Joyce Carol Oates

la fille tatouée

Citation :

C’était surtout pour ça qu’elle le haïssait. Parce qu’il ne savait pas ce qui était à lui. Comme un aveugle il avait les yeux tournés vers l’intérieur, comme un sourd i n’entendit que le son de sa vois dans son crâne.
Elle le haïssait parce il avait de l’argent. Parce qu’il avait de l’argent et ne le dépensait même pas ! Parce qu’il y avait des chèques dans certaines des enveloppes qu’elle avait ouvertes, des chèques valant des milliers de dollars qu’il n’avait endossés ni déposés parce qu’il ne savait pas qu’ils étaient là

.

La rancune sociale est nettement plus vraisemblable et Alma y est sensible lorsque, lors de l’anniversaire de Joshua, les invités et les différents intervenants lui font sentir qu’elle n’est d’aucune utilité.

On se prend donc finalement de sympathie pour cette laissée pour compte qui n’a pas l’occasion de donner sa pleine mesure, sauf dans les tâches subalternes à elle confiées par l’écrivain.
Elle devient plus crédible dans la suite du récit, ce qui laisse, comme dit Céline, un bon souvenir de lecture.

Nezumi a écrit:

Citation :

Le dernier Oates que j'ai lu c'est Middle Age, a romance, (Hudson River) la chronique d'une petite ville de la côte Est des Etats-Unis, et d'un groupe de quadra/quinqua plutôt aisés, qui semblent sortir de chez Woody Allen.
Leur vie tranquille est bouleversée par la mort par noyade d'un de leur amis, un sculpteur mystérieux. Comme pour les Desperate Housewives sonne alors l'heure des remises en question, des crises existentielles, des changements de trajectoire...
Une description tout en finesse, humour et réalisme de cette communauté, avec le portrait en creux du disparu qui se dessine peu à peu.

j'ai donc suivi son conseil et je suis en plein "hudson river", un bonheur ...

Une eau noire et nauséabonde monte, monte de plus en plus dans la voiture. A l’intérieure, une jeune fille vit sans doute ses dernières heures. Elle cherche la moindre bulle d’air pour tenter de survivre quelques secondes de plus. Et elle écoute… elle pense entendre les secours qui viennent la chercher… mais le niveau de l’eau augmente toujours… Qu’a-t’elle fait pour mériter cette situation. Le début pourrait ressembler à un conte de fée : une jeune fille éprise et séduite par un beau et riche sénateur. Ce dernier l’emmène en week-end à bord de son Oldsmobile et même s’il a un peu bu, il est à ses cotés. Jusqu’à cet accident où le sénateur s’en sort indemne et elle qui attend dans l’eau glaciale et noire de cette rivière boueuse…

Ce n’est qu’un roman de Joyce Carol Oates « Reflets en eau trouble » et pourtant l’histoire est bien réelle. Cela s’est passé sur l’île de Chappaquiddick, le 18 juillet 1969. Le sénateur se nomme Edward "Ted" Kennedy, frère cadet de John Fitzgerald Kennedy et la jeune fille Mary Jo Kopechne.



Depuis j'ai enchaîné avec « Délicieuses Pourritures » qui m'a littéralement emballé et déjà longuement évoqué sur ce fil. Et puis après, plus rien… Mais va falloir que je remédie à cela, parce que je ne peux pas m’arrêter en si bon chemin, même si jusqu’à présent je n’ai « goûté » qu’à ses petites nouvelles, sans avoir tenter ses « gros pavés » tels que « Blonde » ou « Les Chutes »…

Une auteur que j'ai découvert tout récemment en lisant Les Chutes qui m'a instantanément donné envie de lire les autres livres de Joyce Carol Oates.

L'auteur installe tout doucement l'intrigue, c'est un vrai plaisir tant le roman est bien écrit. Ce fut un des meilleurs livres lus cette année 2007 et depuis je l'ai offert à une amie.

J'ai acheté depuis Hantises et Hudson River que je n'ai pas encore lu.

Ingrid Boone a à peine 20 ans lorsqu'elle est incarcérée au Centre de détention pour femmes du comté du Chautauqua. Pourtant, ce n'est pas une fin en soit. Là où d'habitude, les héros de Joyce Carol Oates sombrent totalement, on sent qu'à partir de là Ingrid va pouvoir poursuivre son chemin et réapprendre la vie...

Mais comment est-elle arrivée là ? C'est tout le sujet de ce roman...

