le texte de theâtre.

Interessant article de florence Dupond dans le monde du 10 juillet.

Elle s'oppose aux partisans du "jouer le texte rien que le texte" et met donc en relief le rôle essentiel du metteur en scène, abordant ainsi une problématique plus nette que dans le rôle et le travail du traducteur.

Citation :

Jouer le texte rien que le texte", c'est oublier tout le reste, qui va donner son sens à la performance et donc au texte lui-même au sein de cette performance. "Jouer le texte rien que le texte", c'est oublier la musique et la danse. C'est réduire Don Juan au livret. "Jouer le texte rien que le texte", c'est oublier la musique, la danse et les dieux [...] "Jouer le texte rien que le texte", c'est oublier la musique, la danse et le roi. Réduire Le Bourgeois gentilhomme au texte de Molière en oubliant la musique de Lully, en supprimant les ballets, c'est le rendre à ce point inintelligible qu'il faut, pour sauvegarder la vraisemblance, prétendre que M. Jourdain devient fou

Citation :

Ce texte littéraire qui écrase tout sur son passage est l'ennemi de lui-même. Ainsi, dans une tragédie grecque, pour que le public entende les mots faire spectacle, il faut chanter les choeurs. Car la musique en s'arrêtant signale que le spectacle change ; sans musique, le public va entendre le texte et assister à un pur spectacle de mots : longs récits, exercices de style, numéros de sophistique. Retrouver la force théâtrale d'un texte de théâtre, c'est savoir à quoi servent les mots, à quel fonctionnement le destine le système général de l'événement dans un type particulier de théâtre

En particulier elle s'interesse au texte de théatre ancien (on sait qu'elle a exhumé la Médée de Sénèque) pour dire qu'il "est un corps mou, un bernard-l'ermite qui a besoin de la coquille d'un autre, mais peut s'installer dans toutes sortes de coquilles".