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| | Poème du jour | |
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Auteur | Message |
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Genji pilier
Nombre de messages : 205 Date d'inscription : 07/06/2009
| Sujet: Re: Poème du jour Jeu 12 Nov 2009, 12:31 | |
| Sonnet: From Morn to Mourning
Morning. Full Chorus of the birds. A Sun Of nascent ardour in the sapphire dome. Now Memnon's massive kings with mouths of stone Chant their aubade. Now down the valleys come Innocent minstrels in whose unstained eyes Vision unfolds vibrating like a flower: Yggdrasil spreads above them; Jordan flows About their feet; they hear the magic lyre Of Orpheus echo from the Underworld... All Earth's calm landscape shimmers; rainbows dance Above the moutain meadows wherein Love's Flocks graze...But what chill shadow, not of cloud, Is this that darkens noonday's crystal? Whence Comes that far wail of mourning through the groves?
David Gascoyne, Personal Poems.
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Ici traduit par Pierre Oster Soussouev
Sonnet: Du matin au chagrin
Matin. Choeur de tous les oiseaux. Un Soleil D'une naissante ardeur au dôme de saphir. A présent les rois massifs de Memnon dont la bouche est de pierre Chantent leur aubade. A présent défilent dans les vallées D'innocents ménestrels dont les yeux purs Déploient une vision vibrante comme une fleur: Yggdrasil sur eux se penche; le Jourdain coule A leurs pieds; ils entendent par la lyre magique D'Orphée les échos du Monde infernal... Le calme paysage de la Terre luit; des arcs-en-ciel dansent Au-dessus des alpages où paissent les troupeaux De l'Amour...Mais quelle ombre glaciale, d'aucun nuage, Vient assombrir le cristal de midi? D'où Parvient cette plainte lointaine du chagrin parmi les buissons?
Dernière édition par Genji le Jeu 12 Nov 2009, 13:32, édité 1 fois (Raison : correction pour éviter de l'urticaire à certains) | |
| | | Constance pilier
Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009
| Sujet: Re: Poème du jour Jeu 12 Nov 2009, 12:50 | |
| Ozymandias
J’ai rencontré un voyageur venu d’une terre antique Qui m’a dit : « deux jambes de pierre vastes et sans tronc Se dressent dans le désert. Près d’elles, sur le sable, À moitié enfoncé, gît un visage brisé, dont le froncement de sourcil Et la lèvre plissée, et le ricanement de froid commandement Disent que le sculpteur sut bien lire ces passions Qui survivent encore, empreintes sur ces choses sans vie, À la main qui les imita et au cœur qui les nourrit. Et sur le piédestal apparaissent ces mots : « Mon nom est Ozymandias, roi des rois, Contemplez mon œuvre, ô Tout-puissants, et désespérez ! » Il ne reste rien à côté. Autour de la ruine De ce colossal débris, sans limites et nus, Les sables étendent au loin leur niveau solitaire.
Percy Bysshe Shelley | |
| | | Constance pilier
Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009
| | | | Constance pilier
Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009
| | | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Poème du jour Sam 14 Nov 2009, 08:29 | |
| allons-y pour Cendrars/Chagall clic ! On tangue on tangue sur le bateau La lune la lune fait des cercles dans l’eau Dans le ciel c’est le mât qui fait des cercles Et désigne toutes les étoiles du doigt Une jeune Argentine accoudée au bastingage Rêve à Paris en contemplant les phares qui dessinent la côte de France Rêve à Paris qu’elle ne connaît qu’à peine et qu’elle regrette déjà Ces feux tournants fixes doubles colorés à éclipses lui rappellent ceux qu’elle voyait de sa fenêtre d’hôtel sur les Boulevards et lui promettent un prompt retour Elle rêve de revenir bientôt en France et d’habiter Paris Le bruit de ma machine à écrire l’empêche de mener son rêve jusqu’au bout. Ma belle machine à écrire qui sonne au bout de chaque ligne et qui est aussi rapide qu’un jazz Ma belle machine à écrire qui m’empêche de rêver à bâbord comme à tribord Et qui me fait suivre jusqu’au bout une idée Mon idéeBlaise Cendrars Chagall, les amoureux au clair de lune | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Poème du jour Sam 14 Nov 2009, 19:09 | |
