Le rayon érotique

Tant pis, je me risque dans la galipette sino-poétique. Que ceux qui n’ont jamais fauté..etc..etc..

Le Maître Tong-hsuan a dit : « Une investigation attentive a montré qu’il n’existe que trente positions principales pour consommer l’union sexuelle. »
Pourquoi alors perdre son temps à comparer les différentes variantes pour, en conclusion, s’apercevoir que dans tous les cas, « La Tige de Jade est enfoncée dans la Précieuse Porte ou la Ravine de Cinabre, pour faire vibrer les Cordes de la Lyre »
Les détails d’une seule position, la 16ème m’auraient intéressé : « Le Phénix tenant son Poussin, manière d’accouplement tout à fait convenable, quand une femme obèse et grande a affaire à un homme de courte taille. » Sans plus de détails! J’ai du avoir recours au dessinateur Dubout, auteur d’un savoureux kama-sutra, pour plus de précisions !…Merci Google !

Maître Tog-hsuan connaissait aussi des recettes pour prévenir de l’impuissance. Il nous donne comme référence Lu Ta-king, le préfet de Chou, qui prit « De cette potion à l’âge de soixante-dix ans et puis engendra trois fils. Il en but régulièrement et eut avec son épouse se si fréquents rapports qu’elle en vint à souffrir d’une maladie vaginale, qui l’empêchait de s’asseoir et de se coucher. Alors le préfet jeta sa potion dans la cour où un coq l’avala. Ce coq grimpa sur une poule et continua de s’accoupler à elle pendant plusieurs jours sans interruption, donnant du bec sur la tête de le poule jusqu’à ce qu’elle fut complètement chauve. C’est pourquoi les gens appelèrent cette potion « Drogue du Poulet Chauve » ou « Pilule du Poulet Chauve »
Je ne donnerai pas la recette…de peur de concurrencer un produit existant. !

Bravo Robert Van Gulik Sé non é vero é bene trovato!

C´est vrai qu´il doit y avoir une infinité de "dimensions érotiques" pour reprendre l´expression de VERA LANE ( qui s´y connait).
Multiples goûts et préferences des lecteurs de pages érotiques. Celà doit serieusement compliquer le travail créatif des auteurs de ce genre de litterature, non Vera?
L´autre jour je lisais sur un Blog les appreciations d´un participant qui en arrivait à trouver "cliniques" voire " chirurgicales" certaines descriptions de moments intimes trouvées dans "L´Amant" de Marguerite Duras.
"De plus, ses débats amoureux sont décrits avec une telle minutie que j'ai cru parfois assister à une opération chirurgicale où les douleurs seraient remplacées par des jouissances"
La personne qui postait continuait en citant un passage de Stendhal, indiquant que l´ambiance froufrouteuse de la scène décrite etait bien plus efficace et heureuse que les descriptions de Marguerite :

"On peut parler de l'amour autrement : il y a dans Le Rouge et le Noir une scène où la dame sort précipitamment de sa chambre, les joues en feu ; elle a mal refermé la porte et on voit que la fenêtre, par où son amant s'est enfuit, est restée ouverte ; les voiles volent au vent, le lit est défait et, dans son empressement, la dame s'est rhabillée trop vite et sa combinaison dépasse.. .. "
Et il ajoutait :
"Il me semble qu'il y a dans cette ambiance froufrouteuse, beaucoup plus d'érotisme que dans les analyses cliniques de Marguerite Duras." C´etait son point de vue.
Pour ma part, mes preférences sont pour le cru et c´est pourquoi j´aurais du mal a trouver des réferences chirurgicales dans les passages érotiques de Marguerite Duras, là où je ne vois que poésie et sensualité.

Bonjour et merci pour votre message !

Euh tout d'abord, vous dites que je m'y connais ;-) je dirais plutôt que j'ai accédé à ma propre dimension érotique, et ceci est donc fort personnel, je me garderais bien de donner des conseils en sexologie...

