Herta Müller (Allemagne/Roumanie)

pas vu venir le Nobel de cette année

Le prix Nobel de Littérature : la romancière allemande d'origine roumaine Herta Müller

Herta Müller, née le 17 août 1953 dans le village roumain germanophone de Nitchidorf, près de Timisoara, a été récompensée pour avoir, "avec la concentration de la poésie et l'objectivité de la prose, dessiné les paysages de l'abandon",.

Etudiante puis jeune traductrice dans une usine de machines, elle s'est toujours opposée au régime de Ceausescu et a même tenu tête à la police secrète Securitate, refusant de lui servir d'indicateur.



Depuis son premier recueil de nouvelles, "Bas-fonds" composé en 1982 mais censuré en Roumanie et publié seulement deux ans plus tard en Allemagne, Herta Müller n'a eu de cesse de décrire les conditions de vie sous la dictature, avec leur cortège "de corruption, d'intolérance et d'oppression".

Ses oeuvres sévères à l'égard du régime de Ceausescu ont été frappées d'interdiction en Roumanie et Herta Müller a fini par fuir en Allemagne de l'ouest avec son mari, l'écrivain Richard Wagner, en 1987..

Son dernier roman, Atemschaukel (2009) élargit le champ de sa contestation en décrivant l'exil des Germano-Roumains en Union soviétique. L'ouvrage est basé sur l'expérience vécue durant cinq années par sa mère dans un camp de travail soviétique dans l'actuelle Ukraine, à partir de 1945. Son père a servi dans l'armée Waffen-SS.



L'homme est un grand faisan sur terre chez Folio 126 p.

Citation :

Roumanie. Depuis que le meunier Windisch veut émigrer, il voit la fin partout dans le village. Peut-être n'a-t-il pas tort. Les chants sont tristes, on voit la mort au fond des tasses, et chacun doit faire la putain pour vivre, a fortiori pour émigrer. Windisch a beau livrer des sacs de farine, et payer, le passeport promis se fait toujours attendre.

Le renard était déjà le chasseur est publié au Seuil.

J'avais acheté "L'Homme est un grand faisan sur terre" en 1988 lors de sa première parution en version française, aux éditions Maren Sell. Je ne connaissais rien de l'auteur, mais le livre, aperçu sur un présentoir de nouveautés, avait accroché mon regard à cause de sa couverture: une reproduction de "Cendre" (1894) d'Edvard Munch. A l'époque je ne pouvais m'empêcher d'acheter systématiquement tous les livres qui avaient un Munch sur la couverture, donc également celui-là, qui m'a par ailleurs énormément plu au niveau du style, assez proche du nouveau roman, mais avec un petit quelque chose en plus, très "pays de l'Est". Un extrait:
"Le trottoir est lézardé. Les flaques ont bu l'eau. Windish ferme sa voiture à clé. Sur l'auto un cercle d'argent brille. Dedans trois petits bâtons comme trois doigts. Des cadavres de mouches jonchent le capot du moteur. Sur le pare-brise une crotte d'oiseau s'étale, sur le coffre une inscription: DIESEL. On entend une voiture à cheval. Les chevaux n'ont que la peau sur les os. La voiture n'est que poussière. Le cocher est un inconnu. Il a de grandes oreilles et un petit chapeau...".
Depuis là je n'ai jamais vu d'autres romans d'Herta Müller, mais la parution en Folio de "L'Homme est un grand faisan sur terre" m'a un peu déçu par son illustration, vraiment pas belle, et pas du tout dans l'esprit de celle du Munch.
Le fait qu'on lui a attribué le Prix Nobel de Littérature cette année me surprend un peu, mais en même temps pourquoi pas, c'est toujours mieux que de le filer à quelqu'un de déjà connu et qui vend des tonnes de ses livres partout dans le monde.

