2 nouvelles en musique

1/3


le grand sommeil (avec berceuse !)


Sa tête bascula en arrière et il se sentait doucement ballotté, dans une lumière rouge et chaude ; elle inondait ses paupières. Il fallait mettre la radio plus fort. Oui, la radio, c’est ce qu’il fallait faire, mais le soleil…
De vagues paroles lui parvenaient en sourdine : « Rosalie si tu voulais… moi je croyais, Rosalie, que tu m’aimais …c'était pas vrai, »

Ah, oui ! tu parles !

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- Les papiers, où sont les papiers ?
…
- Coupe sa manche, il se plaint.
…..
- quel jour sommes-nous ?

Ses yeux heurtent une aile de papillon blanc, une grande aile brisée ; il sent des mains le saisir, un balancement bord sur bord ; est-ce qu’on le mettrait dans un tiroir ?

- Meussieu, Meussieu, Meusssieu, Meusssssieu ….
- quel jour sommes-nous ? Mardi, mercredi ?
- Votre nom ? Quel est votre nom ?

- Laisse, il est cuit…

oh my god , ne me dis pas, ne me dis que ça s'arrête là ??

si oui, on a fait toi le plus court et moi le plus long texte de cette série !!

oui, erreur de ma part, c'est le premier épisode, j'ai corrigé 1/2, et je mettrai sans doute un petit mot ensuite sur la musique.

2/3

La mer est de plus en plus forte, et la vague enfle, que ça n’en finit pas, ce balancement d’avant en arrière… puis la chute, brutale ;

il retient son souffle, se met en apnée, prolonge le mouvement, l’accompagne, poitrine serrée ; un petit filet d’air expire entre ses lèvres.

La grande descente, le corps crispé dans l’attente, la prochaine montée, elle va venir,

la vague l’aspire, il monte encore, et encore,
Puis la descente, vertigineuse ; se laisser emporter, garder le souffle, garder le souffle…

- ÉVA ! ÉVA ! Pourquoi cet air fâché ? pourquoi ce visage dur ? Pourquoi me regardent-ils tous ? J’entends des murmures… Hannelore, tu pleures ?…arrête ! tu sais bien que ça m’énerve ! et puis j’ai froid.

Les visages défilent sur une bande horizontale, trop vite pour qu’il les reconnaisse ; un piano, que fait donc « ce piano-là » ? les dernières notes de Diva, assourdies, « tournent dans l’air du soir ».

Tout recommence avec la montée de la vague, lente, très lente, infiniment lente,

- il faut que je me jette en avant, sortir devant la cabane blanche ;
les pieds, battre des pieds, jeter le corps hors du rouleau, se faire rouler, tant pis..

- Raté, c’est raté, garder son calme, attendre l’autre vague..

Maintenant c’est le creux, tout est immobile, la vague déjà revient, la cabane blanche s‘éloigne, il fait de plus en plus sombre, il part sur le côté, le corps pris en travers ;

retenir son souffle, ne pas lutter, se laisser dériver, tout va très vite, en pente douce...



Allait-il se réveiller en larmes ?

3/3

"Rosalie", une chanson que je ne connais pas, sauf ces bribes de paroles.

Diva : sentimental walk de Vladimir Cosma

cliquer sur

vladimir Cosma sentimental walk, 3'06, c'est une video des mains du pianiste, avec la zique.

" ... allait-il se réveiller en lame de fond ? "

LiseCC a écrit:

...
Moi, j'attends le volet 3 de ton histoire .. va-t-il mourir, oui, ou non ?

ben y a pas de volet 3 sinon pour les références musicales

tout est dans la dernière phrase, et tu comprends ce que tu veux .

ah .. that's simple !!!

bon alors, pour moi .. voyons voir : pour moi, il va se réveiller, une grande vague, la derniére va te nous le secouer et hop.. il va se raccrocher à la vie

J'aimerais comprendre... Mais ça m'a l'air un peu ésotérique. Non?

perso, j'aime beaucoup et je n'essaie pas de (trop) comprendre. je laisse l'histoire venir vers moi : s'il faut donner une explication : c'est ( à mon humble avis) un accidenté blessé grave, au bord de la route, les secours dl'urgence sont là et nous avons les deux visions ; celle du blessé qui se trouve comme sur une vague, un surfing .. et la dernière lame de fond l'emportera ( ou non ) et d'autre part nous avons aussi quelques bribes de la conversation avec les secours.

Effectivement, c'est un accident en voiture dû au sommeil. Ce sommeil devient délire ou rêve (avec dissociation du sujet), un mauvais rêve !
le mot "voiture" n'est pas prononcé, ni "capot" (grande aile brisée), il y a du roulis et du tangage, des mouvements horizontaux et obliques. Oui, c'est de l'experimental à revoir

un autre texte, sans aucun rapport avec ce qui précède

La locandiera (musique de "nègres" et requiems)

1/3


J’eus d’abord de la compassion pour ma logeuse. Cette vieille femme cassée, vêtue de noir, aux yeux divergents, n’avait rien pour séduire, et sa petite voix faisait croire à un de ces pauvres êtres malmenés par la vie. Elle s’appelait Veuve Guillemette, et habitait, 26 rue des Thermopyles, une petite maison toute en hauteur où elle m’avait loué, assez cher, le 1er étage, un meublé avec cuisine.

