Edgar Poe

comme j'adore cette nouvelle, lue plusieurs fois, et pour ceux qui ne la connaissent pas je posterai demain la version complète en trois ou quatre chapitres.
[center] Le chat noir

C'est sympa de ta part, Amadak, mais est-ce bien nécessaire de la reproduire ici puisque nous avons le texte intégral sur ce lien.

finalement, question indiscrète, fais-tu confiance au récit du narrateur ivrogne ?

mes excuses Rotko, je me suis pressée pour raconter l'histoire, sans savoir que vous l'avez sur GDS* Ah, ce forum où tout se trouve!!
je donnerai mon avis sur le personnage et sur le pauvre CHAT.

Tu me demandes Rotko si je fais confiance à l’ivrogne, ce personnage complexe de l’histoire, et je réponds affirmativement puisque Poe lui-même l’était en très haut degré, et connaissait bien ce que l’alcool peut faire d’un être humain. Nous lisons une de ses histoires extraordinaires, pure invention, mensonge, comme tout dans la littérature, sauf les autobiographies.

Si le talent de l’auteur réussit à nous convaincre, c’est le mystère de la création littéraire.
Le personnage à la veille de sa mort, raconte comment auparavant, pendant son enfance et plus, il avait un doux caractère et aimait les animaux, les nourrissait, les caresser était son plaisir, sa femme avait les mêmes sentiments.

Pluton, son chat noir et lui, on pourrait dire qu’il y avait entre eux un amour réciproque.

Peu à peu, à cause de l’alcool, il devient cruel, maltraite le chat et lui inflige un tourment d’une cruauté sans pair.

Dans un moment de rage inouïe, il le pend sur une branche d’arbre .

Citation :

Un matin, de sang froid,je glissai un noeud collant autour de son cou, et je le pendis à la branche d’un arbre-
Je le pendis avec des larmes pleins mes yeux, avec le plus amer remords dans mon coeur, je le pendis parce que je savais qu’il m’avait aimé, et parce que je sentais qu’il ne m’avait donné aucun sujet de colère, je le pendis parce que
je savais qu’en faisant ainsi je commettais un pêché mortel »

Voilà un bon moment pour analyser ce qu’un homme peut devenir et oú la folie hystérique peut le conduire.

Des événements cause et effet s’ensuivent, coïncidences et conséquences, la panique survole les pages et nous sommes saisis par une émotion violente.
Je ne raconte pas la suite, dans la seconde partie de la nouvelle, se déroule le noeud de l’action.
la sinistre atmosphère, si bien rendue par Poe.

Autre sujet à analyser, j’espère le faire avec ceux qui connaissent la psychologie, pas moi, c’est l’horreur inimaginable du dénouement, et le meurtrier, son sentiment de supériorité à l’égard des policiers, sa folle vanité qui fera s’effondrer toute sa stratégie si bien ourdie.

Une nouvelle admirable, hallucinante, qui confirme le talent de Poe.

Parfait, Amadak, et ce que tu appelles judicieusement

Citation :

sa folle vanité qui fera s’effondrer toute sa stratégie si bien ourdie,

relève du "démon de la perversité", selon le titre d'une autre nouvelle de Poe.

merci Rotko: Le démon de la perversité, je le lirai; magnifique vidéo tournée à l'époque actuelle,très intéressante idée; pourrais-je accéder à ces vidéos?

Clique sur le lien pour lire le démon de la perversité. Quant aux videos, elles sont parfois inégales...

Après une pause je me replonge dans Poe avec "Aventure sans pareille d'un certain Hans Pfaall" cela rappelle d'ailleurs " Le canard au Ballon " pour son coté récit de voyage aérien.
Malgré certains termes techniques trop scientifiques pour que je fasse semblant de comprendre la nouvelle est très plaisante

Voila ce que j'ai trouve ici


HISTOIRES EXTRAORDINAIRES ET NOUVELLES HISTOIRES EXTRAORDINAIRES

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Edgar Allan Poe, Charles Baudelaire, Harry Clarke

En 1919, les éditeurs américain Tudor et britannique Brentano’s enrichissent le texte d’Edgar Allan Poe de 32 illustrations de l’artiste irlandais Harry Clarke, dont 24 en noir et blanc et 8 en couleurs.

Nous avons décidé de publier en un superbe volume relié ces 32 planches, associées à la traduction que Baudelaire fit des nouvelles d’Edgar Allan Poe en 1856. Ces illustrations sombres, inquiétantes, aiguisées comme des lames de rasoirs, retranscrivent à merveille l’ambiance sublime et cauchemardesque des récits.