Effectivement, comme vous le précisez, tout ceci complique bien le travail de l'auteur érotique ! :-)
Mais c'est d'ailleurs pour cela aussi que j'ai choisi la littérature érotique, parce que j'aime relever le défi, parce que l'écriture érotique suscite, surprend ( y compris l'auteur!).
Après avoir dépassé le carcan socioculturel de l'autocensure, c'est ma plume qui commande, je la laisse faire ;-)

Pour résumer, la littérature érotique a un contrat plus défini que les autres littératures : celui d'être dirons-nous efficace...
Après ,la sensibilité du lecteur apprécie ou pas.
Au même titre que pour les thrillers par exemple, certaines scènes nous font mourir de peur, d'autres de rire...
Je ne pense pas au lecteur lorsque j'écris, je veux dire par là que je pense à lui comme à un amant à qui je fais l'amour avec mes mots.
Au-delà de cela, j'écris selon ma propre dimension érotique, c'est féminin, forcément, sensuel et érotique ( là encore tout le monde n'a pas la même définition de l'érotisme...).
J'essaie de traduire en mots le désir qui naît et se partage, la passion qui le culmine...
Evidemment, je pense que je m'impose à moi-même une sorte de " surenchère", comme si ma dimension érotique prenait forme à travers les mots et que les images devenaient moins floues...
Une sorte de lâcher prise fantasmatique ( et non fantasmagorique!).

J'ajouterai enfin que le challenge est de renouveler sans cesse son stock lexical ;-)

Vera Lane

Plus ou moins "à cause de " ce fil (je devrais plutôt dire "grâce à...), et bien qu'il n'ait jamais été question ici de cet auteur, je viens de lire "La femme de papier" de Françoise Rey...
C'est torride...et fort bien écrit!

Présentation de l'éditeur
Renvoyée à sa plume après une fulgurante et torride liaison, une femme écrit à son amant. " Le cœur tendre, le ventre désœuvré ", elle effeuille l'album de leurs souvenirs, de leurs folies. Avec les vrais mots de l'impudeur, elle invite le lecteur éberlué à la suivre dans un voyage mouvementé au bout de la sensualité... De son compagnon, nous ne connaîtrons que deux couleurs : le jaune de ses yeux et le vert de son pull... Mais nous découvrirons vite ses caprices et ses fantasmes auxquels elle se soumet, tout en laissant parler son propre corps. Jamais une femme n'est allée aussi loin dans l'évocation de sa vie érotique. Cela donne un roman libertin, une histoire de corps qui viendra mourir dans les profondeurs du cœur !

je trouve amusant et pertinent (vos contributions le montrent) que le roman erotique s'inscrive dans "les pratiques habituelles ou en cours"
Ce qui prouve qu'on peut aborder tous les sujets sans offenser ou tomber dans le mauvais goût.

A l'approche de l'été je vous rappelle quelques sites

D'abord, pour mieux connaître Vera lane

http://perso.orange.fr/bruno.leprince/092.html

et pour orienter vos lectures

http://www.erotica51.com/livremoi/ero.htm

Ce lien propose deux livres chez Folio qui élargissent le sujet

Dans l'Enfer des Tournantes de Samira Bellil

La Mécanique des Femmes de Louis Calaferte

Ce doit être pour agrémenter l'été, on peut trouver en ce moment:

- un Hors-série du Point: les textes fondamentaux de l'érotisme (Sade, Bataille, Apollinaire, Ovide...et bien d'autres)

Très bien fait ce numéro spécial!

rotko a écrit:

Dans l'Enfer des Tournantes de Samira Bellil

Crois-tu Rotko que ce livre ait sa place dans ce fil?
"UNE ENFANCE ET UNE ADOLESCENCE MEURTRIE ET VIOLEE
UN TEMOIGNAGE POIGNANT SUR DES COMPORTEMENTS BARBARES ET DESTRUCTEURS"

tu as raison Coline, je l'ai trouvé sur le site et j'en avais été etonné. C'est pourquoi j'avais precisé

Citation :

pour elargir le sujet

.

Entierement d'accord avec toi. Merci de le dire.

Aristarque a écrit:

Les manuels du sexe dits livres "de l'Art de la Chambre à Coucher" ont existé en Chine depuis la plus haute antiquité. ……

d'accord et pour les analphabêtes, on pensera aux sculptures

"Regards sur la bête"

Citation :

Cette exposition a été présentée du 15 novembre 2005 au 30 mai 2006 au Musée d’Art Moderne de Chambéry - France.

Chacune des postures représente une position du kama sûtra, une position de la sexualité humaine. L’auteur de ces sculptures, français, né en 1963 dans les Alpes, a longtemps gardé cette collection dans le secret de son atelier. C’est pour le plaisir de tous qu’il a accepté un montage photographique de ces oeuvres sous réserve que sa tranquilité soit préservée...

http://kama3d.org/

11 statues manquent encore. C'est un vrai feuilleton avec "à suivre"...

Ce que je trouve stupide et pretentieux, ce sont les noms des postures ou des statues, ( "l´Angelus", " L´Empereur " et l´Imperatrice !!!) heureusement que l´exposition s´intitule "Regard sur la bête", sinon on se croirait en plein cours de géometrie, d´histoire ou de catechisme
Toujours la manie d´en foutre plein la vue aux gens ( avec des titres pompeux) pour leur faire croire qu´ils n´ont pas encore tout essayé!!
Mais merci Rotko, il faudra que Patrice nous traduise les titres en chinois, çà ferait quand même plus voluptueux!!

