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 Yôko Ogawa - [Japon]

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MessageSujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon]   Yôko Ogawa - [Japon] - Page 4 EmptyMer 08 Déc 2010, 17:16

Ma première rencontre avec Yoko Ogawa, c'était L'Annulaire. Magique !
Du coup j'ai lu Hôtel Iris, Une parfaite chambre de malade que j'ai adorés.

Et puis La désagrégation du papillon...
Et malgré le peu de pages, j'ai eu un mal fou à le terminer, à le reprendre chaque soir. J'avais l'impression de devoir faire une visite contrainte à l'hôpital, j'avais l'impression d'y être, l'état de la grand mère, les odeurs.
Et je me suis toujours dit que je devrais le relire un jour. Parce que malgré tout c'est très fort d'arriver par l'écriture à procurer ces sensations.

Et depuis, je n'ai plus rien lu d'elle, mais ce fil me donne envie de m'y remettre...
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MessageSujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon]   Yôko Ogawa - [Japon] - Page 4 EmptyDim 16 Jan 2011, 07:54


les tendres plaintes

le titre de l'ouvrage de yoko Ogawa que jelis actuellement avec beaucoup de plaisir est emprunté à jean-Philippe Rameau. Il y est question de claveciniste et de clavecin Wink
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MessageSujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon]   Yôko Ogawa - [Japon] - Page 4 EmptyLun 17 Jan 2011, 06:20


Les Tendres Plaintes de Yoko Ogawa chez Actes Sud

1/3

Une jeune calligraphe, lasse des tromperies de son mari, se retire dans un chalet isolé. Elle connaît ses plus proches voisins, un facteur de clavecin, et une claveciniste, dont elle ignore les rapports exacts : forment-ils un couple, ou sont-ils deux artistes réunis par une même passion ?

Chacun a un traumatisme secret dans sa vie : elle, son échec sentimental, la claveciniste, un drame personnel, et le facteur de clavecin, une vocation ratée d’interprète.

Le récit est mené légèrement, les craintes et les désirs affleurent, perturbant sans les détruire les relations entre les personnages : amour, jalousie, rivalité, appréhensions, on passe insensiblement d’une émotion à l’autre. Les projets artistiques et un filet de sentiments diffus, plus ou moins sus ou devinés, unissent les protagonistes, qui deviennent intimes.
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MessageSujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon]   Yôko Ogawa - [Japon] - Page 4 EmptyLun 17 Jan 2011, 12:40

Les Tendres Plaintes

2/3

Entre les 3 personnages, la tension reste perceptible derrière l’apparente douceur des échanges.

Citation :
« Tous les trois nous avons attendu tranquillement […]. L’une comme l’autre nous évitions de parler [….] et nous faisions notre possible pour ne pas aborder le sujet. Chacun faisait attention à quelque chose. Mais nous ne évoquions pas clairement la nature de ce quelque chose. »

Des notations banales deviennent symboliques, lorsqu’il s’agit pour fabriquer un clavecin harmonieux de faire un « assemblage sans clous »

Citation :
- Même si c’est un assemblage sans clous, on ne colle pas les morceaux comme du papier, on fabrique des tenons avant de les fixer; c’est important pour obtenir un bel ensemble. Tenez, ces trous de cinq à six millimètres. C’est là que l’on met le liant avant de les encastrer. Vous voyez ? Celui-ci et celui là, de cette façon… ».

N’est-ce pas un symbole de leur micro-société, à trois, pour garantir une certaine harmonie ?

Le titre des morceaux de musique en ouverture et fermeture du livre résonnent de manière émotive, après avoir pris toute leur signification dans le récit :

« Souvenirs d’un lieu cher » de Tchaïkovski, et « Les tendres plaintes » de Rameau.

On pourrait dire que Yoko Ogawa pratique l’art de la métaphore sensible - et enneigée (1) , attribuant à de personnages extérieurs ce que la narratrice ressent intérieurement :

Citation :
« [Kéaru ] me souriait mais à cause de la froideur de l’air les ses cils semblaient pleurer ».

De même, le chien Dona, au même titre que le clavecin, sert de point d’ancrage, de la tonalité affective des trois personnages :

Citation :
« Quand je l’ai salué, Dona a laissé échapper un petit soupir en remuant seulement les yeux. D’une tristesse infinie et inexplicable, ils semblaient ne pas pouvoir s’empêcher de pleurer. »

Enfin le clavecin mérite une développement à lui tout seul ;

(1) la neige bémolise des sons brutaux, transforme les bruits de pas en crissements feutrés, donne au silence un parfum d’attente, et une intensité particulière.
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MessageSujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon]   Yôko Ogawa - [Japon] - Page 4 EmptyLun 17 Jan 2011, 12:43

Souvenirs d'un lieu cher, Tchaikovsky.



