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| | henry Bauchau, le boulevard periphérique | |
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+7darabesque Ysandre kuroneko Natalia nicyrle Maya rotko 11 participants | |
Auteur | Message |
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Esperluette pilier
Nombre de messages : 370 Localisation : Parmi les livres Date d'inscription : 12/02/2012
| Sujet: Re: henry Bauchau, le boulevard periphérique Lun 14 Mai 2012, 19:47 | |
| - Spoiler:
- Citation :
- Ils sont en face de moi, l'œil rond, et je me vois soudain dans ce regard d'effroi : leur épouvante.
Depuis deux ans, je vivais sans visage. Nul miroir, à Buchenwald. Je voyais mon corps, sa maigreur croissante, une fois par semaine, aux douches. Pas de visage, sur ce corps dérisoire. De la main, parfois, je frôlais une arcade sourcilière, des pommettes saillantes, le creux d'une joue. J'aurais pu me procurer un miroir, sans doute. ON trouvait n'importe quoi au marché noir du camp, en échange de pain, de tabac, de margarine. Même de la tendresse, à l'occasion. Mais je ne m'intéressais pas à ces détails. La preuve d'ailleurs, je suis là. Ils me regardent, l'œil affolé, rempli d'horreur? (…) C'est l'horreur de mon regard que révèle le leur, horrifié. Si leurs yeux sont un miroir, enfin, je dois avoir un regard de fou, dévasté. Je voyais mon corps, de plus en plus flou, sous la douche hebdomadaire. Amaigri mais vivant : le sang circulait encore, rien à craindre. Ca suffirait, ce corps amenuisé mais disponible, apte à une survie rêvée, bien que peu probable. On peut toujours tout dire, en somme. L'ineffable dont on nous rebattra les oreilles n'est qu'alibi. Ou signe de paresse. On peut toujours tout dire, le langage contient tout. On peut dire l'amour le plus fou, la plus terrible cruauté. On peut nommer le mal, son goût de pavot, ses bonheurs délétères. On peut dire Dieu et ce n'est pas peu dire. On peut dire la rose et la rosée, l'espace d'un matin. On peut dire la tendresse, l'océan tutélaire de la bonté. On peut dire l'avenir, les poètes s'y aventurent les yeux fermés, la bouche fertile. On peut tout dire de cette expérience. Il suffit d'y penser. Et de s'y mettre. D'avoir le temps, sans doute, et le courage, d'un récit illimité, probablement interminable, illuminé –clôturé aussi, bien entendu- par cette possibilité de se poursuivre à l'infini. Quitte à tomber dans la répétition et le ressassement. Quitte à ne pas s'en sortir, à prolonger la mort, le cas échéant, à la faire revivre sans cesse dans les plis et les replis du récit, à n'être plus que le langage de cette mort, à vivre à ses dépens, mortellement. Mais peut-on tout entendre, tout imaginer ? Le pourra-t-on ? Et auront-ils la patience, la passion, la compassion, la rigueur nécessaire ?Le doute me vient, dès ce premier instant, cette première rencontre avec des hommes d'avant, du dehors –venus de la vie, à voir le regard épouvanté, presque hostile, méfiant du moins, des trois officiers. Ils sont silencieux, ils évitent de me regarder. Je me suis vu dans leur œil horrifié pour la première fois depuis deux ans. Ils m'ont gâché cette première matinée, ces trois zigues. Je croyais en être sorti, vivant. Revenu dans la vie, du moins. Ce n'est pas évident. A deviner mon regard dans le miroir du leur, il ne semble pas que je sois au-delà de tant de mort. Une idée m'est venue, soudain –si l'on peut appeler idée cette bouffée de chaleur, tonique, cet afflux de sang, cet orgueil d'un savoir du corps, pertinent-, la sensation, en tout cas, soudaine, très forte, de ne pas avoir échappé à la mort, mais de l'avoir traversée. D'avoir été, plutôt, traversé par elle. De l'avoir vécue, en quelque sorte. D'en être revenu comme on revient d'un voyage qui vous a transformé : transfiguré, peut-être. J'ai compris soudain qu'ils avaient raison de s'effrayer, ces militaires, d'éviter mon regard. Car je n'avais pas vraiment survécu à la mort, je ne l'avais pas évitée. Je n'y avais pas échappé. Je l'avais parcourue, plutôt, d'un bout à l'autre. J'en avais parcouru les chemins, m'y étais perdu et retrouvé, contrée immense où ruisselle l'absence. J'étais un revenant, en somme. Cela fait toujours peur, les revenants. Soudain, ça m'avait intrigué, excité même, que la mort ne fût plus à l'horizon, droit devant, comme le butoir imprévisible du destin, m'aspirant vers son indescriptible certitude. Qu'elle fût déjà dans mon passé, usée jusqu'à la corde, vécue jusqu'à la lie, son souffle chaque jour plus faible, plus éloigné de moi, sur ma nuque. C'était excitant d'imaginer que le fait de vieillir, dorénavant, à compter de ce jour d'avril fabuleux n'allait pas me rapprocher de la mort, mais bien au contraire m'en éloigner. Peut-être n'avais-je pas tout bêtement survécu à la mort mais en étais-je ressuscité : peut-être étais-je immortel, désormais. En sursis illimité, du moins, comme si j'avais nagé dans le fleuve Styx jusqu'à l'autre rivage. Ce sentiment ne s'est pas évanoui dans les rites et les routines du retour à la vie, lors de l'été de ce retour. Je n'étais pas seulement sûr d'être vivant, j'étais convaincu d'être immortel. Hors d'atteinte, en tout cas. Tout m'était arrivé, rien ne pouvait plus me survenir. Rien d'autre que la vie, pour y mordre à pleines dents. C'est avec cette assurance que j'ai traversé, plus tard, dix ans de clandestinité en Espagne. (…) Mais je suis encore dans la lumière du regard sur moi, horrifié, des trois officiers en uniforme britanniques. Depuis bientôt deux ans, je vivais entouré de regards fraternels. Quand regard il y avait : la plupart des déportés en étaient démunis. Eteint, leur regard, obnubilé, aveuglé par la lumière crue de la mort. La plupart d'entre eux ne vivaient plus que sur la lancée : lumière affaiblie d'une étoile morte, leur œil.
Il s'agit d'un extrait de L'écriture ou la vie,de Jorge Semprun. Ce qui m'a touchée et intriguée est l'importance accordée au regard. Ici, Jorge Semprun se voit littérament dans le regard des trois officiers et découvre l'épouvante que leur cause sa vue. Aucun échange entre les personnages, pas une parole, les regards font peur. Lui qui croyait avoir retrouvé la liberté, s'aperçoit avec horreur qu'il n'est plus un humain ordinaire pour ses libérateurs : c'est un revenant. Et par le travail de l'écriture, il arrive à rendre ce personnage qui n'a plus d'identté en quelque sorte une dimension mythique. Il est comparable à Orphée revenu des Enfers. Il a traversé les mêmes épreuves : il a vu la mort et revient de l'enfer, marqué à jamais. | |
| | | Amadak pilier
Nombre de messages : 3859 Localisation : Buenos-Aires Date d'inscription : 08/12/2007
| Sujet: henri Bauchau- le boulevard périphériquer Lun 14 Mai 2012, 20:17 | |
| pour Esperluette: merci d'abord pour ton accueil,c'est vrai j'ai du courage, Ce livre de Semprun je l'ai lu, l'ecriture ou la vie, un livre bouleversant qui peint une réalité affreuse, nous en avons parlé sur GDS. Ton extrait n'est pas hors sujet, il parle de l'importance du regard, qui doit se trouver dans le livre de Bauchau aussi, je n'ai pas pu lire le livre en raison de ma vue, mais je le lirai plus tard, avec grand plaisir. Les commentaires me tentent. | |
| | | Esperluette pilier
Nombre de messages : 370 Localisation : Parmi les livres Date d'inscription : 12/02/2012
| Sujet: Re: henry Bauchau, le boulevard periphérique Lun 14 Mai 2012, 20:38 | |
