Simenon

... Georges, pour être plus précis! Mais vous le connaissez tous! Et pour la Nième fois dans ma vie, depuis tant d'années, voici que je m'y plonge de nouveau : j'ai "attaqué" le Tome 21 dont je n'avais pas encore lu trois ou quatre oeuvres ( les 3 crimes de mes amis, les soeurs Lacroix, chez Krull).
Pour moi, Simenon est l'un des plus grands romanciers du XXème siècle!
J'aime ces atmosphères, ces lieux, ces personnages, cette intimité, ces petits "travers" de la vie des gens, ces émotions, et quel style! Quelles descriptions! Quelle fluidité! Simenon est l'un des rares auteurs que, lorsqu'on le lit on se croirait en plein dans le vécu, le ressenti, encore mieux qu'au cinéma!
C'est ce que j'appelle "de la littérature de gare haut de gamme"... Ah, les gares, les aéroports, les ports, les quais, les bas fonds des villes, justement!
Les romans de Simenon, c'est la vie, telle qu'elle est, qu'elle a toujours été, avec le meilleur et le pire des gens, l'indicible, le secret, l'intime...
Et par tout cela, c'est "un certain regard" qui vous vient...

yugcib a écrit:

C'est ce que j'appelle "de la littérature de gare haut de gamme"...

Belle expression ! J'ai lu quelques Maigret, et c'est vite lu, distrayant, et comme tu dis, les ambiances sont palpables. J'aime bien aussi la façon dont il parle à sa femme, "Madame Maigret".

Citation :

«Jules Maigret est l'homme d'un métier. Il est aussi l'homme d'un foyer (...), le héros est voué au célibat, parce qu'il n'a pas trop de toute sa liberté pour affronter le monde. On n'imagine pas de compagne auprès de Bardamu, de Douissan, de Roquentin. Alors qu'on ne peut, au contraire, imaginer Maigret sans Madame Maigret.» (Bernard de Fallois, "Simenon", NRF, 1961)

Voici un site sur Georges Simenon

J'aime bien aussi l'expression "de la littérature de gare haut de gamme" et l'autre de ce matin encore plus J'aime pas "l'amour raté bas de gamme"...

eh bien ! Yugcib est comme une mobylette !
il faut l'aider un peu au démarrage, et après on roule peinard

"Simenon, l'homme, l'univers, la création" aux editions complexe.

Agréable à feuilleter, car on y trouve des jaquettes d'ouvrages, des photos, les documents du centre d'études Georges Simenon de Liège. Interessants à lire, des articles de Pierre Assouline, Jean Baptiste Baronian, Jacques Dubois, Francis Lacassin, .. et Georges Simenon.

Un exemple ?

Citation :

"Embarqué dans une œuvre considérée comme distrayante, réputation policière oblige, le lecteur finit par se retrouver tout nu dans un cabinet médical, sous la lumière crue des neons, en pleine séance d'auscultation de cette part inavouable et inavouée de sa personne, celle qu'il a repoussée dans l'ombre par peur de la vérité. Qui n'est pas toujours bonne à dire. Qui n'est pas toujours belle à voir. Mais que Simenon pourchasse sans fin, avec l'acharnement d'un entomologiste, dressant peu à peu le portrait de l'homme nu, "celui qui n'a pas d'illusions sur lui-même", vu qu'il se trouve dépouillé de tout".

(Alain Bertrand).

En fin d'ouvrage, "Simenon au cinéma". Des affiches prestigieuses.

... Pour ce lien et ces citations sur Georges Simenon!
Tenez! Par exemple cette phrase que je relève dans le chapitre 2 de "Les 3 crimes de mes amis" :

"Etait-ce vrai, était-ce faux? Déjà on ne savait plus. Et, du moment que c'était imprimé, que les autorités laissaient faire... Les autorités n'en savaient d'ailleurs pas davantage et avaient assez de travail à organiser des cortèges pour étancher la soif d'héroïsme des civils."

Et je dirais "A chaque époque ses cortèges"! Après la Grande Guerre, les défilés, et de nos jours ce sont les "festivaux d'été" pour étancher la soif d'"absolu" d'"ailleurs" et d'"autrement" de nos concitoyens désabusés, fauchés comme les blés et "lessivés" de télé réalité...

