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 Andrei Makine

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MessageSujet: Andrei Makine   Andrei Makine EmptyMar 18 Juil 2006, 15:56

Andrei Makine, la musique d’une vie, Seuil

« Homo sovieticus ».

Le temps d’un voyage en train, le narrateur fait la connaissance de Berg, pianiste qui a subi l’ostracisme politique et l’insécurité de ses divers déguisements.

On croit souvent que prendre une autre identité est une aventure romanesque exaltante. En fait ici, c’est l’expérience d’une vigilance constante, d’une méfiance universelle. L’histoire de Berg montre à la fois la condition de l’individu dans l’État totalitaire, mais aussi sa capacité à survivre, - à quel prix cependant, malgré tous les pièges et obstacles.

Procès d’une société, d’une idéologie dévoyée et livrée aux aléas du stalinisme, ce récit renferme des images lourdes de sens : un pianiste qui joue en pleurant, un violon que l’on brûle en cachette.

Mais demeurent aussi, au milieu des bruits de la guerre, ces paroles menaçantes que s’autorisent les petits despotes :

 
Citation :
« Alors, l’intelligentsia pourrie, on tambourine toujours sur son foutu petit piano ? Attends un peu ,je vais prendre un marteau, je vais lui clouer le couvercle, à ta musique ! ».
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MessageSujet: Re: Andrei Makine   Andrei Makine EmptyMar 18 Juil 2006, 16:03

Voilà les bienfaits d'un forum !
je n'avais lu aucun Makine, pourtant ce nom est apparu plusieurs fois dans des messages.

Yoz a administré la piqûre de rappel :

Citation :
le dernier truc que j'ai lu c'etait de Andrei Makine.

Quelques mots suffisent, et on decouvre un écrivain sobre qui évoque le destin d' un homme victime du stalinisme.
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MessageSujet: Re: Andrei Makine   Andrei Makine EmptyJeu 20 Juil 2006, 14:45

Je me souviens avoir lu "La femme qui attendait", un roman qui à l'époque m'avait beaucoup marqué.

Nous sommes dans les années 70. Le narrateur quitte Léningrad pour la région d'Arkhangelsk afin d'y effectuer un reportage sur les coutumes de cette région. Contrastes brutaux, nous sommes loin de la "folie" que peut représenter une ville. Car cette région est non seulement habitée par les hommes mais également par le paysage. Et puis il y a Véra, environ 40 ans, qui depuis l'âge de 16 ans attend le retour de son amour qui n'est jamais revenu du front. Cette rencontre va métamorphosér notre narrateur, à savoir qui de Véra ou de l'acte en lui même (la force d'amour et l'attente jamais désespérée) il va tomber sous le charme.
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MessageSujet: Re: Andrei Makine   Andrei Makine EmptyLun 06 Nov 2006, 19:46

Le testament français ( sauf erreur) ne m'avait pas laissé un souvenir inoubliable, mais j'avoue que La musique d'une vie m'a mis sur le c...
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MessageSujet: Re: Andrei Makine   Andrei Makine EmptySam 09 Déc 2006, 13:09

'L'amour humain ' d’Andréï Makine est paru au Seuil,

C’est la terrible histoire d'un Africain originaire d’Angola qui s’engage dans les guerres de libération africaines.
Son destin est tragique car il ne peut se dérober à un engagement nécessaire qu’il mène sans illusions.
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MessageSujet: Re: Andrei Makine   Andrei Makine EmptyDim 10 Déc 2006, 16:43

monilet a écrit:
Le testament français (sauf erreur) ne m'avait pas laissé un souvenir inoubliable
>Moi j'ai apprécié ce livre, l'enfant initié à la littérature française par sa grand-mère, française mariée à un soviétique, restée en Union soviétique après le décès de ce dernier. Elle se remémore les années de guerre, la faim, les kms à pieds qu'elle fait dans la neige. La littérature, l'évocation de son pays natal, c'est une forme de "résistance" contre le modèle de l'homo sovieticus imposé dans le même temps. Nostalgie, amour grand-maternelle. Les gens sont influencés par leurs lectures et le roman est auto fiction ou auto biographie. Makine écrit en français et le parle depuis l'enfance. Il dit :"J'aime la transition entre deux civilisations, l'une socialiste, l'autre poétique"
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MessageSujet: Andreï Makine   Andrei Makine EmptySam 10 Fév 2007, 06:56