| Merci à toi Amadak d'être là, je t'assure. Ta détermination et ton amour passionnel pour les livres te feront revenir pour apporter ton grain et rendre hommage à Bauchau. Je suis contente de savoir que tu as apprécié ce livre de Semprun, un autre grand monsieur. Ce roman a une autre similitude avec le Boulevard, ils ont été écrits longtemps après. Il faut tout simplement du temps pour revenir sur des moments douloureux de la vie. Je file moi ... Bonne nuit! | |
| | | Amadak pilier
Nombre de messages : 3859 Localisation : Buenos-Aires Date d'inscription : 08/12/2007
| Sujet: henri Bauchau- le boulevard périphériquer Lun 14 Mai 2012, 21:40 | |
| pour Esperlouette je n'avais pas pensé à la similitude des deux oeuvres qui ont eu besoin de beacoup de temps pour s'exprimer. | |
| | | Maya pilier
Nombre de messages : 4596 Age : 71 Localisation : Thrace Date d'inscription : 16/07/2009
| Sujet: Re: henry Bauchau, le boulevard periphérique Mar 15 Mai 2012, 12:42 | |
| Je lis vos commentaires avec un enorme bonheur et j'apprecie tous les posts qui rendent hommage a Bauchau! Moi-meme, desolee, dernierement je suis mal concentree et je ne lis pas beaucoup, je ne poste pas beaucoup non plus. Un voyage de vacances un peu complique me fait stresser un peu. Mais ce n'est pas important. Ce qui importe ce sont les messages doctes, passionnes des grains sur le Boulevard peripherique! | |
| | | mazel pilier
Nombre de messages : 1421 Age : 72 Localisation : Carrières sous Poissy Date d'inscription : 19/01/2007
| Sujet: Re: henry Bauchau, le boulevard periphérique Mer 23 Mai 2012, 07:45 | |
| Commencé hier soir ! je me souviens pourquoi je ne l'avais pas lu... parle de maladie, de cancer , sujets que j'évite depuis le départ de mon père, il semble que je puisse aborder le sujet maintenant. Lus juste deux livres de Henry Bauchau jusqu'à présent, Œdipe sur la route et Antigone, à l'époque j'ignorais encore le nom de l'auteur mais je m'étais laissée séduire par le thème mythologique. Me reste à lire pour clore ce chapitre Diotime et les lions. J'en suis à la page 40le style me plait, je n'ai qu'une envie, retourner lire le plus tôt possible... | |
| | | Esperluette pilier
Nombre de messages : 370 Localisation : Parmi les livres Date d'inscription : 12/02/2012
| Sujet: Re: henry Bauchau, le boulevard periphérique Mer 23 Mai 2012, 19:38 | |
| A propos de Boulevard Périphérique et de sa genèse Henri Bauchau confiait à Marine Landrot (journaliste à Télérama) que : « ce livre est issu d’un acte manqué. A la mort de ma belle-fille, en 1980, j’ai écrit six gros cahiers. Un ana plus tard, je suis parti en Bretagne avec l’intention de retravailler ces notes. Arrivé sur place, je me suis aperçu que j’avais oublié le premier cahier à Paris. JE me suis demandé si je devais aller le rechercher. Et j’ai pensé que cet oubli me disait : « C’est trop tôt. » Le livre était trop vaste, trop emmêlé de choses, il valait mieux attendre. C’est comme ça qu’il est resté vingt ans de côté. Soudain, en 2006, je me suis souvenu : « J’ai là une matière, je vais la retravailler. » Voilà pour la petite histoire ! Il est toujours émouvant de savoir comment un livre a été écrit, construit, reconstruit ... je trouve. Au plaisir de poursuivre cette lecture avec vous! @ Maya, j'espère que tout va mieux pour toi! @ Mazel, tu vas adorer la suite ... un vrai bonheur d'écriture! | |
| | | mazel pilier
Nombre de messages : 1421 Age : 72 Localisation : Carrières sous Poissy Date d'inscription : 19/01/2007
| Sujet: Re: henry Bauchau, le boulevard periphérique Mer 23 Mai 2012, 20:13 | |
| merci Esperluette, je pense qu'il doit être difficile d'écrire sur le sujet, surtout "à chaud". M'étonne pas vraiment qu'il ait du attendre de pouvoir le faire bonne soirée
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| | | mazel pilier
Nombre de messages : 1421 Age : 72 Localisation : Carrières sous Poissy Date d'inscription : 19/01/2007
| Sujet: Re: henry Bauchau, le boulevard periphérique Mar 29 Mai 2012, 13:40 | |