L'ouvrage de Simenon qui m'a le plus ému, le plus marqué, celui qui, encore plus que les autres, m'a fait avoir ce "certain regard" (dans l'univers de la relation) c'est TROIS CHAMBRES A MANHATTAN ... Pour vous dire, j'ai lu 2 fois le livre, écouté 3 fois la version sonore en "livre qui parle" , et vu 2 fois le film... (notamment la scène de la rencontre dans un bar avec cette femme "d'un certain chic" et d'une "certaine atmosphère").
Absolument bouleversant... Et tellement littéraire en même temps! Cette histoire est vraiment sublime! (On ni nul ne pourra jamais mieux faire en la matière, que Georges Simenon!)

J'ai beaucoup lu Simenon. Les Maigret, bien sûr, mais aussi d'autres romans, je cite en vrac :Le train, La fuite de M. Monde, Dimanche.
Je sais que je ne serai pas déçue en commençant un Simenon, quel qu'il soit : un style simple mais néanmoins travaillé, des personnages jamais caricaturaux, des ambiances particulièrement bien rendues, et si c'est le cas, des intrigues suffisament complexes.
On aime les personnages de Simenon, toujours humains.

Mes Maigret préférés : Maigret à New-York et Le Charretier de la Providence
A noter la parution récente de deux nouvelles de Simenon chez Omnibus/Carnets, avec des illustrations de Loustal (j'en ai parlé sur GDS*, à propos d'un de mes anciens avatars, mais je n'arrive pas à retrouver où).

A lire aussi éventuellement son autobiographie : Mémoires intimes, aux Presses de la Cité. Pas mal de déballage sur sa vie privée, il y parle entre autre avec complaisance de ses appétits sexuels, mais aussi beaucoup d'indication sur sa façon de travailler, ce qui l'a inspiré, beaucoup de repères sur la rédaction de ses romans.

Je ne sais pas si c'est dans ce livre que j'ai lu qu'à l'occasion d'un festival, ou d'une émission de télévision, il s'était fait enfermer dans une cabine vitrée pour prouver qu'il écrivait bien lui-même ses romans, en un temps record.

En 2004, Claude Goretta a fait une très belle adaptation de La fuite de M. Monde pour la télévision, avec Bernard Le Coq dans le rôle principal.

J'ai longtemps vécu dans la ville natale de Simenon, et j'y avais vu une exposition où la cage dont parle Provence était montrée au public. Si ma mémoire est bonne, l'auteur s'y enfermait face à une foule, parfois même dans un magasin, et bâclait une nouvelle policière. J'ai lu une de ces nouvelles et elle était loin d'être ridicule. Bien sûr il pouvait user de certaines ficelles, mais je ne crois pas que Sulitzer ou d'autres "écrivains" très prolifiques seraient capables de se livrer à un tel exercice.

yugcib a écrit:

."....Les autorités n'en savaient d'ailleurs pas davantage et avaient assez de travail à organiser des cortèges pour étancher la soif d'héroïsme des civils."

J'aime ça !

Il faut que je vous parle du Contre-pitre d'Hélène Parmelin, pièce de théâtre sous forme de plusieurs scènes dont le "Clown soldat"... on touche aux mêmes réalités-surréalistes...

un petit coup d'oeil sur les couvertures de l'homme de londres .

Maloin, ouvrier d'un port francais, enfermé dans une solitude résignée, voit sa vie bouleversée par l'arrivée d'un étranger. Le livre est actuellement adapté par Bela Tarr, cinéaste hongrois, avec Miroslav Krobot, Janos Derzsi
un des titres précedents du livre de 1933 : le malchanceux.
C'est bien du Simenon !

la couverture de 1943 !

Les éditions Omnibus rééditent en dix volumes, jusqu'au début 2008, la totalité des enquêtes du commissaire Maigret.

Cinq volumes sont déjà parus.

Citation :

"Ce qui fait la longévité de Maigret, c'est son aspect universel. Ses
types humains, sa façon de démonter les codes sociaux sont
universels", explique Dominique Vincent. "Des phrases courtes,
intenses, pas d'adjectifs. C'est la simplicité et l'efficacité de
l'écriture qui séduit".

dit dominique Vincent, la directrice de éditions omnibus.

