Gerard de Nerval

Sur le pays des chimères

Sur le pays des chimères
Notre vol s'est arrêté :
Conduis-nous en sûreté
Pour traverser ces bruyères,
Ces rocs, ce champ dévasté.

Vois ces arbres qui se pressent
Se froisser rapidement ;
Vois ces roches qui s'abaissent
Trembler dans leur fondement.
Partout le vent souffle et crie !

Dans ces rocs, avec furie,
Se mêlent fleuve et ruisseau ;
J'entends là le bruit de l'eau,
Si cher à la rêverie !
Les soupirs, les voeux flottants,
Ce qu'on plaint, ce qu'on adore...
Et l'écho résonne encore
Comme la voix des vieux temps,

Ou hou ! chou hou ! retentissent ;
Hérons et hiboux gémissent,
Mêlant leur triste chanson ;
On voit de chaque buisson
Surgir d'étranges racines ;
Maigres bras, longues échines ;
Ventres roulants et rampants ;
Parmi les rocs, les ruines,
Fourmillent vers et serpents.

À des noeuds qui s'entrelacent
Chaque pas vient s'accrocher !
Là des souris vont et passent
Dans la mousse du rocher.
Là des mouches fugitives
Nous précèdent par milliers,
Et d'étincelles plus vives
Illuminent les sentiers.

Mais faut-il à cette place
Avancer ou demeurer ?
Autour de nous tout menace,
Tout s'émeut, luit et grimace,
Pour frapper, pour égarer ;
Arbres et rocs sont perfides ;
Ces feux, tremblants et rapides,
Brillent sans nous éclairer !...

Ah Nerval... Ce sujet étant un peu trop vide à mon goût j'ai envie de poster deux poèmes de ce grand monsieur.

Le premier est sans doute son plus connu, et l'un des plus connus du XIXe s. : "El Desdichado"

Citation :

Je suis le Ténébreux, - le Veuf, - l'Inconsolé,
Le prince d'Aquitaine à la tour abolie
Ma seule Etoile est morte, - et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

Dans la nuit du tombeau, toi qui m'as consolé,
Rends-moi le Pausilippe et la mer d'Italie,
La fleur qui plaisait tant à mon coeur désolé,
Et la treille où le pampre à la rose s'allie.

Suis-je Amour ou Phébus ? ... Lusignan ou Biron ?
Mon front est rouge encor du baiser de la reine ;
J'ai rêvé dans la grotte où nage la sirène...

Et j'ai deux fois vainqueur traversé l'Achéron ;
Modulant tout à tour sur la lyre d'Orphée
Les soupirs de la sainte et les cris de la fée.

Le deuxième est toujours extrait des Chimères : "Le Christ aux oliviers" :

Citation :

I

Quand le Seigneur, levant au ciel ses maigres bras
Sous les arbres sacrés, comme font les poètes,
Se fut longtemps perdu dans ses douleurs muettes,
Et se jugea trahi par des amis ingrats ;

Il se tourna vers ceux qui l'attendaient en bas
Rêvant d'être des rois, des sages, des prophètes...
Mais engourdis, perdus dans le sommeil des bêtes,
Et se prit à crier : "Non, Dieu n'existe pas !"

Ils dormaient. "Mes amis, savez-vous la nouvelle ?
J'ai touché de mon front à la voûte éternelle ;
Je suis sanglant, brisé, souffrant pour bien des jours !

"Frères, je vous trompais. Abîme ! abîme ! abîme !
Le dieu manque à l'autel où je suis la victime...
Dieu n'est pas ! Dieu n'est plus !" Mais ils dormaient toujours !...

II

Il reprit : "Tout est mort ! J'ai parcouru les mondes ;
Et j'ai perdu mon vol dans leurs chemins lactés,
Aussi loin que la vie, en ses veines fécondes,
Répand des sables d'or et des flots argentés :

"Partout le sol désert côtoyé par des ondes,
Des tourbillons confus d'océans agités...
Un souffle vague émeut les sphères vagabondes,
Mais nul esprit n'existe en ces immensités.

"En cherchant l'oeil de Dieu, je n'ai vu qu'une orbite
Vaste, noire et sans fond, d'où la nuit qui l'habite
Rayonne sur le monde et s'épaissit toujours ;

"Un arc-en-ciel étrange entoure ce puits sombre,
Seuil de l'ancien chaos dont le néant est l'ombre,
Spirale engloutissant les Mondes et les jours !

III

"Immobile Destin, muette sentinelle,
Froide Nécessité !... Hasard qui, t'avançant
Parmi les mondes morts sous la neige éternelle,
Refroidis, par degrés, l'univers pâlissant,

"Sais-tu ce que tu fais, puissance originelle,
De tes soleils éteints, l'un l'autre se froissant...
Es-tu sûr de transmettre une haleine immortelle,
Entre un monde qui meurt et l'autre renaissant ?...

