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Nombre de messages : 3927 Age : 61 Date d'inscription : 19/11/2007
Sujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon] Mer 19 Mar 2008, 18:00
De la question de la mémoire et des mathématiques...encore avec Parfum de glace dans lequel je me suis engouffrée, happée par l'histoire simple d'une femme qui cherche à comprendre l'homme avec qui elle vivait et qui s'est suicidé.
Ryoko part donc à la recherche du passé de son amant.
C'est un livre impossible à décrire, fait de petites touches délicates, un conte, une histoire fantastique peut-être une quête.
Ce sont les mémoires qui nous forment, nous modèlent, les mémoires de ceux qui nous entourent, et la notre aussi.
Mais c'est bien mieux que ce que je peux vous en dire
Un grain
Elle est catholique Ogawa? Ben, non. Ah ben parce qu'elle a un chapelet maintenant avec tous vos grains. Pffff
Utopie pilier
Nombre de messages : 11113 Date d'inscription : 12/06/2006
Sujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon] Jeu 27 Mar 2008, 14:10
La Marche de Mina de Yôko Ogawa chez Actes Sud
Après le décès de son père, alors que sa mère doit s'éloigner pour parfaire sa formation professionnelle, la petite Tomoko est pour un an chez son oncle et sa tante. Tomoko a douze ans ; à Kobe, son oncle l'attend sur le quai de la gare. Il la serre dans ses bras et la conduit jusqu'à la très belle demeure familiale. Pour Tomoko, tout est ici singulièrement différent. Sa cousine Mina passe ses journées dans les livres, collectionne les boîtes d'allumettes...
* * *
Une très jolie histoire un peu sucrée, je n'ai pas l'emballement que j'ai eu pour "La formule préférée du professeur" mais une histoire très agréable, la complicité et l'affection des deux fillettes est peinte de manière très délicate. Tomoko, 12 ans, nous raconte son arrivée chez sa cousine dans un monde différent du sien et l'histoire est contée doucement au rythme d'une jeune fille qui découvre d'autres horizons et les relations humaines. Ce livre a du charme, le charme des souvenirs et de l'enfance.
Utopie pilier
Nombre de messages : 11113 Date d'inscription : 12/06/2006
Sujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon] Jeu 27 Mar 2008, 14:40
"La seule exception c'était les livres. Même si un livre était retourné sur la table du solarium, madame Yoneda ne prenait jamais sur elle de le ranger. De l'autre côté des pages se dissimulait un monde inconnu, et le livre retourné en constituait la porte d'entrée, si bien qu'elle ne pouvait pas le manipuler à tort et à travers. Afin que Mina ne s'égare pas."
Moon Animation
Nombre de messages : 8306 Age : 34 Localisation : Seattle Date d'inscription : 16/12/2006
Sujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon] Jeu 27 Mar 2008, 18:13
Les paupières
J'ai commencé ce recueil. On retrouve cette sensation de flottement entre rêve et réalité et peut-être encore davantage puisque les nouvelles nous parlent du sommeil.
L'atmosphère du premier récit est extrêmement feutrée. Nous sommes dans un avion mais l'on entend un seul son : la voix d'un jeune japonais qui raconte un moment de sa vie. Les récits enchassés renforcent cette impression d'éloignement, comme un écho que l'on percevrait de très loin dans un demi-sommeil.
Encore une fois, une simplicité dans l'écriture et cette douceur teintée de malaise :
Citation :
Elle paraissait bien trop vieille pour entreprendre un voyage aussi long, et l'impression dégagée par son corps, ses vêtements, sa corpulence, la forme de son visage était curieusement déséquilibrée.
Citation :
Ce qui me surprit le plus fut un gecko desséché dans une boîte de pastilles métallique. - C'est quoi, ça ? questionnai-je en reculant, effrayé. Il était sagement blotti au fond de la boîte où il restait une fine couche de poussière. La tête plate, le dos plein de rides, il avait séché, la queue joliment enroulée.
