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| | Leila Sebbar | |
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+6Natalia Maya Amadak ECaminade rotko kyoko 10 participants | |
Auteur | Message |
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kyoko pilier
Nombre de messages : 68 Date d'inscription : 07/01/2006
| Sujet: Leila Sebbar Sam 14 Jan 2006, 22:24 | |
| Telle une mélodie lancinante et douloureuse, le titre du livre revient, remanié, à chaque début de chapitre. Leïla Sebbar parle de cette méconnaissance de la langue arabe qui a instauré une distance avec son père : il n’a jamais voulu lui raconter son passé. N'aurait-il pas préféré lui parler dans la langue de son peuple ? Lorsque Leila le questionnait, il répondait invariablement "oublie, va, oublie". Afin de mieux reconstituer l’histoire de ce père, communiste et musulman, elle utilise ses souvenirs d’enfance et les faits historiques, mais surtout remplit les vides par des scènes rêvées et imaginées. Silence dû à l’exil, mais aussi silences historiques, politiques et linguistiques forment la matière du livre. La romancière cherche donc à déterrer cet "enfouissement" de l’histoire personnelle de son père, mais aussi celle de l'Algérie, les deux étant étroitement imbriquées. En résulte un beau récit qui célèbre son père, sous l'appellation de "l’étranger bien-aimé".
Leïla Sebbar est née en 1941 à Aflou d’un père algérien et d’une mère française, tous les deux instituteurs. A l’âge de dix-sept ans, elle quitte l’Algérie et s’installe en France. Elle y poursuit ses études et devient professeur de lycée à Paris. Elle s’intéresse à la condition des femmes immigrées, s’engage dans le mouvement féministe et prend la défense des jeunes maghrébin(e)s de la deuxième génération. C’est en 1981 qu’elle a vraiment commencé sa carrière de romancière. Elle collabore au Magazine Littéraire et à diverses revues.
Leila Sebbar, Je ne parle pas la langue de mon père, éd Julliard | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Leila Sebbar Dim 15 Jan 2006, 07:53 | |
| Oui, Leila Sebbar dans Je ne parle pas la langue de mon père évoque des cheminements de mondes séparés.
Son père, l'instituteur arabe a choisi d'enseigner dans les écoles francaises, et c'est en français, langue de son épouse, qu'il parle avec ses filles. Celles-ci vivent donc comme des Françaises dans une Algérie qui connaît le début d'une agitation qui sera très vive.
Leïla s'interroge donc sur ce que son père savait dans sa langue maternelle et sa communauté d'origine,- et n'a pas dit. Elle raconte le monde pressenti de l'autre, dont les mots entendus à la dérobée l'ont frappée comme des balles. Les obscénités ou invites des adolescents peu habitués avoir des fillettes aux jambes nues, les mots durs (on approche de la guerre ouverte) qu'une communauté pouvait employer à l'égard de l'autre. La narratrice tisse ainsi, par ce biais familial, l'histoire des rapports conflictuels et fratricides des deux populations : Parfois les ideologies bouleversent les donnes initiales, et d'une génération à l'autre, on suit les cheminements des engagements individuels.
Mon avis : le livre n'est pas toujours facile à lire, car le récit se montre soucieux de ménager contrepoints et convergences.
je reviendrai sur certains points, car ce livre intéressant ne pratique pas la "langue de bois". | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Leila Sebbar Mer 18 Jan 2006, 06:27 | |
| Comme le dit justement Kyoko, l'entreprise d'écriture de leila Sabbar est une interprétation du silence du père, mais aussi une revanche contre les silences qui recouvrent confortablement bien des tabous, dont il paraîtrait malséant de parler. La narratrice, bien que soucieuse de comprendre et de relativiser le harcèlement sexuel des jeunes Algériens, évoque "quelques désagréments" à être comme ses deux soeurs, habillée à l'européenne dans un pays musulman.
