Yôko Ogawa - [Japon]

Utopie a écrit:

Un nouveau livre de Yoko OGAWA sortira en janvier 2008,
La Marche de Mina...

Heureusement que j'en ai quelques uns d'avance (6 !) et que La formule préférée du professeur sort bientôt en poche parce qu'il va falloir attendre.

Un thé qui ne refroidit pas

J'ai trouvé cette histoire superbe, l'écriture précise, voilà ce que j'aime, en peu de mots mais bien choisis, c'est simple, délicieux et très riche.

Moon a écrit:

Yoko Ogawa nous parle de l'abscence, de la mémoire et surtout de petits gestes qui prennent de l'importance, donnant au récit beaucoup de force.

Même ressenti que toi !

Extraits ...

Spoiler:

J'avais noté la même phrase sur les crayons de couleur... et

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...

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Un thé qui ne refroidit pas suite ...

Au commencement de l'histoire, j'étais plutôt angoissée et alors curieusement à la fin, totalement apaisée ...

Extraits ...

Spoiler:

Spoiler:

Cela aurait pu être un cadeau pour Moon ... un petit avant goût du livre annoncé plus haut, pour la tentation
La Marche de Mina de Yôko Ogawa chez Actes Sud




Après le décès de son père, alors que sa mère doit s'éloigner pour parfaire sa formation professionnelle, la petite Tomoko est pour un an chez son oncle et sa tante. Tomoko a douze ans ; à Kobe, son oncle l'attend sur le quai de la gare. Il la serre dans ses bras et la conduit ...


C'est tout ... juste un avant goût

Moon a écrit:

Cette auteur m'a tellement enthousiasmée que j'ai filé acheter Hotel Iris, L'Annulaire, Le Musée du silence. J'ai hâte que La Formule préférée du professeur et La Benediction inattendue sortent en poche.

Voilà qui est fait pour La Formule préférée du professeur

Je le garde pour plus tard, surtout que j'ai reçu la Bénédiction inattendue à Noël et La Marche de Mina pour mon anniversaire. J'espère que je vais bientôt avoir le temps de me plonger dans un Yoko Ogawa, ne serait-ce que dans une de ses nouvelles.

Citation :

Sept nouvelles autour de ce que la narratrice appelle la “forêt des mots”, c’est-à-dire ce sas souvent étrange qui accompagne l’écriture, la naissance des romans ou le long voyage des histoires parfois issues de l’enfance des écrivains.
Quelle est cette étrange forêt des mots à travers laquelle l’écrivain ne cesse de se perdre avant de trouver son histoire ? C’est la question que se pose la narratrice de ce recueil de nouvelles. Sous différentes voix, à différents âges, elle découvre la nécessité d’écrire et se confronte à l’indicible alchimie de la création.

Une parfaite chambre de malade : Suivi de La désagrégation du papillon de Yôko Ogawa aux éditions Actes Sud (en poche Babel)



Dans ces nouvelles écrites en 1989, Yôko Ogawa n'évoque pas simplement la douleur de la mort ou la violence de la maladie, elle explore déjà ce sas très particulier, ce passage de la vie à l'absence qui génère un accomplissement des sentiments parfois incomparable avant de venir s'inscrire dans la mémoire.

Une parfaite chambre de malade
Une jeune fille vient d'apprendre que son frère est malade, qu'il doit passer les derniers mois de sa vie à l'hôpital. Jour après jour elle lui rendra visite. De jour en jour leur intimité, la qualité de leur relation va s'intensifier pour devenir le centre de leur existence. Dans la quiétude de la chambre blanche, le temps passe au rythme des saisons...

Le sujet difficile de l'histoire, je l'appréhendais un peu mais elle est superbement écrite, j'ai beaucoup aimé. On ne frôle pas la frontière de l'étrange dans ce texte comme dans la plupart des livres de l'auteure. Une très belle histoire bien ficelée et en très peu de pages me rend admirative.

On est dans la réalité dans les cycles de la vie, les descriptions fines éveillent des sentiments troubles ou sereins, on passe souvent de l'un à l'autre mais pas forcément où on les attendrait.
Il y a une beauté dans cette histoire qui m'a beaucoup touchée et la fin, que je tais évidemment, est ... très humaine.

La désagrégation du papillon

Une jeune femme vient de confier sa grand-mère à une institution médicalisée. Aujourd'hui devenue totalement dépendante, silencieuse et immobile, la vieille dame semble peu à peu s'effacer de toute réalité. Dans la mémoire et l'inconscient de sa petite fille, la solitude est immense...


J'ai trouvé cette nouvelle un peu plus difficile à la lecture, il y a toute une introspection mental mais surtout physique, le corps de la jeune femme et celui de la grand mère tous deux en métamorphoses, se reliant pour mieux se séparer, chacun allant vers son futur... Je me trouvais un peu aspiré par le tourbillon et les questions existentielles, où est la normalité, où commence la vie, où elle finit... La jeune femme prise dans un écheveau de sentiments s'accroche à la réalité puis repart dans son ressenti.