"O mon père ! est-ce toi que je sens en moi-même ?
As-tu pouvoir de vivre et de vaincre la mort ?
Aurais-tu succombé sous un dernier effort

"De cet ange des nuits que frappa l'anathème ?...
Car je me sens tout seul à pleurer et souffrir,
Hélas ! et, si je meurs, c'est que tout va mourir !"

IV

Nul n'entendait gémir l'éternelle victime,
Livrant au monde en vain tout son coeur épanché ;
Mais prêt à défaillir et sans force penché,
Il appela le seul - éveillé dans Solyme :

"Judas ! lui cria-t-il, tu sais ce qu'on m'estime,
Hâte-toi de me vendre, et finis ce marché :
Je suis souffrant, ami ! sur la terre couché...
Viens ! ô toi qui, du moins, as la force du crime!"

Mais Judas s'en allait, mécontent et pensif,
Se trouvant mal payé, plein d'un remords si vif
Qu'il lisait ses noirceurs sur tous les murs écrites...

Enfin Pilate seul, qui veillait pour César,
Sentant quelque pitié, se tourna par hasard :
"Allez chercher ce fou !" dit-il aux satellites.

V

C'était bien lui, ce fou, cet insensé sublime...
Cet Icare oublié qui remontait les cieux,
Ce Phaéton perdu sous la foudre des dieux,
Ce bel Atys meurtri que Cybèle ranime !

L'augure interrogeait le flanc de la victime,
La terre s'enivrait de ce sang précieux...
L'univers étourdi penchait sur ses essieux,
Et l'Olympe un instant chancela vers l'abîme.

"Réponds ! criait César à Jupiter Ammon,
Quel est ce nouveau dieu qu'on impose à la terre ?
Et si ce n'est un dieu, c'est au moins un démon..."

Mais l'oracle invoqué pour jamais dut se taire ;
Un seul pouvait au monde expliquer ce mystère :
- Celui qui donna l'âme aux enfants du limon.

J'aurai sans doute l'occasion de revenir sur mon AMOUR pour Nerval un autre jour, mais c'est à mes yeux le plus grand poète du XIXe s. J'avoue mon imparable subjectivité

Comme tu le sais, on est tenté devant une belle oeuvre d'en faire des parodies comme à la Joconde des moustaches; Voici un site qui produit des avatars du fameux poème de Nerval.

Citation :

Je suis le très benêt, - le Veuf, sain, long, collé,
Le pince d'A qui traîne à la bourre au lit tas
Ma seule moelle est torte, - et mon long cul lesté
Sorte le loir nos payes de l'Amélie collant

Dans l'anneau du ton buis, Toi qui les consommas,
Pends-moi le rôt Silippe et la mire délita
La fleur qui plaisantait à mon corps de scellé,
Et la trouille et le Prose, à la lie près, salant.

Suis-je à mousse ou Fébur ?... Burignan ou Lison ?
Mon Front est courge en or du bérêt de la Zen ;
J'ai roté dans la grève où nie la reine sage...

Et j'ai, foi de vingt cons, traversé l'acquéreur :
Modulé tour à tour, faon sur la lyre d'Or
Les fers saints de la soute et les cris de la pie.

L'oulipo en a d'ailleurs donné la recette de composition..

Déjà que je n'ai pas vraiment de sympathie pour l'oulipo, faire ça à mon pauvre Gérard... Mais c'est une hérésie

Les jeux oulipiques me laissent également perplexe, mais juste un, pour se faire mal, par Queneau :

Citation :

El Desdonado


Je suis le tensoriel, le vieux, l’inconsommé
Le printemps d’Arabie à la tourbe abonnie
Ma simple étole est molle et mon lynx consterné
Pose le solen noué de la mélanémie.

Dans l’obi du tombeur toi qui m’as consommé
Romps-moi le Peïpous et la miss d’Olympie
La foi qui poignait tant à mon coin désossé
Et la trempe où la pente à la rosse s’appuie.

Suis-je Ampère ou Phédon ? Luxembourg ou Biton ?
Mon fruit est roux encor du balai de la peine.
J’ai riblé dans la grue où nappe la trentaine

Et j’ai trois fois vairé travesti l’Alagnon
Moissonnant tour à tour sur la mâche d’Ougrée
Les sourcils de la salle et les crics de la fouée.

Ce genre d'exercice (transformation quasi-automatique, qui ne réussit pas, esthétiquement, sur des poèmes quelconques) montre à quel point la forme de ce poème est ancrée dans nos esprits, et que nous pouvons continuer à l'apprécier après léger cryptage du contenu, déjà obscur c'est vrai.