Dès la porte de leur maison franchie, elles se trouvent confrontées aux "mots de l'enfer". Là, j'aime que Leila Sebbar parle vrai ! qu'elle dénonce les tabous du bien-penser qui conduisent ses propres soeurs à observer même face à elle, l'aînée, un silence obstiné sur le sujet. Elle a raison aussi de rapporter les propos obscènes et injurieux des jeunes recrues francaises qui, frustrées de femmes, parle (et parfois agissent !) de façon indigne envers les "fatmas" et les "mouquères". Entre la France et l'Algérie, la différence réside/résidait aussi sur le statut de la femme, et ce n'est pas des islamistes fondementalistes qu'il faudra attendre des remèdes ! | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Leila Sebbar Mer 18 Jan 2006, 06:29 | |
| - - Citation :
- Les murs n'arrêtaient pas l'écho malfaisant des injures proférées par les garçons, la langue roulée, hurlée, était violente, obscène
...p 31 - - Citation :
- Mon père n'a pas su que des garçons injuriaient ses filles, ou le savait-il, mais il ne pouvait garder ses filles sequestrées, comme d'autres pères qui leur avaient interdit l'école, les écoles, coranique et française, parce qu'elles auraient cotoyé des garçons, et le chef aurait contrevenu aux règles de la partition des sexes, les écoles n'étaient pas mixtes, mais le chemin de l'école était le même, la tradition n'avait pas tracé la rue féminine séparée de la rue masculine jusqu'aux bâtiments scolaires, les filles même si des frères les accompagnaient, étaient en danger et elles mettraient en danger l'honneur de la famille
... p 34 - - Citation :
- L'excitation physique et verbale, des garçons, je la sentais, sachant que le sang ne coulerait pas, qu'ils n'oseraient pas blesser réellement l'une ou l'autre, comme si nous étions précieuses[...] Terrifiée, je l'étais, mais aussi attentive aux gestes et aux mots qui venaient jusqu'à nous, pour nous, parce que nous étions ces petites filles -là...La rage des garçons, plus furieuse à distance, ils avancaient, reculaient sans jamais dépasser la limite géographique du talus au bord des oliviers, nous de l'autre côté de la route, bien à droite et raides, se heurtait à notre silence, notre détermination à aller toujours plus vite ...
p 40 - - Citation :
- Comment n'auraient-ils pas, toujours à l'affût d'un fragment minuscule de peau féminine, hurlé de joie et de colère au passage de ces jambes nues jusqu'à la cuisse et blanches, six fois exhibées, au rythme de la marche et de la courte jupe plissée qui ourlait le tablier de l'école
? p 41 - Ainsi mon père ignorait [..] - Citation :
- que ses filles, qu'il croyait à l'abri de la furie sexuelle des garçons, jour après jour, et durant combien d'années [..] que ses filles seraient asphyxiées, étourdies par la violence répétée du verbe arabe, le verbe du sexe
...p 42 | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Leila Sebbar Mer 27 Juin 2012, 11:27 | |
| le livre sept filles raconte sept histoires.
Pour vous en donner une idée, je peux envoyer les plus courtes, que je n'ai pas encore lues :
la 2e la fille dans l'arbre
la 3e la fille avec des pataugas
pour les recevoir, il faut m'envoyer votre adresse de courriel par MP (raisons techniques). Vous aurez ainsi une idée des récits, et suivant les affinités, on verra si on poursuit l'experience et l'envoi.
3 feuilles pour chaque récit, envoi collectif des que possible. | |
| | | ECaminade pilier
Nombre de messages : 244 Age : 73 Date d'inscription : 15/01/2010
| Sujet: Re: Leila Sebbar Ven 29 Juin 2012, 18:48 | |
| Merci pour ces récits.
Ces 2 courte nouvelles se situent pendant la guerre d'indépendance, pourtant elles ne traitent pas directement, frontalement de la guerre, mais de manière plus suggestive, avec un certain recul.
