Audur Ava Olafsdottir [Islande]

D'un réalisme sans affèterie, tout l'art d'Audur Ava réside dans le décalage de son personnage, candide, cocasse et tendre. Cette insolite justesse psychologique, étrange comme le jour austral, s'épanouit dans un road movie dont notre héros sort plus ingénu que jamais, avec son angelot sur le dos. Audur Ava Ólafsdóttir est née en 1958 à Reykjavík. Rosa candida, largement salué par la presse et la critique lors de sa parution en 2007 et deux fois primé, est traduit pour la première fois en français.


Rosa candida

Citation :

Le jeune Arnljótur va quitter la maison, son frère jumeau autiste, son vieux père octogénaire, et les paysages crépusculaires de laves couvertes de lichens. Sa mère a eu un accident de voiture. Mourante dans le tas de ferraille, elle a trouvé la force de téléphoner aux siens et de donner quelques tranquilles recommandations à son fils qui aura écouté sans s'en rendre compte les dernières paroles d'une mère adorée. Un lien les unissait : le jardin et la serre où elle cultivait une variété rare de Rosa candida à huit pétales. C'est là qu'Arnljótur aura aimé Anna, une amie d'un ami, un petit bout de nuit, et l'aura mise innocemment enceinte. En route pour une ancienne roseraie du continent, avec dans ses bagages deux ou trois boutures de Rosa candida, Arnljótur part sans le savoir à la rencontre d'Anna et de sa petite fille, là-bas, dans un autre éden, oublié du monde et gardé par un moine cinéphile.

Un coup de cœur pour une lecture sereine, limpide, dont les mots et les pages défilent, et qu’il faut savoir mettre en retrait qui moment pour mieux la reprendre et ne plus la quitter.
Un livre au format à peine plus gros qu’un livre de poche, mais broché, ce qui en fait un objet agréable à tenir. La couverture aux allures psychédéliques, détonnent avec le caractère tendre, décalé, et hors du temps de cette histoire qui finit dans la lumière.

« Ma fille est immobile, à califourchon sur mes épaules. Je mets ma main en visière et plonge le regard dans l’aveuglante clarté. C’est alors que je la vois, tout en haut, dans le vitrail du chœur, la rose pourpre à huit pétales, à l’instant précis où le premier rayon transperce la corolle et vient se poser sur la joue de l’enfant. »

Ce jeune homme de 22 ans, rouquin, que son père appelle tendrement « mon petit Lobbi, s’en va prendre ses « quartiers d’été » dans un vieux monastère du continent, dont on ne sait ni le nom, ni la localisation, afin de redonner vie à une légendaire roseraie en perpétuant ce que sa mère tant aimée, et disparue lui a appris depuis sa plus tendre enfance. Il n’emporte que quelques boutons de roses, et une photo de sa fille, née d’une brève union d’un soir, et qui porte le doux prénom de Flora Sol.
Seulement voilà le destin sonne toujours à la porte………Anna refait surface, revient avec sa fille dans les bras……..
Parti pour défricher un jardin, c’est avant tout à sa propre vie qu’il va redonner vie. En cela il sera aidé par frère Thomas, vieux moine cinéphile et amateur de bonnes liqueurs qui, l’air de rien va lui l’éclairer.
« Les hasards ont un sens, dit l’abbé »
« Rares sont ceux qui prennent le temps de penser à la mort. Et puis il y a ceux qui n’ont pas le temps de mourir »

Le jardinier des roses va se découvrir Papa. Ce garçon qui au départ parait naïf, parfois un peu simplet, s’avère un homme plein de sensibilité et d’intelligence ; un garçon sans cesse hanté par une mère trop tôt disparue et qu’il ne cesse de faire vivre en l’évoquant constamment.

Ce livre ne manque pas d’humour : « J’éprouve de l’empathie pour saint Joseph. Il a du se sentir bien seul sous la couette »

J'ai vérifié, je peux me le procurer

Vous êtes veinards, les Français!! vous pouvez vous procurer tout ce qu'il y a dans le monde "bravo".

Amadak a écrit:

Vous êtes veinards, les Français!! vous pouvez vous procurer tout ce qu'il y a dans le monde "bravo".

c'est vrai, et on réagit souvent comme des enfants gâtés: insatisfaits, râleurs et revendicatifs.
Honte à nous, pour cela

mimi54 a écrit:

[…] on réagit souvent comme des enfants gâtés : insatisfaits, râleurs et revendicatifs.

Par contre, c'est en râlant et en revendiquant qu'on obtient ce qu'on veut !

oui, demander le meilleur ne doit pas être freiné par le scandaleux dénuement d'autrui.