LeVoyageur a écrit:

Le fait qu'on lui a attribué le Prix Nobel de Littérature cette année me surprend un peu, mais en même temps pourquoi pas, c'est toujours mieux que de le filer à quelqu'un de déjà connu et qui vend des tonnes de ses livres partout dans le monde.

Je ne te suis pas trop sur cet argument. C'est spécieux comme raisonnement, parce que ça voudrait dire que:

1/ On décerne le prix Nobel pour aider l'auteur à se faire connaître et vendre plus de livres !?

2/ Les grands écrivains qui font du succés peuvent aller se rhabiller !?

On décerne le Nobel à un grand écrivain, à son oeuvre, qu'il ait un succés populaire ou qu'il soit un auteur peu connu.

J'attendais Philip Roth ou Assia Djebbar, et je suis assez déçu par ce prix 2009.

Oui, j'espérais Roth...

Mais comme je ne connais pas du tout Herta Müller, je vais l'"essayer" avant de râler

Il est vrai, néanmoins que le Nobel est et doit être plus une consécration qu'un coup de pouce.

Je ne dénigre pas Herta Müller, en aucun cas.

C'est plutôt le comité du prix Nobel qui m'énerve (faut noter que dans le genre, ils ont déja eu de grands manquements: James Joyce, Marcel Proust, Graham Greene, Vladimir Nabokov, Arthur Miller... etc)

En plus, ça fait assez longtemps que Roth (76 ans) et Djebar (73 ans) sont, en quelque sorte, sur la liste d'attente, sans parler de Milan Kundera (80 ans).

Alors qu'est-ce qu'ils attendent pour les honorer ? Ils veulent peut-être patienter encore quelques années et créer une première sans précédent en décernant le Nobel à titre posthume !!?

Dans ton etc..., je ne peux m'empêcher de nommer Borges

C'est aussi un sacré manquement, non ??

Borges c'est un peu différent, d'un point de vue littéraire, il l'avait plus que mérité, mais les réticences du comité venaient surtout du fait de ses accointances politiques.

Pareillement avec Céline et son antisémitisme (là par contre c'était plus flagrant).

Old Bull Lee a écrit:

Borges c'est un peu différent, d'un point de vue littéraire, il l'avait plus que mérité, mais les réticences du comité venaient surtout du fait de ses accointances politiques.

je ne connais pas le problème, mais puisqu'on en parle :

comment comprendre et accepter que Borges ait fait les louanges d’auteurs de crimes contre l'humanité comme Francisco Franco, Jorge Raphaël Videla et Pinochet ?

Pinochet est l'une de ces acointances dont je parlais.

Citation :

"J'ai espéré comme tout le monde qu'après la chute de la dictature les choses seraient clarifiées et que ceux ayant eu des responsabilités horribles ne jouiraient plus de pouvoir ou d'influence",

Selon herta Muller, les membres de la Securitate (la police politique communiste) "sont partout, ils ne se sont pas évaporés". "Ce n'est pas normal qu'ils détiennent toujours des fonctions importantes, qu'ils en profitent pour s'assurer une deuxième vie après la dictature",

Issue de la minorité germanophone de Roumanie, Mme Müller, 57 ans, avait été persécutée par la Securitate pour avoir refusé de collaborer, avant de s'exiler en Allemagne en 1988. Ses romans, dont "La convocation" et Le renard était déjà le chasseur, décrivent la terreur et les humiliations subies sous le régime totalitaire de Nicolae Ceausescu.

AFP.


Roumanie. Depuis que le meunier Windisch veut émigrer, il voit la fin partout dans le village. Peut-être n'a-t-il pas tort. Les chants sont tristes, on voit la mort au fond des tasses, et chacun doit faire la putain pour vivre, a fortiori pour émigrer. Windisch a beau livrer des sacs de farine, et payer, le passeport promis se fait toujours attendre. Sa fille Amélie se donne au milicien et au pasteur, dans le même but. Un jour, ils partiront...

faudra qu'on pense à lire Herta Muller