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 Manifeste de l'apoplexie poétique

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ignatius
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Esperluette
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Esperluette


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MessageSujet: Re: Manifeste de l'apoplexie poétique   Manifeste de l'apoplexie poétique - Page 4 EmptyMer 21 Mar 2012, 18:21

ignatius a écrit:


Tu ne le pollues pas du tout.

Non ce n'est pas véritablement sarcastique. On trouve des hémistiches étranges chez Verlaine et Rimbaud (le bateau ivre par exemple) et Ferré ne disait-il pas "la césure sournoise, certes, mais correcte !"

Mes influences poétiques sont assez nombreuses, mais il y a un fil tout de même : Villon, Lautréamont, Rimbaud, Bukowski, Fante (si si c'est un poète pour moi), Artaud, Ferré ; dans une moindre mesure : Baudelaire, Cantat, Thiéfaine, Houellebecq... j'en oublie sûrement que j'apprécie mais qui ne font pas partie véritablement de mes influences (Nerval, Homère, Michaux, Jehan Rictus etc etc)...

Ps: René Char je connais assez mal... je crois que ce n'est pas vraiment "ma came", mais il faudra que je vérifie tout de même.

Ah je comprends mieux maintenant avec ces fréquentations. Razz
Qui n’a jamais croisé, au cours de ses déambulations poétiques, Villon ? Rimbaud a dû le côtoyer si je ne me trompe :

Citation :
Le bal des pendus

Au gibet noir, manchot aimable,
Dansent, dansent les paladins,
Les maigres paladins du diable,
Les squelettes de Saladins.

Messire Belzébuth tire par la cravate
Ses petits pantins noirs grimaçant sur le ciel,
Et, leur claquant au front un revers de savate,
Les fait danser, danser aux sons d'un vieux Noël !

Et les pantins choqués enlacent leurs bras grêles :
Comme des orgues noirs, les poitrines à jour
Que serraient autrefois les gentes damoiselles,
Se heurtent longuement dans un hideux amour.

Hurrah ! les gais danseurs qui n'avez plus de panse !
On peut cabrioler, les tréteaux sont si longs !
Hop ! qu'on ne cache plus si c'est bataille ou danse !
Belzébuth enragé racle ses violons !

O durs talons, jamais on n'use sa sandale !
Presque tous ont quitté la chemise de peau ;
Le reste est peu gênant et se voit sans scandale.
Sur les crânes, la neige applique un blanc chapeau :

Le corbeau fait panache à ces têtes fêlées,
Un morceau de chair tremble à leur maigre menton :
On dirait, tournoyant dans les sombres mêlées,
Des preux, raides, heurtant armures de carton.

Hurrah ! la bise siffle au grand bal des squelettes !
Le gibet noir mugit comme un orgue de fer !
Les loups vont répondant des forêts violettes :
À l'horizon, le ciel est d'un rouge d'enfer...

Holà, secouez-moi ces capitans funèbres
Qui défilent, sournois, de leurs gros doigts cassés
Un chapelet d'amour sur leurs pâles vertèbres :
Ce n'est pas un moustier ici, les trépassés !

Oh ! voilà qu'au milieu de la danse macabre
Bondit dans le ciel rouge un grand squelette fou
Emporté par l'élan, comme un cheval se cabre :
Et, se sentant encor la corde raide au cou,

Crispe ses petits doigts sur son fémur qui craque
Avec des cris pareils à des ricanements,
Et, comme un baladin rentre dans la baraque,
Rebondit dans le bal au chant des ossements.

Au gibet noir, manchot aimable,
Dansent, dansent les paladins,
Les maigres paladins du diable,
Les squelettes de Saladins.
1870.
Sans doute connais-tu ce qu’il a pu considérer comme un devoir d’écolier? Wink
Je continue avec René Char (que je relis par la même occasion) :

Citation :
I
L’imagination consiste à expulser de la réalité plusieurs personnes incomplètes pour, mettant à contribution les puissances magiques et subversives du désir, obtenir leur retour sous la forme d'une présence entièrement satisfaisante. C'est alors l'inextinguible réel incréé. Partage formel.

Bon j'arrête de t'embêter avec René Char, promis!

Au fait, si je veux découvrir Fante, que me conseilles-tu ? Esperluette en quête de nouvelles aventures livresques !!!

bye
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ignatius
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MessageSujet: Re: Manifeste de l'apoplexie poétique   Manifeste de l'apoplexie poétique - Page 4 EmptyVen 23 Mar 2012, 09:43

Ah la la... écrit à 16 ans ce bal des pendus ! un peu comme les peintures que Schiele a exécutées entre 14 et 16 ans, ça peut faire un peu douter quand on se plonge dans la même pratique !