J'attends de lire la suite. Mais si l'on se coule dans ce premier récit assez facilement, il est à mon avis loin d'avoir la force de ceux d'un réfectoire un soir et une piscine sous la pluie, qui sont tout de même des petits chef-d'oeuvres.
Moon Animation
Nombre de messages : 8306 Age : 34 Localisation : Seattle Date d'inscription : 16/12/2006
Sujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon] Sam 29 Mar 2008, 13:23
L'art de cultiver les légumes chinois
Pour le moment la meilleure nouvelle. Le scénario est très bien construit et j'ai retrouvé une atmosphère qui me plaît chez Ogawa : une sorte de fantastique un peu brumeux. Impossible de vous faire un petit résumé mais voici un extrait (comme il se situe vers la fin je le met en spoiler).
Spoiler:
Le jour était complètement tombé. Je sentais à travers ma jupe la chaleur du petit pain à la confiture. J'ai baissé les yeux vers l'aquarium. Je ne m'étais pas aperçue que les cinq végétaux étaient devenu phosphorescents. Au moindre mouvement de mon corps, ils se mettaient à trembler en dispersant de la lumière autour d'eux. Au milieu de tout ce qui disparaissait avec les camions et la mer dans l'obscurité, seule cette lueur vibrait tranquillement.
Les Paupières
J'ai ressenti un malaise face à cette nouvelle. Yoko Ogawa pousse à l'extrême ce détachement des personnages et ceux-ci apparaissent presque froids, comme vidés de leur substance. Bizarre.
Utopie pilier
Nombre de messages : 11113 Date d'inscription : 12/06/2006
Sujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon] Sam 29 Mar 2008, 13:58
J'ai fait une courte pause dans ma lecture pour lire La piscine un roman très court sur l'adolescence... cruelle adolescence où les désirs sont puissants mais dont les contours sont flous.
J'ai apprécié cette histoire, ce qui m'a le plus touché est le sentiment de la jeune fille par rapport à son enfance, à ses parents, être enfant unique et ne pas se sentir l'enfant de ses parents, noyé au milieu d'orphelins.
Il en est de la narratrice, ici, comme de quelqu'un à qui jour après jour on volerait son enfance : ses parents dirigent un orphelinat, et il lui faut vivre la même vie collective et morne que ses camarades de l'institution.
Une grisaille éclairée toutefois par la présence de Jun, le bel adolescent qu'elle aime tant contempler, à la piscine. Et par celle de Rie, une petite fille, son souffre-douleur, qu'elle tourmente à plaisir.
Première traduction en France d'une jeune romancière japonaise, la Piscine explore avec une saisissante indiscrétion les pulsions les plus troubles.
Yôko Ogawa trouve les mots justes pour dépeindre l'adolescence, univers d'une perversité innocente où frustration, désir, recherche de la pureté, cruauté ou satisfaction peuvent à chaque instant advenir, en deçà de toute morale, et infléchir un destin, pour le meilleur ou pour le pire...
Moon Animation
Nombre de messages : 8306 Age : 34 Localisation : Seattle Date d'inscription : 16/12/2006
J'ai fini Les paupières et je reste assez mitigée.
Entre les petites perles : L'Art de cultiver les légumes chinois et Blackstroke ; les nouvelles qui jouent avec brio sur une sensation de douce horreur mais auxquelles j'ai l'impression qu'il manque un petit quelque chose : Une collection d'odeurs ou les ovaires de la poétesses ; et les autres qui ne m'ont pas convaincu malgré de beaux passages - comme la fin des Jumeaux de l'avenue des Tilleuls, on se retrouve face à un recueil très hétéroclite que je ne conseillerais pas forcément à ceux qui découvrent l'auteurs. Pour moi il ne s'agit pas d'"une très belle introduction à l'oeuvre de Yoko Ogawa". Certaines nouvelles amplifient un trait caractéristique de son écriture et l'on tombe dans l'excès : écriture parfois une peu froide qui donne lieu à des descriptions peut-être un peu trop cliniques. Bref je reste un peu déçue, mais pas tant que ça puisque L'Art de cultiver les légumes chinois et Blackstroke sont vraiment deux petites merveilles.