| Michel Leiris est à la fois poète, ethnographe, critique d'art et essayiste, mais c'est son œuvre autobiographique qui s'impose nettement comme la partie la plus imposante de son activité d'homme de lettres. Dire qu'il n' a pas encore son fil sur GDS* ! il fait partie de ces auteurs dont on parle peu, mais qu'on a envie de lire d'après ce qu'on sait de lui...par ouï-dire Avare
M'alléger me dépouiller
réduire mon bagage à l'essentiel
Abandonnant ma longue traîne
de plumes de plumages de plumetis et de plumets
devenir oiseau avare Ivre du seul vol de ses ailes
Michel Leiris
(poème écrit en 1944, paru dans Haut Mal, Poésie/Gallimard, 1969)Colombe bleue avec fleurs, par Pablo PICASSO. | |
| | | Constance pilier
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| | | | Constance pilier
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| | | | Constance pilier
Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009
| Sujet: Re: Poème du jour Mar 17 Nov 2009, 14:07 | |
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L’inconnue
Au-dessus des restaurants, le soir, L’air est épais, sauvage et lourd, Et règne sur les cris d’ivrognes Un souffle de printemps malsain.
Au-dessus des rues poussiéreuses, De l’ennui des villégiatures, Luit le bretzel du boulanger, Un enfant pleure quelque part.
Et aux barrières, chaque soir, Le melon collé sur l’oreille, Les hâbleurs patentés promènent Des dames dans les fossés.
Les tolets grincent sur l’étang, Une femme glapit au loin, Et, dans le ciel, on voit le disque, Blasé, stupide, grimacer.
Et chaque soir, mon seul ami Vient se refléter dans mon verre, Comme moi il est étourdi Par le liquide âpre et étrange.
Tandis que les laquais somnolent Plantés près des tables voisines, Des ivrognes aux yeux de lapin Proclament : " In vino veritas ! "
Et chaque soir, à l’heure dite (Ou est-ce un songe qui me vient ?), Une taille svelte, serrée de soie, Paraît dans la vitre embrumée.
Et, passant entre les ivrognes, Toujours seule, d’un pas lent, Sentant le parfum et la brume, Elle s’assoit près de la fenêtre.
Et les légendes d’autrefois Imprègnent la soie élastique, Les plumes noires de son chapeau Et les bagues à la main étroite.
Charmé par l’étrange présence, Au-delà de ce voile noir, Je vois un rivage enchanté, Je vois un lointain enchanteur.
J’ai la garde d’obscurs mystères, Je dois veiller sur un soleil, Et l’âpre vin a pénétré Tous les méandres de mon âme.
Et les plumes d’autruche penchent, Se balancent dans mon esprit, Et ces yeux bleus, ces yeux sans fond Sur le rivage, au loin fleurissent.
Mon âme recèle un trésor, La clef m’en a été confiée ! Tu as raison, ivrogne, je sais : "La vérité est dans le vin. "
Alexandre Blok
(La Ville, in Le Monde terrible)
Toile "Femme au chapeau", de Gustav Klimt | |
| | | Constance pilier
Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009
| | | | Constance pilier
Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009
| Sujet: Re: Poème du jour Jeu 19 Nov 2009, 12:27 | |
|
Je voudrais parvenir au cœur Des choses, en toutes : Dans l'œuvre, les remous du cœur, Cherchant ma route.
À l'essence des jours passés, Leur origine, Jusqu'à la moëlle, jusqu'au pied, À la racine.
Des faits, des êtres sans arrêt Saisir le fil, Vivre, penser, sentir, aimer Et découvrir.
Ô, le pourrais-je, je ferais, Fût-ce en fraction, Huit vers pour peindre les grands traits De la passion :
Ses injustices, ses péchés, Fugues, poursuites, Coudes et paumes, imprévus À la va-vite.
Et je déduirais ses raisons Et sa formule, Je répéterais de son nom Les majuscules.
En vers tracés comme un jardin Vibrant des veines Des tilleuls fleuris un à un En file indienne.
J'y mettrais la senteur des roses Et de la menthe, Les prés, la fenaison, l'orage Au loin qui gronde.