L'amour humain

Vingt-cinq ans après l’accession de l’Angola à l’indépendance et sa plongée dans la guerre civile, un homme, le narrateur, revient dans le pays où il a rencontré Elias Almeida, pendant l’enfer d’une nuit de captivité. Convié en tant qu’écrivain à un colloque sur le développement durable, il s’absorbe dans ses souvenirs, relatant le parcours de son ami, jeune Angolais idéaliste engagé dans l’insurrection du communisme.
L’histoire commence en 1979 dans un village angolais à la frontière du Zaïre. Depuis août 1975, la guerre fait rage entre les mouvements de libération qui se sont retrouvés dans un bref gouvernement de transition, après le départ des troupes de l’ancien colonisateur portugais. C’est ainsi que le MPLA marxiste d’Agostinho Neto s’affronte à l’UNITA de Jonas Sawimbi. Dans la pénombre d’une case, deux instructeurs soviétiques capturés par l’UNITA, attendent leur exécution. Le narrateur est l’un de ces deux hommes. Un troisième personnage gît à leurs côtés. D’entrée de jeu, l’Histoire s’installe sur le devant de la scène. Atroce, sans grand rapport avec les discours qui la théorisent. Ce sera le leitmotiv de ce roman. Le supplicié inerte vit encore. Au matin, avec ses deux compagnons, il est libéré par une unité cubaine engagée dans le conflit. Un solide lien d’amitié se tisse avec le narrateur, qui évoque maintenant la destinée de cet Angolais, Elias Almeida, né en 1950.

Il a onze ans au début des années soixante. Il vit dans la chaleur sensuelle et protectrice de sa mère, le père ayant pris le maquis. Il a entraperçu cette mère se prostituer pour le nourrir, puis être arrêtée par la police avant de revenir, clavicule cassée, corps broyé, mourante et bientôt morte. La scène de cet amour piétiné orientera sa vie pour toujours. Haine et révolte. L'enfant s'engage dans la Révolution, dans les guerres de libération africaines, côtoie Che Guevara et devient un redoutable agent militaire au service de l'Union soviétique. La Havane, Moscou, Zaïre, Somalie. On suit son destin tragique, de séances d'entraînement en coups de force, de coups d'état en coups fourrés. Sans illusion sur la cruauté humaine qui siège autant dans le camp des oppresseurs que des opprimés, il n'en continue pas moins de combattre sans relâche et avec héroïsme, y compris pour des causes perdues, même lorsqu’étant à Moscou, il vivra la mort de son président.

L'écriture s'engouffre dans le gouffre des révolutions, guerre froide, guerres civiles, dans les atrocités et absurdités de ce monde. Andreï Makine nous livre les images déroutantes d’une Afrique aux entrailles déchirées, aux membres dépecés entre tensions ethniques et idéologiques, morcelée par des combats que pilotent à distance les colosses de la guerre froide. Loin des ravages absurdes que provoquent l’affrontement des blocs, Cuba apparaît comme le pays de la mise en scène révolutionnaire où des idoles de carton pâte, montées sur de grands panneaux publicitaires, servent de décor à la harangue des orateurs.

http://users.skynet.be/pierre.bachy/makine_andrei_amour_humain.html

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MessageSujet: Andreï Makine : Le Testament français   Andrei Makine EmptySam 21 Juin 2008, 16:45

Smile Ce roman a l’originalité de nous offrir de la France une vision mythique et lointaine, à travers les nombreux récits que Charlotte Lemonnier, « égarée dans l’immensité neigeuse de la Russie », raconte à son petit-fils et confident.