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MessageSujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon]   Yôko Ogawa - [Japon] - Page 4 EmptyMar 18 Jan 2011, 11:58

Les Tendres Plaintes

3/3

Sans rien révéler de l’intrigue, on peut dire que le clavecin joue un rôle décisif : il instaure une barrière entre le « je » de la narratrice calligraphe, et le « nous » si fréquemment employé par les clavecinistes.

Ce, ou ces clavecins, passe par des hauts et des bas, puisque l’un d’eux sera détruit, et un autre construit.

La destruction d’un instrument de musique m’a fait penser aux performances d’Arman, détruisant un piano à la hache, suivant des coups préalablement calculés, et bien assénés, ce qui permettait au public réuni pour l’occasion d’entendre le « dernier soupir » d’un piano. affraid

Quant à la calligraphe, son travail consiste à donner une forme scripturale à l’autobiographie d’une cliente : ces aperçus d’une vie aventureuse, fertile en rebondissements, servent de contrepoint à l’aventure de la narratrice, récit feutré mais intense.

Autant de thèmes qui montrent la richesse de ce beau livre de Yoko Ogawa. I love you



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MessageSujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon]   Yôko Ogawa - [Japon] - Page 4 EmptyJeu 24 Fév 2011, 09:32

Le 6 Avril sortira chez actes sud son dernier livre Manuscrit zéro cheers coeur!

Citation :
Alors que la romancière travaille à un nouveau projet, elle note dans son journal ce qui compose son quotidien fictionnel. A moins qu’il ne s’agisse de l’inverse : notant chaque jour la multitude d’histoires réelles qui peuplent son imaginaire, Yoko Ogawa tente d’avancer, de trouver dans cette forêt d’images la direction de son nouveau roman.
Des histoires courtes qui s’enchaînent comme autant de pépites constitutives de son oeuvre, des histoires qui forment une mosaïque temporelle au sein de laquelle les individus, les lieux ou les situations du réel vont chavirer, chanceler, pour rejoindre sous sa plume le monde si singulier de ses personnages.
Manuscrit zéro s’interpose dans l’oeuvre de Yoko Ogawa telle une pause formelle et dans une langue beaucoup plus immédiate.
[Traduit du japonais par Rose-Marie Makino]
( source actes sud )

Et un film miam ( tjs actes sud )

Citation :
Yoko Ogawa et Emmanuel Saulnier : un après-midi à Ashiya
En voyage au Japon au mois d’octobre dernier, le sculpteur Emmanuel Saulnier a rencontré Yoko Ogawa. Touché par l’œuvre de la romancière japonaise et trouvant dans ses livres une intense résonance à son territoire personnel, le sculpteur demande à Léandre Bernard-Brunel de filmer cette rencontre. Sous les yeux du vidéaste se noue alors un dialogue limpide et dense, s’intensifie le questionnement commun aux deux artistes qui travaillent l’un et l’autre sur la perte, tentent l’un et l’autre de circonscrire l’absence, de toucher au plus près, d’écrire et de représenter l’empreinte de la mémoire. Un après-midi à Ashiya est un documentaire de création sur la naissance d’une écriture intérieure, aussi littéraire que sculpturale.

Le film de Léandre Bernard-Brunel sera présenté par Emmanuel Saulnier à l’Ecole nationale supérieure des beaux-arts, jeudi 24 février à 18h30.
[Ecole nationale supérieure des beaux-arts - 4, rue Bonaparte, 75006 Paris]
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MessageSujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon]   Yôko Ogawa - [Japon] - Page 4 EmptyMer 06 Avr 2011, 19:28

Les tendres plaintes

Voilà le parfait exemple de livre à ambiance qui ne se lit pas goulument, mais qui au contraire mérite que l’on prenne son temps pour s’imprégner du cadre naturel, et isolé des lieux.
Nous sommes quasiment dans un huis clos entre 3 personnages, et un clavecin, personnage à lui tout seul également.
Cela doit être un trait de la littérature japonaise que de faire appel aux sens. La sensualité, le caractère palpable des choses transpirent de l’écriture de Yoko Ogawa.
L’atmosphère y est très musicale, et il s’en faudrait peu pour que les tendres plaintes de Rameau raisonnent en même temps que la lecture. Les mélomanes connaissent bien la sonorité si particulière du clavecin, instrument baroque par excellence, et qui colle parfaitement à l’atmosphère de ce roman.
Difficile de parler autrement que par petites touches d’un livre dont l’action n’est pas l’objet, d’un livre qui se goûte, qui s’écoute, plus qu’il ne se lit.
Je suivrai avec attention cet auteur, dont le premier contact m’a agréablement surprise.
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MessageSujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon]   Yôko Ogawa - [Japon] - Page 4 EmptyJeu 07 Avr 2011, 08:36

Il est arrivé !! Manuscrit zéro ( actes sud sorti le 6 avril 2011 ) plus d'info deux posts au dessus.