Brassens disait de Villon que c'était le premier poète français ; je ne suis pas loin de penser comme lui. En fait, toutes les écritures (les styles) qui me marquent profondément, sont celles qui ont comme moteur la violence, la rage, elles me semblent vraies, charnelles, humaines, et surtout sincères : une colère forcée sonne toujours faux. Il y a cependant une exception : les écritures qu'on pourrait qualifier d'enfantines, comme celle de Fante par exemple, car l'enfant passe de la colère à l'émerveillement avec une naïveté qui est forcément sincère.

Dans ton Mp tu compares Fante et Céline, c'est absolument bien vu. Céline est le premier auteur qui a bouleversé mon écriture, après avoir lu "Mort à crédit" à 17 ans, je n'ai plus pu écrire qu'en le plagiant ; j'ai mis des années en m'en remettre ! Pourtant lire Céline est une épreuve, alors que lire Fante est un bonheur tout simple.


Dernière édition par ignatius le Sam 28 Avr 2012, 08:26, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Manifeste de l'apoplexie poétique   Manifeste de l'apoplexie poétique - Page 4 EmptyVen 23 Mar 2012, 09:47


Quelqu'un peint sur les tuiles
je ne sais pas pourquoi
mais je crois que c'est joli
des bruits de pas font écho dans la rue

la vie est ralentie, mon pouls s'accélère

des voix humaines tricotent leur charrabia
l'intérieur de ma poitrine est comme ces toits
qu'un glacis lentement recouvre et envahit
je frissonne, sans protection

pourquoi se mettre à nu ? peut-être que vous saurez...

je lis des poèmes sur le net, de gens un peu comme moi
un peu comme vous ; la plupart s'y prend mal
comme avec une fille qu'on veut impressionner ;
aujourd'hui je ne sais rien, et ça me va.


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MessageSujet: Re: Manifeste de l'apoplexie poétique   Manifeste de l'apoplexie poétique - Page 4 EmptyJeu 12 Avr 2012, 13:29

Salut à tous !

Une de mes nouvelles est sélectionnée pour un concours en ligne, si vous voulez la lire et la soutenir (il faut cliquer sur le "j'aime" en bas du texte), vous pouvez le faire ici :

http://short-edition.com/oeuvre/nouvelles/souffrance-intestinale-du-genie-en-guerre

C'est une nouvelle qui s'appelle donc : "Souffrance intestinale du Génie en guerre", et qui se lit en dix minutes. Merci aux grains !
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MessageSujet: Re: Manifeste de l'apoplexie poétique   Manifeste de l'apoplexie poétique - Page 4 EmptyJeu 26 Avr 2012, 10:20

Bon ça faisait longtemps...

***********************************************************************************************************************************

Carnaval dans un Désert


Et parfois on ouvre les yeux sans avoir fait le deuil d'hier
(non qu'il se soit passé quelque chose hier, justement)
et c'est un vaste désert, morne, plat et angoissant qui nous observe
et la vie nous enveloppe comme un costume de carnaval
un jour où ce n'est pas carnaval.

Dans un désert, il faut une boussole et une carte
un peu d'eau
et un objectif de survie
bien sûr, dans un désert, il y a la possibilité d'un mirage.

C'est toute la limite de la métaphore.


***************************************************************************

Quelques temps au Tartare


Le soleil est perclus tout là-haut dans le ciel,
il est bien loin de nous, muet, statique et seul ;
je sens mon corps ailleurs, déconnecté, partiel
mais relié au vivant, et comme dans un linceul.

La ville est flamboyante auréolée de miel !
les rues chargées de vies palpitent sous mon œil :
je perçois la chaleur et son grand potentiel
de derrière ma fenêtre, elle s'enlise à mon seuil.

Ce matin, j'ai voulu exercer la machine :
je connais les vertus de la sueur, du sport
et beaucoup de moyens pour vaincre l'atonie ;

Mais plus rien ne fonctionne alors que je m'échine...
et la terre tourne et tourne, et j'accentue l'effort ;
je l'espère et l'attends, la possible harmonie.