La preface de gerard Macé chez Poésies Gallimard se penche sur les différentes significations du mot chimères. Il insiste aussi sur la forme musicale de ces poèmes dont on retrouve le vers final dans plusieurs sonnets :

Citation :

Et rien n'a dérangé le sévère portique

ou

Citation :

le pâle hortensia s'unit au Myrthe vert

.

Le sonnet est lui-même une chimère, un corps qu'on peut démebrer pourrecomposer autrement, dit le préfacier.

Il presente aussi des documents récemment trouvés (des lettres de nerval) où celui-ci parle de sa folie.

La chimère est en effet une image obsédante chez Nerval, dans la forme et dans le fond.

Je crois que "El Desdichado" en est un parfait exemple, puisqu'il allie mysticisme et ésotérisme

Citation :

Les soupirs de la sainte et les cris de la fée

tout en reprenant l'image de la pampre et de la rose

Citation :

Et la treille où le pampre à la rose s'allie

mais aussi celle de la sirène

Citation :

J'ai rêvé dans la grotte où nage la sirène

avec pour variante dans un manuscrit

Citation :

J'ai dormi dans la grotte où verdit la sirène

La sirène, figure chimérique par excellence, révèle ici la volonté de Nerval, qui est d'allier dans une sorte d'alchimie monde réel et monde imaginaire, imaginaire qui d'ailleurs était pour lui une réalité.

Ainsi dans les "Vers dorés", Nerval déclare

Citation :

Souvent dans l'être obscur habite un Dieu caché

pour montrer la double perception : celle de l'extérieur et celle de l'intérieur.

Chez Nerval, cette figure de la chimère est aussi en relation avec une quête de l'identité, comme le dit C.Bayle : ""El Desdichado", poème en effet de la quête d'identité et des masques du poète dans sa mission orphique."

La quête d'identité chez Nerval est au cœur de l'œuvre, qui débute notamment dans le choix du pseudonyme, et qui se révèle ici :

Citation :

Suis-je Amour ou Phébus?... Lusignan ou Biron?

les deux derniers noms supportant de nombreuses interrogations sur l'homme auquel chacun renvoie. Pour Biron, nombreuses sont les pistes : un Biron historique, un Biron chez Shakespeare, Lord Byron, le Biron de Sylvie...

Pour Nerval, la chimère a deux fonctions principales : réunir deux faces du symbole pour recréer la Nature, refonder l'unité originelle

Citation :

Chaque fleur est une âme à la Nature éclose ;

(Vers dorés)

et procéder à une quête identitaire du moi, puisque toutes les affirmations au début du "Desdichado" sont remises en cause par les interrogations suivantes et ensuite par la présence orphique.

Une belle odelette, tirée des Monténégrins : "Chanson gothique"

Belle épousée,
J'aime tes pleurs !
C'est la rosée
Qui sied aux fleurs.

Les belles choses
N'ont qu'un printemps,
Semons de roses
Les pas du Temps !

Soit brune ou blonde
Faut-il choisir ?
Le Dieu du monde,
C'est le Plaisir.


La strophe centrale est sublime

Dans ses "Souvenirs littéraires", Maxime Du Camp décrit les dernières heures de Gérard de Nerval ... ce récit qui le dépeint dans une immense solitude, m'a bouleversée ... que n'est-il allé dormir chez Théophile Gautier, comme il en avait coutume ...

Malheureusement, les témoignages de Maxime Du Camp sont loin d'être véridiques. Les biographes de Nerval ont bien montré que l'on ne sait absolument pas ce qu'il a fait lors de sa dernière journée. La dernière trace que l'on a de lui est le billet qu'il envoie à sa tante, chez qui il réside après sa sortie de l'établissement de santé de Blanche; ce billet, le voici : "Ne m'attends pas ce soir, car la nuit sera noire et blanche." Et ce billet date de l'avant-veille de sa pendaison. Ses dernières heures resteront à jamais inconnues, on pense qu'il a erré de lieu en lieu, dans ce Paris extrêmement froid et enneigé.

Maxime Du Camp ne fait que s'inscrire dans la tradition de ceux qui ont représenté Nerval comme un malade, un illuminé qui ne savait plus ce qu'il faisait. Nerval était un homme propice à l'élaboration de légendes. On connaît le mal que lui a fait Jules Janin avec son article...

Treize ans après la mort de Gérard De Nerval, Maxime Du Camp a eu accès à l'enquête très sérieuse reconstituant l'emploi du temps du poète, et ce, du début de sa dernière soirée jusqu'à trois heures du matin ... bien que ce rapport ait été brûlé pendant La Commune, j'accorde crédit au récit de Du Camp, d'autant qu'il lui manifeste une profonde affection à travers diverses anecdotes, et qu'il s'est rendu à la morgue en compagnie de Théophile Gautier, afin de reconnaître le corps, et qu'il s'est chargé des démarches pour le service religieux.