Dans sa forme, ce livre réinterprète les bibliothèques prestigieuses du XIXe siècle comme celles de Hetzel, l’éditeur de Jules Verne. La couverture façon requin rouge gravée au fer argent lui confère un aspect sanguin, charnel et fantastique, à l’image des nouvelles d’Edgar Allan Poe. Les illustrations reproduisent la profondeur des noirs de Harry Clarke et ses couleurs étranges.

Un ouvrage artistiquement éclatant, entre ombre et lumière, pour jeunes... et moins jeunes.

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Et un beau dossier sur le Chat noir.

Une illustration:
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Dans ce recit de Poe le chat est-il le genie du lieu

Citation :

Genius loci est une locution latine pouvant être traduite en français par « Esprit du lieu »1.
L'utilisation dans la culture populaire de la locution fait généralement référence à l'atmosphère distinctive d'un lieu, l'« esprit de l'endroit »

?

J'ai beaucoup aime ce recit - le romantisme, le fantastique a une profondeur mythologique et antique qui impregne les superstitions du chat noir. Le nom du chat Pluton, c'est le nom du dieu romain de l'au-dela.
On peut aussi discuter si c'est un recit sur la culpabilite d'un malade mental.
Il y a beaucoup a reflechir, pourquoi, p.ex., apres avoir tue sa femme, l'auteur se sent reconforte comme s'il s'est rachete aupres de l'Univers ou il ne seme que du mal?

je compte lire, sans trop tarder, le puits et le pendule

en accès libre, lien ci-dessus.

rotko a écrit:

je compte lire, sans trop tarder, le puits et le pendule

en accès libre, lien ci-dessus.

Je vais tenter de te suivre dans la journée.

Luca a écrit:

rotko a écrit:

je compte lire, sans trop tarder, le puits et le pendule

en accès libre, lien ci-dessus.

Je vais tenter de te suivre dans la journée.

Ça commence fort : me voilà en train de chercher désespérément la traduction des vers latins en exergue.

Impia tortorum longos hic turba furores,
Sanguinis innocui non satiata, aluit.
Sospite nunc patria, fracto nunc funeris antro,
Mors ubi dira fuit vita salusque patent.
(auteur anonyme)

Pourquoi n'ai-je pas appris le latin !?! J'ai trouvé ça :

La foule impie des tortionnaires a nourri ici
ses interminables folies jamais rassasiée de sang innocent.
La patrie étant à présent saine et sauve, l'antre du meurtre détruit,
la vie et le bonheur se répandent là où se trouvait la terrible mort.

J'ai lu dans une librairie une nouvelle de Poe : Silence. Je ne saurais expliquer pourquoi, mais ça m'a marqué. Profondément. Terrifié, bouleversé.

Diagonale a écrit:

J'ai lu dans une librairie une nouvelle de Poe : Silence. Je ne saurais expliquer pourquoi, mais ça m'a marqué. Profondément. Terrifié, bouleversé.

Un texte assez court que je ne connaissais pas. Le voici.

Le Puits et le pendule.

Un vrai plaisir de lecture pour ma part ! J'ai marché complètement, lisant de plus en plus vite pour connaître la suite, obligée de revenir ensuite sur mes pas pour combler les passages lus trop vite.

Poe s'amuse avec le lecteur : fort de sa notoriété de "conteur fantastique", il nous met rapidement sur une mauvaise voie en nous parlant du rêve :

« En nous éveillant du plus profond sommeil, nous déchirons la toile aranéeuse de quelque rêve. Cependant, une seconde après, - tant était frêle peut-être ce tissu, - nous ne nous souvenons pas d’avoir rêvé. »
« Celui-là qui ne s’est jamais évanoui n’est pas celui qui découvre d’étranges palais et des visages bizarrement familiers dans les braises ardentes ; ce n’est pas lui qui contemple, flottantes au milieu de l’air, les mélancoliques visions que le vulgaire ne peut apercevoir ; ce n’est pas lui qui médite sur le parfum de quelque fleur inconnue, - ce n’est pas lui dont le cerveau s’égare dans le mystère de quelque mélodie qui jusqu’alors n’avait jamais arrêté son attention. »

Mais, rêve ou réalité, l'intrigue reprend vite le dessus et emporte le lecteur. Poe décrit les sensations et peurs du personnage avec une telle finesse et une telle intensité que nous nous identifions totalement à lui. Même si les procédés décrits par Poe ne correspondent par à la réalité de l'inquisition, les souffrances de la victimes, elles, sont bien comparables. Alors, au passage, il démontre que l'appel aux émotions et à l'empathie est le plus sûr chemin pour éveiller l'indignation (un sujet fort actuel, s'pas). Le fait d'avoir souffert avec le héros nous sensibilise forcément aux horreurs de l'inquisition.