Yôko Ogawa - [Japon] - Page 4 Manuscritzro


mimi tu as raison de vouloir suivre cette auteur , elle a une plume merveilleuse Smile
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MessageSujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon]   Yôko Ogawa - [Japon] - Page 4 EmptyDim 12 Juin 2011, 13:35

La marche de Mina

J’avais aimé la musicalité des tendres plaintes, et de fait j’avais envie de retrouver Yoko Ogawa dans sa " veine gentille".
L’écriture est tout aussi élégante, poétique parfois. Seulement voilà, malgré cela, ce livre n’a pas eu grand effet sur moi .Si j’en ai apprécié la lecture durant la première moitié, c’était sans passion et sans sursaut de curiosité qui pousse inexorablement vers la fin.
Il m’a fallu le temps pour venir à bout de la seconde moitié du livre tant il y a de longueurs et de petites choses sans intérêt qui finissent par lasser.
Yoko Ogawa, a comme souvent en littérature asiatique, une écriture lente, voir contemplative. Cela ne me gêne pas dans la mesure où j’ai une béquille suffisamment nourricière pour me tenir en éveil. Ce fut le cas dans les tendres plaintes, où la musique, le clavecin stimulaient en moi un certain nombre de récepteurs.
Ce ne fut pas le cas avec la marche de Mina, qui malgré les petites histoires, qui malgré Pochiko et sa façon bien à lui d’accueillir son monde, ne renfermait pas le terreau pour fertiliser cette lecture.
J’ai pu, ici ou là apprécier la tendresse et l’attachement entre Mina et Tomoko…mais…pas au-delà.
Ce roman aux qualités indiscutables n’a pas fait naître d’émotion particulière ; ni dégout ni enthousiasme. Et c’est peut-être ce qui est pire, que de ne rien ressentir du tout, si ce n’est l’envie, à un moment donné d’en finir au plus vite.
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MessageSujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon]   Yôko Ogawa - [Japon] - Page 4 EmptyLun 13 Juin 2011, 09:34

Quel dommage mimi54, d'avoir choisi La Marche de Mina... vraiment, que cela ne te décourage pas dans ta découverte de cette auteure, ce roman n'est absolument pas représentatif. Il y en a plein d'autres qui sont recommandés sur ce fil, celui-ci n'était pas bon à prendre...

Le réfectoire.... reste un de mes préférés. La trilogie (piscine abeilles grossesse) aussi, Hotel Iris, l'Annulaire, Parfum de glace... Toutes des valeurs sûres !
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MessageSujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon]   Yôko Ogawa - [Japon] - Page 4 EmptyLun 13 Juin 2011, 09:38

je pense un jour lire, la formule préférée....
j'ai aimé les tendres plaintes

Pour ses livres un peu moins gentils, je m'abstiendrai....
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MessageSujet: Les Abeilles   Yôko Ogawa - [Japon] - Page 4 EmptyMar 06 Sep 2011, 18:50

Bonjour à tous,

Le premier livre de Yôko Ogawa que j'ai lu a été L'annulaire et j'ai eu un choc littéraire!!

Je suis retourné à la bibliothèque et j'ai lu Les Abeilles. Depuis 2006, je travail sur l'adaptation théâtrale de ce court roman au accent fantastique. Je vous annonce que la première de la pièce Les Abeilles aura lieu à Montréal au théâtre Prospero le 14 février 2012. Pour 15 représentations sur trois semaines de représentations et avec une capacité de 50 places par soir les billets partent déjà rapidement!!! La compagnie de théâtre professionnelle autochtone métis Metishkueu Productions seront les producteurs de cette pièce très attendue. Si jamais vous êtes de passage à Montréal ou que vous voulez déjà réservez vos billets, voici les coordonnées. Le théâtre Prospero est situé au 1371, rue Ontario Est, Montréal, Québec
tel:(514) 526-6582


Pour la recherche et pour m'imprégner de l'atmosphère, j'ai lu tout Yôko Oagawa avec un réel plaisir, et souhaite avec cette pièce partager son univers particulié!!
MDou
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MessageSujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon]   Yôko Ogawa - [Japon] - Page 4 EmptyMar 06 Sep 2011, 19:07

cher Mdou, on n'attend donc que tes avis sur les différentes oeuvres de yoko Ogawa,

je ne compte pas aller de bretagne à Montreal pour voir ton spectacle : à toi de nous dire l'interprétation que tu as faîte del'oeuvre, les problèmes de mise en scène, nous t'ecouterons avec un grand plaisir.

au passage, bienvenue à toi :fleur:
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MessageSujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon]   Yôko Ogawa - [Japon] - Page 4 EmptyMar 06 Sep 2011, 19:53

Merci Rotko pour votre message de bienvenue.

Les Abeilles est une oeuvre qui au niveau scénique n'est pas si difficile à monter.
Toutefois, je dois admettre que la cérémionie du thé exécutée par le directeur est un beau défi pour mon imagination!!
(pour ceux qui ne l'on pas lu, le roman, le personnage du directeur n'a pas de bras et seulement une jambe)
L'acteur Richard Fréchette, connue pour avoir souvent collaboré avec Robert Lepage, est celui qui aura la tâche de mettre tous les soirs des prothèses (effet spéciaux) pour donner vie à ce personnage des plus mystérieux.