Dernière édition par Moon le Sam 09 Jan 2010, 15:22, édité 1 fois
Monique Rannou pilier
Nombre de messages : 670 Date d'inscription : 21/04/2008
Ogawa a été un grand choc dans mes découvertes culturelles... j'avais commencé, l'air de rien avec B. Yoshimoto, et vlan, je me suis prise les trois nouvelles "la piscine - la grossesse - les abeilles" en pleine face... Depuis, je n'en rate plus un... et c'est pas courant que je me permette de ne pas attendre les sorties poches. Je viens d'acheter le dernier..
C'est marrant "la formule du professeur" est l'un de ceux qui m'a le moins marqué. Sans doute parcequ'il manque la dose de sadisme qu'il y a parfois dans les autres. Globalement, j'ai du mal à dissocier les histoires, il y a de nombreux thèmes recurrents : la mort, le deuil, les souvenirs, (la conservation de ses souvenirs !), le handicap, la jalousie, la solitude surtout, difficultés à communiquer... Ce qui me touche aussi, c'est l'omnipresence des odeurs dans ses écrits. Elle focalise énormément la-dessus (que ce soit de la nourriture, que du formol, des parfums, ou de la bonne pourriture). Le côté fantastique me rappelle certaines bonnes nouvelles de Maupassant.
Enfin, je pense que ça me touche aussi car la plupart de ses personnages principaux sont... des femmes.
Seb pilier
Nombre de messages : 950 Date d'inscription : 26/02/2008
Je n'ai pas du tout accroché avec La Marche de Mina : arrivée à un peu moins de la moitié du livre je me suis surprise à sauter des paragraphes, puis des pages (là, c'est vraiment mauvais signe), et je l'ai finalement posé. L'écriture est facile à lire, mais je me suis ennuyée. Peut-être aurait-il fallu que j'aille plus loin, peut-être n'avais je pas la tête à la lire, peut-être .....
Utopie pilier
Nombre de messages : 11113 Date d'inscription : 12/06/2006
Sujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon] Ven 06 Mar 2009, 22:11
toum toum toum ... (bruit de pas)
Sorti le 2 mars et encore personne ...
La mer de Yôko Ogawa
Son dernier livre, «La Mer», est un recueil de sept nouvelles d'inégale longueur. Ogawa excelle dans les petits formats. Et certains de ces textes, réduits au minimum (une page et demie à peine pour «Boîtes de pastilles»), font figure de haïkus romanesques.
Dans ce recueil, le «Voyage à Vienne» est une petite perle d'humour noir où une femme entreprend un voyage difficile jusqu'à un lointain mouroir pour veiller sur les derniers instants de son amour de jeunesse... et s'aperçoit après coup qu'il y avait erreur sur la personne. Autre grand moment: l'orgasme d'une dactylo par l'intermédiaire du caractère chitsu, l'idéogramme représentant le vagin. Troublante perception érotique des signes, qui ne peut être que japonaise. Source et suite là
Toum toum toum...
Utopie pilier
Nombre de messages : 11113 Date d'inscription : 12/06/2006
Sujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon] Ven 06 Mar 2009, 22:17
toum ...
Et la sortie en poche d'Amours en marge que j'attendais ....
Le mouton sauvage pilier
Nombre de messages : 1680 Localisation : Au Sud de la Frontière, à l’Ouest du Soleil Date d'inscription : 04/12/2007
Sujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon] Ven 06 Mar 2009, 22:17
Utopie a écrit:
Sorti le 2 mars et encore personne ...
On vient juste de m'en parler, une personne anonyme qui est venue me dire ça, comme ça, juste pour me faire baver d'envie...
