un bandeau sur les yeux d'une personne tirée au sort ( baptisé Colin )
On lui fait faire trois tours sur elle même pour la désorienter.
Ensuite, les autres joueurs s'amusent à la frôler et à la houspiller.
Si Colin parvient à saisir un des participants , il doit deviner de qui il s'agit.
S'il devine, l'autre joueur prend sa place
S'il échoue, le captif est relâché et le jeu se poursuit.

JEU DU RENARD ET DES OIES

Matériel : un plateau de jeu ( voir dessin ci dessous ) 18 pions d'une couleur (oies ) et 1 d'une autre (renard )

But du jeu : il s'agit pour le renard de se débarasser des oies , et pour les oies de bloquer le renard dans un coin du palteau

Nombre de joueurs : 2

Déplacement des pions : chaque joueur joue à tour de rôle.
Celui qui incarne les oies commence, en avancant un pion vers un point adjacent

Les oies se déplacent en avant ou lateralement, mais ni vers l'arrière, ni suivant les diagonales.

Le renard se déplace dans toutes les directions vers le point d'intersection le plus proche.

Attaques du renard : seul le renard peur capturer des oies en sautant par dessus ( comme au jeu de dames ).
La case d'arrivée doit être obligatoirement libre.
Plusieurs oies peuvent être mangées à la suite

Fin du jeu : Le renard est vainqueur si le joueur adverse ne dispose plus de suffisamment d'oies pour bloquer le renard.
Les oies l'emportent si le renard se trouve bloqué ou encerclé , dans l'incapacité de sauter à nouveau par dessus une oie

LES ÉCHECS

Le jeu des échecs n'est sans doute pas le plus ancien des jeux connus, mais il est sans conteste le plus populaire.
Son apparition remonte à plus de 2000 ans.

En 327 av J.C. lorsque Alexandre le Grand envahit le territoire qui correspondrait de nos jours à l'Inde, il se trouve opposé à l'armée du roi Poros, forte de
50 000 fantassins, 1000 chars, 130 éléphants de guerre et 3000 cavaliers.

Le jeu des échecs commémore cette bataille.

Appelés chatarunga en sanskrit ( ce qui signifie posséder quatre membres ), les échecs font référence aux quatre divisions de l'armée indienne :

- les chars , qui deviendront des tours
- les cavaliers
- les éléphants, qui deviendront les fous
- les fantassins qui deviendront les pions

Entre l'époque d'Alexandre le grand et le VI ème siècle de notre ère, le jeu s'enrichit et quatre armées se retrouvent désormais opposées.
On y ajoute un monarque le shah.
Au VI ème siècle, les perses transforment le jeu , suppriment deux armées et développent les deux restantes ; un conseiller est adjoint au roi, et chaque armée possède désormais seize pions

C'est lors de l'invasion de la perse que les Arabes découvrent ce jeu.
Au VII ème siècle , le calife Harûn al Rashîd a l'habitude de convier fréquemment à Bagdad les plus grands joueurs d'échecs.
Le premier traité théorique sur les échecs, la " Latif fi'sn-shatranj ", attribué à Al Adi paraît en 842.





En Europe le jeu d'échecs est réputé dès le XII ème siècle.
On pense qu'il a été introduit par les Arabes en Espagne, et le premier contact de Charles Martel avec les Arabes en 732 pourrait être à l'origine de sa diffusion en France.

Certains témoignages du XI èmé siècle montrent l'importance qu'a déjà pris ce jeu.
Le cardinal Petrus Damiani condamne d'ailleurs l'évêque Gérard, " pour s'être adonné ( aux échecs ) toute une soirèe dans une auberge , à réciter trois fois le psautier, à laver les pieds de douze pauvres et à gratifier chacun d'un écu ".
Les chevaliers des Croisades ont largement contribué à répandre la pratique de ce jeu .

Les règles évoluent régulièrement jusqu'à la fin du XV ème siècle , où la dame et les fous commencent à se déplacer de plusieurs cases ( leur déplacement était limité à l'origine ) , et les pions d'une case supplémentaire au premier coup.
Enfin la tactique du roque , grand ou petit, est introduite au XVI ème siècle.

