Le désert

Je démarre ce fil avec une idée derrière la tête et en espérant que vous allez me donner un coup de main. Dans un peu plus d'un mois, si tout va bien, je pars pour une petite semaine de marche dans le désert marocain . Et j'ai envie de me mettre dans l'ambiance, en attendant... D'où ce fil...
alors je commence

Le désert

Quand le Bédouin qui va de l'Horeb en Syrie
Lie au tronc du dattier sa cavale amaigrie,
Et, sous l'ombre poudreuse où sèche le fruit mort,
Dans son rude manteau s'enveloppe et s'endort,
Revoit-il, faisant trêve aux ardentes fatigues,
La lointaine oasis où rougissent les figues,
Et l'étroite vallée où campe sa tribu,
Et la source courante où ses lèvres ont bu,
Et les brebis bêlant, et les boeufs à leurs crèches,
Et les femmes causant près des citernes fraîches,
Ou, sur le sable, en rond, les chameliers assis,
Aux lueurs de la lune écoutant les récits ?
Non, par delà le cours des heures éphémères,
Son âme est en voyage au pays des chimères.
Il rêve qu'Al-Borak, le cheval glorieux,
L'emporte en hennissant dans la hauteur des cieux ;
Il tressaille, et croit voir, par les nuits enflammées,
Les filles de Djennet à ses côtés pâmées.
De leurs cheveux plus noirs que la nuit de l'enfer
Monte un âcre parfum qui lui brûle la chair ;
Il crie, il veut saisir, presser sur sa poitrine,
Entre ses bras tendus, sa vision divine.
Mais sur la dune au loin le chacal a hurlé,
Sa cavale piétine, et son rêve est troublé ;
Plus de Djennet, partout la flamme et le silence,
Et le grand ciel cuivré sur l'étendue immense !

Charles-Marie LECONTE DE LISLE (1818-1894)
(Recueil : Poèmes barbares)


Si vous avez des lectures à me conseiller, tant des romans, que des écrits plus scientifiques ou spirituels... je prends !!!!!!!!!!!!!!!!!

Présent dans ma bibliothèque, mais pas encore lu...

Odette du Puigaudeau : Le Sel du Désert

Présentation de l'éditeur

En 1937, Odette du Puigaudeau et son amie Marion Sénones s'aventurent dans l'une des zones les moins explorées du Sahara central, sur la piste des dernières caravanes de sel.

Chaque année l'Azalaï, qui regroupait plus d'un millier de chameaux, quittait la région de Tombouctou pour gagner, droit, au nord, la dépression de Taoudeni, célèbre depuis l'Antiquité pour ses salines : soit 2 000 km de trajet aller et retour, dans la partie la plus déserte du grand désert. Un livre qui en son temps avait fasciné le jeune Théodore Monod. Et l'un des classiques absolus de la littérature du désert.

theodore Monod, c'est assurement une bonne piste

Méharées de Théodore Monod, chez j'ai lu.

Citation :

Géologue, naturaliste d'une longévité et d'une endurance peu communes, Théodore Monod parcourt depuis soixante ans sa terre de prédilection : le Sahara. Le jeune savant nous entraîne ici dans ses premières Méharées : au cours de ces longs raids à dos de chameau, il va couvrir jusqu'à six cents kilomètres à travers la Mauritanie ou le sud marocain.

c'est la nature qui l'intéresse : falaises, sables et pierres ; scorpions, serpents ou coléoptères ; et cette végétation à la fois si rare et précieuse, dont il nous détaille avec amour formes et couleurs.

et désert de Le Clezio.

Aucun livre ne te transmettra la fièvre, la lumière ou la douleur du désert, le sable qui avance, minéral vivant.

Plonge-s-y.

Ce n'est pas le désert, enfin je ne suis pas certaine mais je l'ai imaginé ainsi La femme des sables Abé Kôbô, et puis un livre que j'ai aimé, une histoire de désert que j'ai trouvé oppressante mais je n'ose à peine le dire avec du recul, je ne connais pas l'auteur et je l'ai lu il y a très très longtemps, Un thé au Sahara par Paul Bowles.

Je ne connais pas le désert mais quand j'ai lu Dune de Frank Herbert , j'ai eu l'impression d'y être (jamais voulu voir le film).


C'est beau ce qu'elle dit du désert, Bernique

Il y a aussi un type, on peut le prendre pour un fou, qui a décidé de marcher pendant 4 ans à travers la Route de la Soie. Les déserts, il en a traversé pendant des mois (mais le Sahara n'en fait pas partie).

