blog en vogue

Près de 100 millions de blogs sur Internet, 120.000 nouveaux blogs créés chaque jour dans le monde, et pour une fois, les Français se classent au 1er rang mondial.

Ces blogs créent des réseaux, soit par hébergeur, soit par sujet, soit par affinités.

Dans l'air du temps, il faut avoir son portable et son blog.

Pourquoi donc ?



Avez-vous des commentaires ?

rotko a écrit:

Pourquoi donc ?

Les gens aiment bien s'entendre parler, et donc se lire.

Peut-être parce que dans une société de plus en plus individualiste, on cherche tous les moyens de se mettre en valeur, de parler de soi, de s'exprimer (que ce soit pour débattre, présenter ses oeuvres, ou, comme c'est le cas le plus souvent, raconter sa vie, ses délires, ses amis, ses activités, car même si tout le monde s'en fout, on se pose par ce biais).

Peut-être également pour se poser, montrer qu'on a plein "d'amis", de contacts, qu'on a sa part de célébrité (si le blog a du succès). On peut voir là une forme de sociabilisation, et puis l'idée que l'on est dans le "mouvement", dans la norme, que l'on n'est pas différent des autres et que l'on s'intègre à cette société.

Peut-être aussi pour se trouver un sens, un but quelconque...

Oui, un blog pour exister.
Pour s'affranchir.

Ca ne m'est jamais venu à l'idée mais on oscille entre le besoin de reconnaissance sociale et la volonté d'une liberté, trop souvent muselée dans nos sociétés rutilantes de pseudo-valeurs.

Enfin, tout cela sera bientôt encadré et surveillé.

Ces messieurs du pouvoir veillent...

Je suppose que raconter sur un blog quelles incidences sur la vie de couple peut avoir la violence paternelle subie pendant l'enfance ou d'autres blessures de ce genre a une vertu thérapeutique. Le blog remplace le psy dans de tels cas.

On suit dans les six derniers livres des Confessions l'évolution de la paranoïa de Rousseau. Je ne sais plus dans quel ouvrage critique j'ai lu que l'écriture de ces livres avait sans doute permis à Rousseau de ne pas sombrer définitivement.

Le hic, c'est que la paranioa de Rousseau reposait sur des données réelles, et que de vrais complots s'étaient tramés contre lui, et sa Thérèse.

je crois aussi que certains blogs cultivent des pistes personnelles de réflexion, d'ethétique ou de culture au sens large, qui satisfont le désir du bloggeur/bloggeuse qui entend être maître chez soi, loin de la foule déchaînée ?

Y'a blog et blog

Ceux de gens qui, effectivement, déballent leurs vies, et ceux des autres, qui communiquent leur savoir sur un sujet. Ceux-là, je les adore, j'en ai une dizaine dans mes favoris que je visite régulièrement, pour mon plus grand plaisir.

C'est vrai que la notion de liberté est aussi importante. A la différence d'un forum, ou de relations sociales non virtuelles, sur un blog, le créateur est libre d'écrire ce qu'il veut (dans la mesure de l'acceptable), d'organiser le blog, sa structure, de choisir son contenu et les arrangements que cela suppose. Et de filtrer les retours. Je crois que pour beaucoup, c'est là une liberté non négligeable, la possibilité de s'exprimer sans être coupé, dominé ou autre.

Par contre, pour ce qui est de l'idée selon laquelle le blog remplace le psy, j'ai un doute. C'est possible, à condition que la personne possède les capacités intellectuelles d'analyser ce qui est produit, de faire évoluer son discours et de mener une réflexion dessus. Car le risque, c'est également, du fait de la liberté permise par le système du blog, de nourrir un narcissisme accru, de ne pas se remettre en question et donc d'obtenir un effet inverse à celui voulu et obtenu par un Rousseau...

Lîlâ a écrit:

C'est vrai que la notion de liberté est aussi importante. A la différence d'un forum, ou de relations sociales non virtuelles, sur un blog, le créateur est libre d'écrire ce qu'il veut (dans la mesure de l'acceptable), d'organiser le blog, sa structure, de choisir son contenu et les arrangements que cela suppose. Et de filtrer les retours. Je crois que pour beaucoup, c'est là une liberté non négligeable, la possibilité de s'exprimer sans être coupé, dominé ou autre.

Par contre, pour ce qui est de l'idée selon laquelle le blog remplace le psy, j'ai un doute. C'est possible, à condition que la personne possède les capacités intellectuelles d'analyser ce qui est produit, de faire évoluer son discours et de mener une réflexion dessus. Car le risque, c'est également, du fait de la liberté permise par le système du blog, de nourrir un narcissisme accru, de ne pas se remettre en question et donc d'obtenir un effet inverse à celui voulu et obtenu par un Rousseau...

Excuse-moi, j'ai oublié de préciser : elle remplace le psy dans l'esprit des gens qui font des blogs. Maintenant, on se doute bien que ce n'est pas exactement la même chose que d'aller consulter. Par ailleurs, l'écriture comme la parole a des vertus thérapeutiques en dehors des capacités d'analyse. On lutte contre les blocages par l'acte même d'écrire comme par l'acte même de parler.

rotko a écrit:

Le hic, c'est que la paranioa de Rousseau reposait sur des données réelles, et que de vrais complots s'étaient tramés contre lui, et sa Thérèse.

je crois aussi que certains blogs cultivent des pistes personnelles de réflexion, d'ethétique ou de culture au sens large, qui satisfont le désir du bloggeur/bloggeuse qui entend être maître chez soi, loin de la foule déchaînée ?

As-tu lu les six derniers livres des Confessions ?

je connais surtout les six premiers, et je ne suis pas étonné que Mme d'Epinay, d'Holbach et Voltaire aient tenté de jouer à Rousseau des tours de cochon.

Voir le fil Voltaire où je crois sur parole Henri Guillemin, ce fouille-m qui ne s'en laissait pas conter sur les hommes, fussent-ils écrivains, célèbres, et philosophes...

J'ai pris le temps de lire ces six derniers livres. A mon avis, rien ne remplace la lecture d'un texte pour pouvoir en parler. Mais il est vrai qu'il faut bien du courage et de la patience pour lire le délire de Rousseau dans ces six derniers livres (ou bien il faut avoir eu Les Confessions au programme dans ses études).

En fait, je pense qu'il faut tout cela à la fois : temps, patience, courage et obligation.

Rousseau aussi était un homme, fût-il écrivain, célèbre et philosophe. Il n'était pas plus saint ou diabolique que Voltaire ou d'autres. C'était surtout un homme obnubilé et dépassé par son propre problème. Personne n'était coupable ni responsable de sa fragilité.

Je ne sais pas trop où ranger ça alors je le pose ici. J'avais envie de dire qu'on trouve aussi de petites pépites dans le monde des blogs.
Mon craquement de cœur de ce jour : Paris d'Inuit !