Les histoires "paillardes" sont-elles érotiques?

Constantin IX Monomaque, empereur de Byzance par la grâce de son épouse Zoé « née dans la pourpre »., était réputé pour ses appétits sexuels. Il était souvent le sujet de plaisanteries paillardes de son entourage :
<< L’Empereur, s’étant rendu aux écuries royales, s’est aperçu que l’un de ses étalons de prix ne pouvait pas grimper la jument qui lui était désignée. L’empereur a demandé alors à l’étalon ce qui n’allait pas et l’étalon lui a dit :
« J’ai peur de « la » perdre là-dedans » L’empereur alors a sorti la sienne pour la montrer à l’étalon et il a dit :
« J’ai enfoncé la mienne dans plus d’une de mes juments et regarde, elle est encore là. » Les yeux de l’étalon se sont agrandis quand il a vu comment le Pantocrator avait pourvu le Monomaque, et il a dit à l’empereur :
" Ma foi, si la mienne était aussi grosse, je n’aurais sûrement pas peur de la perdre non plus ! "…..
. Cette anecdote nous est rapportée par Michael Ennis spécialiste reconnu de l’histoire de l’Art byzantin. Elle figuredans son premier roman " Byzance." Editions France-Loisirs 1992.

Aristarque a écrit:

. Cette anecdote nous est rapportée par Michael Ennis spécialiste reconnu de l’histoire de l’Art byzantin. Elle figure dans son premier roman " Byzance." Editions France-Loisirs 1992.

Au nom de l'Art, tout est permis, y compris l'art de dire les choses franchement et sans byzantinisme

Mais où va-t-il chercher tout ça ?

En tout cas, byzantin orthodoxe ou greco-romain il nous fait bien rigoler notre cher Aristarque!!

L’érotisme dans la Science-Fiction ne semble avoir rien d’exceptionnel. La Grande Anthologie de la S.F. parue en 1983 aux éditions « Poche » en une vingtaine de volumes lui consacre bien 21 nouvelles dans l’un de ces volumes mais de façon, somme toute, conventionnelle.
Par contre, Maurice C.Dantec dans son roman « Babylon Babies" sort un peu des sentiers battus .
La quatrième partie du bouquin intitulée « Homo sapiens neuromatix » nous apprend qu’un savant un peu déjanté, spécialiste des robots, assure : « Les robots sont des êtres vivants…Comme le êtres vivants, il leur suffit de disposer des prothèses adéquates et les prothèses c’est justement notre truc. Alors on leur a fourni divers plans et avec eux on a sélectionné ceux qui semblaient les plus efficaces. Il y a trois modèles de sexes masculins et cinq féminins. Mais on n’a pas encore testé de relations homosexuelles….Ce sera une première si çà marche…. »
Et çà marche car : « Plus tard dans la nuit, les caméras vidéo qui espionnaient la chambre des « cobayes » enregistrèrent l’acte tant attendu. Les deux robots homos se livrèrent à ce qu’il fallait bien nommer une copulation. C’était si bizarre, si étrange, si mystérieux et si pathétique, que cette impression paradoxale qu’on ressent généralement devant les coïts animaliers l’avait placé dans cet état de trouble où le rire méchamment humain le dispute à une forme de tendresse fascinée. »
Pour en finir et justifier l’érotisme de la chose : " Quand l’observateur (scientifique) réintégra sa chambre, il avait une sérieuse gaule (sic !). Ce n’était pas tant le spectacle cyberpornographique qui le mettait dans cet état que la simple évocation du mot sexe et la chaleur tropicale de l’immeuble et…. »
Babylon Babies a paru chez Gallimard en Poche Folio S.F.

Je ne connais pas suffisamment la SF pour avoir un avis autorisé, mais je vois mal, d'une manière générale, la cohabitation entre l'erotisme et la SF.
Un prejugé peut-être, mais les créatures, fussent-elles de rêve, m'apparaissent dans les recits comme trop artificielles ou trop peu terrestres pour alimenter ma libido. Sans parler des illustrations très streotypées et très décevantes ! A moins que pour les mateurs de combinaisons en cuir

En revanche dans les romans fantastiques, la thématique érotique est constante même si elle reste souvent "à mots couverts". Chez theophile Gautier, les "enchantements" sont d'origine amoureuse, chez M.G Lewis "le moine" les motivations sexuelles sont évidentes, dans Asunrath cf. litterature française, l'erotisme est partout.