Pour aller aux toilettes, il fallait passer par le garage, vrai capharnaüm, où elle avait entassé de vieux buffets, une moto Terrot qui datait de 14-18, des paquets de journaux et un amas de savonnettes Cadum. D’où provenaient-elles ? Sans doute du magasin où avait travaillé son mari, rapportant chaque jour dans ses profondes une savonnette en guise de butin.

En fait la Veuve Guillemette était un monstre de cupidité et d’avarice. Je commençai à m’en douter quand elle me reprocha les lampes de chevet disposées pour servir d’ éclairage indirect, quand, trouvant dans la poubelle des restes de flûte durs comme du bois, elle déclara que jeter du pain était un crime contre l’humanité. Or je ne mangeais que le soir au logis et le croûton restant était presque immangeable le lendemain au petit déjeuner.

Ce qu’elle ne supportait pas, c’était la musique du dimanche matin, essentiellement des gospels , ou des albums de Myriam Makeba.

- « Vous êtes donc tout le temps à écouter cette musique de nègres ? me dit-elle. On voit bien que vous ne payez pas le courant  !»

Je baissai le volume pour éviter ses récriminations, mais je m’aperçus qu’elle arrêtait le compteur électrique quelques secondes pour voir s’il tournait au démarrage.

Je vis aussi qu’elle fouillait dans mes affaires et me volait ma petite monnaie. Comment aurais-je pu écouter sereinement mes cassettes quand mon poste s’éteignait 2 secondes toutes les dix minutes ?

Fallait-il qu’elle me gâchât mon dimanche matin avec sa pingrerie ?

la locandiera 2/3

Je découvris une autre facette du personnage en voyant les numéros d’urgence affichés dans le garage : tout y était, police secours, la brigade antigang, la police criminelle, les pompiers, l’hôpital le plus proche, le service anti-poisons, les ambulances de proximité. La veuve Guillemette était obsédée par les accidents, par les morts tragiques et surtout par les assassinats crapuleux, que relatait abondamment le seul hebdomadaire bon marché qu’elle recevait.

Je résolus d’exploiter son point faible et de frapper son imagination. Elle ne voulait plus de mes lampes de chevet ? Je les remplaçai par des bougies allumées en permanence, mon poste sur courant marchait désormais sur piles, je n’ouvris plus les rideaux noirs qui palliaient l’absence de volets, je n’aérais jamais la pièce ; le logis puait le rance et une atmosphère macabre se dégageait des affiches gothiques placardées sur ma porte.

Le dimanche matin, elle avait droit à la messe glagolitique de Janacek, au requiem de Duruflé, avec quelques intermèdes de Marylin Manson.

Le troisième dimanche, elle tomba dans l’escalier et se rompit le cou. L’enterrement eut lieu dès le mardi, et un pianiste amateur joua pour la famille la marche funèbre de Chopin.

3/3 la locandiera

musiques :

Mahalia Jackson in the upper room.

Pata pata de Myriam Makeba.

Déjà mort in album tête de mort "besoin de personne en marylin manson" .

Requiem de duruflé

La messe glagolitique de Janacek.

Chopin Marche funèbre.

Comme la nouvelle de Marie : très gaie !


Mais il reste pour moi une question : la vieille bique était-elle bigotte ?

Moi j'ai bien aimé ce côté justement ... où justement il arrive à placer Chopin ! quel talent !! non sans rire beau texte enlevé et dans l'ensemble assez gai quand même?

Rotko, tes deux nouvelles sont bonnes, moi je préfère la seconde, la première est trop compliquée , pour moi; il y a du suspense et il faut deviner la fin. Cela ressemble à ces films que chacun interprète à sa manière et qu'apres on débat. Un beau scénario.

La deuxieme est facile et l'ambiance très bien décrite, un logis superbe à vivre et la Locandaire un bijou. Tu as mis beacoup de musique, j'ai entendu quelque peu .Sur Deezer ça ne marche pas chez moi.

je préfère la première, mais j'ai l'esprit tordu

Les deux sont intéressantes, Rotko sait faire planer le mystère et se jouer du lecteur.
La première vise un but difficile à atteindre ; j'ai cru qu'il s'agissait d'une simple noyade. La seconde est plaisante mais pas assez cruelle à mon goût ; j'aurais bien aimé que le locataire frappat plus que l'imagination de la vieille.

troglodyte a écrit:

j'aurais bien aimé que le locataire frappat plus que l'imagination de la vieille.

Les remarques sont bienvenues, puisqu'il s'agit de tentatives diverses d'écriture.

tu veux dire que tu attendais des sévices ?

J'avoue que le supplice du mange-disque humain aurait bien été dans le ton, mais l'exploitation méticuleuse du point faible du monstre est bien plus fine.

j'ai changé la presentation de la première nouvelle, qui est d'ailleurs trop courte. Elle repose sur tangage et roulis, une idée de départ.

j'ai aimé les deux : la première parce qu'elle laisse libre cours à mon imagination pour la suite. La deuxième parce que le' portrait de la vilaine bonne femme est bien brossé et que la musique y adhère parfaitement.