J'ai dévoré vos conversations sur l'auteur japonaise et je vous donnerai mes commentaires sur chacun des livres qui me font voyager dans une sorte de brume, de transe et de tristesse.

À bientôt!!!
MDou
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MessageSujet: Yoko Okawa    Yôko Ogawa - [Japon] - Page 4 EmptyLun 06 Aoû 2012, 11:32

Yôko Ogawa - [Japon] - Page 4 Avt_yo10
Yoko Ogawa est née au Japon en 1962, est une écrivaine japonaise, auteur de nombreux romans - courts jusqu'en 1996 - ainsi que de nouvelles et d'essais. Elle est diplômée de l'université Waseda et elle vit à Ashiya, Hyōgo, avec son mari et son fils.

Ses romans sont caractérisés par une obsession du classement, de la volonté de garder la trace des souvenirs ou du passé (L'Annulaire, 1994 ; Le Musée du Silence, 2000, "Cristallisation Secrète", 1994), cette volonté conjuguée à l'analyse minutieuse de la narratrice (ou, moins fréquemment, du narrateur) de ses propres sentiments et motivations (qui viennent souvent de très loin) débouchant fréquemment sur des déviations et des perversions hors du commun, le tout écrit avec des mots simples qui accentuent la force du récit.
Elle est influencée par les écrivains japonais classiques comme Jun'ichirō Tanizaki, mais également, grâce à son écrivain préféré Haruki Murakami, par des auteurs américains comme F. Scott Fitzgerald, Truman Capote et Raymond Carver. Pendant ses études en littératures anglaises/américaines à l'université de Tokyo, son professeur, Motoyuki Shibata (qui a fait la première traduction d'Ogawa en anglais, et traducteur en japonais de Paul Auster) lui fait connaître Paul Auster, dont le roman Moon Palace a eu une grande influence sur Ogawa.
Ses romans ont été traduits en français, allemand, italien, grec, espagnol, catalan, chinois, coréen et récemment en anglais (aux États-Unis). Le plus souvent traduit est son roman Hôtel Iris, moins implicite que ses autres œuvres et donc un peu différent d'elles, et qui traite de la relation sexuelle (de shibari, ou bondage japonais) entre une fille de 17 ans et un vieillard. Une adaptation cinématographique de sa nouvelle L'Annulaire est sortie en France en juin 2005, un film de Diane Bertrand avec Olga Kurylenko et Marc Barbé. Au Japon, La Formule préférée du professeur a été récompensé du Prix Yomiuri et y est également sorti en film (2005), en bande dessinée (2006) et en cd audio (2006).

Traduits en français (par Rose-Marie Makino-Fayolle) :

Une Parfaite chambre de malade (完璧な病室 Kanpeki na byōshitsu, 9/1989; Actes Sud 2003; novella)
La Désagrégation du papillon (揚羽蝶が壊れる時 Agehachō ga kowareru toki, 9/1989, Prix Kaien 1988; Actes Sud 2003; novella)
Un Thé qui ne refroidit pas (冷めない紅茶 Same nai kōcha, 8/1990; Actes Sud 1998; nouvelle)
La Piscine (ダイヴィング・プール Daivingu puru, 8/1990; Actes Sud 1995; novella)
La Grossesse (妊娠カレンダー Ninshin karendā, 2/1991, Prix Akutagawa 1990; Actes Sud 1997; novella)
Les Abeilles (ドミトリイ Domitorī, 2/1991; Actes Sud 1995; novella)
Le Réfectoire un soir et une piscine sous la pluie (夕暮れの給食室と雨のプール Yūgure no kyūshoku shitsu to ame no pūru , 2/1991; Actes Sud 1998; nouvelle)
Amours en marge (余白の愛 Yohaku no ai, 11/1991; Actes Sud 2005; roman)
L'Annulaire (薬指の標本 Kusuriyubi no hyōhon, 10/1994; Actes Sud 1999; novella)
La Petite pièce hexagonale (六角形の小部屋 Rokkakukei no kobeya, 10/1994; Actes Sud 2004; novella)
Hôtel Iris (ホテル・アイリス Hoteru Airisu, 11/1996; Actes Sud 2000; roman)
Parfum de glace (凍りついた香り Kōritsui ta kaori, 4/1998; Actes Sud 2002; roman)
Tristes revanches (寡黙な死骸みだらな弔い Kamoku na shigai, midara na tomurai, 6/1998; Actes Sud 2004; 11 nouvelles interconnectées)
Le Musée du silence (沈黙博物館 Chinmoku hakubutsukan, 9/2000; Actes Sud, 2003; roman)
La Bénédiction inattendue (偶然の祝福 Gūzen no shukufuku, 12/2000; Actes Sud, 2007; 7 nouvelles)
Les Paupières (まぶた Mabuta, 3/2001; Actes Sud, 2007; 8 nouvelles)
La Formule préférée du professeur (博士の愛した数式 Hakase no aishi ta sūshiki, 8/2003, Prix Yomiuri 2004; Actes Sud 2005; roman)
La Marche de Mina (ミーナの行進 Mīna no kōshin, 4/2006, Prix Tanizaki 2006; Actes Sud 2008; roman)
La Mer (海 Umi, 10/2006; Actes Sud 2009; nouvelles)
Cristallisation secrète ( 密やかな結晶 Hisoyaka na kesshō, 1994; Actes Sud 2009; roman)
Les Tendres plaintes (trad. par Rose-Marie Makino et Yukari Kometani, Actes Sud, 2010; roman)
Manuscrit zéro (『原稿零枚日記, 8/2010; trad. par Mari Maki, Actes Sud, 2011; journal)
Les Lectures des otages(Hitojichi no roudokukai, 人質の朗読会, 2011; trad. par Martin Vergne, Actes Sud, 2012; roman)

