Aimer les nouvelles (ou pas)

Une canne à pêche pour mon grand-père )
de Xingjian Gao traduit par Noël Dutrait.

Sur GDS* on a aussi des nouvelles indiennes et indonésiennes : voir ces forums

je signale aussi la revue brèves consacrée aux nouvelles, avec ce mois-ci, entre autres, "neige à gaza " de Marie Chotek et une nouvelle d'Edmond About.

on la trouve dans les bibliothèques publiques.

Nestor a écrit:

Une canne à pêche pour mon grand-père )
de Xingjian Gao traduit par Noël Dutrait.

Oui, merci, il fait partie de mes achats... monstrueux !

Pour être honnête, j'ai aussi participé à ce recueil de rencontres au bout du monde.
Si jamais vous voulez l'achetez, le mieux est d'aller le commander dans votre librairie préférée... :-)
A mes yeux, les deux meilleures nouvelles du recueil sont celles de Jean-Philippe Blondel et de Claudie Lefèvre (première publication de cette auteure, mais quelle plume !)

voili voilà.

Java

Voilà qui est franc, et on comprend bien ta démarche. Avoir trouvé une tête d'affiche comme jean philippe Blondel est un bon coup et on espère qu'il jouera un rôle de booster pour vos plumes.

rotko a écrit:

Voilà qui est franc, et on comprend bien ta démarche. Avoir trouvé une tête d'affiche comme jean philippe Blondel est un bon coup et on espère qu'il jouera un rôle de booster pour vos plumes.

C'est surtout la préface qui nous aide quand même sacrément en librairies... C'est Nancy Huston qui l'a réalisée.

Connaissez-vous Annie Saumont ?

on voit en elle la spécialiste française et contemporaine de la nouvelle en tant que genre. Elle définit la nouvelle comme

un texte court avec une intensité dramatique forte, une chute définitivement fermée, et des événements qui ne sont pas tous racontés ; il revient au lecteur de reconstruire les passages manquants.



je suis pas un camion, chez Pocket.

Parmi ses recueils :

La vie çà l’endroit, Mercure de France (1969)
Quelquefois dans les cérémonies, Gallimard (1981), Prix Goncourt de la nouvelle.
Je suis pas un camion, Seghers (1989), Grand Prix de la Nouvelle de la Société des Gens de Lettres
Un soir à la maison, Julliard (2001)

C'est souvent que j'entends dire que des lecteurs n'aiment pas les nouvelles. Je me demande bien pourquoi?
J'aime les romans-fleuves, les pavés, les trilogies, l'auteur qui prend son temps, l'évolution subtile des personnages, les rebondissements de l'action...
Oui, j'aime tout ça.
Mais j'aime aussi les formes courtes, le rythme rapide, les évènements détonnants plantés en quelques phrases précises, les répliques qui en disent plus long qu'un portrait...
Ca n'empêche pas, de mon point de vue.

Alors, dites-moi: qui n'aime pas les nouvelles, et pourquoi?

J'adore les nouvelles. Des plus courtes (et pour moi, le summum restera Fantômes et farfafouilles de Fredric Brown) aux romans courts (les "novellas" anglosaxonnes). C'est un format que j'adore, qui permet de lire un livre avant de s'endormir, de changer d'atmosphère.

Mais c'est un genre extrêmement exigeant, en termes d'auteur ; tous ne savent pas écrire des nouvelles, ficeler une histoire dans un lieu, cerner des personnages, et cela en quelques lignes.

je vais répondre à côté, puis que je les aime bien. Leur forme courte, mais c'est aussi les aspects laissés dans l'ombre qui me plaisent bien.

Sur un autre fil on parlait des témoignages. J'en lis peu parce qu'ils sont le contraire des nouvelles, à mes yeux : récit linéaire, volonté de tout dire et d'expliquer raconter. A ce moment là, je préfère un récit oral.

J'ai hésité devant un pavé "au-dessous du volcan" de malcolm Lowry, mais j'ai bien aimé ses nouvelles, par exemple.