| terminé hier soir. Impressions en vrac :roman sur la mort et la solitude, peu de dialogues, tout passe par les regards. la solitude, une impression que chacun des personnages est seul, malgré la solidarité qui entour Paule. le narrateur : déjà un certain âge, puisque grand-père, retraité ? son métier était probablement médecin, psy peut-être, l'amie qu'il consulte pour l'enfant est psy, sans compter sa façon d'analyser les faits passés et présents. Marié, mais il semble avoir eu une forte attirance (partagée) envers Stéphane. Paule, la belle-fille dont on suit la maladie, semble plus proche de son beau-père que de son époux ? Stéphane, homosexuel ? pas dit clairement, on ne lui connaît aucune aventure, mais il semble inspirer l'amour autant aux hommes qu'aux femmes. Paule et Stéphane, me semble la représentations d'un dieu et d'une déesse qui sont condamnés à mourir jeunes, trop beau, trop solaire pour pouvoir vivre une vie commune, ils ne peuvent que finir avant de se faner. la mère, de Paul, personnage rassurant, image de la pieta ? Mikha, Win, le fils et le petit fils du narrateur, personnage un peu en dehors de l'histoire. Impression qu'il y a un ancien contentieux entre Mikha et son père, leur relation ne semble pas simple, mais pas vu d'explication, sauf peut-être une certaine rivalité dans l'affection de Paule ? Argile, épouse du narrateur, au début j'ai pensé qu'il s'agissait d'une employée. Doit-on se poser la question sur la symbolique de son prénom ? le colonel Shadow, enfin, qui vient hanter comme une ombre le narrateur, représente la force brutale, masculine, le père, un dieu du mal et de la mort ? Des relations ambiguë également avec Stéphane ; amour ? Eros et Thanatos ? Ne doivent-ils pas périr l'un par l'eau et l'autre par le feu ? Marguerite, résistante, amoureuse de Stéphane, ce qui ne l'empêche pas de suivre jusqu'à sa mort le colonel Shadow... là, encore un personnage que je n'arrive pas à cerner. boulevard périphérique, titre choisi pour le fait que le narrateur l'emprunte souvent ou pour une autre symbolique ? sorte d'anneau de Moebius où passé et présent se cotoyent ? Un très beau roman qui ne laisse pas indifférent, je suis ravie de l'avoir lu, avec une préférence pour l'histoire de Stéphane. Comme prévu l'histoire de Paule m'a mise assez mal à l'aise, et fait revivre quelques épisodes douloureux que je pensais avoir surmontés. | |
| | | Amadak pilier
Nombre de messages : 3859 Localisation : Buenos-Aires Date d'inscription : 08/12/2007
| Sujet: henri Bauchau- le boulevard périphériquer-page3 Mar 29 Mai 2012, 17:55 | |
| pour Mazel: bonjour, excellent ton compte rendu, ce livre m'intéresse, mais je ne l'ai pa encore Il me faut attendre qq'jours. Je serai bien en retard. j'aime beaucoup l'analyse méticuleuse que tu fais de tous les personnages; on verra , après lecture, mon avis qui sera sans doute à des années lumière du tien. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: henry Bauchau, le boulevard periphérique Mar 29 Mai 2012, 19:09 | |
| - Citation :
- Paule, la belle-fille dont on suit la maladie, semble plus proche de son beau-père que de son époux ?
je me suis fait la même réflexion. Le beau-père a du recul sur les situations, et le fils est englué dans des préoccupations professionnelles. | |
| | | mazel pilier
Nombre de messages : 1421 Age : 72 Localisation : Carrières sous Poissy Date d'inscription : 19/01/2007
| Sujet: Re: henry Bauchau, le boulevard periphérique Mer 30 Mai 2012, 07:06 | |
| - rotko a écrit:
-
- Citation :
- Paule, la belle-fille dont on suit la maladie, semble plus proche de son beau-père que de son époux ?
je me suis fait la même réflexion. Le beau-père a du recul sur les situations, et le fils est englué dans des préoccupations professionnelles.