cheers Ce roman a reçu le prix Goncourt 1995 et ex-aequo le prix Médicis 1995.

hesit quelques bribes ...
«Je me souvenais qu'un jour, dans une plaisanterie sans gaîté, Charlotte m'avait dit qu'après tous ses voyages à travers l'immense Russie, venir à pied jusqu'en France n'aurait pour elle rien d'impossible [...].
*
Au début, pendant de longs mois de misère et d'errances, mon rêve fou ressemblerait de près à cette bravade.
*
J'imaginerais une femme vêtue de noir qui, aux toutes premières heures d'une matinée d'hiver sombre, entrerait dans une petite ville frontalière. [...].
*
Elle pousserait la porte d'un café au coin d'une étroite place endormie, s'installerait près de la fenêtre, à côté d'un calorifère.
La patronne lui apporterait une tasse de thé.
*
Et en regardant, derrière la vitre, la face tranquille des maisons à colombages, la femme murmurerait tout bas : "C'est la France... Je suis retournée en France. Après... après toute une vie."»


lire Quelques difficultés a entrer dans l'histoire au début. J'en suis au environ de la 200ème page, et il me semble que je commence a apprécier le texte.

cafe alors espérons que je serai totalement séduite avant de refermer ce volume.

bonne soirée à tous
amitié
ps- j'espère ne pas avoir fait d'erreur cette fois-ci pour l'envoi de l'article.
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MessageSujet: Re: Andrei Makine   Andrei Makine EmptySam 21 Juin 2008, 17:46

Ne t'inquiète pas cette fois ci c'est bon, et de toute façon, ce n'est jamais grave Laughing
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MessageSujet: Re: Andrei Makine   Andrei Makine EmptyDim 22 Juin 2008, 21:04

Je viens de terminer la lecture commune de juin" La femme qui attendait".
J'ai été ravie de le lire, les commentaires suivront dans la rubrique adéquate.
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MessageSujet: Re: Andrei Makine   Andrei Makine EmptyLun 23 Juin 2008, 04:57

la rubrique adequate, c'est le fil de l'auteur, donc ici, rendez-vous chez Makine.
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MessageSujet: Re: Andrei Makine   Andrei Makine EmptyMer 25 Juin 2008, 15:03

J'ai fini "la femme qui attendait"
j'attends d'autres avis pour donner le mien ou je le donne maintenant encore que nous ne sommes que le 25? scratch scratch
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marie chevalier
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MessageSujet: Re: Andrei Makine   Andrei Makine EmptyJeu 26 Juin 2008, 12:13

Bon je donne mon avis puisque personne n'a dit non evil
la femme qui attendait

Je ne connaissais pas du tout cet auteur. Ce roman m’a vraiment plu pour son histoire, ses descriptions, les sentiments à peine dévoilés et pourtant là à toutes les pages, les émotions aussi.

Tout cela simplement, j’ai été prise dans cette histoire et j’en ai même attendu la fin avec impatience et elle ne m'a pa déçue.. Je n’aurais pas aimé que Véra se comporte comme l’on pouvait le croire à la lecture des réflexions intimes de ce jeune homme.
Bien sûr, il dissèque la Russie et la vie que l’on peut y avoir eue, mais d’une manière élégante et non impérative. Bref j’ai bien aimé.
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MessageSujet: Re: Andrei Makine   Andrei Makine EmptyJeu 26 Juin 2008, 17:50

La femme qui attendait.

Une très bonne surprise, ce livre se lit d'une traite, avec une drôle d'histoire dans un drôle de pays, et le portrait d'une femme exceptionnelle.

Les rappels sur la vie en URSS sont légers, délicats, mais aussi touchants, avec en rappel, les problèmes de l'exil...

J'ai beaucoup aimé aussi la description de cet endroit du bout du monde, ces villages qui se meurent (la petite maison reconstituée dans la maison déjà à moitié détruite).

