Forum littérature, roman, polar, poésie, théâtre, BD, SF, auteurs et livres du monde entier sur le forum littéraire et tous les arts, cinéma, peinture ...
Une table conviviale pour parler des livres, des spectacles, et goûter aux plaisirs des mots. |
| | L'amour, la poésie | |
|
+20vtarallo [D]ark-Siren Maya bencherif Titania poeme Garance Constance Merwyn Amadak Utopie bulle swallow Théagène Seuguh loupiote Dona Provence coline rotko 24 participants | |
Auteur | Message |
---|
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: L'amour, la poésie Jeu 23 Fév 2006, 17:31 | |
| Sur ce fil, on pourrait regrouper des poèmes d'amour. vous en connaissez au moins ? | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: L'amour, la poésie Jeu 23 Fév 2006, 17:37 | |
| Ton ventre doux comme la neige Tes mains plus douces que tes mains Toutes les mains renouvelées Un seul instant entre les tiennes Belle d'avoir toute beauté Dans la douleur qui accompagne Tes pleurs aux nôtres confondus Ta joie plus forte que nos cris Calme poitrine que décorent La racine la flamme nue Plus désirée d'être conquise Tu dissimules tes oiseaux Toi seule aidée de tes caresses Tu me protèges tu me vêts.
Eugène Guillevic.
Dernière édition par le Jeu 23 Fév 2006, 17:39, édité 1 fois | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: L'amour, la poésie Jeu 23 Fév 2006, 17:37 | |
| La double pêche de tes seins Dans la coupe de la journée Voici que ton ventre se lève Entre les branches du figuier Que la chambre se met à battre Comme une tempe délicate Et qu’un versant du ciel inonde Etendue la plus belle au monde sous ta douce main déroulée Pareille aux crosses des fougères Pénétrerai-je le mystère D’une chair a l‘âme gagnée Comme une eau très fraîche qu’on tire Avec lenteur du fond du puits Tu te recouvres d’une buée Qui dissimule ton sourire Mes doigts possèdent le secret De t’éveiller de t’épanouir De te perdre avant de dormir Comme une enfant dans la forêt.
R.G Cadou "Hélène ou le règne végétal" | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: L'amour, la poésie Jeu 23 Fév 2006, 17:56 | |
| Je t'aime Je t'aime pour toutes les femmes que je n'ai pas connues Je t'aime pour tous les temps où je n'ai pas vécu Pour l'odeur du grand large et l'odeur du pain chaud Pour la neige qui fond pour les premières fleurs Pour les animaux purs que l'homme n'effraie pas Je t'aime pour aimer Je t'aime pour toutes les femmes que je n'aime pas
Qui me reflète sinon toi-même je me vois si peu Sans toi je ne vois rien qu'une étendue déserte Entre autrefois et aujourd'hui Il y a eu toutes ces morts que j'ai franchies sur de la paille Je n'ai pas pu percer le mur de mon miroir Il m'a fallu apprendre mot par mot la vie Comme on oublie
Je t'aime pour ta sagesse qui n'est pas la mienne Pour la santé Je t'aime contre tout ce qui n'est qu'illusion Pour ce coeur immortel que je ne détiens pas Tu crois être le doute et tu n'es que raison Tu es le grand soleil qui me monte à la tête Quand je suis sûr de moi. ELUARD | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: L'amour, la poésie Jeu 23 Fév 2006, 18:09 | |
| Aimons toujours ! Aimons encore !... Aimons toujours ! Aimons encore ! Quand l'amour s'en va, l'espoir fuit. L'amour, c'est le cri de l'aurore, L'amour c'est l'hymne de la nuit.
Ce que le flot dit aux rivages, Ce que le vent dit aux vieux monts, Ce que l'astre dit aux nuages, C'est le mot ineffable : Aimons !
L'amour fait songer, vivre et croire. Il a pour réchauffer le coeur, Un rayon de plus que la gloire, Et ce rayon c'est le bonheur !
Aime ! qu'on les loue ou les blâme, Toujours les grand coeurs aimeront : Joins cette jeunesse de l'âme A la jeunesse de ton front !