La grande originalité de La fille dans l'arbre, c'est bien sûr son narrateur , un arbre qui saisit les événements à partir de ses sensations . C'est un témoin essentiellement auditif qui imagine et laisse le lecteur imaginer la scène à partir des voix et des sons...
Dans La fille aux pataugas, nouvelle à la chute inattendue , ce sont encore les voix et les murmures, la langue des femmes, qui suggèrent l'histoire. Une nouvelle qui évoque l'ambiance féminine du hammam et montre bien la chaleur mais aussi la pression du groupe, l'extrême solitude des femmes qui en sont exclues. | |
| | | Amadak pilier
Nombre de messages : 3859 Localisation : Buenos-Aires Date d'inscription : 08/12/2007
| Sujet: leila Sebbar Ven 29 Juin 2012, 21:15 | |
| merci rotko de nous faire parvenir ces courtes nouvelles: j'envoie celui de la fille grimpée sur l'arbre:l'autre pour demain
Leila sebbar merci Rotko, de nous avoir fait connaître cette auteure, et merci pour ce travail de scanner pour que ces nouvelles arrivent et soient appreciees.
Deux petites nouvelles qui nous en disent beaucoup. On ressent que ses racines Algériennes sont présentes dans son écriture et dans son esprit. L’histoire de l’arbre est magnifique, originale et touchante. Entendre cet arbre parler et exprimer ses inquiétudes, l’absence de femmes qui venaient auparavant chercher son ombrage, l’intrigue. (il ne savait pas que le pays était en Guerre) le récit concernant la petite fille qui grattait son écorce pour laisser des traces de mots, et qui comme tous les vaincus étaient la proie du plus fort, se cachait sous son feuillage, et l’arbre s’efforce à la protéger du malheur tordant ses branches comme des bras protecteurs, hélas en vain ; la petite ne pourra échapper au sordide sort qui l’attend.
Une auteure qui nous livre un récit qui tient de l’horreur de la guerre en faisant appel à notre imagination pour la fin de l’histoire. J’ai aimé cette nouvelle. Pour demain, l’autre.
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| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Leila Sebbar Sam 30 Juin 2012, 05:09 | |
| La fille dans l'arbre
L'arbre me fait penser à ces lieux de dévotion où les voeux personnels et les pensées intimes sont écrits sur des papiers (en Inde, en Amerique du Sud) : on attend leur réalisation. Un endroit sacré, en quelque sorte, où les paroles et les actes des soldats sont sacrilèges. C'est un drame qui transforme la joie intime initiale en épisode d'horreur.
La fille aux pataugas
La voix intérieure de la mère redoute le sort des femmes victimes, surtout dans ces contextes. Les derniers mots brisent le cycle de soumission.