Et je ne l'ai pas mis dans les livres du mois ???

J'en avais trop...on peut décaler ? geek
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MessageSujet: Re: Andrei Makine   Andrei Makine EmptyDim 29 Juin 2008, 08:52

J'ai adoré Le Testament français. J'ai trouvé intéressant ensuite de lire Le Ciel et la terre de Jacques Dorme car il y explique comment son éditeur l'a obligé à modifier son projet initial du Testament français. Comme après ce roman primé et apprécié des lecteurs, son éditeur a dû lui laisser plus de liberté, il a repris ce projet initial dans Le Ciel et la terre de Jacques Dorme.

C'est assez intéressant donc de comparer les deux romans. On découvre ainsi de l'intérieur, l'influence de l'éditeur sur l'écrivain et sur l'oeuvre publiée et on apprend aussi l'opinion de l'écrivain à ce sujet.
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MessageSujet: lecture commune de juin   Andrei Makine EmptyDim 29 Juin 2008, 18:57

André Makine
biographie

ëcrivain russe né en Sibérie en 1957, professeur de philosophie à l’age de 30 ans il s’est exilé en France où il réside actuellement. Il s’est rendu célèbre par son roman « le testament français » suivis par d’autres œuvres, »le crime de Olga Arbélina » « la musique d’une vie » « entre le ciel et la terre » « la femme qui attendait »qui lui ont valu de nombreux prix Je ne parle jamais d’auteurs que je n’ai pas lus mais comme j’ai eu la chance de trouver en espagnol ce dernier c’est sur celui la`que je donnerai mon avis.
Le narrateur un jeune journaliste accepte de faire un voyage au bord de la mer Blanche, dans un village fantasmagorique : Mirnoie, dans la Russie des années soixante dix, pour faire un recueil de traditions. Dans ce petit village , une histoire surprenante éveille sa curiosité. Une femme attend depuis trente ans l’homme qu’elle aime. Une Pélénope de nos jours, qui ne
tricote pas , mais se consacre à soigner de vieilles femmes âgées et donne des classes aux enfants.
Le journaliste fréquente un lieu, une sorte d’atelier littéraire, de peinture et de bordel aussi, où l’on se partage tout, même les femmes. Là il fait la connaissance d’un camionneur, Otar « première hirondelle capitaliste » un homme brutal, qui ne parle que de femmes, de comment il les possède, très facilement, dans les pays d’après guerre oú les hommes manquaient. Il lui donne des conseils obscènes et absurdes pour faire des conquêtes amoureuses
Cet endroit de repère est fréquenté par les dissidents du régime et rêvent de partir pour l’Occident. Aucun de ces révoltés ne pourrait imaginer que quinze ans plus tard, le régime aurait échoué, et pourtant pour le poète il serait tout aussi difficile d’exprimer des choses simples, comme l’amour d’une femme qui n’aime plus, la neige d’une nuit de Mars. Dans ces nuits froides il pensait à l’irritant paradoxe de l’art sous un régime totalitaire
« La dictature est souvent propice à la création de chef-d’œuvres »
Il cherchait à découvrir dans ce recoin perdu du Nord russe un sommaire de l’époque soviétique, mais toutes les traces s’étaient effacées. Restaient seules les feuilles dorées de saule sur la surface obscure du lac, les premières neigées, le silence de la mer Blanche que l’on devinait derrière les forêts. Et restait cette femme, qui marchait au bord, s’arrêtait auprès de la boite à lettres. Restait l’essentiel.
Elle ,Véra, quand le chemin n’était pas transitable, se déplaçait sur une barque ; lui , il l’avait aidée une fois. Chaque jour il se préparait pour partir, mais cette femme le retenait par sa beauté et son mystère. Une femme qui attendait depuis tant d’ans. Un fantôme du passé qui l’empêchait d’aimer et d’être aimée. Il note tout dans son agenda. L’histoire de cette femme, c’est l’éternel colonel Chabert, mais pas pour elle, elle attend toujours. Il la visitait dans sa ibza et voyait d’importants volumes sur une étagère qu’il croyait que c’était pour la galerie, alors qu’elle était plus instruite que lui ; elle avait fait d’importantes études à Leningrad, mais elle savait qu’elle devait être là, pour continuer son attente
Le narrateur décrit des paysages et des instants merveilleux dans son récit Il note dans son agenda qu’il est épris d’elle ; il a 26 ans, elle 47, mais elle est belle. Il écrit un jour qu’ils se sont rencontrés par hasard entre les broussailles du lac :
Citation
« Elle venait de faire la pêche et à ses pieds s’enroulait un gros filet à poisson
qu’elle venait de ramasser, ils sont restés figés, comme liés par une complicité ambiguë, semblable à celle d’un acte charnel, précipité, dans un lieu peu sur ou à celle d’un crime. L’air était lourd comme avant un orage
et nous enserrait dans une posture de mauvais rêve. On éprouvait la compréhension, partagée et tacite , que tout était possible entre cet homme et cette femme au milieu de cette violente tombée du crépuscule ensangloté. Absolument tout. Et qu’il n’existait rien ni personne pour l’empêcher. Leurs corps pourraient s’allonger prés du filet, se livrer, vivre le plaisir, en même temps qu’agonisaient les poissons attrapés. »