Une mère alcoolique, un père aviateur, vétéran du Vietnam avant de devenir escroc puis criminel. A 13 ans, Ingrid connait déjà tout ou presque de la drogue, de l'alcool et du sexe... Sans repère famillial, si jeune et si jolie, elle sera subjuguée par Enoch Skaggs, gourou et fils de Satan, et devenir elle-même une « enfant de Satan ». Considérée comme la Chienne de ce groupe de motards sataniques, elle sera enfermée, maltraitée, violée...

UN JEUNE DE BANLIEUE JUGÉ POUR LE MEURTRE DE L’AMANT DE SA MÈRE - UN ADOLESCENT DE SEIZE ANS JUGÉ COMME UN ADULTE, UN « CRIME ODIEUX » ACCUSE LE PROCUREUR DE DISTRICT

Le jour où John Reddy Heart pénétra à l'intérieur de la petite société mondaine de Willowsville, il changea irrémédiablement le destin de tous ses habitants.

Un blouson noir, chéri par toutes les filles de la ville, adoré par toutes les mères de la ville, idôlatré par tous les garçons de la ville... Alors lorsqu'il tua l'amant de sa mère, magnifique et superbe "Dahlia Blanc", il devient l'icone de Willowsville...

Trente ans après tout le monde se souvient, tout le monde garde précieusement ses souvenirs de cette époque, et à chaque réunion d'anciens élèves, toujours la même rengaine, toujours la même admiration, la même adoration, adulation pour John Reddy Heart...

A propos de Johnny Blues...

Le roman se décompose en 3 parties :

1- La première partie (la plus longue, 400 pages des 700) pourrait être comparée à Beverly Hills :
Une bande de post-étudiants ressasse en détail chaque année "l'affaire" du meurtre commis par John Reddy Heart. Tout le monde affiche son amour pour John Reddy Heart, sa passion pour ce blouson noir, l'idôle de toute une génération... C'est long, très long, extrêmement trop long. Joyce Carol Oates se répète incessament pour nous montrer le point de vue de tous les habitants du village (ou presque)...

2- La seconde partie ressemble à la petite maison dans la prairie où l'on découvre enfin le vrai John Reddy Heart. L'homme, l'être humain avec son âme pure. Une nouvelle facette telle que ses ex-camarades de classes ne la connaitra jamais. La partie la plus intéressante à mon sens, et l'on aimerait même en savoir plus sur ce John Reddy Heart, toujours marginal mais nettement plus humain et moins froid qu'il n'y parait dans le début du roman...

3- Dernière partie : la trentième réunion des anciens élèves : C'est Desperate Housewives ! Elles sont adultes, matures ; elles (ou ils) ont réussi dans la vie mais elles restent toujours accrocher à ce fantasme John Reddy Heart. Tout au long de la soirée, elles ne cesseront de croire à sa venue. Elles s'imaginent toutes (et tous) que John va débarquer à leur réunion, que John se souviendra de tout le monde, que John est leur ami. D'un pathétisme poignant...

Au final, un long roman de Joyce Carol Oates qui décrit et critique une superbe Amérique blanche bourgeoise et puritaine... Par moment un peu longuet mais aussi par certains cotés un peu jubilatoire. Ce n'est pas mon préféré... mais ce n'est que mon humble avis...

Je partage certains des différents avis.
Joyce Carol Oates est meilleure dans les oeuvres longues où elle peut aller au plus profond de son sujet. Je n'apprécie pas trop ses nouvelles qui me laisse déconcertée et inassouvie. Pourtant dans certains courts romans, elle arrive à brosser un portrait affiné et vivant de ses personnages, à dépeindre leur contexte et à présenter son récit avec habileté (Man Crazy, Nulle et Grande Gueule, Viol une histoire d'amour, par exemple).

Ces livres nous montrent les travers des gens, leurs faiblesses, mais aussi leur désarroi, leur humanité; elles décrit les peurs, les lâchetés, les tabous de la société américaine quelle que soit l'époque; elle confronte les divers milieux sociaux. Toujours avec verve et ironie, une profonde connaissance psychologique et une grande empathie pour ses personnages.