Je verrais facilement dans la fille aux pataugas un parcours narratif antithétique de la fille dans l'arbre : 1 bonheur espoir > horreur, 2 horreur > espoir, joie. | |
| | | Maya pilier
Nombre de messages : 4596 Age : 71 Localisation : Thrace Date d'inscription : 16/07/2009
| Sujet: Re: Leila Sebbar Sam 30 Juin 2012, 09:24 | |
| J'ai lu la premiere nuovelle et tout comme vous, j'en suis tres emue, quelle bouleversant image (en general) de la femme algerienne au debut du XXe sicle qui reste a l'ecart des grands evenements historiques, reserves aux hommes, mais qui les respectent! Et l'arbre, c'est l'entree mystique d'ou emane la pensee seculaire! Mille merci de m'avoir fait decouvrire cette Je reviendrai en parler apres avoir lu les autres nouvelles. Une trouvaille interessante pour moi - Huston et Sebbar: Dix-sept écrivains, nés dans un autre pays, élevés souvent dans une autre langue, aujourd'hui tous écrivains français reconnus. A travers des récits autobiographiques, ils racontent des fragments de la maison mère. Terre d'exil, terre natale, terre d'écriture... Entre nostalgie et deuil, humour et douleur, ces récits dessinent peu à peu les contours d'un seul et même pays : l'enfance d'ailleurs... | |
| | | Amadak pilier
Nombre de messages : 3859 Localisation : Buenos-Aires Date d'inscription : 08/12/2007
| Sujet: leila Sebbar Dim 01 Juil 2012, 23:54 | |
| La fille à la photograpie La fille à la photographie. Dans ce récit l’auteure avec une subtile nuance laisse de côté le sujet de la guerre, que nous connaîtrons à la fin. Assise dans le sauna que les gens de l’Orient fréquentent, abasourdie de rumeurs malveillantes, concernant sa fille, la plus belle et intelligente, qui voulait devenir contre vents et marées chirurgien. Des langues de vipères parlent d’une photographie qui passe de main en main, elle suppose dans les cabarets,elle a été prise d’une violente crise d’angoisse. Trois jours qu’elle manque à la maison, elle sera bannie, elle et toute la famille en enfer .Elle sort la dernière pour éviter les regards où brille le mépris, elle voudrait en mourir. Une cousine vient la voir, sans mot dire,et lui passe la photographie qui donne le fin demot de l'histoire . Ce que cette histoire m’a dit : d’abord l’exotisme du sauna où l’on croit qu’à force de suer on se délivre des impuretés du corps et de l’âme. Ce qu’elle me dit aussi comment le cœur d’une mère peut se briser de chagrin et tant d’amour devenir haine et honte. Ce qu’elle me dit aussi qu’il ne faut pas tomber dans le désespoir à cause de fausses suppositions. J’ai aimé les deux histoires Merci Rotko, l’infatigable | |
| | | Natalia pilier
Nombre de messages : 9409 Age : 58 Localisation : Nantes Date d'inscription : 10/01/2011
| Sujet: Re: Leila Sebbar Lun 02 Juil 2012, 12:44 | |
| La fille dans l'arbre - Citation :
- L'arbre me fait penser à ces lieux de dévotion où les voeux personnels et les pensées intimes sont écrits sur des papiers (en Inde, en Amerique du Sud) : on attend leur réalisation
J'ai lu L'appel des morts de Ian Rankin et il y a en Ecosse deux arbres où des personnes vont accrocher des bouts de vêtements pour exaucer leurs voeux. Cette nouvelle est très belle, j'ai apprécié les paroles de l'arbre qui en arrive à être bouleversé parce qu'il ne sait pas ce que la jeune femme a écrit. IL résiste au fil du temps, il sait que les femmes reviendront tout de même malgré le changement autour de lui qu'il présent. La fille aux pataugasLa mère songe au pire, çà la bouleverse et finalement c'est une parente qui va lui ouvrir les yeux Comme quoi ne pas se fier aux apparences | |
| | | nicyrle pilier
Nombre de messages : 5882 Age : 81 Localisation : Tout en bas, sous les orangers Date d'inscription : 05/02/2008
| Sujet: Re: Leila Sebbar Lun 02 Juil 2012, 22:12 | |