( Wikipédia)

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MessageSujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon]   Yôko Ogawa - [Japon] - Page 4 EmptyLun 06 Aoû 2012, 11:41

La Marche de Mina ;

Yôko Ogawa - [Japon] - Page 4 La-mar10

Quatrième de couverture:

Après le décès de son père, alors que sa mère doit s'éloigner pour parfaire sa formation professionnelle, la petite Tomoko est revue pour un an chez son oncle et sa tante.
Tomoko a douze ans ; à Kobe, son oncle l'attend sur le quai de la gare. Il la serre dans ses bras et la conduit jusqu'à la très belle demeure familiale. Pour Tomoko, tout est ici singulièrement différent. Sa cousine Mina passe ses journées dans les livres, collectionne les boîtes d'allumettes illustrées sur lesquelles elle écrit des histoires minuscules ; un hippopotame nain vit dans le jardin, son oncle a des cheveux châtains, il dirige une usine d'eau minérale et la grand-mère se prénomme Rosa.
Au coeur des années soixante-dix, Tomoko va découvrir dans cette maison l'au-delà de son archipel : à travers la littérature étrangère, les récits de Rosa sur son Allemagne natale et la retransmission des Jeux olympiques de Munich à la télévision, c'est un tout autre paysage qui s'offre à elle. La grande romancière japonaise explore dans ce livre, et pour la première fois dans son oeuvre, le thème de l'étranger et des origines.
En choisissant le prisme des liens de l'enfance, elle inscrit ce roman, comme le précédent. intitulé la formule préférée du professeur, dans un cycle voué à la tendresse et à l'initiation.

Mon avis :

Une lecture japonaise m' a accompagnée pendant quelques jours. Une écriture différente de mes auteurs habituels. La poésie se mêle aux mots, nous rentrons tout doucement dans l'histoire.

Tomoko va passer une année chez sa cousine Mina, sa maman suivra une formation professionnelle et ne pourra pas s'occuper d'elle.

"Le lendemain, à douze ans, j'ai pris le train seule, accompagnée par ma mère."
Tomoko se retrouve dans un paradis de l'enfance constitué de diffèrents personnages de bonnes dames (la grand-mère Rosa, madame Yoneda), de mystère (l'oncle, la tante), d'amours débutantes (le jeune homme du mercredi, le bibliothécaire), d'amitié profonde et respectueuse qui traversera les années , de la communication avec le monde animal, un hippopotame nain, Pochiko, qu'on ne peut pas oublier.

Ce livre nous offre un morceau de vie d'une famille japonaise dans les années 1970, où l'envers du décor n'est pas toujours facile à vivre.
J'ai aimé les histoires écrites dans les boîtes d'allumettes par Mina. La seule lectrice de ses histoires fut Tomoko.
"J'étais la seule de sa famille et parmi ses amis à connaître son secret. Elle et moi, dans cette immense maison d 'Ashiya, étions les seules à partager la réalité cachée silencieusement dans ces petites boîtes ".
A travers ce récit sont évoqués des événements de l'Histoire avec les jeux olympiques de 1972 à Munich, le massacre des athlètes israéliens, le tremblement de terre de Kobe.
Tomoko est passée de l'enfance à l'adolescence.
Ce livre m'a permis de découvrir l'écriture de cet auteur japonais. Je pense en lire d'autres de cet auteur afin de l'apprécier plus.

Ma note:3/5





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Phayrie
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MessageSujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon]   Yôko Ogawa - [Japon] - Page 4 EmptyMer 17 Oct 2012, 09:11

Bonjour amis lecteurs,

Après avoir lu ces pages consacrées à Yôko Ogawa ... Et bien j'ai envie d'en lire d'autres romans. Je l'ai découverte il y a quelques mois avec le titre Parfum de glace. Le récit m'a envahie de toute part. Le déclencheur a été le titre qui évoque un tas de chose dans ma propre mémoire, je sens "mon" parfum de glace au cours de la lecture. L'écriture est magnifique, nous avons la chance de posséder de très bonne traduction ce qui n'est pas toujours le cas.
A ce jour, j'ai égaré mon exemplaire de Parfum de glace et je le déplore mais en attendant de remettre la main dessus je vais en lire d'autres. Je n'ai pas encore jeté mon dévolu sur un ouvrage précis mais grâce aux avis que vous avez laissé et vos réactions je vais pouvoir choisir sans problème.