Je suis parti tout de suite, avec le sentiment d’avoir dérobé, par lâcheté, le moment où la destinée s’incarne, dans un lieu, sur un visage. Le moment oú le hasard nous laisse entrevoir la sombre trame de causes et de conséquences.
L’histoire ne finit pas là. Il est obsédé de la posséder, c’est un défi pour lui, de remplacer celui qu’elle attendait. Il y parvient, c’est comme un trophée qu’il a obtenu, il en est fier, mais ce n’est pas le vrai amour et il la quitte presque en fuyant.
Elle reste seule dans ce village fantasmagorique, entourée de vieilles femmes, et sur une table un journal déployé, montre la photo de l’homme
qu’elle a attendu, sa vie durant, devenu fonctionnaire d’Etat, qui n’avait jamais songé à revenir dans ce village abandonné de la main de Dieu.
Les paysages sont magistralement décrits, ce climat gelé qui semble pénétrer dans les os nous donne le frisson.
Un très beau conte russe.
André Makine
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MessageSujet: andré makine   Andrei Makine EmptyDim 29 Juin 2008, 19:08

Makine
Pour la lectura de juin “la femme qui attendait”,j’ai envoyé mon commentaire,il y a du bon dans cette histoire.
Mais ici je vais exposer ce qui m’a déplu du livre.J’ai eu besoin de le lire et de le traduire de l’espagnol. Il est possible que la version française soit meilleure, j’entends comme meilleure que les obscénités de la première partie soient moins grossières.
Je ne suis pas une nonne, je peux même lire de la pornographie sans rougir à condition quelle soit en rapport avec le sujet et bien racontée, ce n’est pas le cas ici.
Un écrivain de sa qualité avait-il besoin d’étaler des saloperies ,inutiles au récit ? moi en tant que lectrice,avais-je besoin de me trouver face au désagréable, tandis que le conte est beau ? Il lui aurait fallu de 3 ou 4 pages seulement pour en faire un excellent conte russe. Que Mr Makine me pardonne. Je l’ai trahi , traduire c’est trahir, n’est ce pas ? J’ai fait et refait plusieurs fois mon commentaire et je n’ai pas mis ce qui me déplaisait, j’ai dit la même chose d’une manière différente.
Je n’ai pas le livre en français, donc je ne pourrai jamais savoir si la traduction espagnole est mauvaise ou pas
On peut être d’accord ou pas, c’est mon avis. Mes amitiés
pour tous les GDS
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MessageSujet: Re: Andrei Makine   Andrei Makine EmptyDim 29 Juin 2008, 20:00

Après lecture de "La femme qui attendait", d'Andrèi Makine,
j'ai été impressionnée par la belle description des paysages ,
lac glacé et forets changeants de couleurs au rythme des saisons, de l'indigo à l'ocre, une atmophère bien décrite.