j'ai eu l'impression de lire en sous-entendu des références mythologiques, mais aussi, avec la "mère" omniprésente, le narrateur tient peut-être seulement le rôle du "père" et non de l'amoureux de la femme de son fils ? Mais tu as raison, le fils doit gérer le quotidien, malgré tout une impression de tension entre le couple, et puis il y a l'amie qui semble s'imposer à la fin en prenant en charge le veuf et son fils. | |
| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: henry Bauchau, le boulevard periphérique Mer 30 Mai 2012, 09:34 | |
| Ce que Bauchau lui-même dit de ses personnages (dans une interview) me paraît très révélateur, en particulier ce que j'ai mis en gras: - Citation :
- Paule, tout comme Stéphane d'ailleurs, est une personne bien réelle. Mais le personnage du roman n'est pas réel en ce sens qu'il est la synthèse d'une vision partiale, non objective. Ce qu'on sait de Paule se limite au strict point de vue du narrateur.
Vous savez, il y a toujours une part qui demeure mystérieuse à soi-même. On ne sait pas tout de ses personnages. Je ne suis pas mes personnages ; je les suis | |
| | | Natalia pilier
Nombre de messages : 9409 Age : 58 Localisation : Nantes Date d'inscription : 10/01/2011
| Sujet: Re: henry Bauchau, le boulevard periphérique Mer 30 Mai 2012, 09:44 | |
| Concernant le boulevard périphérique, j'ai pensé à un chapelet le narrateur a une relation étrange avec la religion. Evidemment l'histoire de Stéphane m'a émue mais je me suis sentie très touchée par l'histoire de Shadow. Stéphane est aérien, délivre le geste et l'esprit tandis que Shadow est dans l'épaisseur, la lourdeur ...lui aussi délivre la parole mais en l'utilisant contre son interlocuteur en lui faisant extérioriser sa peur, sa douleur et parfois sa bassesse. Mikha et Paule ne semblent pas s'accorder, je me suis demandée comment cela se faisait qu'ils aient eu un enfant. Mikha ne parait pas savoir comprendre son fils englué dans sa fonction. De plus Mikha reproche ses dépenses à Paule dans un moment où tout cela devrait être accessoire. Oui le narrateur et Mikha ne paraissent pas vivre une profonde relation père-fils. J'ai pensé que Stéphane était homosexuel non avoué. Par contre le narrateur ne l'est pas. A un moment il dit que cette histoire aurait été vécue entre un homme et une femme, on aurait parlé d'amour mais là pour lui il s'agit d'une profonde amitié...étonnant qu'il l'ai refoulée aussi longtemps et que ses déplacements auprès de Paule mourante l'ai réveillée. Un très beau moment de lecture, mais plus que Stéphane et le narrateur c'est Shadow qui m'a captée. | |
| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: henry Bauchau, le boulevard periphérique Mer 30 Mai 2012, 10:36 | |
| Je n'ai plus Le boulevard périphérique entre les mains et je le regrette, j'aurais aimé me reporter au texte, en particulier à propos du fils. De ses relations avec sa femme il me semble difficile de tirer des conclusions précises ; je crois cependant que les passages du roman sur les problèmes d'argent liés aux dépenses de Paule auxquels doit faire face Mikha témoignent d'une justesse de l'analyse : même dans des moments terribles, tragiques, où seule paraît importante la mort imminente, le quotidien de la vie reste présent et il faut bien faire face ; que Mikha en soit perturbé est bien compréhensible. De même, l'attitude à adopter avec un enfant dans une telle situation est très difficile et j'ai trouvé que Bauchau rendait très bien compte de cette réalité à assumer. | |
| | | Natalia pilier
Nombre de messages : 9409 Age : 58 Localisation : Nantes Date d'inscription : 10/01/2011
| Sujet: Re: henry Bauchau, le boulevard periphérique Mer 30 Mai 2012, 10:47 | |
| Oui nicyrle il faut que le fils pense à l'argent mais je trouve qu'il aurait pu éviter d'en parler à Paule qui elle se raccroche à l'espoir de pouvoir emménager dans leur nouvelle maison | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: henry Bauchau, le boulevard periphérique Mer 30 Mai 2012, 11:05 | |
| A mon avis, il apparaitrait que Paule fasse beaucoup de dépenses. Est-ce un effet secondaire de la maladie, ou une nature dépensière ? j'opterais pour la première hypothèse, la marge d'interprétation reste ouverte.