Ce fou rêveur est Bernard ollivier qui a transcrit magnifiquement sa longue marche, dans la collection Phebus, qui a décrit le désert et ses nomades avec beaucoup d'émotion. Il y a quelques moi, j'en parlais ici ou là...

oui Utopie, ce que Bernique exprime sur le désert me laisse particulièrement rêveuse !

Le Marathon des Sables, course aventure
en six étapes de 240 kms environ dans le
sable marocain du 27 mars au 06 avril.

rotko a écrit:

Le Marathon des Sables, course aventure
en six étapes de 240 kms environ dans le
sable marocain du 27 mars au 06 avril.

rien que d'y penser... j'en suis épuisée d'avance

Cahier de brouillon. Des poèmes du désert de Chehem Watta
Editions de l'Harmattan

J'ai ce livre dans une de mes listes, je trouverai peut-être un extrait.



Le vent ride le sable puis efface ou recompose les vagues qu'il a dessinées. La caravane abandonne un sillage d'empreintes discontinues comme une écriture inconnue. Le poète nomade pose des phrases-traces et monte des tentes calligrammes sur l'espace vide de la page. Architectures frêles des poèmes qui n'ont d'existence que par l'assemblage nécessaire mais hasardeux de mots et des métaphores. Tirés des possibles, voués peut-être à la rature du temps, les poèmes-signes indiquent un quelque part - oasis ou paradis - où couleraient l'eau, le lait et le miel de la Poésie toute entière ; ils ne sont encore qu'un brouillon, qu'une forme provisoire d'un autre poème, celui qui demeure caché juste derrière l'horizon.

Cinq chants au lyrisme contenu et épuré : le premier, à deux voix, où l'homme et la femme modulent l'éblouissement d'une rencontre ; les quatre autres sont ceux d'une solitude où se mêlent les rumeurs rauques de la ville marine, la mémoire diffuse mais enveloppante du nomade, la brûlure d'être déchiré, l'interrogation lancinante sur soi et sur l'autre. Bruissement sourd d'une voix douloureuse, entaille sur le silence, et ce sillage quelque part dans le coeur de ceux qui l'auront écouté et vu.

des poèmes !

Bernique a écrit:

Aucun livre ne te transmettra la fièvre, la lumière ou la douleur du désert, le sable qui avance, minéral vivant.

Plonge-s-y.

tu parles d'expérience, non ? Tu nous racontes (c'est déjà fait quelque part ?)

C'est toute mon enfance ...
Le sable qui avance et qui fait disparaitre des villes, la piste qui se perd dans le vent de sable, deux ans sans pluie, les puits au milieu de nulle part, mon grand chien jaune efflanqué (Titus) offert par une tribu nomade de passage dans la ville, les bergers qui retrouvent (presque) toujours leur chemin, mais par quel mystère, quelle conjonction avec les étoiles et le soleil, papa qui part une semaine et qui revient avec des histoires de rencontres, de chefs de village, de massage des pieds des invités, de zrig, de méchouis sous la tente, de dattes au sable, d'euphorbe urticant, de bibliothèques en péril inscrites au patrimoine mondial de l'Unesco, une langue que j'ai toujours regretté de ne pas avoir apprise ...


Bon, présenté comme ça on se croirait chez Lawrence d'Arabie.

10°C le matin, 45 °C à midi, du vent de poussière plus que de sable, au mieux de l'eau rouillée parce qu'il faut utiliser celle de la réserve sur le toit, au pire pas d'eau du tout, l'impression de mâcher des grains de sable toute la journée, pas d'ombre, des chèvres qui boulotent à peu près tout, du sac plastique aux quelques prosopis qui survivent, les odeurs décuplées par la chaleur et accessoirement un ou deux coup d'état, un petit bombardement par-ci par-là ...



Imam de Chinguetti (vers ... 1975)

Et mon grand plaisir quand le Paris-Dakar a été définitivement annulé. Je sais, on me dira que ci que ça ... mais pourquoi s'escrimer à arracher la dernière touffe d'herbe à chameau qui retient la dune quand on a des parcs entiers d'herbe grasse à dévaster à sa porte ?