La femme , Véra , n'existe que dans sa dimension charnelle pour le narrateur,
jusqu'à ce qu'il découvre qu'elle est tout dévouement pour son entourage.
Il évoque une image de la" piéta " lorsque il enmène ce corps mort d'Anna dans la barque, comme celui de Vera,
il fait office de "passeur" sur le lac de la vie vers un autre monde.

Vera est une image, une icône, synonyme d'aurore signifiant "lumière" entrain de naître.
Mirnoîe, le village est à la frontière de deux mondes oposés, campagne ,ville, intellects et paysans.

L'objet en bois est une métaphore de la Russie,
l'isba miniature de la babouchka,
construite à l'intérieur de la plus grande.

Les gens savaient résister intérieurement et garder une grande générosité et leur dignité,
valeurs morales de haut niveau,
d'ou la fidélité et l'attente de 30 longues années, qui est plus que l'Espérance.

A. Makine reconstruit la Russie qui l'habite , par la recherche de vérité, il l'incarne dans les mots choisis et la restitue au lecteur.


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MessageSujet: Re: Andrei Makine   Andrei Makine EmptyDim 29 Juin 2008, 20:29

Amadak a écrit:
Makine
Pour la lectura de juin “la femme qui attendait”,j’ai envoyé mon commentaire,il y a du bon dans cette histoire.
Mais ici je vais exposer ce qui m’a déplu du livre.J’ai eu besoin de le lire et de le traduire de l’espagnol. Il est possible que la version française soit meilleure, j’entends comme meilleure que les obscénités de la première partie soient moins grossières.
Je ne suis pas une nonne, je peux même lire de la pornographie sans rougir à condition quelle soit en rapport avec le sujet et bien racontée, ce n’est pas le cas ici.
Un écrivain de sa qualité avait-il besoin d’étaler des saloperies ,inutiles au récit ? moi en tant que lectrice,avais-je besoin de me trouver face au désagréable, tandis que le conte est beau ? Il lui aurait fallu de 3 ou 4 pages seulement pour en faire un excellent conte russe. Que Mr Makine me pardonne. Je l’ai trahi , traduire c’est trahir, n’est ce pas ? J’ai fait et refait plusieurs fois mon commentaire et je n’ai pas mis ce qui me déplaisait, j’ai dit la même chose d’une manière différente.
Je n’ai pas le livre en français, donc je ne pourrai jamais savoir si la traduction espagnole est mauvaise ou pas
On peut être d’accord ou pas, c’est mon avis. Mes amitiés
pour tous les GDS
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C'est bizarre, je ne me souviens pas de ces saloperies. Je me souviens seulement que je n'avais vraiment pas accroché à ce roman.
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MessageSujet: Re: Andrei Makine   Andrei Makine EmptyLun 30 Juin 2008, 06:29

cette lecture fut un réel plaisir.
tout d'abord, c'est le rythme de ce roman, à l'image de la vie de ses protagonistes qui m'a emporté.
La nature est omniprésente et scande les rencontres du narrateur et de Véra.
Véra, que le narrateur aimerait définir, classer, ranger et qui lui échappe sans cesse. Véra, unique dans son attente, unique dans sa façon de rebondir lorsque son attente devient vaine.
Véra tout simplement unique, comme chacun d'entre nous.
Véra qui attend 30 ans et qui pourtant est tellement présente à la vie. Bien plus que certains.
Véra qui accompagne ces veilles femmes jusqu'à la mort, simplement, avec tendresse, respect.
Quel magnifique portrait de femme !
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marie chevalier
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MessageSujet: Re: Andrei Makine   Andrei Makine EmptyLun 30 Juin 2008, 09:55