"La fille tatouée" n'est pas mon préféré; je trouve les personnages moins bien esquissés, surtout celui de la soeur (qui est le noeud du dénouement, mais ses réactions paraissent un peu abrupts et sans références contextuelles , son lien à son frère n'est pas assez explicité).
Le personnage de l'écrivain reste lui aussi brossé à traits trop convenus et j'aurais aimé en savoir plus sur Alma Bush qui manque de consistance: ce roman aurait peut-être gagné à avoir quelques pages supplémentaires...Cependant, la confrontation des deux milieux sociaux et leur impossible communicabilité offre quelques bons morceaux d'écriture.
Joyce Carol OATES reste mon écrivain préféré!!!

je craignais au départ de trouver une auteur(e) sentimentale, sans raison précise, mais j'ai vite été détrompé avec premier amour, que j'ai trouvé sulfureux.

je n'aime pas trop lire de gros livres, mais quel titre me conseillerais-tu pour Carol Oates ?

Difficile de répondre.
Mon préféré est "Nous autres les Mulvaney" (secrets de famille et comment un milieu apparemment idyllique peut en être bouleversé); excellent, mais...un pavé.
Un des courts en exemple; "Man Crazy" (adolescence marquée par l'empreinte de la guerre du Vietnam et par les sectes, au bord du gouffre); "Nulle et Grande Gueule" (adolescence encore mais contemporaine, la violence dans les écoles, qui a posé la bombe et qui sera le bouc émissaire, comment chacun réagit); "Viol, une histoire d'amour" (l'ostracisme d'une société bien pensante pour un fait considéré encore comme un tabou). Ou encore "Confessions d'un gang de filles" (Comment s'affirmer face au machisme quand on a quinze ans et qu'on vit dans un quartier populaire) ou "Solstice" (amours homosexuels et milieux universitaires, peut-être un peu dépassé à notre époque). Et le plus court "Amour noir" (tout est dans le titre).
Chacun de ces livres apporte quelque chose, même les plus anciens
et je les ai aimés. A toi de choisir, mais dis moi pour lequel ou lesquels va ta préférence. Bonne Lecture. Madame Oates, un Régal!!!

D''accord, ce sera un amour noir, je viens de le reserver à la bibliohèque (il y a 38 titres !)

Il est très court mais très dense; j'espère qu'il te plaira et que tu passeras un bon moment. Donne ton opinion.
Bonne Année et remplie de Bonnes Lectures!

Nymphéa a écrit:

J'attends ton avis, sur "Un gang de filles"; j'avais beaucoup aimé à l'époque. Pourvu que mes conseils soient confortés!?

Avis favorable pour les deux premières parties que j'ai lues.

Le titre « confessions d’un gang de filles » chez Stock convient bien puisque la narratrice Maddy, en dévoile la naissance et les hauts faits - que certains appelleraient des « crimes », dit-elle, mais gardons la mesure !

Les épisodes de la guerre contre de sales individus harceleurs de lycéennes se lisent facilement, et Carol Oates connaît son sujet : la naissance et les qualités de la chef, les bonnes occasions pour se faire la main, tout est bien vraisemblable selon les critères développés par des psy au courant de la question. du harcèlement et des victimes qui se vengent.

Les harceleurs ne méritent guère de pitié : adultes laids et louches, vicieux sur les bords et au centre, ils ont besoin d’une bonne leçon. La chroniqueuse du gang les croque à belles dents. Ainsi le marchand de vêtements et le boucher

Citation :

« deux gros tas de viande à la tête plutôt petite, au visage charnu et aux yeux inquiets, amis puisque voisins, ou sinon amis du moins vieilles connaissances… »

Rien à voir avec la solidarité entre filles, dans ce gang qui les rassure, et les encadre par des rites et des « défis » à relever pour flatter leurs egos et affirmer leurs propres valeurs.

Je suis ravie que ce livre te plaise; c'est pour moi un des meilleurs.
Je ferai un compte-rendu de Eux que je viens de terminer et qui, après un début enthousiasmant, m'a plutôt déçue. Pour le moment, je n'ai plus le temps...plus tard donc?