En fait je suis très mal placée pour dire que je n'aime pas les nouvelles car j'ai du en écrire plus de 60
Mais je dois reconnaître que ce n'est pas du tout la même démarche de lecture.
Un roman, on s'en imprègne, on le suit, une nouvelle ça va très vite et parfois, on peut rester sur sa faim...
Mais aimer lire, je pense c'est aussi lire des nouvelles qui sont quand même des histoires.

En ce qui me concerne, les nouvelles sont le complément des gros livres bien épais comme j'en lis parfois.
Souvent, quand je viens de terminer un volume d'une certaine épaisseur, j'aspire à quelque chose de plus court, qui me permet de passer un bon moment sans m'embarquer dans une longue histoire.

Je lis très peu de nouvelles (pour ne pas dire que je n'en lis pas du tout ). Cela vient peut-être du fait que, comme le dit Marie chevalier, la nouvelle est beaucoup plus courte qu'un roman est donc "on reste sur sa faim". En fait, quand on s'attache aux personnages on voudrait que l'histoire dure dure ... et la nouvelle gâche un peu ce côté là. Cependant, ayant bientôt terminé un "pavé" de 1090 pages (il s'agit des "piliers de la terre" de Ken Follett), j'avoue qu'une nouvelle (voire 2 peut-être) serait une bonne idée avant de me plonger dans un autre roman. Si vous avez des idées à me donner pour tenter cette expérience nouvelle pour moi, je suis preneuse

dans un premier temps va
LA

c'est ici sur GDS et ce sont les miennes (du moins une partie )
modestement je me dis que pour commencer, elles sont assez faciles et courtes

désolée les autres mais c'est tentant de répondre à cette question par une pub perso

Merci beaucoup

Récemment, j'ai été séduit par rosetta Loy et les nouvelles très courtes de Cortazar.

En attendant de les trouver, jette un coup d'oeil aux différents écrits sur GDS* avec une mention particulière pour le candélabre d'argent d'Abelardo Castillo traduit en francais par Amadak.

Bon, j'ai bien peu de réponses, finalement!

Tchipette a écrit:

pour moi, le summum restera Fantômes et farfafouilles de Fredric Brown

Je viens de le lire. C'est effectivement un régal, même si les chutes sont un peu attendues, souvent. C'est quand il glisse vers le noir et le glauque qu'il est le meilleur.
Si tu adores, je te conseille vivement Lieux secrets et vilains messieurs, de R.A. Lafferty, un vieux Présence du futur: ce que j'ai lu de mieux en matière de nouvelles depuis trèèès longtemps!

Contes carnivores de Bernard Quiriny
au Seuil, avec une préface d'Enrique Vila-Matas.

Citation :

«Conte carnivore», évoque, à la façon d'Edgar Poe, la tragique destinée d'un botaniste assassiné par ses plantes.

Il y a ainsi quatorze histoires, aussi étranges les unes que les autres, servies par une écriture qui mimétise avec élégance les chroniques anciennes, les ouvrages d'érudition et qui vibre de références littéraires plus ou moins cryptées.

Letemps

Bernard Quiriny, L'angoisse de la première phrase


15 nouvelles entre Borges et Marcel Aymé, chez Phébus.

Je pense que c'est un genre qui convient particulièrement bien au récit fantastique. Le style court et lapidaire permet de plonger le lecteur dans un univers en décalage complet, et de le surprendre rapidement.
Buzzati, Borges, Sternberg, Poe... J'en passe, et des meilleurs !
Mais je suis mauvais juge : j'aime la nouvelle, et j'adore le fantastique, alors...

Citation :

Clarie gisait à coté du trampoline, paisible comme le sommeil, son cou tordu en un angle impossible. Ella aurait voulu détourner le regard, mais elle en était incapable. Les autres enfants, y compris Benjamin, rejoignirent l’endroit où Clarie était étendue et ils formèrent un cercle, certains criant son nom, d’autres se contentant de regarder. Peter glissa le long du mât de pompiers et déboula sur la pelouse en direction de sa sœur. Il écarta Benjamin. D’un orteil, il secoua l’épaule de Clarie, puis il s’agenouilla et la retourna. Un os à nu luisait au niveau de son poignet. Le garçon en salopette violette vomit dans l’herbe. […]

Ce petit extrait pour illustrer un recueil de nouvelles de Julie Orringer : "Comment respirer sous l'eau"

9 nouvelles ayant pour point commun le passage de l'enfance-adolescence à l'adulte. 9 courtes histoires pour découvrir le monde douloureux et cruel dans lequel les enfants vivent. 9 petits récits où l'absence et la maladie d'un proche parent peut détruire la perception du monde d'un enfant.