Aime, afin de charmer tes heures ! Afin qu'on voie en tes beaux yeux Des voluptés intérieures Le sourire mystérieux !
Aimons-nous toujours davantage ! Unissons-nous mieux chaque jour. Les arbres croissent en feuillage ; Que notre âme croisse en amour !
Soyons le miroir et l'image ! Soyons la fleur et le parfum ! Les amants, qui, seuls sous l'ombrage, Se sentent deux et ne sont qu'un !
Les poètes cherchent les belles. La femme, ange aux chastes faveurs, Aime à rafraîchir sous ses ailes Ces grand fronts brûlants et réveurs.
Venez à nous, beautés touchantes ! Viens à moi, toi, mon bien, ma loi ! Ange ! viens à moi quand tu chantes, Et, quand tu pleures, viens à moi !
Nous seuls comprenons vos extases. Car notre esprit n'est point moqueur ; Car les poètes sont les vases Où les femmes versent leur coeurs.
Moi qui ne cherche dans ce monde Que la seule réalité, Moi qui laisse fuir comme l'onde Tout ce qui n'est que vanité,
Je préfère aux biens dont s'enivre L'orgueil du soldat ou du roi, L'ombre que tu fais sur mon livre Quand ton front se penche sur moi.
Toute ambition allumée Dans notre esprit, brasier subtil, Tombe en cendre ou vole en fumée, Et l'on se dit : " Qu'en reste-t-il ? "
Tout plaisir, fleur à peine éclose Dans notre avril sombre et terni, S'effeuille et meurt, lis, myrte ou rose, Et l'on se dit : " C'est donc fini ! "
L'amour seul reste. O noble femme Si tu veux dans ce vil séjour, Garder ta foi, garder ton âme, Garder ton Dieu, garde l'amour !
Conserve en ton coeur, sans rien craindre, Dusses-tu pleurer et souffrir, La flamme qui ne peut s'éteindre Et la fleur qui ne peut mourir ! VICTOR HUGO | |
| | | Provence pilier
Nombre de messages : 2166 Age : 63 Localisation : Au bord de la mer... Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: L'amour, la poésie Jeu 23 Fév 2006, 20:59 | |
| Sarah Paroles de Georges Moustaki Chantée par Serge Reggiani
La femme qui est dans mon lit N'a plus vingt ans depuis longtemps Les yeux cernés par les années Par les amours au jour le jour La bouche usée par les baisers Trop souvent, mais trop mal donnés Le teint blafard malgré le fard Plus pâle qu'une tache de lune
La femme qui est dans mon lit N'a plus vingt ans depuis longtemps Les seins si lourds de trop d'amour Ne portent pas le nom d'appats Le corps lassé trop caressé Trop souvent, mais trop mal aimé Le dos voûté semble porter Des souvenirs qu'elle a dû fuir
La femme qui est dans mon lit N'a plus vingt ans depuis longtemps Ne riez pas, n'y touchez pas Gardez vos larmes et vos sarcasmes Lorsque la nuit nous réunit Son corps, ses mains s'offrent aux miens Et c'est son cœur couvert de pleurs Et de blessures.....qui me rassure | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: L'amour, la poésie Jeu 23 Fév 2006, 23:56 | |
| L'original est toujours tellement plus beau...
Cuerpo de mujer, blancas colinas, muslos blancos, te pareces al mundo en tu actitud de entrega. Mi cuerpo de labriego salvaje te socava y hace saltar el hijo del fondo de la tierra.
Fui solo como un túnel. De mí huían los pájaros y en mí la noche entraba su invasión poderosa. Para sobrevivirme te forjé como un arma, como una flecha en mi arco, como una piedra en mi honda.
Pero cae la hora de la venganza, y te amo. Cuerpo de piel, de musgo, de leche ávida y firme. Ah los vasos del pecho! Ah los ojos de ausencia! Ah las rosas del pubis! Ah tu voz lenta y triste!
Cuerpo de mujer mía, persistiré en tu gracia. Mi sed, mi ansia sin límite, mi camino indeciso! Oscuros cauces donde la sed eterna sigue, y la fatiga sigue, y el dolor infinito.