Tel des fermes, bois et jardins Et sépultures Le miracle enclos par Chopin Dans ses études.
Le jeu du triomphe accompli Et son tourment, C'est la corde qui se raidit Quand l'arc se tend.
Boris Pasternak
(Poèmes)
Toile "Waterfall", de Hei Feng | |
| | | Constance pilier
Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009
| Sujet: Re: Poème du jour Ven 20 Nov 2009, 11:42 | |
| Ce soir-là
Ce soir-là, en des temps plus anciens que l'enfance, ce soir-là alors que la nuit était imminente, je vis votre visage, et tel, et si profond, à ce point vous, bien aimée, que je rencontrerai seulement bien plus tard, si divinement secret entre la branche qui frôlait les vitres et les doigts serrant la plume, que les feux soudains s'allumèrent dans mes forêts, coururent jusqu'à la frontière occidentale, bondirent, par dessus les rivières, les étangs, flaques de tardives pluies, me lièrent enfin pour jamais à l'arbre inquiet de votre sang.
Roger Kowalski
Toile "Rooted and grounded", de Glen Tarnowski | |
| | | Constance pilier
Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009
| | | | Constance pilier
Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009
| | | | Constance pilier
Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009
| | | | Izoux pilier
Nombre de messages : 60 Age : 71 Date d'inscription : 19/11/2009
| Sujet: Re: Poème du jour Lun 23 Nov 2009, 14:09 | |
| Si tu veux bien, Constance, nous pourrions reprendre notre joli tandem Je pense qu'on peut publier deux poèmes du jour ... ? | |
| | | Constance pilier
Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009
| Sujet: Re: Poème du jour Lun 23 Nov 2009, 15:38 | |
| Avec plaisir, Izoux ... ... d'autant que, quoi qu'il ne soit alimenté que par quelques membres, ce fil choral, dont je ne suis pas propriétaire, permet de faire partager des poèmes dont les auteurs sont méconnus, voire inconnus ... sachant que, par ailleurs, les classiques sont défendus avec intelligence et passion sur d'autres fils ... | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Poème du jour Lun 23 Nov 2009, 15:53 | |
| - Constance a écrit:
- ce fil permet de faire partager des poèmes dont les auteurs sont méconnus, voire inconnus ...
Très bonne initiative en effet ; Si vous ne parlez pas d'eux, qui les connaîtra ? | |
| | | Constance pilier
Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009
| Sujet: Re: Poème du jour Mar 24 Nov 2009, 09:05 | |
| Fils de Manhattan, Walt Whitman, un Kosmos ! Turbulent, charnel, sensuel, mangeur, buveur, baiseur, Pas sentimental, pas au-dessus des autres hommes, ni des autres femmes, ni à part d'eux, Ni plus immodeste que modeste. Qu'on dévisse les serrures aux portes ! Qu'on dévisse les portes de leurs charnières ! Si quiconque avilit quelqu'un, c'est moi qu'il avilit, Tout ce qu'on dit ou fait, à la fin me revient.
En moi, la foule des vagues de l'afflatus, en moi le courant et l'index. J'énonce le mot de passe primitif, je donne le signe de la démocratie, Bon Dieu ! Je n'accepterai rien dont personne n'aurait la contrepartie aux mêmes termes. Par moi, toutes ces voix longtemps muettes, Ces voix d'interminables générations de prisonniers, d'esclaves, Ces voix de désespérés, de malades, de voleurs, de nabots, Ces voix de cycles de préparation, d'accrétion, De fils connectant les étoiles, d'utérus, de semence de père, De droits d'individus oppressés par d'autres, De difformes, de laids, de plats, de méprisés, d'imbéciles, De la brume dans l'air, du scarabée roulant sa boule de fumier. Par moi les voix interdites !
Les voix de la faim sexuelle, voix voilées - et moi j'enlève le voile -, Les voix indécentes, clarifiées, transfigurées par mes soins. Je ne me comprime pas la bouche, avec les doigts, Je n'ai pas moins de délicatesse pour les intestins que pour la tête ou le coeur, Le coït n'est pas plus sale pour moi que la mort, Je crois à la chair, ses appétits, Voir, ouïr, toucher sont des miracles, pas une des particules qui ne soit miracle. Divin, je suis, dedans, dehors, sanctifie ce que je touche, ce qui me touche, L'odeur de mes aisselles est arôme plus subtil que la prière, Ma tête mieux qu'églises, que bibles, que credo ...