Mouais... Du Camp dit que ses jugements sont réalistes, affectifs... Mais comment ne pas voir sa jalousie, son envie. Lorsqu'il parle de Flaubert, ce n'est pas de l'ami qu'il parle, mais de celui qui est devenu célèbre au contraire de lui. Flaubert s'en est détourné quelque peu lorsqu'il a vu la jalousie de son "ami".

Il est indéniable que Du Camp aurait souhaité être reconnu en tant qu'écrivain, comme son ami Flaubert, et qu'il en tirait une certaine jalousie. Cependant, les pages qu'il lui a consacrées sont un hommage empli d'une réelle admiration, pour celui avec lequel il partagea sa jeunesse et ses voyages orientaux ...

Pour reprendre sur Nerval, j'ai ressorti hier soir mes deux grandes biographies de Nerval, à savoir Gérard de Nerval. Le poète et l'homme d'Aristide Marie et Gérard de Nerval. L'Inconsolé de Corinne Bayle, et aucune ne mentionne le contenu de la dernière journée de Nerval, et les deux se détournent des écrits de Du Camp.

Constance a écrit:

Dans ses "Souvenirs littéraires", Maxime Du Camp décrit les dernières heures de Gérard de Nerval ... ce récit qui le dépeint dans une immense solitude, m'a bouleversée ... que n'est-il allé dormir chez Théophile Gautier, comme il en avait coutume ...

une allée du luxembourg date de 1832, et sa mort de 1855.

Comme je l'ai écrit plus haut, le rapport d'enquête a été détruit pendant La Commune, donc il est normal que des contemporains n'en fassent pas mention ... malgré son travers que nous avons évoqué, pourquoi Du Camp ne pourrait-il pas être sincère ? ... son procès post-mortem me met mal à l'aise ...

rotko a écrit:

Constance a écrit:

Dans ses "Souvenirs littéraires", Maxime Du Camp décrit les dernières heures de Gérard de Nerval ... ce récit qui le dépeint dans une immense solitude, m'a bouleversée ... que n'est-il allé dormir chez Théophile Gautier, comme il en avait coutume ...

une allée du luxembourg date de 1832, et sa mort de 1855.

Mon commentaire ne se mettait pas en lien avec l'année de la composition de ce poème ...

En écho au fil sur Novalis, sur lequel Rotko a évoqué De Nerval, j'ai retrouvé le texte auquel j'ai fait allusion ... merci gueugueule ...

"Fantaisie", lue par Alain Cuny :

Sur la mort de Gérard de Nerval, Maître Eric Buffetaud, l'un des plus grands bibliophiles français actuels, disposerait, dans sa collection éminemment privée, de documents lui permettant de conclure à un assassinat. Il en est du moins totalement convaincu. Quant à accéder aux pièces....(peut-être ont-elles été rendues publiques à mon insu (?))

Étrange de posséder des documents de ce type et de ne pas les partager et de laisser entendre qu'on les possède????? Il veut faire monter les prix??

Je n'y crois pas du tout. Aristide Marie a publié dans sa biographie le compte-rendu d'autopsie, qui conclut au suicide. Je vois mal quelles preuves ce monsieur pourrait apporter...

Moi non plus, d'autant que j'ai déjà tout écrit sur le sujet, n'est ce pas Prince ?

Oui, ce serait bien embêtant

Albert a écrit:

Étrange de posséder des documents de ce type et de ne pas les partager et de laisser entendre qu'on les possède????? Il veut faire monter les prix??

De nombreux collectionneurs conservent jalousement les pièces rares acquises parfois à prix d'or.

J'ai dit qu'Eric Buffetaud était convaincu, non pas qu'il prouvait sa thèse. Cependant, il suffit à un chercheur de l'interroger pour peut-être avoir quelques renseignements complémentaires. C'est ainsi que - tout à fait indirectement - je suis en possession de copies de documents concernant Aloysius Bertrand.

Peut-être une piste à suivre ou une connaissance à faire pour qui s'intéresse au sujet.



P. S. : un rapport d'autopsie n'est pas vérité d'évangile. Souvent, encore de nos jours, il commence par la description des circonstances de la découverte du cadavre rapportée par les services de police ou de gendarmerie. L'expert vérifie la compatibilité de cette version avec ses constatations matérielles. Si tout concorde, la conclusion est facile mais peut toujours être mise en doute. En l'occurrence, si les policiers ont dit avoir trouvé Gérard de Nerval pendu sans avoir relevé d'indices patents d'un crime et que le légiste ne trouve pas traces de violences sur le corps, il ne pourra logiquement conclure qu'à un suicide. Ce qui ne veut pas dire dans l'absolu qu'il n'y a pas eu crime. C'est bien d'ailleurs pourquoi, on peut toujours rouvrir en enquête lorsque des faits nouveaux apparaissent. (Ex : au Chili la récente exhumation d'Allende)