Je suis en train de finir la nouvelle de Simenon "Maigret et l´inspecteur Malgracieux" illustré par Loustal. Malheureusement je ne connais pas encore Simenon très bien. J´ai lu uniquement une autre nouvelle mais je ne me souviens pas du titre. On dit qu´il y avait un écrivain célèbre qui lisait seulement Simenon. Il disait que Simenon lui suffisait.

Citation :

On dit qu´il y avait un écrivain célèbre qui lisait seulement Simenon. Il disait que Simenon lui suffisait.

Sans doute une boutade Simenon n'est pas toujours réjouissant...

Je viens de finir la petite nouvelle de Simenon. Ce qui j´ai aimé le plus a été l´image que Simenon m´a donné de Paris sous la pluie pendant la nuit ( un coup de revolver sonne...). C´est ça que je cherche dans la litterature, des choses comme ça, pas d´histoires, parce que si j´aimais les histoires j´irais au cinema (ça prend beaucoup moins de temps pour savoir ce qui se passe). La plupart de la litterature du XIX n´a aucun sens aujourd´hui. Je veux dire les écrivains qui écrivent comme ceux du XIX siècle.
Rotko: Vous avez peut-être raison, mais c´est impossible d´être génial sans cesse quand on écrit beaucoup de livres, comme Balzac, ou Simenon dans ce cas-là, n´est-ce pas?

On se tutoie Julien sur le forum, si tu veux

Citation :

C´est impossible d´être génial sans cesse quand on écrit beaucoup de livres, comme Balzac, ou Simenon dans ce cas-là, n'est-ce pas?

je ne me plaçais pas à ce point de vue. Je voulais dire que l'univers de Simenon est souvent déprimant.
C'est vrai aussi qu'on trouve des romans de Balzac ou de Simenon qui nous plaisent plus ou moins.

Rotko: J´ai déjà dit que je ne connais pas très bien Simenon et tu dis que Simenon n´est pas toujours réjouissant et [que l'univers de Simenon est souvent déprimante], mais qu´est-ce que ça veut dire ? Parce que, par example, Kafka est déprimant, mais toujours génial. Hamlet de Shakespeare est aussi déprimant et beaucoup d´autres oeuvres de la littérature classique.
Alors, je pense que à propos de mon anecdote (boutade, tu as raison) sur le écrivain que lisait uniquement Simenon tu veux dire que c´est impossible parce que Simenon est toujours déprimant, qu´il n´y a pas de la comédie chez Simenon. Ça serait comme si on lisait uniquement Kafka, par exemple.

Tu as raison, le fait d'être déprimant ou non, n'est pas un critère littéraire.

Et puis en plus je trouve que les Maigret ne sont pas déprimants au contraire! Ce sont des polars dans le bon sens du terme: du suspense, de la noirceur des âmes, des crimes souvent passionnels, une petite note rétro et calme, et hop voilà un bon Simenon. Maintenant si on recherche du mouvement, de la police en gilet pare-balles, et le GIGN effectivement , Simenon c'est différent et plus subtil . Moi j'adore Simenon!
Cela dit comme toutes les littératures il ne faut non plus s'en gaver car on finirait par se lasser même du meilleur.

Georges Simenon : L'aîné des Ferchaux - Folio

Socialement Michel Maudet est un minable qui trompe son monde avec ses affabulations. Mais il a les dents longues, et un solide appétit. De l'estomac, aussi. Quand il se fait embaucher par Dieudonné Ferchaud, l'ex-aventurier de l'Oubangui, il pressent qu'il tient le bon filon.

Pourtant les apparences ne sont pas reluisantes: habitat délabré, poursuites judiciaires, scandales dans les journaux, traques de la police… le petit voyou fait son apprentissage en France et donnera sa pleine mesure à Panama.

Simenon s'est inspiré d'un fameux scandale, celui des frères Ferchaud, dont les premières pages du livre font la rapide chronique. Il imagine le dernier épisode, qui met aux prises deux hommes qui se ressemblent, et les fait passer par tous les liens, de l'admiration à la complicité, du mépris à la haine.

A lire Simenon, on se félicite de ne pas connaître l'humanité qu'il montre, mais on ne lâche pas le livre avant d'avoir tout absorbé, quitte à revenir dans la réalité avec la bouche pâteuse.