Moon Animation
Nombre de messages : 8306 Age : 34 Localisation : Seattle Date d'inscription : 16/12/2006
Sujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon] Sam 07 Mar 2009, 09:35
Utopie ! ce n'est pas très gentil tout ça ! Juste quand je parlais de faire des économies.
Bablier pilier
Nombre de messages : 396 Age : 55 Localisation : Chiken McWrap City Date d'inscription : 09/02/2009
Je viens de découvrir cette auteur que je ne connaissais que de nom. J'ai fait un voyage dans son annulaire. J'ai trouvé ça mystique, poétique. C'est ce qui ma plaît aussi dans la littérature asiatique... Je vous livre mon petit commentaire en spoiler je ne sais pas s'il révèle trop de chose... En tout cas pour ceux qui n'ont pas lu le livre, hésitez bien avant de lire mon commentaire.
Spoiler:
Ce roman relativement court est rempli de mystère, de douceur et de poésie. Doux dans son ensemble, il bouleverse le lecteur que je suis, ou tout du moins l'émeut en certains passages. La jeune fille que l'on nous raconte est une jeune fille un peu perdue au début qui ne connaît - ensuite - plus rien d'autre que le laboratoire, les spécimens et ses chaussures. Qui n'aime plus grand chose que ce sombre spécialiste qui l'emploie. Mais au loin une brume plane, une sorte de ténèbre recouvre tout le roman ; une fumée ténébreuse qui retient le roman loin de nous. Que se passe-t-il alors ? Juste un sombre mystère dont on ne sait pas grand chose, voire même rien jusqu'au milieu du livre. Puis des indices filtrent, des spécimens ne sont pas classés. Des disparitions. Une histoire de pieds se mêlent à l'intrigue.
J'ai aimé la douceur du roman, la plume est douce et calme, chaque mots est pesé et mesuré pour correspondre à l'ambiance, à l'instant. Le sujet du roman nous échappe un peu, et il nous est difficile - au début - de comprendre ce laboratoire. Pourtant, je me suis senti perpétuel visiteur, observateur de ce laboratoire, comme si j'étais un mur ou son journal intime. Comme si j'étais le journal intime de cette femme, de cet homme peut-être... Peut-être - au fond - le journal d'un souvenir lointain, comme un rêve que l'on se remémore lentement malgré la brume qui le recouvre, malgré la poussière qui s'est déposé sur le dessus et qui l'a recouvert.
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
Sujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon] Mar 12 Mai 2009, 04:38
je n'ai pas lu le livre, mais tu ne me sembles pas dévoiler l'histoire.
soussou pilier
Nombre de messages : 14224 Date d'inscription : 25/02/2007
Sujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon] Sam 21 Nov 2009, 12:31
"La cristallisation secrète" de Yoko Ogawa.
Roman qui m'a conduit du début à la fin dans un labyrinthe kafkaien, des objets disparaissent , les traqueurs de mémoire qui est une police secrète sur une ile, une dissolution complète sauf.... l'essentiel qui sera tenu au secret dans une cachette.
Un beau récit ,angoissant, une subtile métaphore des régimes totalitaires, à travers laquelle Yoko Ogawa explore les ravages de la peur et l'insidieux phénomène de l'effacement des images, des souvenirs, qui peut conduire à accepter le pire.
A treize ans, Yôko Ogawa a lu 'Le Journal d'Anne Frank'. Elle a découvert que des mots ordinaires, quotidiens, portaient en eux une force de libération inouïe. Avec ce livre, elle rencontre les mots et la cruauté, de l'Holocauste ou d'Hiroshima. Depuis, elle écrit des livres sensuels et menaçants, de lentes déflagrations où l'initiation à la sexualité, à la mort, au sacré se ritualise..
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
Sujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon] Sam 09 Jan 2010, 07:12
L’annulaire de Yoko Ogawa, chez Babel.