***************************************************************************

Roman d'un jour éternel


Je me réveillais dans des espaces étranges
roulé par les voyages
près de soleils glacés comme des rivières indifférentes
à la frontière des transformations animales

la queue raide
les doigts puant la mouille
la poitrine en cendre
et la tête... mieux vaut ne pas parler de ma tête.

en rejetant la douceur des draps
je sentais le parfum des fraises flétries,
filles fracassées par les lunes barbares,
les amours ordurières somptueuses et magiques
décortiquées et laissées là
par les doigts de la couturière Bukowski

le ciel ne m'a jamais regardé ! alors que moi, si
et des pianos, des pianos en escaliers
vermeil et nacre dans le café
frissons en robe de chambre
et le sens et l'essentiel
orchestre mystère toujours ailleurs

je me réveillais dans des espaces étranges
roulé par les voyages
une ceinture à la main pour écorcher les anges
des mots d'amour en cage

Ah, mais ! croyez-le ! je l'entendais !
comme un tonnerre roulant sous la peau !
la petite musique, nom de dieu !
les fourmis sorcières que j'entrevoyais ! juste une seconde !
et un immense nuage passe. Et on regarde ses mains
perdu, plus rien. Ah ! le salaud intégral !
je t'aime bien, va, mon vieux pote Ferdinand
continue de vociférer dans ton zéphyr malsain

j'ai eu si froid, je vous jure, parfois
quand mes yeux magma dévalaient les rues de marbre
d'horribles olympes habitées de Vous
arbres sordides à l'écorce miroir

je voulais voir le fond
de la poésie, de la chair femelle, de l'esprit
violence des aciers plantés dans l'os
SHTAK !
Et tes cris ma muse, oh, tes cris d'entrailles, murmures du Vrai
à chialer de bonheur pour ces éclairs
mais je ne fus jamais assez soumis
et tout finit par me fuir
j'ai vu Rome et l'Acropole
tes lèvres en ourlets, explosives grenades cerise
après ça, comment marcher dans la ville ?
J'y vais pourtant, souvent
dans le papier mâché des étranges voyages
je croise d'autres déserteurs, cœurs trop palpitant aux mains abandonnées
tous perdus ! perdus ! perdus !
Mais je ne me perds pas dans la ville
je ne fus jamais assez soumis
et je rentre, aussi vide, aussi tendu vers le fuyant
sous le ciel toujours railleurs
chevelure dorée
déferlante
messages cabalistiques de la Beauté stellaire éclatée
à laquelle je ne comprends pas grand chose
foutre sombre répandu
j'ai cherché, encore aujourd'hui

et je m'endors dans ces espaces dépeuplés
roulé par mon poème
sous la lune barbare au creux d'un lit sécheresse
les animaux font silence

mais le lendemain
tout recommence.


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MessageSujet: Re: Manifeste de l'apoplexie poétique   Manifeste de l'apoplexie poétique - Page 4 EmptyJeu 26 Avr 2012, 10:48

je ne sais si l'apoplexie peut être belle.... mais celle-là, elle l'est !
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MessageSujet: Re: Manifeste de l'apoplexie poétique   Manifeste de l'apoplexie poétique - Page 4 EmptyJeu 26 Avr 2012, 10:53

Tu as aimé quel texte Ysandre, le dernier je suppose ? Roman d'un jour éternel, c'est bien ça ?
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MessageSujet: Re: Manifeste de l'apoplexie poétique   Manifeste de l'apoplexie poétique - Page 4 EmptyJeu 26 Avr 2012, 10:57

oui et le précédent aussi.
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MessageSujet: Re: Manifeste de l'apoplexie poétique   Manifeste de l'apoplexie poétique - Page 4 EmptyJeu 26 Avr 2012, 10:58

ils sont denses, tes poèmes, avec des mots qui crochent dur !
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MessageSujet: Re: Manifeste de l'apoplexie poétique   Manifeste de l'apoplexie poétique - Page 4 EmptyJeu 26 Avr 2012, 11:10

Ysandre a écrit:
des mots qui crochent dur !

Merci, c'est ce qui me plaît dans la poésie, que "ça croche dur", pas toujours évident d'allier violence, brutalité, raffinement et douceur, comme la sensualité brûlante. C'est une balade sur des escarpements, faut faire gaffe au vertige, l'appeler de ses voeux mais conserver un regard fixe...

Ils ont trois formes bien différentes ces textes : le premier, que tu as donc moins aimé, a quelque chose dans la forme et le fond, d'américain, vaguement "Beat". Le second est très très houellebecquien, peut-être même trop pour mériter une véritable existence, mais en tous cas il est vrai, et pour ce que j'avais à dire, je trouvais que cette forme était celle qui convenait le mieux. Le dernier, évidemment, a de forts accents rimbaldiens...
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MessageSujet: Re: Manifeste de l'apoplexie poétique   Manifeste de l'apoplexie poétique - Page 4 EmptyJeu 26 Avr 2012, 11:23

j'aime la poésie depuis mon enfance. Par contre, je ne suis pas "savante", quand j'écris, c'est d'un trait sans chercher à obtenir une forme, des effets. Ce n'est pas de la bonne poésie comme toi, c'est mon ressenti. C'est tout. Happy
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