Comme si on avait fait soi-même un mauvais coup !

Simenon, les Pitard, folio.


Le commandant Lannec se met à son compte. Il a acheté le "Tonnerre de Dieu", et fait route avec son cargo vers Hambourg.

A son bord, sa femme, récemment epousée, Mathilde Pitard. Est ce bien sa place à bord, à cette Pitard, "faite pour vivre comme les Pitard, dans un appartement de Caen, au-dessus d'un magasin de chaussures"?

Lannec sent "en lui un vide, quelque chose de très subtil qu'il n'arrive pas à préciser, une angoisse peut-être, ou un pressentiment. Même pas! un malaise, voila tout !"
Un drame, prenant, dans le monde de la mer. Et Simenon nous le fait vivre, de l'intérieur.

Citation :

"le Simenon des "pitard", on devrait en parler tous les jours"

(L F Céline).

Simenon, les Pitard.

Citation :

"Il aimait bien sa femme. Il ne voulait pas lui faire de peine, mais de la voir là, au milieu du carré, tellement Pitard !

Car il y a une façon Pitard de prendre de la moutarde, de découper la viande, de regarder devant soi d'un air absent !

- je n'ai plus faim, grogna-t-il en repoussant son assiette..."

je ne peux pas dire grand chose sur Simenon, sinon que j'ai lu une de ses nouvelles, il y a plus de 10 ans, que je l'ai trouvée limpide, j'entends par là une écriture qui se lit comme du petit lait, qui coule de source.

j'avais lu cette nouvelle presque par hasard, car pour moi, Simenon, ça voulait dire des téléfilms soporifiques avec Jean Richard.

Je ne sais pas pourquoi je n'ai pas renouvelé l'expérience. J'attendais sans doute qu'un bouquin se glisse tout seul sous ma main...

à la prochaine occasion, pourquoi pas?

Georges Simenon, l'un des plus grands auteurs policiers de tous les temps. C'est sûrement l'un des écrivains ayant le plus produit durant sa longue carrière, qui a commencé très jeune.

Du 3 au 5 septembre, Lausanne fête l'anniversaire de Simenon par différentes expositions et evenements.

programme :
http://www.lausanne-tourisme.ch/view.asp?DocId=31843

De Simenon, j'ai dû lire à peu près tous les Maigret...

Comme je ne peux pas dormir sans avoir lu quelques pages, c'est vraiment le genre d'histoire idéale pour ces moments-là !

En plus, j'apprécie sa vision de l'être humain, lucide, sans concession, avec quelque chose de bienveillant, d'indulgent.

Il le regard de celui qui en trop vu pour être encore choqué par l'humain.

Et c'est passionnant ! Souvent, je me dis : "Rien de ce qui est humain ne doit m'être étranger" ; eh bien, même si rien ne vaut le vécu, on trouve à la lecture de Simenon de quoi réfléchir sur la nature humaine.

Bon, je pourrais tartiner dessus pendant des pages, alors je m'arrête !... Rien n'à faire : je suis fan !

1/2

Simenon, les clients d’Avrenoz, Folio 661.

Le récit démarre à Ankara, dans des lieux troubles avec des gens louches.

On s’étonne de l’attachement de « clients » pour des entraîneuses tarifées, mais le constat s’impose : des liens se tissent, dont on ne sait où ils conduiront les protagonistes.

Jonzac présente bien, et son monocle lui donne de la classe, comme au Pierre Fresnay de la grande illusion. Or Nouchi la jeune prostituée, s’introduit dans sa vie au point de le tenir progressivement sous sa coupe, et de faire son chemin parmi les relations de Jonsac à Stamboul.

Sa connaissance des hommes, sa séduction, et certainement sa mauvaise conduite, bien calculée, assurent son emprise sur le diplomate, et son ascension dans un monde interlope d’exploiteurs et de gogos.

La lâcheté et la veulerie des hommes nous révolte d’autant plus que Simenon, sûr de son affaire, mène son histoire sans battre d’un cil.

- A croire, finalement,qu’il se conduit envers le lecteur comme Nouchi avec ses « maris » : du grand art certes, mais point de morale !