Pablo Neruda
Une traduction:
Corps de femme, blanches collines, cuisses blanches, l'attitude du don te rend pareil au monde. Mon corps de laboureur sauvage, de son soc a fait jaillir le fils du profond de la terre.
je fus comme un tunnel. Déserté des oiseaux, la nuit m'envahissait de toute sa puissance. pour survivre j'ai dû te forger comme une arme et tu es la flèche à mon arc, tu es la pierre dans ma fronde.
Mais passe l'heure de la vengeance, et je t'aime. Corps de peau et de mousse, de lait avide et ferme. Ah! le vase des seins! Ah! les yeux de l'absence! ah! roses du pubis! ah! ta voix lente et triste!
Corps de femme, je persisterai dans ta grâce. Ô soif, désir illimité, chemin sans but! Courants obscurs où coule une soif éternelle et la fatigue y coule, et l'infinie douleur. | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: L'amour, la poésie Jeu 23 Fév 2006, 23:59 | |
| Et la fameuse chanson interprétée par Edith Piaf:
L'hymne à l'amour
Le ciel bleu sur nous peut s'effondrer Et la terre peut bien s'écrouler Peu m'importe si tu m'aimes Je me fous du monde entier. Tant qu'l'amour inond'ra mes matins Tant que mon corps frémira sous tes mains Peu m'importe les problèmes Mon amour puisque tu m'aimes.
J'irais jusqu'au bout du monde, Je me ferais teindre en blonde, Si tu me le demandais. J'irais décrocher la lune, J'irais voler la fortune, Si tu me le demandais . Je renierais ma patrie, Je renierais mes amis, Si tu me le demandais. On peut bien rire de moi Je ferais n'importe quoi Si tu me le demandais.
Si un jour la vie t'arrache à moi, Si tu meurs que tu sois loin de moi, Peu m'importe si tu m'aimes, Car moi je mourrais aussi. Nous aurons pour nous l'éternité Dans le bleu de toute l'immensité, Dans le ciel plus de problèmes Mon amour crois-tu qu'on s'aime Dieu réunit ceux qui s'aiment. | |
| | | Provence pilier
Nombre de messages : 2166 Age : 63 Localisation : Au bord de la mer... Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: L'amour, la poésie Ven 24 Fév 2006, 11:36 | |
| Elégie XIX : Going to bed (je préfère le titre original à sa traduction : Le coucher de sa maîtresse) John Donne (Elégies ) traduit par J. Fuzier et Y. Denis - Poésie/Galimard
Madame, allons ! la fièvre du labeur m'empoigne, Et je meurs de besoin si je ne m'embesoigne ! L'ennemi qui souvent aperçoit l'ennemi Sans jamais l'engager n'est plus tant affermi, Otez cette ceinture, heureuse galaxie De l'astre le plus beau de la cosmographie ; Dégrafez maintenant l'éclatant corselet Où s'arrête des sots le regard indiscret ; Délacez-vous : cette musique ensorceleuse M'annonce du coucher l'heure délicieuse. Otez ce busc heureux que toujours j'envierai De demeurer si calme en demeurant si près. Votre robe enlevée évoque la féérie De l'ombre abandonnant la campagne fleurie. Otez ce tortil roide, et que brille à mes yeux Le diadème seul de vos souples cheveux. Et maintenant, pieds nus, et d'un pas peu farouche, Pénétrez dans le temple, en cette molle couche. C'est dans ce blanc linon que les Anges, jadis, Aux homme paraissaient. Le divin Paradis Qui partout t'accompagne est celui du Prophète ; S'il arrive qu'un Noir Esprit de blanc se vète, Il n'est point malaisé de percer son faux air : Il peut bien faire arcer le poil, mais pas la chair. Laisse, laisse quêter ma main buissonnière Par-dessus, par-dessous, entre, devant, derrière ! Terre-Neuve ! Amérique ! ô ma possession, Qu'un seul homme garnit mieux qu'une garnison ! Ma mine de pierres précieuses, mon Empire, Dont l'exploration m'est bienheureux délire ! A qui entre ces noeuds liberté point ne faut : Donc où j'ai mis la main j'apposerai mon sceau. Totale nudité, toutes joies te sont dues ! Il n'est qu'âmes sans chair et que chairs dévêtues Pour jouir pleinement, femmes, vos affiquets Sont pommes d'Atalante, offertes aux benêts, Dont les yeux allumés de terrestre appétence, Convoitant l'attribut, négligent la substance. Tableau, libre profane et richement relié. De la Femme tel est l'aspect séculier. Mais en Livre Mystique elle ne doit paraître, Faire honneur de la grâce imputée à son être, Qu'à nous seuls. Aussi bien, pour mon enseignement, Comme à la sage-femme, offre-toi, largement. Ote, ôte ce lin candide ! La pénitence Ici n'est pas de mise, encor moins l'inoncence. Regarde, je suis nu. Je ne vois pas pourquoi Tu te voudrais couvrir d'autre chose que moi.