Bernique a écrit:

C'est toute mon enfance ...
Le sable qui avance et qui fait disparaitre des villes, la piste qui se perd dans le vent de sable, deux ans sans pluie, les puits au milieu de nulle part, mon grand chien jaune efflanqué (Titus) offert par une tribu nomade de passage dans la ville, les bergers qui retrouvent (presque) toujours leur chemin, mais par quel mystère, quelle conjonction avec les étoiles et le soleil, papa qui part une semaine et qui revient avec des histoires de rencontres, de chefs de village, de massage des pieds des invités, de zrig, de méchouis sous la tente, de dattes au sable, d'euphorbe urticant, de bibliothèques en péril inscrites au patrimoine mondial de l'Unesco, une langue que j'ai toujours regretté de ne pas avoir apprise ...

Merci, Bernique, ça c'est un post!

Bernique a écrit:

l'impression de mâcher des grains de sable

... que l'on retrouve dans le beurre, emballé, dans le frigo.

Le couscous mangé à même le plat sur le sol de la tente avec la compagnie chaleureuse des bédouins. La hauteur faramineuse des dunes quand on est un bout d'chou de 3 ans, et qui vous laisse une impression d'infini et de beauté indescriptible, toujours présente en mémoire, des années et des années après ....

Le poète du désert, illustrées d'élégantes calligraphies d'Hassan Massoudy.

Antar ( Antara ), guerrier et poète, serait né au VIe siècle des amours entre l'esclave noire Zebiba et l'émir arabe Cheddid. Sa légende fut immortalisée au XIIe siècle, louant sa force au combat, chantant son amour pour la belle Abla et pleurant l'adversité d'être né métis et esclave...

katie a écrit:

Bernique a écrit:

l'impression de mâcher des grains de sable

... que l'on retrouve dans le beurre, emballé, dans le frigo.

Effectivement ... rien n'est à l'abri.

Tiens j'oubliais le pain aux charançons

Citation :

qui vous laisse une impression d'infini et de beauté indescriptible, toujours présente en mémoire, des années et des années après ....

J'en rêve encore régulièrement.

et bien là, je reste sans voix. Simplement... rêveuse.
merci...

je ne connais pas Monod, Fera. Je viens d'aller voir sur wiki, je tenterai peut être l'aventure ... Je pense que je trouverai beaucoup d'enseignements, mais la magie, la poésie, l'amour inconditionnel d'Abbey pour le désert .... je ne sais pas  cet homme est "habité" par le désert, révolté par les actions destructrices des hommes, il connait le nom latin des plantes, les animaux, presque chaque rocher ! il est rude, il exprime la beauté d'une région aride, qui peut paraitre dénuée de charme au commun des mortels, aucun pathos, mais une révolte profonde, un regard aigu sur ceux qui détruisent la magnifique sauvagerie de la nature à l'état brut, sur les indiens que l'on opprime, que l'on enferme dont on veut effacer la culture,à qui l'on vole leur sol.

Ysandre a écrit:

je ne connais pas Monod, Fera.

permettez-moi, Ysandre, de vous présenter Theodore M

Votre Excellence est trop bonne !
j'ai lu tout le fil, mais les avis me semblent très partagés .... on parle de grandiloquence : Abbey n'est pas grandiloquent ! un peu de poésie ... ? Je vais tenter une approche si je trouve ses ouvrages à la médiathèque. De toute façon, ça ouvrira mon horizon sur d'autres déserts ... ils me donnent soif !  
Entre l'Océan et les déserts, je navigue

Merci pour la description, Ysandre, je me laisserais bien tenter par ce désert là.

Pour Monod, je l'ai lu il y a trop longtemps pour me souvenir exactement mais je n'y cherchai pas un style à l'époque chez lui, plutôt une expérience de vie, un témoignage du temps.

ce fil ancien sera aussi à regrouper...

Alors, Fera, si je puis me permettre, commence par désert solitaire c'est avec ce livre que j'ai découvert Edward Abbey (parce que je n'avais pas trouvé le gang des clefs à molette que Rotko proposait).
Là, il vit quelque temps seul dans le désert de l'Utha en prenant un poste de ranger. C'est ainsi que j'ai découvert que je pouvais voir par ses yeux, être émue par ce paysage qu'il décrit avec tant de poésie et d'amour. Ce pourrait être un bouquin chiant, écrit par quelqu'un d'autre : décrire un endroit où il n'y a pas grand chose de vivant, avec un tel sens de la beauté, rendre la lumière, les couleurs, les formes, la vie secrète avec autant de force ! j'en suis encore abasourdie.

Et bien, tout ce que tu dis me donne soif de lire cet Abbey.
Je considère qu'il y a tant à dire sur le moindre grain de sable, un galet, une tempête de sable, un nuage etc. que j'adhère complétement à l'idée d'un roman où il ne se passe pas grand chose mais où c'est juste beau à lire et imaginer.