J'ai été au bord des larmes, de l'angoisse ou du précipice tout au long de la lecture, l'absence s'infiltre partout, la grand mère absente de son corps, la jeune femme qui ressent l'absence de la mère, de son compagnon, qui a le vertige et la peur de sa propre absence.
Histoire très forte et poignante.

rotko a écrit:

Ogawa Yoko, la formule préférée du professeur

même si les variations sur les nombres et le base-ball deviennent envahissantes : il faut adopter l’attitude de l’aide-ménagère, l’accepter ou y prêter une oreille indulgente et distraite.

tout à fait d'accord ; j'ai parcouru un peu plus rapidement ces passages.

rotko a écrit:

les relations entre les personnages sont émouvantes : comment établir des passerelles entre des êtres aussi dissemblables

c'est là qu'on se rend compte que ce n'est ni le niveau social, ni le niveau intellectuel qui entrent en jeu, mais tout simplement la simplicité, le respect de l'autre et sa différence.

Spoiler:

Spoiler:

Très beau livre sur les rapports humains
Dès que mon cher et tendre l'aura lu, je le mettrai dans la liste des livres voyageurs

un grain

Vivement qu'il l'ait fini

J'ai fini Parfum de glace, voir par ici résumé !
Ce texte est très beau, l'histoire de la jeune femme, Ryoko et de son deuil est magnifique, fluide, toutes les sensations sont décrites de façon précise, claire, l'impression d'être présente.
C'est aussi un roman sur les rapports humains, on va vers l'autre avec plaisir, sérénité, même au delà de la mort.
L'histoire est d'une beauté à couper le souffle mais c'est peut-être un ressenti très personnel.

Ryoko est un magnifique personnage, elle semble avoir ses cinq sens à vif, pas dans le sens angoissé mais de façon sensuelle, c'est un point que je retrouve souvent dans la littérature asiatique mais Yôko Ogawa écrit vraiment très bien et j'aime son imaginaire.
J'ai aussi pensé à Haruki Murakami comme le dit Moon dans son commentaire (que j'ai enfin imprimé dans ma mémoire, il faudrait un parfum Moon).

un grain

Le thème quand même de Parfum de glace est la mémoire.

La mémoire est abordée sous différents angles du fait des divers protagonistes. Que devient la mémoire de ceux qui perdent un être cher, comment s'organise-t-elle, ce qu'on oublie, ce qu'il reste, ce que l'on transforme. Il y a aussi la mémoire collective, familiale chacun gardant des impressions différentes, que devient aussi la mémoire des disparus.
Et puis tous les mécanismes autour de la mémoire, la garder, l'encenser, la transformer, la préserver, mais aussi la construire voire la reconstruire.

En découvrant la vie qu'a eu son ami avant de la connaître, Ryoko enrichit sa propre mémoire de la mémoire des autres.

Quand je dis la mémoire, je devrais plutôt dire les mémoires, enfin nous avons une mémoire d'ensemble la gestuelle, les mots mais aussi la mémoire de nos cinq sens, un grain de peau, une odeur etc.

Passionnant ...

Hôtel Iris de Yôko Ogawa


Mari est réceptionniste dans un hôtel appartenant à sa mère. Un soir, le calme des lieux est troublé par des éclats de voix : une femme sort de sa chambre en insultant le vieillard élégant et distingué qui l'accompagne, l'accusant des pires déviances. Fascinée par le personnage, Mari le retrouve quelques jours plus tard, le suit et lui offre bientôt son innocente et dangereuse beauté.

Cette étonnante histoire d'amour, de désir et de mort entraîne le lecteur dans les tréfonds du malaise dont Yôko Ogawa est sans conteste l'une des adeptes les plus douées.

Loin de moi tentatrice il m'a l'air très bien cet "Hotel iris", au point d'avoir envie de le lire

Merci tu me rappelles que j'ai oublié d'en parler et après la mémoire...

J'ai beaucoup aimé Hôtel Iris, le thème est la soumission.

La jeune fille très soumise à sa mère, sera soumise en amour, en tout cas dans son désir, parce que c'est la même forme d'amour de la part de la mère ou de l'homme, je pense qu'il s'agit d'amour même si le désir des deux n'est pas tendre et semble avoir besoin de voir l'autre souffrir. Chez la mère, c'est plus inconscient mais sa façon de montrer ses sentiments se fait avec des gestes brusques, des attitudes dominantes. On comprend pourquoi la jeune fille est fascinée par l'homme qui aime les relations SM.

Et c'est tout au long du livre ou d'une soumission subie à une soumission choisie, on la voit vivre, aimer.
J'ai trouvé le thème très intéressant pour la psychologie du sujet est très bien vu à mon sens. On voit aussi le rapport à la chevelure, c'est toujours très représentatif.