Dernière édition par le Mar 28 Fév 2006, 10:27, édité 1 fois | |
| | | Provence pilier
Nombre de messages : 2166 Age : 63 Localisation : Au bord de la mer... Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: L'amour, la poésie Ven 24 Fév 2006, 11:43 | |
| To wait an Hour - is long - If Love be just beyond - To wait Eternity - is short - If Love reward the end -
Emily Dickinson
Je vous propose la traduction de Claire Malroux, dans l'édition bilingue Poésie/Gallimard, des Quatrains de l'auteur :
Attendre une Heure - est long - Si l'amour est en vue - Attendre l'Eternité - est bref - Si l'Amour est au bout - | |
| | | Provence pilier
Nombre de messages : 2166 Age : 63 Localisation : Au bord de la mer... Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: L'amour, la poésie Ven 24 Fév 2006, 13:26 | |
| Toujours l'amour
Sous les lueurs des plantes rares les joues roses des cerisiers les diamants de la distance Et les perles dont elle se pare Sous les lustres des flaques tièdes A travers la campagne hachée A traverse les sommeil tranchés A travers l'eau et les ornières les pelouses des cimetières A travers toi Au bout du monde Le monde couru pas à pas Ton amour sous la roue du soir A peine la force de ce geste de désespoir A peine l'eau ridée sur le cours de ton sein Contre le parapet fragile du destin J'aime ces flocons blancs de la pensée perdue dans le vent de l'hiver et le printemps mordu Mon esprit délivré de ces chaînes anciennes Et que la rouille a dénouées Pour me serrer plus fort aujourd'hui dans les tiennes.
Pierre Reverdy - Sources du Vent (Poésie/Gallimard) | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: L'amour, la poésie Sam 25 Fév 2006, 11:02 | |
| J'ai tant rêvé de toi
J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité. Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant Et de baiser sur cette bouche la naissance De la voix qui m'est chère?
J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués En étreignant ton ombre A se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas Au contour de ton corps, peut-être. Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante Et me gouverne depuis des jours et des années, Je deviendrais une ombre sans doute. O balances sentimentales.
J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps Sans doute que je m'éveille. Je dors debout, le corps exposé A toutes les apparences de la vie Et de l'amour et toi, la seule qui compte aujourd'hui pour moi, Je pourrais moins toucher ton front Et tes lèvres que les premières lèvres et le premier front venu.
J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, Couché avec ton fantôme Qu'il ne me reste plus peut-être, Et pourtant, qu'a être fantôme Parmi les fantômes et plus ombre Cent fois que l'ombre qui se promène Et se promènera allègrement Sur le cadran solaire de ta vie.
Robert Desnos, "Corps et biens". | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: L'amour, la poésie Mar 28 Fév 2006, 10:16 | |
| - Provence a écrit:
- Elégie XIX : Going to bed
(je préfère le titre original oui, oui, le titre original ! | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: L'amour, la poésie Mar 28 Fév 2006, 10:17 | |
| Ballade du dernier amour de Charles Cros
Amours heureux ou malheureux, Lourds regrets, satiété pire, Yeux noirs veloutés, clairs yeux bleus, Aux regards qu'on ne peut pas dire, Cheveux noyant le démêloir Couleur d'or, d'ébène ou de cuivre, J'ai voulu tout voir, tout avoir Je me suis trop hâté de vivre.
