Hermann Hesse [Allemagne/Suisse]

Knulp est l'un des premiers romans d'Hermann Hesse, il devance les livres que la plupart considèrent comme ses chefs-d'oeuvre. Sa conception est plus simple, moins tortueuse, plus directe, allant plus rapidement à l'essentiel. Vingt ans (et des poussières...) après l'avoir lu, je me souviens encore très bien du dénouement et de la philosophie de la vie qui s'en dégage, très belle, très simple dans son caractère implacable, une forme d'amor fati teinté de sagesse orientale.

Par la suite, Hermann Hesse connaîtra plusieurs crises personnelles, le conduisant à entreprendre une longue analyse sous la conduite d'un disciple de Carl Gustav Jung. En sortiront des oeuvres plus complexes. Le premier roman inspiré de cette quête est Demian, que je te conseille également.

Plus tard, par-delà ces années de crise, Le Voyage en Orient, roman à clef, dont la trame et l'esprit m'ont souvent donné matière à réflexion, prélude à son Grand Oeuvre, Le Jeu des perles de verre, parfois aride dans ses digressions, mais dont le dénouement lui aussi, nous reconduit à la simplicité des origines...

Siddharta a été mon unique approche de Hesse, il y a longtemps, et donc aussi comme la plupart de vous dans ma jeunesse.

Dans mes souvenirs lointains et nébuleux, il y avait cette approche de la culture orientale et de la spiritualité en Inde qui m'avait apporté quelques connaissances intéressantes et m'avait vraiment intriguée alors que je n'en connaissais à l'époque (quoiqu'encore maintenant...) pas grand chose.
J'en garde sans doute une bonne impression puisque j'ai toujours gardé à l'esprit que j'avais à lire d'autres Hesse.

Après ça, je crois que j'avais enchaîné sur "Ainsi parlait Zarathoustra" de Nietzsche pour poursuivre sur les chemins initiatiques de la sagesse.

Siddharta est une étape sur le chemin de la connaissance que déroule l'oeuvre d'Hermann Hesse. Une étape importante pour quelques jeunes occidentaux en quête de sagesse. Mais d'autres ont accompli leur Voyage en Orient sous des horizons souvent plus proches.

Tu fais référence à Nerval et Lamartine ? ou d'autres encore ? (je découvre "Voyage en orient")

L'Orient évoqué par Hermann Hesse, c'est l'Inde, l'extrême Orient.

L'Orient de Lamartine et Nerval, ce sont le Proche et le Moyen-Orient.

Outre ces différences géographiques, à près de cent ans de distance, l'Orient représenta surtout pour ces écrivains européens l'Orient de l'âme.

Tandis que de l'autre côté de l'Océan, les Américains cherchaient l'Or à l'Ouest... question de point de vue.

Plus de 20 000 lettres d’amis et d’admirateurs reposent aux Archives littéraires à Berne.

«il n’y a plus beaucoup d’études ou de colloques autour de Hermann Hesse», constate Rudolf Probst. Mais l’écrivain reste un des auteurs les plus traduits et les plus lus au monde. Entre 140 et 150 millions de volumes circulent en toutes langues. Encore aujourd’hui, ses œuvres font vivre les Editions Suhrkamp, détentrices des droits. Pour le cinquantenaire de son décès, les Archives ont exposé 49 traductions différentes du Loup des steppes ainsi que le tapuscrit original de ce best-seller absolu et celui de Siddhartha.

«Mais désormais, remarque Rudolf Probst, Hesse est plutôt considéré comme un auteur pour adolescents en quête de réponses à leurs inquiétudes existentielles. Ce qu’il a été, et est encore, pour beaucoup, moi par exemple dans ma jeunesse!» Dans le dossier que la revue des Archives littéraires Quarto a consacré à l’écrivain, figure un témoignage significatif du musicien Urs Frauchiger, né en 1936. Evoquant le concert donné pour les 85 ans de l’écrivain, quelques mois avant sa mort, il constate que le guide qui avait éclairé ses années de formation est devenu obsolète du jour au lendemain «pour sa génération sceptique».

in le Temps.

Je viens de terminer Le loup des steppes après avoir découvert l'auteur par Damian peu de temps auparavant.

J'ai lu le livre sur environ deux mois, donc j'ai un peu de mal à m'en faire une idée synthétique, d'autant qu'il m'a semblé très décousu....

On suit Henri Haller, homme sombre, mais plus ennemi de lui même que des autres, à travers ses différentes rencontres de hasard, rencontres qui lui renvoient des images différentes de lui même. Chaque rencontre est un miroir dans lequel il découvre une facette de sa personnalité.

Il est hanté par cette face sombre de lui même, qu'il appelle le loup de steppes, qui semble être la représentation de la pulsion de mort. Il aspire à une vie confortable, mais refuse la vie bourgeoise; Il a peur des femmes, mais va découvrir le plaisir de danser et l'érotisme grâce à une prostituée.

Le récit est très symbolique, onirique. J'ai eu l'impression, probablement fausse, qu'il écrivait après avoir consommé des substances type LSD, qui déforment la réalité, ce qui explique son succès dans les années 1970.

J'y ai retrouvé des échos avec les films de Kubrick, par exemple ce passage:
p.226 de l’édition du livre de poche

Citation :

C'était la seule chose qui subsistait chez l'homme véritable, après qu'il eut enduré les souffrances, les vices, les égarements, les passions, les malentendus de l'humanité, puis atteint l'éternité, l'espace cosmique. Cette "éternité ne représentait rien d'autre qu'un affranchissement du temps, qui revenait en quelque sorte au stade de l'innocence, se transformait à nouveau en espace."

Ce passage m'a fait penser à la fin de 2001 l'Odyssée de l'espace, lorsque le héros voyage à travers un espace strié de lumière, puis arrive à une chambre où un vieillard se transforme en enfant, puis de nouveau on repart dans l'espace. (d'après mes souvenirs!!)

La fin sur le bal masqué m'a aussi évoqué Eyes wide shut.

Et enfin, ils partagent le même dégoût de ce qui est militaire.

Pour ce qui est de la fin du livre, on quitte tellement la réalité, que je ne sais pas quoi en penser..

Le livre me semble intéressant à lire, plus pour avoir le reflet d'une époque, d'une pensée plutôt originale à mon avis, que parce que j'ai pris un vrai plaisir à le lire.