L'abbé Frollo dans Notre Dame De Paris, en digne héritier du moine de Lewis, a de quoi nourrir sa confession au chapitre des "mauvaises pensées" Il en donnerait même au lecteur

Philippe Roth dans un de ses livres recense différents baisers :

les baisers en tempête de neige, doux et en rafales comme flocons,

le baiser en apnée qui se moque du temps,

les baisers grêlons qui contre toute attente rechauffent la température,

les baisers méthodiques qui vont crescendo ...


Manuel Puig a intitulé son livre le baiser de la femme araignée

le site http://baisers.free.fr/ananaga.html en donne une definition technique

Citation :

La femme tourne le dos à l'homme. Il s'approche d'elle par derrière, la serre dans ses bras. Elle se penche en arrière, et lui offre son visage bouche ouverte. Il l'embrasse dans cette position, renversé. Quand la femme sent la langue de son mari s'enfoncer dans sa bouche elle serre très fort ses lèvres pour la garder prisonnière, le temps qu'elle parvienne à se retourner pour lui faire face à nouveau et à cet instant seulement abandonner sa proie, profitant de la surprise elle peut alors choisir de pointer sa langue pour la glisser et l'introduire entre les lèvres étonnées de son amant.

On peut préférer en ce domaine les termes litteraires qui excitent l'imagination sans entrer dans le détail des opérations :

Le palindrome = qu'on peut lire dans les deux sens.

Le palimpseste = qui efface un baiser précédent, concurrent en général.

Petite bibliographie sur le sujet, ici:

http://www.doctissimo.fr/html/sexualite/mag_2004/mag0528/sa_7775_bibliographie_baiser.htm

Il bacio

Baiser ! rose trémière au jardin des caresses !
Vif accompagnement sur le clavier des dents
Des doux refrains qu'Amour chante en les cœurs ardents
Avec sa voix d'archange aux langueurs charmeresses !

Sonore et gracieux Baiser, divin Baiser !
Volupté non pareille, ivresse inénarrable !
Salut ! l'homme, penché sur ta coupe adorable,
S'y grise d'un bonheur qu'il ne sait épuiser.

Comme le vin du Rhin et comme la musique,
Tu consoles et tu berces, et le chagrin
Expire avec la moue en ton pli purpurin...
Qu'un plus grand, Goethe ou Will, te dresse un vers classique.

Moi, je ne puis, chétif trouvère de Paris,
T'offrir que ce bouquet de strophes enfantines :
Sois bénin et, pour prix, sur les lèvres mutines
D'Une que je connais, Baiser, descends, et ris.

Paul Verlaine

Liste de références assez exhaustive il me semble:

http://lebaiser.free.fr/index-2a.html

Romeo et Juliette : leur premier baiser

Roméo
Si je profane avec ma main qui n'est point digne
Cette châsse bénie, c'est un bien doux péché ;
Mes lèvres, ces rougissants pélerins, vont effacer
Le trop rude toucher par un tendre baiser.
Juliette
Bon pélerin, vous faites injustice à votre main
Car elle a montré dévotion courtoise ;
Les saintes ont des mains qui touchent les pèlerins,
Paume sur paume, c'est le pieux baiser des pèlerins.
Roméo
N'ont-elles pas des lèvres, les saintes,
N'en ont-ils pas, les pieux pèlerins ?
Juliette
Oui, les lèvres, pèlerin,
Dont elles usent pour la prière.
Roméo
Alors, ô chère sainte,
Laisse les lèvres faire ce que font les mains ;
Elles prient, exauce-les, de crainte
Que leur foi ne tourne en profond chagrin.
Juliette
Les saintes sont immobiles
Même en exauçant les prières.



Roméo
Alors, sois immobile
Tandis que je prendrai le fruit de mes prières.
Ainsi le péché de mes lèvres
Par ses lèvres est effacé.
(Roméo embrasse Juliette)
Juliette
Et mes lèvres ainsi garderont le péché.
Roméo
Le péché de mes lèvres ?
Ô faute doucement reprochée au pécheur !
Rends-moi donc mon péché.

bonne pioche Coline, je citais Verlaine de mémoire. La page que tu indiques est bien présentée si j'en juge par
cette chanson CI

rotko a écrit:

bonne pioche Coline

Oui, ça a l'air d'être une mine...

Amusez-vous bien...je pars jouer en pleine chaleur...non sans vous faire un bisou...

On peut même chanter sur ce site

http://www.momes.net/comptines/eau/a-la-claire-fontaine.html

j'ai toujours aimé cette chanson à la langue si pure.