Je suis las. Plus d'amour. Je veux Vivre seul, pour moi seul d'écrire Jusqu'à l'odeur de tes cheveux, Jusqu'à l'éclair de ton sourire, Dire ton royal nonchaloir, T'évoquer entière en un livre Pur et vrai comme ton miroir, Je me suis trop hâté de vivre.
En tes bras j'espérais pouvoir Attendre l'heure qui délivre ; Tu m'as pris mon tour. Au revoir. Je me suis trop hâté de vivre. | |
| | | Dona pilier
Nombre de messages : 236 Age : 60 Localisation : L.A Date d'inscription : 25/01/2006
| Sujet: Re: L'amour, la poésie Jeu 30 Mar 2006, 22:00 | |
| Oui, j'en connais un que semble avoir repris en partie Lavilliers, le chanteur:
Le passé qui survit
Je laisserai le lit comme elle l'a laissé, défait et rompu, les draps emmêlés, *afin que la forme de son corps reste empreinte à côté du mien.
Jusqu'à demain, je n'irai plus au bain, je ne porterai pas de vêtements et je ne peignerai pas mes cheveux, de peur d'effacer les caresses.
Ce matin, je ne mangerai pas, ni ce soir, et sur mes lèvres, je ne mettrai ni rouge ni poudre, afin que son baiser demeure.
Je laisserai les volets clos et je n'ouvrirai pas la porte, de peur que le souvenir resté ne s'en aille avec le vent.
LVII La Chanson de Bilitis Pierre Louÿs
ps: reprise Lavilliers: "Je laisserai le lit comme elle l'a laissé, défait et rompu, les draps emmêlés Afin que la lumière retienne Son ombre nue dans les persiennes..."
Jolie mystification cette Bilitis, un personnage tout de go inventé par un Pierre Louÿs de 24 ans et qui a fait croire que la jeune grecque avait rééllement vécu. A dire vrai, à part les niaiseries érotico-saphiques que pouvait photographier David Hamilton il y a de cela 30 ans (ces jeunes grâces toutes blondes et longilignes saisies dans une sensualité brumeuse), je ne m'étais jamais penchée sur cet ouvrage. J'ai donc commencé aujourd'hui. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: L'amour, la poésie Ven 31 Mar 2006, 11:15 | |
| De pierre Louys, il ya aussi les aventures du roi pausole, conte libertin mis en musique par Honegger.
On chuchote dans les milieux informés que le grand Eunuque aurait eu pour modèle André Gide.... | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: L'amour, la poésie Ven 19 Mai 2006, 11:23 | |
| Il n'y a pas d'amour heureux
--------------------------------------------------------------------------------
Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix Et quand il croit serrer son bonheur il le broie Sa vie est un étrange et douloureux divorce
Il n'y a pas d'amour heureux
Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes Qu'on avait habillés pour un autre destin A quoi peut leur servir de se lever matin Eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes
Il n'y a pas d'amour heureux
Mon bel amour mon cher amour ma déchirure Je te porte dans moi comme un oiseau blessé Et ceux-là sans savoir nous regardent passer Répétant après moi les mots que j'ai tressés Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent
Il n'y a pas d'amour heureux
Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop tard Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare
Il n'y a pas d'amour heureux
Il n'y a pas d'amour qui ne soit à douleur Il n'y a pas d'amour dont on ne soit meurtri Il n'y a pas d'amour dont on ne soit flétri Et pas plus que de toi l'amour de la patrie Il n'y a pas d'amour qui ne vive de pleurs
Il n'y a pas d'amour heureux Mais c'est notre amour à tous les deux
Louis Aragon (La Diane Francaise, Seghers 1946) | |
| | | Provence pilier
Nombre de messages : 2166 Age : 63 Localisation : Au bord de la mer... Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: L'amour, la poésie Ven 19 Mai 2006, 11:59 | |
| Tu es arrivée dans ma famine, tu as posé ton corps dans le chant de mes mains, couverte d'une ombre que j'ai saisie à flanc là, où depuis des années j'attendais. Mon apparence se dénouait, c'était un jour comme les autres, mais la lumière était plus pure. Le livre que tu as ouvert n'est pas encore écrit. Dans la chambre, ton dos a laissé une empreinte que je nefface jamais. Je ne fais plus le lit, son désordre me reçoit, à découvert, comme une bête craintive dans l'inachevé de ton dieu clair.
