La douleur
Margurite
Duras Je me trouve avec une Margurite
Duras que je ne connaissais pas. La Douleur est un recueil, comme un journal intime, qu’elle dit avoir oublié. Je trouve la jeune femme combattante, dans la résistance et sous la France de l’occupation.
Elle attend son mari déporté dans un camp nazi et cette attente angoissante, nous la suivons avec la même angoisse. Les jours passent et elle se demande s’il reviendra, s’il est mort, peut-être. Les personnages figurent comme nom avec une initiale.
Jour après jour à la quête de nouvelles, elle se lie étrangement avec un Allemand, féru de littérature qui rêve d’ouvrir une librairie, un être exquis, qui en même temps est expert en tortures.
La guerre finie en 1945, D, le meilleur ami de son mari, le ramène de l’enfer.
Qui revient ? Un être réduit à une dépouille humaine !! Lire ces pages nous fait mal aux tripes, à quel point l’horreur nazie avait transformé la vie en un abîme pire que la mort.
Elle décrit ses maladies, son aspect cadavérique, et surtout sa faim. Il mangeait, mangeait sans cesse, n’importe quoi, insatiablement ; Il ne parlait pas, lui souriait, sans rien dire ; Elle l’a soigné jusqu’à sa récupération, elle aimait un autre, D le meilleur ami, et lui le savait et souriait.
Dans ces quelques pages autobiographiques, il ne manque pas des critiques acerbes à De Gaulle, qui ne parlait jamais des déportés.
A la page 64 elle se demande comment être encore Allemand ?
Une des plus grandes nations civilisées du monde, la capitale de la musique de tous les temps, vient d’assassiner onze millions d’êtres humains, à la façon méthodique, parfaite d’une industrie d’Etat
Le mari, n’a accusé personne, aucune race aucun peuple, il a accusé l’Homme. Son unique livre « l’Espèce Humaine. »
Je me suis arrêtée là. Ce n’est pas la Marguerite
Duras, de L’Amant, livre et film inoubliables, la de « Moderato Cantabile », d’Hiroshima mon amour », elle a bien fait d’oublier cette expérience tragique de sa jeunesse, l’oubli sauve parfois de la détresse.
Ce que je pense après l’avoir lu, je ne le conseille pas si on n’est pas en forme, triste ou malade : je le recommande si vous avez envie de connaître un peu plus sur le nazisme, les guerres, toutes les guerres, anciennes et à venir, la cruauté humaine dans ses multiples facettes et comment lutter contre.
Un livre poignant, une époque dure de la France.