Pour moi il est aussi évident qu'il y a dans ce récit, à certains moments, une aspiration vers la spiritualité, ce qui ne veut pas dire vers la religion, et le narrateur s'en défend, je crois, explicitement.
Shadow ? on a déja évoqué le personnage.
A mon avis, il est vu par le narrateur, sans souci de la personne qui a pu exister. Il a une portée symbolique, on l'a dit. Je le vois ainsi recréé, car il n'est pas credible dans la réalité : son "dossier" sur Stephane, regroupant ses frequentations d'adolescent, et des données de ses amis ne peuvent convaincre.
Quant aux liens qui l'unissent à Stéphane, ils sont aussi du domaine de la fiction, ou des pensées du narrateur. D'ailleurs tout est bien flou. C'est pourquoi on ne s'y attarde pas, à juste titre me semble-t-il. | |
| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: henry Bauchau, le boulevard periphérique Mer 30 Mai 2012, 11:53 | |
| - Natalia a écrit:
- Oui nicyrle il faut que le fils pense à l'argent mais je trouve qu'il aurait pu éviter d'en parler à Paule qui elle se raccroche à l'espoir de pouvoir emménager dans leur nouvelle maison
Ce que tu dis me confirme qu'il faudrait que je puisse me reporter au texte : je le ferai lors de mon prochain passage à la bibliothèque ! | |
| | | Amadak pilier
Nombre de messages : 3859 Localisation : Buenos-Aires Date d'inscription : 08/12/2007
| Sujet: henri Bauchau- le boulevard périphériquerpage 4 Mer 30 Mai 2012, 13:18 | |
| je n'ai pas encore le livre, et je suis déjà très intéressée. une fois lu, je dirai mes conclusions. Je suis d'accord avec l'avis de Natalia, ce n'etait pas le moment de reprocher à une femme mourantes ses dépenses. Un homme plus sensible devait comprendre que pour elle c'était un espoir de survie. | |
| | | Amadak pilier
Nombre de messages : 3859 Localisation : Buenos-Aires Date d'inscription : 08/12/2007
| Sujet: henry Bauchau- le boulevard périphérique Mar 05 Juin 2012, 14:09 | |
| Henri Bauchau Le boulevard périphérique
Je viens de finir ce roman de Henry Bauchau, que puis-je dire, ce livre a bouleversé mon âme, la puissance de cette écriture qui s’empare de notre sensibilité m’avait fait craindre que je ne finirais pas de le lire. J’ai lu pourtant des livres poignants, mais c’était de la littérature ; Ici je ne sais pourquoi je le prends comme du vécu, une autobiographie, peut-être. Les personnages, narrateur inclus, sont torturés par leurs contradictions intérieures. Parcourant chaque jour le Boulevard Périphérique l’auteur pour voir sa belle fille mourante, laisse voler ses souvenirs, d’enfance et plus tard dans sa jeunesse, l’image de son ami, ancien combattant, qu’il n’a plus revu, Stéfane, mort d’une mort suspecte qu’il cherche à élucider. Son admiré Stefane, chevalier sans peur et sans reproche, qui lui avait appris à escalader et enlevé désormais la peur. Si bien que le livre est marqué par la souffrance de Laure et sa fin prévue, on ne peut s’éloigner des autres personnages, magistralement décrits. Moi je m’arrête sur les deux principaux à mon avis. Stéfane et Shadow, l’aube et l’ombre. Stéfane ne possédait rien libre comme un oiseau, ni femme, ni enfant, seulement une beauté ravissante et un beau caractère et servait sa patrie de son mieux. Shadow, était à sa poursuite, Nazi d’origine Russe, trahit son pays et devient colonel Allemand. Quand on lit l’enfance de Shadow, ce n’est pas étonnant qu’il soit devenu un tel monstre, j’étais vraiment émue et ces lignes m’ont fait mal .Plusieurs scènes de ce livre m’ont arraché des larmes. Je ne raconte pas puisque vous avez le livre. Je trouvais le livre et ce passé terrible, trop poignant, je voulais laisser tomber, et pourtant comme sous l’effet d’une drogue je me plongeais de nouveau. La guerre finie, le narrateur rencontre Shadow en prison et veut connaître la fin de