A propos de Eux
« Maureen Wendall fut, dans les années 60, l’une des élèves des cours du soir dispensés par J.C.Oates à l’Université de Detroit. Elle adressa un jour à son ancienne professeur une lettre à la suite de laquelle les deux jeunes femmes firent connaissance, et l’écrivain, confondue par la complexité de la vie de Maureen, écrivit « Eux », basé sur ce témoignage. Ce roman débute en 1937 et couvre, sur une trentaine d’années, la vie de Loretta (la mère de Maureen) et des siens, à partir du moment où elle quitte précipitamment le foyer familial suite à l’assassinat par son frère de son petit ami. Il s’agit d’une vie misérable, l’existence de ceux que l’on appelle communément les « cas sociaux », les victimes de la Grande Dépression, du chômage, et de ses corollaires : alcool, maltraitance, échec scolaire. On ne ressent pas de volonté de victimisation de la part de l’auteur : elle décrit de façon détaillée le quotidien de ses personnages, sans misérabilisme, et si certains d’entre eux émeuvent, ils ne sont pas pitoyables. Englués dans leurs existences sordides, les protagonistes sont ignorants des évènements extérieurs ; ils semblent n’avoir guère conscience de la montée grandissante de la révolte de la population noire, du vent de contestation soulevé par la guerre du Vietnam,…comme si leurs quartiers de taudis était un monde à part, isolé. »
Le roman commence de façon abrupte et dense et se poursuit avec force pendant les deux tiers de l’histoire. La réalité sociale et la vie des différents protagonistes sont rendues avec la subtilité psychologique et la finesse qui sont la « marque » de Joyce Carol Oates. Mais par la suite, le texte se dilue dans de grandes descriptions du ressenti ou des actes des personnages, les mots s’alignent sur des pages pour décrire un seul moment et les héros perdent de leur substantialité, ils deviennent désincarnés par rapport à leur vie, ils n’existent plus que dans le discours de l’auteur. Cela devient ennuyeux et j’avoue avoir eu quelques difficultés à terminer le livre.
Je précise qu’il s’agit d’une réédition de l’ouvrage avec une traduction révisée, parue en poche chez Points Signature ; première édition 1969 .

Un amour noir, édition du félin.

Le début du récit est une illustration de la tragédie : une belle promenade en barque et les occupants ne voient pas, n'entendent pas, ceux qui de la rive leur signalent qu'ils vont vers une chute d'eau fatale.

L'héroïne, Calla, est toujours vue de l'extérieur, que ce soit par le récit de sa descendante, à valeur de témoignage, ou par les rumeurs qui ont circulé à son sujet. Elle a donc ainsi une présence en creux qui accroît son mystère et nos interrogations à son égard.

JC.Oates sait donner des indices concrets qui caractérisent ses personnages : tyrell Thompson

Citation :

Elle vit que ses doigts étaient presque deux fois plus gros que les siens. D'un brun très foncé à l'extérieur, veinés de rouge violacé comme un beau bois recouvert de plusieurs couches de laque et, à l'intérieur, d'un rose pâle à l'aspect délicat, aussi roses et nacrés que les siens...

On ne peut que les comparer avec les doigts de Freilicht :

Citation :

des doigts larges et courts, avec des cicatrices, des tâches, des meurtrissures, et des ongles épais comme de la corne.

je mets seulement la couverture du livre, sans vous parler de la 2e et 3 e partie. Faut respecter l'histoire et le lecteur. Bonne lecture



On dit que c'est à partir de cette peinture de Fernand Khnopff que l'auteur a imaginé cette histoire.

Es-tu conquis et vas-tu en lire d'autres, Rotko?
Pour ma part, prochainement, Mère disparue...

oui, c'est un livre très interessant, par son sujet et cette façon extérieure de raconter, qui aboutit à un mythe populaire et personnel.

je ne compte pas en lire d'autres immédiatement, car j'aime bien diversifier mes lectures. Tes conseils seront pourtant bienvenus pour la suite.

Mère disparue

Un très bon Joyce Carol Oates comme je les aime!

Résumé

Citation :

Nikki Eaton, 31 ans, célibataire, très indépendante, n’a jamais prétendu ni voulu se vivre en fille modèle. Sa mère, Gwen, l’agacerait plutôt, avec sa vie trop lisse, son caractère trop confiant, et sa réprobation de la liaison qu’entretient Nikki avec un homme marié. Gwen souhaiterait que Nikki ressemble davantage à sa sœur Clare, l’incarnation apparente, avec son époux Rob, du couple idéal. Un couple consterné lui aussi par l’attitude volontiers hors normes de Nikki à l’égard de l’existence. Or, deux jours après la célébration d’une Fête des Mères particulièrement conventionnelle et pour Nikki singulièrement irritante, Gwen Eaton est assassinée. Ce drame amène un bouleversement des rapports entre les deux sœurs, mais surtout marque le début d’un changement chez Nikki. Tandis que Clare, toujours pratique, s’attaque avec plus ou moins de bonheur aux problèmes matériels engendrés par cette disparition brutale, Nikki, submergée par un chagrin dont elle ne se croyait pas capable, va s’attacher à faire revivre sa mère à travers les souvenirs des amis de Gwen et les siens propres. Au cours d’une tumultueuse première année de deuil, la jeune femme va, peu à peu, en redécouvrant qui était en vérité sa mère et les étonnants secrets qu’elle portait, se retrouver elle-même.