De nombreuses légendes circulent quand à l'origine des échecs.
Jacques de la Cessole pense que le jeu a été imaginé par un sage nommé Xerxès , désireux de faire prendre conscience au tyran Evilmerodach , Roi de Babylone , des folies de son comportement





à suivre histoire et déplacement des pièces ............

ECHECS . histoire du dèplacement des pièces

Le Pion

Il a toujours représenté le fantassin, plus petite unité militaire d'une armée.
Au Moyen Age en Occident, les moines chrétiens tentent d'assimiler chaque pion à une classe de la société (cf Jacques de le Cessole ) :
valet de ferme, forgeron,aubergiste , négociant ....... Sans succès.
Le pion reste identifié à l'infanterie.
A l'origine , son mouvement n'est que d'une seule case, y compris au premier coup.



Le Fou

Dans le chatarunga, c'était un éléphant monté par un guerrier armé de lances.
Lorsque le jeu est transmis aux Arabes, ceux ci lui donnent le nom de al-fil , éléphant en arabe.
La figurine stylisée ( dôme d'où jaillissent 2 protubérances en guise de défenses ) n'est pas clairement perçue par les occidentaux, qui donnent à cette pièce une attribution différente selon les pays : fou ou juge en France ( il est nommé Alphin ), évêque en Angleterre.

Initialement, le fou ne se déplacait que de deux cases, mais pouvait sauter par dessus une autre pièce.
Au XV ème siècle, son déplacement n'est plus limité, mais il perd du même coup le bénéfice du saut !




La Tour

C'était le char dans l'armée indienne.
Le Chatrang Namak , plus ancien ouvrage persan relatif au chatarunga, désigne cette pièce sous le nom de " rukh " ( char )
La version arabe des échecs conserve son nom persan mais le char disparait au profit d'un personnage symbolisant le conducteur du char.
En Angleterre, la pièce porte le nom de " rook " ou " castle "

En France , la déformation de " rukh " a peut être inspiré le terme " roc " désignant cette pièce.
Ce roc serait à l'origine de la tour ( forte comme un roc ).

Le déplacement de cette pièce est sujet à controverse.
Pour certains , la tour s'est toujours déplacé sur les lignes horizontales et verticales, d'un nombre de cases limitées ; d'autres pensent que le mouvement de la tour n'était que d'une seule case, et que c'est l'apparition de la poudre et du canon au XIV ème siècle ui ont incité à agrandir son champ d'action à plusieurs cases

Le Cavalier

Seule pièce a n'avoir subi aucune transformation depuis l'origine du jeu , le cavalier ( faras en arabe ) avait la forme symbolique d'un dôme surmonté d'un triangle , qui rappelait la tête d'un cheval.
L'Europe chrétienne a adopté le faras en lui donnant les noms de " cavalier " ou de " chevalier " selon les pays



La Reine

Pièce nommée jadis firzan, il s'agissait à l'origine d'un conseiller mâle du roi qui se déplaçait d'une case sur les verticales, horizontales ou diagonales.
Son rôle était de protéger le roi .
Lorsque le jeu arrive en Angleterre, la place de ce fers ( déformation du persan firzan ) auprès du roi fait naturellement penser qu'il s'agit d'une reine.
Au XV ème siècle sont attribués davantage de pouvoir à la reine : la longueur et la direction de ses déplacements ne sont plus limités.

Certains historiens voient en cette modification l'influence de la reine Isabelle Ier de Castille, au charisme légendaire, qui favorisa les expéditions de Christophe Colomb .........
Les nouvelles règles se répandent rapidement à travers l'Europe, sous le nom " d'échecs de la reine folle ".

Le Roi

Le roi du jeu d'échecs n'a rien d'un de ces monarques féodaux qui conduisent eux mêmes leur armée et prennent part à la bataille.
Il ressemble d'avantage au shah indien .