Dominique Sampiero | |
| | | Provence pilier
Nombre de messages : 2166 Age : 63 Localisation : Au bord de la mer... Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: L'amour, la poésie Ven 19 Mai 2006, 12:02 | |
| J'ai le coeur
J'ai le coeur si plein de joie Qu'il transmue Nature ; Le gel me semble fleur blanche, vermeille et dorée. Avec le vent et la pluie Mon bonheur s'accroît ; C'est pourquoi mon Prix s'exalte Et mon chant s'épure. J'ai tant d'amour au coeur De joie et de douceur Que frimas est une fleur et neige, verdure.
Bernard de ventadour (XIIème siècle) | |
| | | Provence pilier
Nombre de messages : 2166 Age : 63 Localisation : Au bord de la mer... Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: L'amour, la poésie Ven 19 Mai 2006, 12:08 | |
| A ANNE POUR BAISER
Anne je vous en supplie, à baiser aprennez, A baiser aprennez, Anne, je vous supplie, Car parmi les plaisirs qu'en amour on publie, Les baisers sont divins quand ils sont bien donnez.
Je suis, et comme moi plusieurs sont étonnez, Ayant ainsi la bouche en beautés acomplie, Et de si bonne odeur l'ayant ainsi remplie, Qu'à baiser un peu mieux vous ne vous adonnez.
Ce n'est pas tout que d'être ensemble bec à bec, Les lèvres se pressant d'un baiser toujours sec, Il faut que l'une langue avec l'autre s'assemble,
Ores à son ami doucement la donnant, Ores de son ami doucement la prenant, La suçant, étreignant, et mordant tout ensemble.
Olivier de Magny (1529-1561)
Les trois poèmes ci-dessus sont extraits de la revue Poésie 1/Vagabondages, n° 2, juin 1995. | |
| | | coline pilier
Nombre de messages : 3986 Date d'inscription : 04/01/2006
| Sujet: Re: L'amour, la poésie Ven 19 Mai 2006, 17:40 | |
| Provence, le poète que tu viens de poster me fait repenser à celui-ci, de Pierre de Ronsard:
Quand au temple nous serons
Quand au temple nous serons Agenouillés, nous ferons Les dévots selon la guise De ceux qui pour louer Dieu Humbles se courbent au lieu Le plus secret de l'église.
Mais quand au lit nous serons Entrelacés, nous ferons Les lascifs selon les guises Des amants qui librement Pratiquent folâtrement Dans les draps cent mignardises.
Pourquoi donque, quand je veux Ou mordre tes beaux cheveux, Ou baiser ta bouche aimée, Ou toucher à ton beau sein, Contrefais-tu la nonnain Dedans un cloître enfermée ?
Pour qui gardes-tu tes yeux Et ton sein délicieux, Ta joue et ta bouche belle ? En veux-tu baiser Pluton Là-bas, après que Charon T'aura mise en sa nacelle ?
Après ton dernier trépas, Grêle, tu n'auras là-bas Qu'une bouchette blêmie ; Et quand mort, je te verrais Aux Ombres je n'avouerais Que jadis tu fus m'amie.
Ton teint n'aura plus de peau, Ni ton visage si beau N'aura veines ni artères : Tu n'auras plus que les dents Telles qu'on les voit dedans Les têtes des cimetieres.
Donque, tandis que tu vis, Change, maîtresse, d'avis, Et ne m'épargne ta bouche : Incontinent tu mourras, Lors tu te repentiras De m'avoir été farouche.
Ah, je meurs ! Ah, baise-moi ! Ah, maîtresse, approche-toi ! Tu fuis comme faon qui tremble. Au moins souffre que ma main S'ébatte un peu dans ton sein, Ou plus bas, si bon te semble.
