Nick Flynn, Encore une nuit de merde...

Encore une nuit de merde dans cette ville pourrie, chez Gallimard.

Je me suis bien amusé à faire répéter le titre à des bibliothécaires un peu gênées par leur bonne éducation, et j’ai commencé ma lecture.

Le narrateur est gardien dans un foyer d’accueil pour SDF de Boston, et il y reçoit un jour son propre père, qu’il a peu vu pendant l’enfance. Le monde côtoyé n’est pas de tout repos :

Citation :

Certains ont le lobe de l’oreille rongé par les rats. Un gars à qui on a mis le feu, est couvert de brûlures qui lui montent dans le cou comme des flammes. Certains plus vieux souffrent de hernies, leur ventre s’est affaissé sur leurs testicules, qui pendent, énormes, entre leurs jambes.

Le fils-narrateur remonte les années, entremêlant sa propre histoire des mésaventures de son père mythomane, plus souvent en prison que dans le droit chemin.

Le livre se lit facilement avec de petits chapitres où alternent les parcours du fils et du père ainsi que des faits d’actualité de l’époque.

Par moments je me dis que c’est un peu fouillis, mais je continue, vu la bonne réputation de ce « roman 

Le récit n'est pas un ramassis d'horreurs. Si on en trouve, elles sont notées froidement en passant, sans insistance, car elles font partie du quotidien.

Citation :

David a eu des soucis de dents, il a emprunté un livre de dentisterie à la bibliothèque et s'est mis à s'informer sur son corps. Il ouvre la bouche pour nous montrer comment il s'y est pris pour extraire avec une pince une dent infectée, remplacée par de petits clous collés à la super-glu.

Le lecteur a droit aux petits et grands délits ou différents malheurs du fils avec son père, mais de là à dire comme la quatrième de couverture qu'il s'interroge sur le Roi Lear (mentionné incidemment) ou réflechit sur Beckett, il y a une marge que je ne franchis pas.

Le livre m'a donc paru interessant, au début, puis un peu confus, comme la vie cahotique des deux protagonistes, c'est pourquoi je l'abandonne à mi-chemin.

Citation :

Un vrai gibier de potence : ainsi ma grand mère décrit-elle mon avenir, en hochant la tête d’un air entendu. A ma deuxième voiture bousillée, ma mère me dit qu’il faut qu’on parle et me demande ce que je compte faire plus tard. J’ai dix sept ans, je suis clairement sur la mauvaise pente. Après un instant de réflexion, je lui réponds « criminel ». Ses yeux s’emplissent de larmes j’essaie de m’expliquer, « pas de victimes, des magouilles administratives» . Elle quitte la pièce.