Ce petit conte fantastique se lit d’une traite, non sans susciter le malaise.
On suit la narratrice, amputée d’un bout de doigt (cf. le titre), dans un laboratoire où Deshimaru, le maître des lieux, « naturalise » des objets personnels : ceux-ci représentent des souffrances, un air de musique rappelle un amour perdu, une brûlure, un drame familial etc..
Deshimaru sert-il la cause de ceux qui veulent éloigner la souffrance qui les ronge, ou fait-il une collection fétichiste des chagrins d’autrui ?
Les chaussures qu’il offre à sa secrétaire relèvent de l’arsenal magique, il a des pratiques douteuses dans de grandes salles de bains…ses gestes donnent l’image d’un obsédé maléfique et renvoient à des métaphores sexuelles dignes de Barbe bleue.
Certes, la secrétaire reçoit des avertissements, mais en tient-elle compte ?
Dans cet univers, tout est classé, étiqueté, les vivants (la dame du 223, du 309) comme les éprouvettes reçoivent un numéro…
Quel est le sens de cette histoire ? Nous faire frémir, mais aussi rappeler qu’il vaut mieux vivre avec ses souffrances plutôt que confier sa vulnérabilité à n’importe qui.
Le récit a été adopté à l’écran (le film s'appelle l'annulaire) en 2005 par Diane Bertrand avec : Olga Kurylenko, Marc Barbé etc.
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
Yoko Ogawa traduite depuis 15 ans par Marie Makino-Fayolle parait actuellement dans la collection thesaurus d'Actes Sud.
clic !
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La désagrégation du papillon Une parfaite chambre de malade Un thé qui ne refroidit pas La piscine Les abeilles La grossesse Un réfectoire un soir et une piscine sous la pluie La petite pièce hexagonale Amours en marge L'annulaire Hôtel Iris Tristes revanches Parfum de glace
le titre qui me tente, parfum de glace.
Bablier pilier
Nombre de messages : 396 Age : 55 Localisation : Chiken McWrap City Date d'inscription : 09/02/2009
Je viens de lire les nouvelles "La Mer", c'est fluide et vraiment intéressant. Je suis d'accord avec Moon quand elle dit que ça balance toujours un peu entre rêve réalité. Là, tout est réel, mais les choses sont belles, parfois amères, mais belles. Après cette lecture, il me reste au moins l'écume de la plume d'Ogawa, que j'aie hâte de relire ailleurs.
soussou pilier
Nombre de messages : 14224 Date d'inscription : 25/02/2007
J'ai lu "Parfum de glace", je reste perplexe...Yoko Ogawa a su mener le lecteur au coeur de la mémoire avec beaucoup de sensibilité , le paon observateur et gardien de la mémoire, la grotte, lieu au fond de nous meme.
Une écriture poétique et aérée, j'ai voyagé avec elle à Prague, redécouvert les endroits que j'avais visités, une musique du coeur, une vrai quête à la recherche de ce que l'autre renferme, ses secrets.
Belle description des pirouettes mathématiques d'Hiroyuki sur la glace, comme dans la vie, un sans fautes? l'émerveillement de ses trophées jusqu'à la folie de sa mère.
La fin nous révèle une surprise, un enfant aveugle lève la tête, le reconnait-il?...les deux frères se confondent-ils en un?
Mélange du temps, le présent et le passé, rèves éveillés qui nous transportent vers la sublimation à travers des rayons de soleils, une odeur précise rappelle un évènement, un lieu, une tendresse, tout est subtil, fragile, le temps ne compte plus, le mystère, l'inconnu d'une personne sont révélés petit à petit.
Un beau roman bien construit!
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
Un beau récit ,angoissant, une subtile métaphore des régimes totalitaires, à travers laquelle Yoko Ogawa explore les ravages de la peur et l'insidieux phénomène de l'effacement des images, des souvenirs, qui peut conduire à accepter le pire.
bibliobs voit dans ce livre une parenté avec les grands romans d' Abe Kobo - « La femme de sable »,« La Face d'un autre », « Le Plan déchiqueté » - car le récit dépasse de très loin la métaphore, et prend une valeur poétique, voire spirituelle.