Ce poème a été mis en musique et chanté par Guy Béart. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: L'amour, la poésie Mar 23 Mai 2006, 06:31 | |
| PARLEZ-MOI D'AMOUR
" Afin que vif et mort ton corps ne soit que roses. " Pierre DE RONSARD
Je la vis pour la première fois en quatre-vingt-trois. Marie-Jeanne, c'était son nom, et elle raffolait de parfums. Elle habitait avec un mainate, imitateur magistral de sa sonnette, possédait un poisson dans un bocal et rien d'autre : sinon des parfums. Une fois la trentaine venue, il lui arriva de croire, généralement le premier dimanche du mois, qu'elle puait au dedans, d'une puanteur pernicieuse, comme si son âme était moisie. Alors, elle s'envoyait une petite gorgée.
Elle était si maigre, la peau sur les os, mais voulait régner jusque dans sa carcasse et embaumer de la tête aux pieds, bien qu'uniquement dans son intériorité. Elle se lavait à peine, et sa chambre de quatre sur cinq, de même : ça faisait un bail qu'elle ne l'astiquait plus. Le dehors n'en valait pas la chandelle.
Elle buvait de préférence Paloma Picasso, car ça faisait chic, vachement chic. Civilisée, elle l'était, Marie-Jeanne : elle avait lu Rousseau, et Voltaire, toute sa jeunesse absolument convaincue que chacun est bon par nature dans le meilleur des mondes possibles.
Naturellement, il y avait eu des amants, des mecs le plus souvent ne valant pas tripette, mais un surtout dont un bête petit portrait ornait encore son buffet. C'était Joey à la casquette de base-ball, qui l'avait affreusement empaumée, l'un ou l'autre dimanche infect, avec l'une ou l'autre poule tout aussi infecte.
Voici comment elle avait rencontré Joey. Un soûlot avait d'un jet puissant et de sa plus belle écriture pissé dans la neige les lettres Aï luv you, juste devant sa porte. Pissé, oui monsieur ! Et c'était Joey à la casquette de base-ball.
Une voisine, plus tard, la tenait à l'œil. Le plus souvent ce premier dimanche, au crépuscule, les sirènes venaient, l'emmenaient - sirènes de la mer, comme elle disait - sur l'autre rive de La Lys nauséabonde : vers cette clinique où c'était toujours dimanche, toute la semaine, pour Marie-Jeanne, madone du dimanche.
C'était fin quatre-vingt-trois, je me souviens, parce que je suis assez fou pour retenir qui meurt, où et quand : cette année-là mon père, ma mère, et quelque part à Paris - le jour de la Saint-Nicolas - Lucienne Boyer autrefois adulée pour Parlez-moi d'amour. Alors, dans un hall de jeux, je vis Marie-Jeanne, hurlant des injures délirantes au jackpot. Elle portait une jupe trop ample, une blouse à travers laquelle on pouvait reluquer d'un œil impie des nichons trop longtemps et trop égoïstement suçotés. Un regard du genre L'amour ? Ne m'en parlez pas.
Mai pourtant revint, moins de six mois plus tard, la plupart des lys n'étaient pas encore en fleurs, et j'apportai des fleurs à la clinique. Mais elle ? Elle trouvait que les fleurs sentent mauvais, surtout les lys, oui même les gens, surtout les hommes. Moi aussi par conséquent. Elle ne m'aimait pas, mais, peu après, réussit pourtant toujours à me trouver.
Elle avait tout juste trente ans, Marie-Jeanne, lorsqu'elle avala sa première petite gorgée. Elle y prit aussitôt plaisir.
Quatre-vingt-cinq, quatre-vingt-six, quatre-vingt-huit et pendant toutes ces années je ne la vis plus. Mais soudain, en l'an quatre-vingt-dix : elle était là, de nouveau devant ce louche Jack, madone débraillée avec un mégot, tiraillant furieusement une manette comme si le louche Jack était son Joey. Foutez-moi la paix, nom de Dieu, je fais de moi ce que je veux. Il n'était plus question d'embaumer. Tout le possible, elle l'avait eu et rien de ce qu'elle avait voulu : rien qu'un mainate dans une cage, rien qu'un poisson dans un bocal, un fantôme, captif dans une bouteille. S'échapper,
voilà ce qu'elle voulait, et apprendre à voler, s'extirper de sa carcasse, libre sur des ailes immaculées. Elle mit sa plus belle robe d'été bien qu'on fût au cœur de l'hiver, et sortit avec un flacon de Paloma Picasso.