Yôko Ogawa, un auteur à la plume rêveuse mais réaliste que je recommande à qui veut vivre un rêve écrit par d'autre
.
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MessageSujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon]   Yôko Ogawa - [Japon] - Page 4 EmptyVen 26 Oct 2012, 17:18

Manuscrit Zéro se présente comme une sorte de journal, une suite de fragments : Un jour d’octobre (dimanche)… Le lendemain (lundi)… Un jour de janvier. (jeudi)… à la fin de chaque fragment est notée une précision du genre : (Manuscrit dix-huit feuillets) ou, vers la fin, (Manuscrit zéro).

Le livre s’ouvre sur un récit au cours duquel un étrange restaurant est découvert par une promeneuse qui suit le sentier des murmures. Elle est la narratrice, sans doute confondue avec l’auteur, avec elle nous savourons des spécialités à base de mousses ; chaque plat, servi par une vieille dame merveilleuse, est accompagné d’un échantillon de la mousse qui a servi à sa confection dans une boîte avec une loupe pour mieux la voir.
Se succèdent alors toutes sortes d’histoires :
Une fête sportive dans une école primaire qui n’est pas celle de la narratrice ni celle de son enfant ; pourquoi y assister ? à quoi bon se poser la question puisque personne ne la lui pose !
Un insolite concours de pleurs d’enfants dans un sanctuaire shintô.
La description d’un travail qui consiste à écrire « les grandes lignes » d’une œuvre en faisant son analyse et sa critique. La narratrice se dit douée pour le faire et se demande pourquoi elle l’est si peu pour écrire tout un roman, sans trouver de réponse.
Une visite à sa mère hospitalisée.
Etc…
Des histoires apparemment sans liens entre elles, plus ou moins longues (une petite page parfois), qui souvent tournent court, des fragments de ce qui semble composer la vie de l’auteur, comme si elle engrangeait des matériaux pour un livre en gestation.

Qu’est-ce que ce « manuscrit zéro » ? un manuscrit avorté ? nul ? ou au contraire l’essence même de ce qui deviendra une œuvre digne de ce nom ? C’est peu de dire que je me suis sentie déstabilisée mais j’ai assez vite été portée par le charme et le mystère qui se dégagent de l’écriture de Yôko Ogawa.
La clé de ce livre, qui n’est ni un roman ni un recueil de nouvelles, ni une réflexion sur le travail de l’écrivain, se trouve peut-être dans ce passage, p. 205 :
Citation :
Si je me retourne calmement, ma vie n’a-t-elle pas été une suite de pertes de personnes se trouvant tout à côté de moi ? Mme Wako et Mlle Néné aussi, le professeur Z, J la tourneuse de pages de partitions, le pilleur de cocktail, les bébés du sumô des pleurs d’enfants, la maîtresse du club de récitation, R et Mlle W, l’étudiant obèse, le salarié aux cheveux de chat : ils ont tous disparu, me laissant là. Mes yeux ont beau papillonner, leur silhouette ne se reflète plus sur ma rétine.
« Zéro. »
Combien de fois n’ai-je pas écrit cela dans mon journal. Un nombre incalulable de fois.
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MessageSujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon]   Yôko Ogawa - [Japon] - Page 4 EmptyMer 14 Nov 2012, 05:53

Yôko Ogawa - [Japon] - Page 4 Otag10

un prologue ouvre ce recueil de 8 nouvelles : des touristes pris en otages se racontent des souvenirs personnels. Ils nous parviennent après le drame, une libération qui a mal tourné.

j'ai lu le "premier soir" (il y en aura huit), l'histoire d'une petite fille très observatrice devant une aciérie, au point d'en connaître les ouvriers. Elle vient au secours de l'un d'eux, blessé pour avoir joué sur une balançoire d'enfant ! Cet épisode lui revient en mémoire bien des années après au cours d'un accident de voiture.

Le lecteur décidera si l'épisode final est réel ou rêvé, ou plutôt il fera confiance à l'auteur - qui ne tranche pas !
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MessageSujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon]   Yôko Ogawa - [Japon] - Page 4 EmptySam 17 Nov 2012, 08:34



Les lectures des otages.

Il s’agit moins de nouvelles à proprement parler que de la brève relation d’expériences marquantes de vie qui laissent à méditer après la lecture

- Le deuxième soir, une élève d’un lycée pâtissier raconte son stage dans la biscuiterie yamabiko ses relations avec sa propriétaire, etc.