Stéfane, car c’est lui qui l’avait tué. Dans ses souvenirs l’auteur n’oublie pas l’amitié profonde qu’il avait ressentie pour Stéfane, un amour platonique né de l’admiration ; Il découvre la réalité, Shadow et lui aimaient le même homme. Le boulevard Périphérique, toujours encombré, continue à l’emmener à l’hôpital a voir sa belle fille, sa fin s’approche, j’ai pleuré aussi lors du court passage, où le vieux père, implore laisse de côté sa fierté, déverse de chaudes larmes, dans sa conversation téléphonique avec son fils´. Comme je suis en retard je n’ai pas lu les commentaires d’autres participants ; c’est très facile d’être influencés, et j’avais envie de dire mon propre avis. Si j’ai tort, si je n’ai pas tout compris, la faute est à moi seule. Je n’avais rien lu de Bauchau : cette œuvre ne m’a pas laissée indemne, une écriture impeccable, d’un auteur de son âge qui répand encore de la lumière. Nonobstant je trouve le livre pessimiste et sans espoir ; c’est beau et c’est triste. | |
| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: henry Bauchau, le boulevard periphérique Mar 05 Juin 2012, 14:54 | |
| Un magnifique commentaire, Amadak, bravo Comme tu le dis si bien, "un auteur qui répand encore de la lumière", peut-être justement à cause de son âge. | |
| | | Amadak pilier
Nombre de messages : 3859 Localisation : Buenos-Aires Date d'inscription : 08/12/2007
| Sujet: henri Bauchau- le boulevard périphériquer Mar 05 Juin 2012, 17:13 | |
| Pour Nicyrle: chère amie un bravo venant de toi me comble comme une couronne d'honneur sur ma tête, merci mlle fois | |
| | | Natalia pilier
Nombre de messages : 9409 Age : 58 Localisation : Nantes Date d'inscription : 10/01/2011
| Sujet: Re: henry Bauchau, le boulevard periphérique Mar 05 Juin 2012, 17:27 | |
| Je partage l'avis de nircyrle Amadak ! ton commentaire est impeccable ! | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: henry Bauchau, le boulevard periphérique Mar 05 Juin 2012, 17:54 | |
| A vous lire, je me sens un peu seul à être sceptique devant le personnage de Shadow
je rappelle mes réticences :
Shadow, personnage réel revu et corrigé par son expérience d'ami de Stéphane et d'écrivain, il attribue une fascination pour Stéphane : c'est la sienne, et je crois difficilement qu'un ennemi aussi opérationnel, ait donné tant d'attention à un adversaire, à moins de vouloir le détruire par la connaissance de ses points faibles.
Shadow ? on a déja évoqué le personnage.
A mon avis, il est vu par le narrateur, sans souci de la personne qui a pu exister. Il a une portée symbolique, on l'a dit. Je le vois ainsi recréé, car il n'est pas crédible dans la réalité : son "dossier" sur Stephane, regroupant ses fréquentations d'adolescent, et des données de ses amis ne peuvent convaincre.
Quant aux liens qui l'unissent à Stéphane, ils sont aussi du domaine de la fiction, ou des pensées du narrateur. | |
| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: henry Bauchau, le boulevard periphérique Mar 05 Juin 2012, 19:13 | |
| En ce qui concerne Shadow, je suis d'accord avec toi, rotko, c'est un personnage peu crédible quand on y réfléchit. Mais, dans le roman, il "passe" très bien, on ne se pose pas de question, on est même fasciné par ce personnage hors norme, c'est une recréation de l'écrivain et il est suffisamment habile pour qu'on y croit. En tout cas, ce fut mon cas, j'ai "accepté" Shadow tel quel, avec seulement la fugitive pensée que Shadow, par certains côtés, c'était le narrateur lui-même, ou, au moins, un être vu par le narrateur, interprété ô combien par lui ; c'est à la fois troublant et fascinant du point de vue purement littéraire. | |
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| | | | henry Bauchau, le boulevard periphérique | |
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