Oui La petite Normande dans mon commentaire sur "la femme qui attendait" je n'ai pas mis le primordial: quel magnifique portrait de femme dis-tu et tu as tout à fait raison, c'est en te lisant que je m'aperçois que j'étais passée au dessus, ne voyant que l'attente. merci à toi
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MessageSujet: Re: Andrei Makine   Andrei Makine EmptyLun 30 Juin 2008, 18:36

Entre le narrateur et Véra, deux êtres si différents, Andreï Makine dresse un mur de silence, de non-dits. Et c'est finalement le paysage et la fuite des saisons qui évoquent le mieux l'amour impossible, les mots imprononçables, le passé hitlérien, stalinien, et les échecs inévitables.

J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre : les si belles descriptions des paysages de la campagne russe, l'évocation des vieilles dames dont Véra s'occupe avec dévouement, les sentiments ambigus et mitigés entre deux êtres que la vie va rapprocher, puis séparer.

C'est le premier livre d'Andréï Makine que je lis et je pense ne pas en rester là car j'apprécie tout particulièrement son style d'écriture.
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Andrei Makine Empty
MessageSujet: Re: Andrei Makine   Andrei Makine EmptyLun 06 Avr 2009, 19:30

Je viens ici après avoir lu que Emmanuel Carrère s'était mis à l'apprentissage du russe, comme pour retrouver ses racines.

Andreï Makine a suivi la démarche inverse: il a "quitté" la langue russe pour s'expatrier dans la langue française.

J'ai adoré le Testament Français, car il décrit tellement bien le rapport affectif qu'on peut avoir avec une langue. Si je me souviens bien, le roman comporte trois volets, l'enfance, l'adolescence (où il est décalé parce qu'il n'aime pas le foot, il n'a pas de copains) et enfin l'âge adulte.

Je trouvais les temps verbaux parfois étranges, un ami qui sait très bien le russe m'a expliqué qu'il y a deux formes d'imparfait en russe, l'une pour les actions terminées, l'autre pour celles qui se poursuivent encore. Makine utilisait souvent un imparfait pour une action ponctuelle, du genre "il sortait une photo de sa poche" (à la toute fin du roman, je crois...), alors qu'un francophone aurait écrit "il sortit une photo de sa poche".

Mais ça n'ôte rien au charme de ce livre très original et tout simplement formidable.
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MessageSujet: Re: Andrei Makine   Andrei Makine EmptyLun 07 Déc 2009, 13:39

je lis le Testament Français édition Folio , je suis charmée par le langage et la poésie de Makine, sauf que je suis restée sur ma faim au milieu du récit ou il décrit le régime stalinien.
il me manque les pages 96 à 129, comme du beurre sur la tartine, l'éditeur s'est-il trompé dans la reliure, censure?, par contre j'ai deux fois la version de la page 225 à 256, j'y perds mes tartines!
Il a été tiré ainsi en milliers d'exemplaires?Doit être épuisé maintenant..
Un extrait plein de poésie

Spoiler:
.


Puis elle marche à la rencontre de la silhouette d'un homme revenant de guerre..les images parlent d'elles-memes.
J'aime!
I love you
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soussou
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MessageSujet: Re: Andrei Makine   Andrei Makine EmptyJeu 24 Juin 2010, 19:33

Un très beau roman, La vie d'un homme inconnu" empreint d'humanité, je suis restée très sensible aux mots choisis par A. Makine qui sonnent justes.

"Etre greffé d'un visage, la peau de son facié est regénéré par des regards qui se posent sur lui dans un flot de sourires."
Ils sourient à cet homme qui n'est pas moi, j'ai donc le droit de vivre parmi eux.
Espoir de renouer avec le monde sur lequel il a du retard"


A travers le blocus de Léningrad, les épreuves, les morts ,la bataille, un couple survit, un petit morceau de pain sec offert par une femme permettra l'espoir et la survie.

Le ciel, le chant sont autant de points d'ancrage pour demeurer dans l'amour. I love you
je donne un *
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