Joyce Carol Oates croque ses personnages avec beaucoup de verve et une tendre ironie, on la sent en empathie avec eux. Le style est fluide. Alternance de chapitres courts, voire même très courts et d’autant plus percutants que ramassés, et longs. L’histoire est captivante ; les thèmes nombreux et profonds ; dont une chronique sociale admirablement posée par cette fine observatrice.
Ce n’est pas un thriller ; le meurtre sert de révélateur aux différents protagonistes ; leur positionnement face à la mort, face à la violence, curiosité malsaine, compassion, évitement…Mais aussi comme quoi un choc peut permettre de se retrouver et de se construire.
Les deux sœurs réagiront selon leur tempérament profond qui fait alors surface. Clare, efficace, mature, bien pensante et s’érigeant souvent en juge, apparemment heureuse, fière de sa famille, se fissure peu à peu et se laisse envahir par ses failles ; elle est déçue par sa vie, amère et frustrée, cache derrière sa façade de compétence un sentiment de solitude et d’exploitation par cette famille ; elle fuira afin de se retrouver elle-même et revenir sous d’autres conditions. Quant à Nikki (c’est elle la narratrice), derrière son masque de rebelle assumée avec une certaine témérité, elle cache une âme à vif, le doute, la culpabilité ; elle trouvera au fond d’elle courage et force, et grandie et devenue adulte,sera encore plus belle, généreuse et tolérante . Une personnalité que j’aime beaucoup et que l’auteur semble aussi porter dans son cœur.
La relation entre les deux sœurs explosera au cours de l’histoire, l’antagonisme latent ne résistera pas à la disparition du lien qu’était leur mère. Elles retrouveront leur amour renforcé lorsque chacune d’elles aura sa propre voix.
Comment faire un deuil ? Comment accepter la disparition des êtres chers ? Comment tourner la page ? Notre auteur traite ces questions avec perspicacité et tact.
C’est encore un bel hommage rendu aux Mères, un bel exemple d’amour partagé, quoique souvent difficile, entre enfants et parents.

Et Bellefleur ? Certains d'entre vous l'ont lu ? Pour moi, c'est le sommet de l'harmonie entre le fond et la forme.. Il me fait penser à Ada ou l'Ardeur, de Nabokov, par son côté magique et irréel, passif, comme souvent chez Oates.

Oh oui! Bellefleur! Le premier ouvrage que j'ai lu de Joyce Carol Oates! ,en 83. J'ai tellement aimé que j'en ai lu de nombreux autres depuis et que Madame Oates est mon écrivain de prédilection!

Ah la la, exactement pareil, ce livre m'a envoutée... Et puis j'ai découvert en lisant d'autres livres de Oates que ce parfum subtil de mystère est présent dans toute son oeuvre, notamment dans Les Chutes (tu l'as lu?)
Mais je trouve qu'il faut être plutôt en forme psychologiquement pour rentrer dans son oeuvre, tant il y a de tristesse. Je me souviens de lire Gang de Filles et d'avoir été traumatisée.. Il y a peu de livres qui font ça

J'ai découvert JCO il y a peu avec "Mon coeur mis à nu", l'histoire de ce père escroc qui dresse ses enfants (biologiques ou adoptés comme le jeune noir) à suivre ses traces....

C'est fort drôle (les "coups montés") , fort engagé (la prise de conscience des noirs américains au début du siècle) ,fort triste (la solitude de chacun des personnages).

Fort bien écrit , et se lit comme un roman d'aventures...
Bref

Je viens de terminer "Vous ne me connaissez pas", nouvelles,qui m'a déçue.
Quand je pense que je croyais que JCO était une auteur sentimentale!

C'est vra i qu'elle ne fait pas dans le sentiment à l'eau de rose... C'est marrant Mon Coeur mis à Nu m'a fait pensé à Bellefleur sous bien des aspects, mais en plus romansque, moins onirique. "Vous ne me Connaissez Pas" m'a moins séduit aussi, sauf une ou deux nouvelles, dont celle de l'oncle taré qui finit par tuer ses neveux.
J'adore comme elle parle du racisme, comme ce roman (je ne me souviens pas du titre honte à moi) où elle dépeint l'amitié amoureuse entre un jeune noir basketteur et une petite blanche entourée par la brutalité et la beauferie des hommes de sa famille, c'est quoi ce livre déjà ?