Titre : Rosa candida
Editeur : Zulma

Présentation de l'éditeur : Le jeune Arnljótur va quitter la maison, son frère jumeau autiste, son vieux père octogénaire, et les paysages crépusculaires de laves couvertes de lichens. Sa mère a eu un accident de voiture. Mourante dans le tas de ferraille, elle a trouvé la force de téléphoner aux siens et de donner quelques tranquilles recommandations à son fils qui aura écouté sans s'en rendre compte les dernières paroles d'une mère adorée. Un lien les unissait : le jardin et la serre où elle cultivait une variété rare de Rosa candida à huit pétales. C'est là qu'Arnljótur aura aimé Anna, une amie d'un ami, un petit bout de nuit, et l'aura mise innocemment enceinte. En route pour une ancienne roseraie du continent, avec dans ses bagages deux ou trois boutures de Rosa candida, Arnljótur part sans le savoir à la rencontre d'Anna et de sa petite fille, là-bas, dans un autre éden, oublié du monde et gardé par un moine cinéphile.

Mon avis : joliment déphasé avec la production littéraire de nos amis scandinaves, Rosa candida offre un pur instant de frais bonheur et de poésie à travers ce voyage quasi-initiatique. Très original, ce roman a beaucoup de charme et d'humour léger. L'émotion et la grâce sont aussi au rendez-vous dans une atmosphère lumineuse. Beaux personnages que ceux de Arnljótur (Lobbi), la jeune Anna, avec une mention au moine et aux films de Bergman !

Finalement le monde et la vie ne sont pas si compliqués que cela, il suffit d'une rose et d'accepter de grandir ...

Je vais le lire sans tarder, on m'avise qu'il est mis de côté, pour moi, dans une bibliothèque

Rosa candida:
cette dernière phrase à la fin, je ne sais si c'est de l'auteur ou du lecteur, est un souffle d'espoir pour moi et beaucoup d'autres, j'espère:

Citation :

finalement le monde et la vie ne sont pas si compliqués que cela. il suffit d'une rose et d'accepter de grandir.

Au dernier apéro littéraire une lectrice nous en a parlé en lisant quelques extraits, suite à ça j'ai mis ce roman dans ma LAL

Merci Alessandro

pour Rotko et Natalia: je lirai avec plaisir vos commentaires, impossible pour moi d'obtenir ce livre, comme tant d'autres. Mais lisant vos résumés je peux m'introduire dans le sujet ,et faute de mieux, cela me suffit.

Rosa Candida

Ce récit a beaucoup de charme et de fraîcheur, sans doute à cause de la personnalité du narrateur et de sa façon naturelle de raconter : il vit au présent, et si les souvenirs surgissent, il viennent de son univers affectif de jeune homme, à la fois marqué par l’absence de sa mère dont il était proche, et la proximité avec son père, un peu vieilli mais affectueux.

Incertain de son avenir, il s’éloigne du domicile familial pour se construire au jour le jour un univers de beauté, simple et tranquille, semblable à l’harmonie d’un jardin de monastère qu’il va restaurer, avec sa roseraie légendaire.

Petit à petit se fait jour un manque affectif, celui de sa petite fille dont il éprouve le besoin de montrer la photo, et qui va bientôt transformer sa vie.

Le style est simple comme une conversation à mi-voix qu’on se ferait à soi-même ; le récit est en temps direct, ce qui laisse au lecteur l’impression de vivre au même rythme que le narrateur. On lui tient donc compagnie, c’est agréable de l’écouter, et ceux qu’il rencontre sont sensibles à ses paroles comme à ses silences.

La dernière partie du livre laisse présager une solution attendue, peut-être même souhaitée. Mais chacun doit savoir attendre pour l’épanouissement des sentiments. Le cœur s’ouvre sur plusieurs facettes, comme cette rose à huit pétales qui donne son titre à ce beau récit.

Deux extraits significatifs :

« Les femmes sont comme ça. Elles surgissent tout à coup devant vous, au seuil d’une nouvelle vie, un marmot sur les bras pour vous signaler que c’est à votre tour d’endosser la responsabilité d’une conception intempestive, d’un enfant-accident. »

« Il émane de cet enfant de la clarté. Elle tend les bras vers moi Sa mère la regarde avec étonnement puis pose les yeux sur moi, comme si la petite l’avait trahie en quelque sorte, en se tournant tout de suite vers un papa inconnu […]

Je suis bien obligé de me demander comment deux personnes qui ne se connaissent pas ont pu faire pour fabriquer un enfant aussi divin dans des conditions aussi primitives et inadéquates que celles d’une serre. »

Denise Dudon m' a adressé cette réflexion

Citation :

Vu le succès de ce livre, je peux y mettre un grain de...poivre sans lui faire de mal ;-). D'accord pour la douceur, mais celle-ci m'a peu à peu "écoeurée" quand elle est devenue de plus en plus mièvrement christique avec la comparaison du bébé avec le Christ ( la lumière de la rose du vitrail qui tombe divinement sur le bébé, les miracles que celui-ci opère en guérissant les voisines qui l'approchent de leurs différents maux!! sans compter les métamorphoses des moines, etc.) Quant à la fin, j'y ai vu la reconstruction de l'ordre moral avec le papa-la maman- l'enfant, tel qu'il aurait dû commencer.