| J'ai lu les deux nouvelles : une belle découverte, merci infiniment, rotko La fille dans l'arbre est bouleversante dès le début car on sent que l'apparente douceur de la tradition va se transformer en drame ; déjà la douleur de l'arbre, blessé même légèrement, annonce comme un préliminaire ce qui va suivre. Tant de poésie, de mystère aussi pour ce qui tourne à l'horreur dite sobrement, sans recherche d'effet de style pour apitoyer. Un texte vraiment très réussi. La fille aux pataugas avec sa fin inattendue incite à relire aussitôt la nouvelle pour savourer sa construction, apprécier la trouvaille du discours intérieur de la mère honteuse et désespérée. Le titre m'a intriguée d'emblée sans que je comprenne vraiment ! J'aime bien aussi cette idée finale d'égalité hommes/femmes, même si c'est dans le contexte de la guerre, alors que toute la nouvelle insiste sur le leitmotiv de la condition féminine aliénée, enfermée dans une tradition pesante mais acceptée par les intéressées. Je ne connaissais pas Leila Sebbar mais j'ai très envie de découvrir ses autres écrits ! | |
| | | Amadak pilier
Nombre de messages : 3859 Localisation : Buenos-Aires Date d'inscription : 08/12/2007
| Sujet: leila Sebbar Mar 03 Juil 2012, 00:51 | |
| pour Nicyrle: si tu savais combien j'aime tes commentaires, si clairs, si justes on ressens l'écrivain que tu es, un bonheur ``a te lire Leila Sebbar nous livre des récits exotiques et émouvants à la fois, j'ai aimé ces deux nouvelles. | |
| | | Luca pilier
Nombre de messages : 2880 Age : 112 Date d'inscription : 15/06/2011
| Sujet: Re: Leila Sebbar Mar 03 Juil 2012, 09:08 | |
| Le grand sujet de Leila Sebbar semble être le langage : Je ne parle pas la langue de mon père, Parle mon fils, L'Arabe comme un chant secret... La parole et ses secrets.
Dans La fille à la photographie, elle oppose encore l'univers silencieux du foyer aux "mots de l'enfer" du dehors. La parole sociale (re)crée dangereusement la réalité à sa sauce. On a envie de secouer cette mère, elle agace : pourquoi prend-elle la rumeur pour argent comptant ? pourquoi lui fait-elle plus confiance qu'elle ne se fie à l'amour qu'elle porte à sa fille ?
Elle dénonce aussi les idées reçues (les hommes apportent la violence et les femmes la douceur et la paix) : dans cet univers féminin que sont les bains, plein de tiédeur et de rondeur, ce sont bien les femmes qui créent l'enfer et l'alimentent.
C'est la fille qui vient faire éclater le carcan social, mais de façon bien terrible : la mère voulait tuer symboliquement sa fille, elle apprend que cette dernière risque réellement sa vie. Se sent-elle coupable d'avoir aussi facilement accepté le mauvais jugement de sa communauté ? | |
| | | Luca pilier
Nombre de messages : 2880 Age : 112 Date d'inscription : 15/06/2011
| Sujet: Re: Leila Sebbar Mar 03 Juil 2012, 09:22 | |
| La fille dans les arbres me laisse sans voix, bouleversée, en colère. | |
| | | Maya pilier
Nombre de messages : 4596 Age : 71 Localisation : Thrace Date d'inscription : 16/07/2009
| Sujet: Re: Leila Sebbar Mar 03 Juil 2012, 16:13 | |
| J'ai relu les deux premieres nouvelles avant de commencer les deux suivantes. Vous en avez beaucoup dit ; mais quelle langue faisant vibrer nos sens, une narration tres sensitive, d'une enorme sensibilite - on sent les feuilles du chene nous toucher, trembler, souffrir; on sent la pesanteur du silence dans l'ame feminine, la chaleur du bain qui etouffe, endormit, anneantit pendant que la rumeur se forme telle un serpent afin de detruire. La fin de la nouvelle 2 est comme un coup de tonnerre et un eclair dans le coeur meurtri de la mere. La guerre vue avec tant de subtilite, cela fait pleurer.
On avance vers les autres nouvelles, quel delice de lire Leila Sebbar!
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| | | sarabennada pilier
Nombre de messages : 431 Date d'inscription : 02/09/2010
| Sujet: Re: Leila Sebbar Mer 04 Juil 2012, 08:29 | |
| merci beaucoup Maya, j'ai bien reçu les nouvelles de L.Sebbar. sans le net je n'imagine pas ce voyage agréable de ces pages. au fait je viens de recevoir La Jeune fille au balcon du même auteur mais je ne peux l'entamer tout de suite. j'en parlerai bien plus tard. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Leila Sebbar Jeu 05 Juil 2012, 07:17 | |
| Quelle étrange figure que la "fille au hijeb". !