Walt Whitman
(Extrait de Feuilles d'herbe) | |
| | | Izoux pilier
Nombre de messages : 60 Age : 71 Date d'inscription : 19/11/2009
| Sujet: Re: Poème du jour Mar 24 Nov 2009, 17:15 | |
| C'est une merveille à déguster également à haute voix en anglais si vous avez l'édition bilingue. Pas grave si vous n'en comprenez pas tout le vocabulaire, la promenade demeure aussi belle | |
| | | Constance pilier
Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009
| Sujet: Re: Poème du jour Mar 24 Nov 2009, 17:33 | |
| Je ne possède que la traduction française de Jacques Darras (Les cahiers rouges, chez Grasset) ... Quatrième de couverture : "Que fait la poésie face à la souffrance et à la guerre ? La réponse de Walt Whitman est troublante. D'un côté il chante son goût du combat, des armes, de la musique claironnante, de l'autre il exprime sa honte, sa pitié infinie pour l'homme transformé en matériau guerrier. C'est peu de dire que la poésie est ici mise à l'épreuve du feu : elle court héroïquement le risque de sa propre mort. Whitman ne prétend pas à une poésie pure. Le premier de tous il est celui qui mesure son idéalisme au critère de la relativité. Peu nombreux sont ceux qui ont retenu la leçon. Il serait temps de commencer ! "
Dernière édition par Constance le Mar 24 Nov 2009, 17:36, édité 2 fois | |
| | | Izoux pilier
Nombre de messages : 60 Age : 71 Date d'inscription : 19/11/2009
| Sujet: Re: Poème du jour Mar 24 Nov 2009, 17:34 | |
| Tous droits réservés Claude Lazou Ciel étoilé Ciel d'étoiles étoilé ciel de nuit noire et sol crisse blanc Ciel noir et nuit d'hiver Dis oui Froid sur la peau me cingle la figure et les doigts dans la glace M'aveuglent cristaux de bruine
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M'a dit
Accepte ou passe ton tour Dis oui ou renonce
3
M'a dit : Accepte Qu'un mot à dire M'a dit ou geste Signe du regard Hausser le sourcil Sourire Et dans l'œil Petit faisceau Petit faisceau pique la chair Ou geste de bouche Petit faisceau pique la chair Petit faisceau Et salivera
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Ciel étoilé Ciel d'étoiles étoilé ciel de nuit noire et sol crisse blanc Ciel noir et nuit d'hiver Froid sur la peau me cingle la figure et les doigts dans la glace M'aveuglent cristaux de bruine Givrent mes membres Élisabeth Chabuel "Intime violence" Ed. La Petite Fabrique 38760 Varces 2009 Empreinte Élisabeth Bard.
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| | | Izoux pilier
Nombre de messages : 60 Age : 71 Date d'inscription : 19/11/2009
| | | | Constance pilier
Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009
| | | | Constance pilier
Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009
| Sujet: Re: Poème du jour Jeu 26 Nov 2009, 10:09 | |
| Sous le silence des lumières énormes, je suis sur le trottoir mes tristes pensées, comme l’ombre qui devant moi vacille.
La foule trépignante est passée et repassée sur nous qui, dans les rues nocturnes, nous sommes déchirés, et tellement tendus que nous sommes usés désormais, luisants de la terrible usure de l’asphalte d’un boulevard.
Tant de gens, tant de gens – autant que de lumières allumées sur les places – tant de silhouettes lentes lentes lentes ont piétiné notre âme.
Je me souviens, mon visage insondable dans les vitrines glauques, était un des tourments.
Ainsi que la pensée que ces membres un jour se tordront d’agonie.
Maintenant je traîne mes pas sous les lumières énormes, innombrables qui, en grand silence, ont assombri le ciel.
Et tout autour j’entends encore le grondement de la chute infinie dans la mort.
Cesare Pavese
(Travailler fatigue)
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