Elle a été adptée au cinéma avec L'Annulaire sorti en France en Juin 2005, un film de Diane Bertrand avec Olga Kurylenko et Marc Barbé.
.
Au Japon, La Formule préférée du professeur a été récompensé du Prix Yomiuri et y est également sorti en film (2005), en bande dessinée (2006) et en cd audio (2006).
troglodyte pilier
Nombre de messages : 1058 Age : 54 Localisation : Strasbourg Date d'inscription : 25/01/2006
Sujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon] Mar 08 Juin 2010, 15:59
La piscine / Les abeilles / La grossesse
Voilà pour mon premier contact avec cette dame, qui m'a emballé. J'y ai trouvé le mystère angoissant et le minimalisme que j'affectionne chez Kawabata, avec un style quand même différent, et trouver les différences de style entre deux écrivains japonais assez proches nécessite l'emploi du microscope, tellement c'est fin. Génial !
(Mon préféré, c'est La grossesse, avec l'originalité du sujet et la fin suspensive !)
Harelde pilier
Nombre de messages : 7283 Age : 49 Localisation : Yvelines Date d'inscription : 18/09/2008
Sujet: Re: Yôko Ogawa - [Japon] Ven 11 Juin 2010, 07:48
L'Annulaire.
C'est le premier roman de Yôko Ogawa que je lis. C'est aussi mon premier contact avec la littérature japonaise. Autant dire que je ne savais pas ce que j'allais lire. Je m'attendais à tout et à rien en particulier.
Ce livre est déconcertant. Surtout le début : une jeune femme qui a subit un accident dans sa précédente firme, démissionne et se fait embaucher dans un laboratoire de spécimens. Spécimens de quoi ? fut ma première réaction. J'avance dans le livre et je prends conscience que ces spécimens sont des formes poétiques de nous-mêmes : ce qu'on souhaite garder camouflé, ou ce qu'on réfute, nos peurs, nos hontes... une intimité teintée de douleur.
Et il y a cette histoire de chaussures qui s'adaptent de mieux en mieux aux pieds de l'héroïne.
Au fur et à mesure de ma lecture, une certaine tension, un certain malaise s'installa en moi. J'avais l'impression de me retrouver dans drame hitchcockien. Je sentais une menace planer, mais me montrais incapable de la préciser, d'en connaître la nature, la provenance.
Je n'en dirai pas plus pour ne pas trop dévoiler des 95 pages de ce court roman. J'ai beaucoup aimé et ai choisi d'enchaîner tout de suite avec Les Abeilles.
Harelde pilier
Nombre de messages : 7283 Age : 49 Localisation : Yvelines Date d'inscription : 18/09/2008
Second petit livre que je lis de la dame. Plus court que L'Annulaire (76 pages seulement), il flirte également avec l'étrange. Une jeune femme qui a quitté l'Université de Tokyo est contactée par son jeune cousin qui cherche à se loger dans la capitale. Comme elle quelques années plus tôt, il entre en fac. Apparemment, se loger au Japon, est aussi difficile qu'en France. Heureusement, la jeune femme est pleine de ressource et donne l'adresse de son ancienne résidence. Aujourd'hui, ce n'est plus qu'une ombre de logement universitaire : le bâtiment est très décrépi et n'abrite presque plus aucun étudiant. Régie par un directeur hors norme (il n'a pas de bras, et plus qu'une seule jambe), elle se meurt doucement.
L'étudiant emménage et... disparaît. La tension monte et pour la seconde fois en deux livres, je retrouve une atmosphère qui n'aurait pas déplu à Hitchcock. La fin est surprenante et me permet de me poser pas mal de questions : la réalité n'était peut-être pas là où je la pensais.