Comme l'assistante sociale, je m'interroge sur sa volontaire mise à l'écart : est-ce la figure de sa grand mère qui l'influence ? se croit-elle hors du temps, etveut-elle garder sa beauté pour elle-même ?
a-t-elle un secret et un besoin narcissique à assouvir si longtemps dans la salle de bains ?
pourquoi cette indifférence à l'égard de ce qui l'entoure ? se ferait-elle prisonnière d'elle-même, sorte d'icône de la soumission, aveugle à ce qui l'entoure ?
le jeune homme qui la photographie veut-il montrer ce décalage avec l'époque et l'affiche dans le metro ? En tous cas les deux hommes qui emmènent le photographe n'ont pas l'air de plaisanter.
je m'interroge aussi sur le dernier mot "le baiser", adieu ironique attribué par la presse à un disparu ? | |
| | | Natalia pilier
Nombre de messages : 9409 Age : 58 Localisation : Nantes Date d'inscription : 10/01/2011
| Sujet: Re: Leila Sebbar Ven 06 Juil 2012, 07:53 | |
| J'avais déjà eu l'occasion de lire La fille des collines je me demande si ce n'était pas sur GDS* d'ailleurs Elle peut dire adieu à son rêve la pauvre gamine | |
| | | sarabennada pilier
Nombre de messages : 431 Date d'inscription : 02/09/2010
| Sujet: Re: Leila Sebbar Ven 06 Juil 2012, 09:14 | |
| La fille au hijeb
Le récit commence par « Elle cache ses cheveux », une phrase isolée, simple, interprétant en quelque sorte et en peu de mots l’expression "la fille au voile" et non pas (la fille au hijab)
Le terme hijab […] est issu de la racine hajaba qui signifie «dérober au regard, cacher ». Par extension, il prend également le sens de « rideau », « écran ». Le champ sémantique correspondant à ce mot est plus large que pour l'équivalent français « voile » qui couvre pour protéger ou pour cacher, mais ne sépare pas. (Source : Wikipedia)
Le hijab donc -dans son sens le plus strict- ne se résume pas simplement au foulard, c’est la tenue complète que porte la femme pour couvrir ou précisément cacher l’ensemble de son corps (toues les parties et les formes qui peuvent attirer ou provoquer…) à tous les hommes sauf pour les membres les plus proches de sa famille. (a mon avis, le terme n'a pas été mis par hasard dans ce récit) La jeune fille ici vit dans l’isolement total du monde extérieur, son foulard a l’effet de la magie sur elle, il l’empêche de voir, d’être sensible à ce qui se passe autour d’elle. En effet, rien ne peut la brancher, elle refuse même qu’on prononce son nom. elle vit séparée de tout...de sa jeunesse.
On a l’impression qu’elle n’est pas de ce monde ou qu'elle se trouve sous l’emprise de quelque chose de mystérieux.
L’influence de sa grand-mère est-elle pour quelque chose ou c’est ce qu’elle lit qui la rend aussi froide insensible et secrète ?
Et cette eau miraculeuse, cette source de jouvence, ce rite de boire sept fois!?
La redondance de la couleur verte; l’espoir ? Le paradis ? L’appartenance ? … -L’irruption de de la cavalière énigmatique? La maison de l’école interdite ?
Et bien d’autres points...