C'est une remarque pertinente, et je craignais effectivement la fin, avec l'amour, la famille etc

Pour le reste, c'est vrai que le "divin enfant", auréolé de lumière, et confronté avec l'enfant Jésus dans l'Eglise, fait image pieuse.

Il faudrait le lire, mais particulièrement à moi les livres qui renvoient au Mysticisme ne m'accrochent pas. J'aime la réalité.

J'ai emprunté Rosa candida à ma bibliothèque, je vous tiens au courant de ce que j'en aurais pensé.

J'ai beaucoup apprécié ce livre, je ne reviens pas sur le thème et l'histoire en elle-même qui ont déjà été brillamment expliqués. J'ai aimé cette histoire d'un jeune homme qui grandit avec son cortège d'interrogations, la découverte de la paternité et l'amour.
Le côté un peu mystique ( mais si peu finalement ) ne m'a pas du tout rebuté. IL est tellement moins flagrant que Dans une prière pour Owen d'Irving
C'est à l'envers finalement, beaucoup de sentiments se retrouvent inversés
Le style est doux, empli de tendresse. En bref une belle découverte pour moi

pour Natalia .Je vois que tu es tombée sous le charme de ce livre et les commentaires précédents en parlent du bon aussi. Je ressens que ce doit être un livre plein de lumière.

c'est un roman apaisant et doux Amadak
ça fait du bien d'avoir de telles lectures

J'en suis d'accord, et j'ai rédigé aussitôt mon billet en omettant que, à la toute fin du livre, l'enfant est trop aimable, la trinité familiale un peu idyllique.

Le lendemain matin je me posais la question du : pourquoi un monastère ? et j'ai dévidé le fil (de mes pensées) jusqu'à l'image qui clôt le livre.

Ensuite Denise Dudon m'a donné son sentiment qui rejoint"l'image pieuse" dont je qualifie l'image finale.

Je maintiens donc l'intérêt du livre, son côté apaisant et tout ce que vous voulez, la lecture agréable etc. mais je bémolise avec cette atmosphère diffuse de religiosité... je pourrais facilement citer les expressions sur le"divin enfant", et même dans l'extrait que je cite, "l'enfant de clarté".

Rappelez vous le poème de Verlaine :

Citation :

l'espoir luit comme un brin de paille dans l'étable

Ce n'est pas un grave défaut, loin de là, juste un trait à préciser qui éclaire (sic) notamment la fin.

l'enfant est aimable et fort en avance pour son âge.
Par contre le côté mystique est inversé puisque dans ce roman le père est quasi vierge et se découvre père
c'est là que j'ai trouvé sa force d'évocation. Pour moi la scène finale n'est que la découverte du bonheur et de la facilité à le vivre finalement pour peu qu'on ne se pose pas sans arrêt des questions ce qui est le cas au bout du compte
en fait pour moi la scène finale c'est la lumière de la mère

rotko, Natalia, magnifiques commentaires, ce que je dis toujours: même si je lis pas le livre, son essence me parvient
merci

J'ai beaucoup aimé le livre, et je n'ai pas ressenti de mièvreries, une certaine innocence plutôt.
Malgré tout je crois, comme Rotko, qu'il y a une certaine évocation de la sérénité monastique, du "divin enfant".
Rosa candida c'est la rose blanche ou la rose pure en latin. Elle n'existe pas (du moins pas plus que dans une hypothétique serre islandaise !) et aucune rose, sauf les rosaces des églises, n'a huit pétales.

Qu'importe, un bon moment de lecture.

Rosa Candida

défi lecteur placé 3/8

où se passe le récit ? vraisemblablement en italie ou en Espagne. Eloge des valeurs simples, loin des imperatifs de consommation de la société marchande.

Interessant de voir une femme qui crée un personnage masculin, et traduit la métamorphose d'un homme en père.

Rosa candida

Captivée par des tranches de vie en floraisons, une autre fanée mais dont l’éclosion de la trame a conquis la lectrice que je suis.
Un charme fou se dégage des lignes d’Ava Audur Olafsdottir , et c’est bien par la séduction qu’elle nous mène dans cet univers floral et délicat.
Rosa Candida est cette sorte d’enclos au mille et une couleurs dans lequel nous nous échappons , happés par la représentation d’un paradis terrestre qui ne fait qu’exprimer la vie. Envoutant.

Citation :

"C'est le Roman de la rose, où tout l'art d'Amour est enclos." Guillaume de Lorris.