Si le shah est pris, tout est perdu !
Le mot " mat " désignant un roi capturé, incapable de se déplacer , vient du persan " shah-mat " qui signifie " Le Roi est mort " .

J'avais un prof à la fac qui était sociologue spécialisé dans le jeu, mais si mes souvenirs sont bons, il s'agissait d'avantage des jeux d'argent ou des jeux télé. Il s'appelle Jean-Pierre Martignoni pour celles et ceux que ça intéresse.

besta a écrit:

j'adorais jouer aux billes. je reviendrais bien en arrière pour faire 2 ou 3 parties.

J'y jouerais bien avec toi, besta : cela me rappellerait mon enfance, le temps où j'étais élève au "petit lycée" majoritairement fréquenté par des garçons ; à la récré, tout le monde jouait aux billes et sortait son sac ; j'ai possédé de superbes agathes... disparues je ne sais où

Tout est noté !

CONDAMNATION DES JEUX D'ARGENT

Dans l'Antiquité l'Empereur Néron n'hésite pas à parier jusqu'à 400 000 sesterces lors d'une partie.
Au XIV èm siècle, Bérenius, héros d'une oeuvre littéraire, se retrouve tout nu après avoir perdu son argent et ses vêtements pendant une malheureuse partie de dés !
Et les exemples ne manquent pas dans les archives judiciaires de personnes s'étant faites dépouiller au jeu.

C'est la raison pour laquelle, lorsque l'enjeu d'une partie est en espèces ,nombreux sont ceux qui n'hésitent pas à tricher.
Les rixes sont fréquentes.

Villon , dans sa Ballade de bonne doctrine à ceux de mauvaises vie , s'adresse aux joueurs en ces termes :

" Car ou soies porteur de bulles , Pipeur ou hasardeur de dez "

A maintes reprises , les autorités tant civiles que religieuses tentent de réglementer ou d'interdire les jeux de hasard, notamment les jeux d'argent.

C'est le cas en Espagne où le 79 èm Canon du Synode d'Elvire ( 305 ap. J.C. ) condamnent ceux qui jouent de l'argent au tabula.

Le Code de Justinien ( 730 ap J.C. ) interdit les tabula aux membres du clergé

En 1254 , le pieux Louis IX tente de proscrire les jeux de dés. En vain . Son prévôt Etienne Boileau enregistre le plus normalement du monde le métier de décier ( fabricant de dés ) dans son registre le Livre des Mètiers , à peine six ans plus tard en 1260 !

Rappelons encore l'Ordonnance de 1379 visant à interdire en France , les jeux de dés , tric-trac, quilles et autres boules ....



Pourtant il devient difficile de lutter contre le jeu, du fait que toutes les classes de la société s'y adonnent sans retenue.
Oderericus Vitalis ( 1075-1143 ) ne rapporte t'il pas sans retenue que même " prêtres et évêques aimaient à jouer aux dés "




Et Louis IX ne surprend-il pas son frère Charles d'Anjou en train de jouer aux tables alors que tous les deux portent encore le deuil de leur frère Robert d'Artois. Dans un geste de colère, le Roi jette tables et dés à la mer !

Devant l'impossibilité d'interdire totalement la pratique de certains jeux, il est envisagé d'orienter les populations vers des activités ludiques jugées plus utiles. L'Ordonnance du 3 Avril 1369 interdit plusieurs jeux, dont les dés, les quilles, le palet, les tables, la paume, la soule......mais préconise en revanche la pratique du tir à l'arc et à l'arbalète ........ Activités certes plus utiles en ces temps troublés.

Une hiérarchie se fait peu à peu entre " bons " et " mauvais " jeux. C''est ce qui fait dire au poète Jean Meschinot, à la fin du XV èm siècle :

A jeux honnestes tu peux te délasser
Lutter, saillir sans bras ne pieds casser
Courir aux barres pour plus force amasser
Mais autres jeux
Cartes, hasards sont à tous dommageux
Las ! On y jure, on dit mots oultrageux "