En plus des questions soulevées par rotko, essayer de trouver des réponses à ceci ou cela est plus qu’une aventure pour moi.
| |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Leila Sebbar Ven 06 Juil 2012, 10:01 | |
| Sarabennada, j'envoie cet apm, la fille en prison, et tu enverras le texte à qui te le demandera en MP (avec adresse de courriel). Cette fois-ci il viendra d'Algérie.
la couleur verte dont tu parles, n'a-t-elle pas un rapport aevc l'Algérie ?
| |
| | | sarabennada pilier
Nombre de messages : 431 Date d'inscription : 02/09/2010
| Sujet: Re: Leila Sebbar Ven 06 Juil 2012, 10:07 | |
| rotko a écrit - Citation :
- la couleur verte dont tu parles, n'a-t-elle pas un rapport aevc l'Algérie ?
possible. - Citation :
- Sarabennada, j'envoie cet apm, la fille en prison, et tu enverras le texte à qui te le demandera en MP (avec adresse de courriel). Cette fois-ci il viendra d'Algérie.
avec plaisir | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Leila Sebbar Ven 06 Juil 2012, 15:07 | |
| La fille au hijebtu as raison, Sarabennada, le texte dit que le hijeb couvre tout, les cheveux, les épaules, en contraste avec l'affiche publicitaire moderne, voire dénudée, contre laquelle s'assoit la jeune fille dans le metro chaque matin. Pas étonnant que les regards se tournent vers elle.. les images jouent un grand rôle dans cette histoire, notamment celles que renvoient les miroirs : celui de la source claire, image de jeune fille de la grand mère, démentie par le vrai miroir, celui qui accuse la fatigue, le vieillissement. La grand mère a entretenu chez sa petite fille la première image, de fraîcheur, liée à un espoir : l'institutrice aurait pu l'aider à s'épanouir. Espoir déçu certes, mais auquel est attachée Yasmine qui se voit comme "la jeune fille de la montagne", cette photographie conservée comme un secret par la grand mère. + image de l'école : "elle travaille bien" dit la mère. L'héritage du secret chez Yasmine, serait peut-être celui du village, des origines, d'un autre monde, des contes avec formule magique. d'où l'interêt pour ces foulards cachés, et dont elle varie la couleur chaque jour. Tu as raison aussi pour la couleur verte : - Citation :
- "le foulard est vert, la couleur que le prophète a le mieux aimée. Vert comme l'eau de la rivière, claire, limpide profonde, l'été au village."
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| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Leila Sebbar Ven 06 Juil 2012, 15:22 | |
| le hijeb
Le hijeb correspondrait donc à de multiples motivations, mais comme le dit Sarabennada, il isole Yasmine, la tient à l'écart de ce qui se passe. Yasmine n'a aucun contact avec autrui, sauf avec la grand mère par la lettre, le souvenir du village et des confidences.
Le jeune homme qui photographie ? est-il attiré par le contraste insolite des deux images de la femme : yasmine sur le banc # l'affiche, le visage et les formes voilées # " la fesse nue".
les deux "étrangers" qui désapprouvent la photographie ont voulu intervenir contre le jeune homme, ils le font finalement et le kidnappent. S'agirait-il d'intégristes ?
Tout n'est pas clair dans cette histoire, chacun imaginera sa version.
je croirais que "la jeune fille modèle" ne se rend pas compte de ce qu'elle renvoie comme image à des intégristes : pourtant elle n'a nul contact avec eux. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Leila Sebbar Dim 08 Juil 2012, 17:15 | |
| Bref, à part ma copine Sarabennada, vous ne vous mouillez pas trop sur la fille au hijeb A propos de la fille dans l'arbre, j'y vois une reminiscence de l'arbre aux souhaits qu'on trouve dans plusieurs cultures : le frène de la mythologie nordique (yggdrasil), le kulpataru d'Asie qui exauce les voeux, la fête du tanabata japonais : Les Japonais inscrivent leurs vœux sur des bandelettes de papier de cinq couleurs différentes et les attachent à des branches de bambou placées à des endroits bien visibles pour que leurs souhaits se réalisentce qui rend l'issue de cette nouvelle encore plus insupportable. | |
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