- Le troisième soir est plus qu'un épisode d’humour car son importance apparaît par la suite : le narrateur entre par hasard dans la « salle B des propos informels», salle de réunion de minorités, où il fréquente des échantillons d’humanité qui mettent sa personnalité à contribution.

Les groupes sont multiples, apparemment un peu ridicules, et pourtant…

« le groupe d’amateurs de toiles d’araignée, le groupe de soutien des hauts-fourneaux, le syndicat des recherches sur le jeûne, l’amicale des dessinateurs d’animaux imaginaires, l’assemblée de ceux qui écrivent Shakespeare sur un grain de riz… »

Chaque récit se termine sur une rapide mention de la profession actuelle du narrateur ou la narratrice, comme pour témoigner que des rencontres de hasard influent de manière décisive sur le destin de chacun.

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MessageSujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon]   Yôko Ogawa - [Japon] - Page 4 EmptyLun 03 Déc 2012, 17:17

Quelques pages en arrière, Moon a donné son sentiment sur le recueil de nouvelles Les Paupières. J’ai attendu quelques jours avant de livrer mes propres impressions difficiles à exprimer finalement !
Les huit nouvelles ont pour point commun le sommeil ou plutôt son absence, l’insomnie. Au fil des pages, nous rencontrons des personnages mystérieux ou bizarres : un passager dans un avion, une vieille marchande de légumes, un vieux célibataire et son hamster, une collectionneuse d’odeurs, un champion de natation à la carrière brisée, etc…
Les titres mêmes des nouvelles annoncent des univers ou des thèmes très différents au premier abord et qui excitent la curiosité :

C’est difficile de dormir en avion
L’Art de cultiver les légumes chinois
Les Paupières
Le Cours de cuisine
Une collection d’odeurs
Backstroke
Les ovaires de la poétesse
Les Jumeaux de l’avenue des Tilleuls


La narratrice, celle qui dit « je » est souvent une femme (mais pas dans Une collection d’odeurs où l’on a affaire à un narrateur) ; souvent aussi, les nouvelles commencent par un dialogue puis survient un retour en arrière dans le temps ; le thème de la piscine est plusieurs fois présent, celui des saveurs et des odeurs également. Bref, on perçoit des croisements entre les textes ou des échos.

J’ai été frappée par une écriture limpide, pour des histoires qui souvent le sont moins ! On passe du réel à l’irréel souvent sans s’en apercevoir, par une sorte d’imperceptible glissement. Des descriptions courtes mais précises donnent l’impression au lecteur de cerner nettement les lieux et les personnages.
Pourtant, à diverses reprises, on s’interroge, on n’est pas tout à fait sûr de bien comprendre. Ce n’est peut-être pas important ! Mieux vaut se laisser porter ou emporter par le texte, l’écriture fascinante de l’auteur.

Dès la première nouvelle, C’est difficile de dormir en avion, on ressent à la fois ce charme et ces incertitudes.Elle s’ouvre sur un dialogue entre la narratrice et un passager, en apparence banal ; la narratrice se sent presque importunée dans un premier temps puis elle-même se rend compte assez vite que finalement ce bavardage ne lui est pas désagréable. À partir de là, le lecteur est entraîné de façon quasi imperceptible dans l’insolite par la narratrice On se demande si l’histoire est vraie ou non, le récit a parfois une tonalité de conte à écouter pour s’endormir justement ! Mais à la fin, surgit une phrase glaçante qui déstabilise :
Citation :
Il y avait un petit bloc de mort à l’intérieur de ma main.
J’ai beaucoup aimé la seconde nouvelle L’art de cultiver les légumes chinois. Pourtant, je soupçonne qu’elle a peut-être un sens caché que je n’ai pas clairement perçu ! La vieille femme fait penser à une sorcière de conte, elle offre à la narratrice des graines d’un légume qu’il ne faut pas exposer à la lumière ; la plante grandit vite tout en restant d’apparence chétive, il s’avère ensuite qu’une lumière douce émane de la plante ! Il y a aussi, dans cette nouvelle, un nombre mystérieux, le 12 dont personne ne sait qui l’a entouré sur le calendrier ! À la fin, tous les éléments de l’histoire, à commencer par la vieille marchande, semblent d’évanouir et le lecteur, comme la narratrice, en est réduit à s’interroger ou à s’évader par le rêve.

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MessageSujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon]   Yôko Ogawa - [Japon] - Page 4 EmptyLun 03 Déc 2012, 17:19

Les Paupières II

Certaines nouvelles m’ont mise mal à l’aise : c’est le cas de Les paupières, nouvelle éponyme. Les protagonistes sont un étrange célibataire d’une cinquantaine d’années N et une très jeune fille qui se retrouvent régulièrement sur une île. L’homme attend un mandat qui n’arrive jamais et possède un hamster à qui on a dû enlever les paupières à cause d’une maladie. Dans cette histoire, se mêlent le passé et le présent, la sensualité et autre chose de beaucoup plus trouble ; les paupières absentes du hamster achèvent de donner à l’ensemble une allure glauque et inquiétante.
L’histoire des Ovaires de la poétesse m’a elle aussi troublée, nouvelle que j’ai trouvée longue ; elle nous entraîne dans un musée consacré à une poétesse et oscille constamment entre le rêve et la réalité ; j’avoue que ces ovaires chevelus qui semblent représenter une métaphore de l’inconscient, mais est-ce certain ?- m’ont fait une drôle d’impression.