Présentation de l'éditeur :
Ligoter à une croix un garçon - noir et de père inconnu - pour le flageller, pousser une fillette à sauter dans le vide, tuer les poissons que collectionne sa petite sœur, faire d'une élève le bouc émissaire de sa classe, entraîner une cousine dans un jeu sexuel qui lui échappe... On tremble pour ces enfants et ces adolescentes livrés à eux-mêmes, parce que la maladie, la perte ou l'exclusion d'un de leurs parents menace soudain la construction fragile de leur existence. Les jeux sauvages qu'ils inventent pour explorer les mystères de la vie et les limites de la mort bravent tous les interdits. Le passage à l'âge adulte exige d'inévitables sacrifices. Pour survivre et grandir, il faut d'abord apprendre à respirer sous l'eau. Les nouvelles de Julie Orringer sont lyriques, violentes, et terriblement justes. Ce premier livre affirme un sens du tragique et une maîtrise de style qui la placent dans la lignée de Flannery O'Connor.

Une agréable surprise : toutes les nouvelles ne sont peut-être pas forcément du même niveau, mais qui suis-je pour dire que finalement certaines sont réussies et d'autres moins ? En fait, je trouve certaines plus touchantes, d'autres m'ont moins émues ou moins passionnées. Si l'éditeur mentionne comme référence Flannery O'Connor (désolé mais je suis inculte), moi certaines histoires me faisaient penser à Joyce Carol Oates... Mais pour un premier roman, cela pourrait bien être une auteur à suivre...

traversine a écrit:

Je pense que c'est un genre qui convient particulièrement bien au récit fantastique.

il y avait aussi Fredric Brown et ses histoires de Martiens (mi humour ravageur, mi science-fiction complètement affranchie des contraintes technologiques), qui s'était illustré dans le genre de la short short story nouvelle ultra-courte d'une a deux pages, généralement avec une chute féroce. Il y a eu aussi Ambrose Bierce (encore plus fantastique mais moins efficace)...

Flannery o Connor : La sagesse dans le sang chez Gallimard ou les aventures rocambolesques d’Hazel Motes, un prédicateur du Sud qui parcourt la campagne pour convertir la populace à sa secte, l’Eglise sans Christ. Petit-fils d’un évangéliste, il sombre dans les excès (violence, sexe, etc.).

et Les Braves Gens ne courent pas les rues chez Folio

[url]Genevieve Brisac[/url] lui a consacré une étude; et comme elle cite dans la marche du cavalier des femmes auteurs de nouvelles que j'aime beaucoup, comme Rosetta Loy et d'autres bonnes adresses, je pense que Flannery o Connor mérite qu'on la lise, d'autant qu'elle est très appréciée pour ses nouvelles..

Je lis des nouvelles mais de façon épisodique. Comme rotko, ce qui me plaît ce sont les aspects laissés dans l'ombre. Et puis l'auteur est obligé d'être concis.
Pour moi, le génie de la nouvelle reste Maupassant. En quelques pages il parvient à nous raconter une tranche de vie d'une manière lapidaire et percutante.

Ensuite j'affectionne particulièrement les nouvelles de Yoko Ogawa (un thé qui ne refroidit pas), Truman Capote (en anglais) ou Fransisco Coloane.
Plus récemment je viens de découvrir deux nouvelles de Jean Rhys et je recommande vivement "Qu'ils appellent ça du Jazz".

J'espère bientôt découvrir les Histoires des îles de Jack London...

Pfff, je suis sûre que j'en oublie plein.

Moon a écrit:

Pfff, je suis sûre que j'en oublie plein.

Ben, Quiroga!