Non pas qu'elle voulût mourir déjà, à tout prix, elle ne voulait pas savoir ce qu'elle devait devenir, simplement s'ôter d'elle-même : une petite tache sur une robe impeccable. Et si elle ne pouvait pas voler : nager. Et si elle ne pouvait pas nager : flotter.
Des témoins à l'âme poétique dirent : elle flottait sur l'eau tel un lys, toute gonflée et pourtant légère comme une plume sur cette eau nauséabonde de La Lys. Un original prétendit qu'elle planait. Ah, Marie-Jeanne, madone du dimanche, j'en suis sûr et certain : elle embaumait à nouveau.
Je ne suis plus allé la voir, là où elle repose à présent, mais une seule fois, par une nuit abominable, passablement éméché, juste devant la maison où était autrefois sa chambre, dans la neige j'ai pissé Aï luv you. | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: L'amour, la poésie Mar 23 Mai 2006, 06:36 | |
| Le poème ci-dessus vient de http://www.francisdannemark.be/livre.php?id=81 Luuk Gruwez, Poèmes dissolus, poèmes (édition bilingue), Le Castor Astral, coll. " Escales du Nord ", traduits par Marnix Vincent, septembre 2005. Dans son œuvre, Luuk Gruwez ne craint pas les grands sentiments : sa poésie est un plaidoyer pour la sensualité, pour le courage d'être extravagant, pour le culot émotionnel, pour le lyrisme. Poèmes dissolus propose, en édition bilingue, une sélection des meilleurs poèmes de Luuk Gruwez. et un autre poème SPEECH, dont je donne que le debut - Citation :
- C'est le néerlandais qui m'a pillé
et qui - entre déchets, débris et gravats - m'a piétiné, torturé et broyé, jusqu'à me faire oublier lequel de mes moi j'étais . la suite est ici http://www.chemindemots.be/page3/page3.html | |
| | | loupiote pilier
Nombre de messages : 188 Localisation : belgique Date d'inscription : 24/05/2006
| Sujet: UN GRAND AMOUR Mer 24 Mai 2006, 16:17 | |
| puisque tu aimes les poètes belges dans leurs déclarations d'amour, rotko, je t'en donne un autre : Je te dis merde ma chérie ma précieuse mon amour mon épouse mon éponge ma dulcinée Je te dis merde mon espionne mon infirmière ma salaupe ma déesse mon moustique Je te dis merde mon Egérie mon élégie ma compagne de déréliction ma soeur en diable ma chère incomparable ainsi qu'à toutes les métamorphoses Je te dis merde en vingt langues étrangères je te dis merde dans le jeu en poésie en rêverie en ma philosophie Je te dis merde dans ma solitude en inquiétude en aventure en mes luxures Je te dis merde dans mes maladies en mes vieux jours en ma fidélité en état de malédiction Je te dis merde à toute épreuve à pied et en hélicoptère je te dis merde au nom de l'anarchie je te dis merde à cheval et en patins à glace je te dis merde et ça porte bonheur je te dis merde puisque ça me délivre puisque contre toutes les apparences il m'en est advenu de t'aimer sans espoir du fond d'un gouffre noir loin des sentiers battus et des maigres devoirs. Achille CHAVEE - 10 janv.1969 mais celui-ci est un poète belge francophone | |
| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: L'amour, la poésie Mer 24 Mai 2006, 19:58 | |
| salut Loupiote, et bienvenue sur ce forum "d'expression française" où le flamand est aussi bien compris.
De toute façon, nous avons les dictionnaires pour tous les poetes belges..
http://www.lexilogos.com/flamand_langue_dictionnaires.htm | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: L'amour, la poésie | |
| |
| | | | L'amour, la poésie | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|