J’ai gardé pour la fin la nouvelle qui m’a le plus plu et qui, à elle seule, vaut à mon avis le détour ! Il s’agit de Backstroke (= Dos crawlé en français) dans laquelle la narratrice raconte qu’en visitant un ancien camp de concentration nazi, elle a découvert une piscine à côté d’un tunnel débouchant sur la place où avaient lieu les appels et les exécutions des prisonniers ; cette piscine immense (15m.x15m.) et vide qui ressemble à « un énorme cercueil de pierre » avait été construite par les prisonniers pour les gardiens du camp et leurs familles. La narratrice ne sait pas nager mais elle pense à la piscine familiale creusée dans le jardin au point de l’occuper presque entièrement pour l’entraînement de son jeune frère, champion de nage sur le dos que sa mère couvait et encourageait avec ferveur. Quand il ne nageait pas, il se pelotonnait toujours dans un recoin de la maison et n’en bougeait pas. On apprend ensuite que cet étrange garçon se rappelait ses vies antérieures et a raconté à sa sœur sa mort horrible à l’issue de sa vie précédente. Plus la nouvelle avance, plus le lecteur entre dans l’irréel et le fantasque car un matin le frère s’est réveillé avec un bras levé qu’il ne pouvait plus abaisser ; le bras finit par s’atrophier, se fossiliser et se détacher du corps ; je ne vous raconte pas la fin de l’histoire, vous verrez vous-même comment l’auteur choisit de clore son récit.

J’ai trouvé extraordinaire la façon dont Yoko Ogawa crée une atmosphère, met en scène ses personnages et introduit l’invraisemblable, le rêve (ou le cauchemar !) d’un ton uni et très personnel.
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MessageSujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon]   Yôko Ogawa - [Japon] - Page 4 EmptyLun 03 Déc 2012, 17:24

Les Paupières III

Un livre surprenant, qu’on n’oublie pas ; longtemps après, on continue de penser à tel ou tel personnage, de chercher des explications rationnelles ; je dois dire que toutes les nouvelles ou presque donnent l’impression de tourner court et je sais que bien des lecteurs n’aiment guère se retrouver dans ce cas de figure ! Mais pour ma part, et pour une fois, j’ai aimé être ainsi déstabilisée et je crois que par-dessus tout j’ai été conquise par une manière d’écrire à la fois simple et très particulière.

Pour finir, quelques échantillons d'écriture de cet auteur singulier :
Citation :
Alors que de loin il était plutôt petit, plus il se rapprochait, plus l’extrêmité de ses doigts, ses lèvres, son torse et son cou grossissaient, dégageant une force à laquelle je ne pouvais pas m’opposer. Sa peau flétrie aspirait la mienne, lui retirant sa chaleur.
Quand nous étions tous les deux seuls, c’était à mon tour d’avoir de l’anémie. Mon corps perdait rapidement ses appuis et bientôt, j’étais toute entière livrée à lui. Les paupières

Il y eut un bruit de pas dehors. Rentrait-elle ? Je tendis l’oreille. Mais je ne perçus qu’une sensation de présence discrète flottant dans l’obscurité de la nui. Mais ce n’était peut-être que la respiration ensommeillée des odeurs. Une collection d’odeurs

De toutes les piscines que j’avais vues jusqu’alors, c’était la plus navrante et la plus proche de celle que nous avions autrefois à la maison.
Debout au bord de la piscine, on surplombait l’entrée de la place de l’appel. On apercevait la potence à l’autre bout du tunnel. En bois, elle était si grossièrement faite que l’on pouvait se demander si des gens avaient été réellement exécutés par ce moyen.
C’était le début de l’été, et le soleil était vif. L’herbe verte ondulait au vent, et des petits papillons blancs voletaient ça et là. On n’apercevait aucun vestige de l’époque où c’était une piscine, que ce soit des lunettes de plongée, une bouée dégonflée ou une chaise longue.
C’était un simple trou de béton. Un énorme cercueil de pierre. Elle s’ouvrait sur une cavité extraordinairement profonde .
Soudain, je me suis sentie mal. Mon cœur s’est emballé, le sang s’est retiré de mes veines et je me suis accroupie sur place. Backstroke
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MessageSujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon]   Yôko Ogawa - [Japon] - Page 4 EmptyVen 07 Déc 2012, 12:18

Merci pour ce compte-rendu de lectrue, Nicyrle ! Je n'ai jamais lu Ogawa, mais ce que tu en dis m'intrigue. Il vient de sortir ou bien on le trouve en poche ?
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