On peut, à ce sujet, comparer Le puits et le pendule avec la nouvelle de Villiers de L'Isle-Adam, La Torture par l'espérance qui, plus froide et plus rationnelle, laisse moins de trace chez le lecteur.

Un sujet qui rejoint le film de Forman, Les fantômes de Goya.

Au passage, Poe y fait l'apologie de la rationalité : son personnage échappe plusieurs fois à la mort grâce à la réflexion et au calcul, en ne sombrant pas dans le désespoir ni le délire.

Beau post, Luca, bien a la hauteur de la lecture de Poe, ce genial charmeur de paroles fascinentes!

J'apprecie tes paralleles avec de Villiers et le film de Forman.

Tu parles egalement du sujet de la rationnalite dans ce recit de Poe et des emotions qui nous rendent sensibles aux horeurs des l'inquisition.
Dernierement on dit souvent que les emotions sont nuisibles,on recommande de prendre du recul et lacher prise, c'est la bonne voie. Succombons aux emotions juste en lisant !

le puits et le pendule

La force du récit vient de l’emploi de la première personne qui fait de ce calvaire vécu un témoignage, raconté avec la plus grande exactitude dans les détails. En particulier les sens sont exacerbés : les sons ouvrent la voie à l’imagination et à des visions : tour à tour celles-ci se révèlent, puis se transforment, chaque phase étant restituée en temps direct.

Quelle est la valeur du témoin ? On ne se pose pas la question, tant les hallucinations sont importantes, les interprétations épouvantables, nourries de souvenirs dramatiques, de portraits aux détails grossis, cauchemardesques dans leur cruauté, et suscitant une panique qui conduit le supplicié à étendre le bras pour prendre contact avec le contexte matériel (mur, sol etc.).

Est-ce le rêve ou la réalité ? Nous naviguons d’éveil en sommeil, d’évanouissement en reprise de conscience, avec la volonté d’observer et de noter toute modification pour en déduire les plans de l’adversaire auxquels il faut opposer une stratégie efficace. Recours momentané, puisqu’ aussi inflexible que la course descendante du pendule, le destin poursuit son mécanisme implacable et criminel. Tout péril à peine écarté, un autre est enclenché auquel il sera impossible d’échapper.

Le fantasme du lieu qui se rétrécit pour précipiter le condamné là où il refusait d’aller, traduit l’impuissance du sujet qui, à la douleur physique, ajoute la torture morale d’échafauder, contre toute vraisemblance, des portes de sortie. L’alternance d’espérance et de résignation fatale scandent le texte dans une progression dramatique oppressante.

Spoiler:

Tout a été fait pour faire vivre par le lecteur la cruelle expérience subie, le contexte de l’Inquisition permettait de tout accepter.

Spoiler:

Luca a écrit:

POE nous met rapidement sur une mauvaise voie en nous parlant du rêve :

« En nous éveillant du plus profond sommeil, nous déchirons la toile aranéeuse de quelque rêve. Cependant, une seconde après, - tant était frêle peut-être ce tissu, - nous ne nous souvenons pas d’avoir rêvé. »

« Celui-là qui ne s’est jamais évanoui n’est pas celui qui découvre d’étranges palais et des visages bizarrement familiers dans les braises ardentes ; ce n’est pas lui qui contemple, flottantes au milieu de l’air, les mélancoliques visions que le vulgaire ne peut apercevoir ; ce n’est pas lui qui médite sur le parfum de quelque fleur inconnue, - ce n’est pas lui dont le cerveau s’égare dans le mystère de quelque mélodie qui jusqu’alors n’avait jamais arrêté son attention. »

je vois au contraire dans ce deuxième paragraphe l'éloge des visions oniriques, accessibles exclusivement aux rêveurs sujets aux évanouissements (les doubles négations se résument ainsi : seul le réveur atteint ces domaines merveilleux - et effrayants.)

Je voulais dire qu'à un moment, je me suis demandé si Poe décrivait une situation vraie ou si son personnage était en plein cauchemar et allait se réveiller. D'autres lecteurs ont-ils eu ce doute ?

Luca a écrit:

je me suis demandé si Poe décrivait une situation vraie ou si son personnage était en plein cauchemar et allait se réveiller. D'autres lecteurs ont-ils eu ce doute ?

oui, question essentielle. Attendons par exemple Amadak, elle nous servira, sinon de cobaye, de lecteur témoin !

le puits et le pendule
pour plus tard mon commentaire

Amadak a écrit:

le puits et le pendule
pour plus tard mon commentaire

Amadak, tu nous fais du suspens à la Edgar Alan Poe !

Oh Luca, c'est vrai, j'aime donner le frisson et après cette ambition , je serai la risée du forum: je dois le relire et d'après notre chef, ne pas raconter l'histoire.