Moi aussi, j'avais adoré Hotel Iris.
Yoko Ogawa décrit très bien la manière dont l'inconnu installe progressivement son emprise sur la jeune fille, par un mélange de tendresse et de cruauté.
Si elle lui accorde si vite sa confiance, c'est me semble-t-il parce qu'il lui donne d'emblée accès à ce monde des adultes qu'elle ne connaît pas (hormis par sa mère autoritaire et obsédée par la chevelure de sa fille). La façon simple dont il lui parle de sa profession (il traduit de fastidieux ouvrages techniques de russe en japonais si je me souviens bien) ou de sa femme fascinent la jeune fille et l'amènent progressivement à attendre impatiemment leurs rendez-vous, malgré (mais aussi en raison de) la douleur qu'ils promettent.
Le roman procède par petites touches, dans une écriture très délicate et très précise qui tient le lecteur en haleine.


Sebhome

Sebhome a écrit:

Le roman procède par petites touches, dans une écriture très délicate et très précise qui tient le lecteur en haleine.

Tu dis très bien mon sentiment et pourtant le sujet n'est pas facile, comme quoi avec des bons outils (ici l'écriture) on peut tout aborder.

Je crois que je vais me trouver un autre titre que je n'ai pas lu, si j'osais je dirais que l'écriture de Yôko Ogawa, me manque.
Je vais quand même essayer de résister et d'en garder un petit peu.

Sebhome, as-tu lu d'autres titres ?

Le seul autre titre que j'avais lu était "La piscine" mais c'était il y a assez longtemps et j'en avais gardé un souvenir moins fort que celui que m'a laissé "Hotel Iris", même s'il y avait déjà ce ton délicat qui fait que les personnages s'insinuent progressivement, voire insidieusement, dans la conscience du lecteur...
J'ai très envie de lire le nouveau "La marche de Mina" dont les thèmes m'intéressent. D'après la quatrième de couverture: "La grande romancière japonaise explore dans ce livre, et pour la première fois dans son œuvre, le thème de l'étranger et des origines."

Sebhome

Sebhome a écrit:

J'ai très envie de lire le nouveau "La marche de Mina"

Moi aussi, en plus je trouve la couverture très belle Bon je sais, ça ne présage pas du livre, mais que voulez-vous je suis très sensible aux couvertures
Hier j'ai pris "L'annulaire" à la Médiathèque (Moon en a parlé dans ce fil)

C'est Utopie qui en a parlé, pas moi ! Il est encore sur ma pile des livres à lire !

J'ai fini "L'annulaire" , dont Moon Utopie à parlé précédemment
Que dire, si ce n'est que je l'ai trouvé bizarre, avec un sentiment de malaise sur la fin. Heureusement que j'ai lu "La formule préférée du professeur", sinon je ne sais pas si j'aurais eu envie de relire cet auteur

Ah oui heureusement que tu en as lu un autre alors.

J'ai aimé l'idée du laboratoire qui garde la "mémoire", mais ces livres sont dérangeants enfin ceux que j'ai lus. Qu'est-ce qui t'a dérangé, l'histoire de la femme ?

Il faudrait que je lise "La formule préférée du professeur".

Utopie a écrit:

Qu'est-ce qui t'a dérangé, l'histoire de la femme ?

plutôt les liens existants entre la narratrice et Mr Deshimaru, que je ne comprends pas trop finalement. Liens qui semblent commencer à être malsains

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Puis "soudain", la narratrice semble ne plus exister pour Mr Deshimaru dans le cadre de ce laboratoire

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Et enfin ce que peut supposer la phrase prononcée par le cireur de chaussure

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Utopie a écrit:

Il faudrait que je lise "La formule préférée du professeur".

Tu verras ça n'a rien à voir (il devrait bientôt faire partie des livres voyageurs)

Je n'ai pas lu celui-ci, mais il me semble que Yoko Ogawa (comme dans Hotel Iris) est fascinée par le fétichisme (les cheveux, les chaussures, les liens) et ses interactions avec les rapports de masochisme et de soumission.

Seb

Quatrième de couv. un peu bavarde... peut-être ! Donc à vous de voir ou de ne pas voir !

Spoiler:

Quel plaisir de lire "La formule préférée du Professeur", vraiment une belle histoire humaine, un livre qui vous rabiboche avec le monde.

Tous les personnages sont attachants, même la veuve pas si rigide qu'il n'y parait et c'est aussi un joli conte humain et de mathématiques. Certaines critiques lui reprochent ce thème des mathématiques où ils voient une limite et une histoire simplement générationnelle.

Les mathématiques sont simplement un langage pour que des êtres se comprennent et s'apprécient, ce n'est pas tant une histoire de génération qu'une histoire de communication et de la possibilité de communiquer avec des êtres différents. Il est question de passage entre les âges mais plus largement entre des êtres humains imparfaits et sensibles, la passerelle "Mathématique" permet de faire le pont et laisser libre court à l'affection, l'écoute, la compréhension.

Grâce aux mathématiques, j'ai lu le livre en le savourant, crayon en main, j'essayais des formules, je cherchais des nombres entiers, parfaits, des concordances, des connexions possibles, cela me rappelait la discussion que nous avons eu sur la poésie.

Le professeur de lettres voit de la poésie dans le poème, celui de mathématiques la voit dans ses formules, ce qui m'a même laisser entrevoir une hypothèse.

Un grain