Martin Winckler

Martin Winckler, Les trois médecins, POL

Opération santé !

Voir aussi mauvais genres

Le récit est allègre et à double fond. D'un côté l'itinéraire de trois étudiants en médecine - avec l'intervention des multiples personnages qu'ils rencontrent ou dont ils dépendent, de l'autre, des allusions amusantes aux trois mousquetaires.

Mais le fonds du propos concerne la politique de santé : qui sont ces étudiants qui viendront nous soigner, quel enseignement reçoivent-ils, quelles relations entretiennent-ils avec les "patients", quelles sont leurs aspirations, voire leurs revendications ?

On en vient à une radioscopie du monde médical, toutes catégories confondues, des aides-soignantes aux grands pontes. Un monde hiérarchisé, qui vit trop souvent en vase clos.

Le malade y trouve-t-il son compte ? pas toujours, et bien des mésaventures rapportées éveilleront chez le lecteur des souvenirs personnels. Il fera aussi connaissance avec les intrigues et rivalités des mandarins dans le milieu hospitalier, avec la morgue de certains spécialistes avides de pouvoirs, ou soucieux de gratifications financières.

Martin Winckler, Les trois médecins.


Sur tout ce monde, y compris sur les généralistes généreux que nous connaissons, régne la puissance des laboratoires pharmaceutiques, organisant par plusieurs canaux une "information" médicale au service de leur politique commerciale.

Le menu est riche - mais digeste, et chacun peut y ajouter ses préoccupations sur les dépassements d'honoraires, les rendez-vous à prendre six mois à l'avance, ses propres attentes déçues ou ... ses bonnes surprises. On pourrait parler aussi du "proverbial désintéressement" des pharmaciens ...

Il nous faut des livres à la fois jubilatoires et inquiétants dans d'autres domaines : justice, enseignement, pouvoirs politiques etc...

Une question de santé publique !

Je l'ai lu dernièrement et j'ai apprécié cette description des études de médecine, des laboratoires ( je suis retourné quelques années dans le passé lorsque je bossais dans le secteur médical), et aussi la clandestinité des IVG. Le personnage de Bruno Sachs est extrêmement bien décrit dans La maladie de Sachs ( adapté au cinéma). Le médecin nous apparaît à travers le regard et le ressenti des patients ( lors des visites ou des consultations), de ses amis ( fc. Les trois médecins), des commerçants etc...
Autre livre que j'ai lu de Winckler La vacation où il relate la journée du médecin lors de la pratique de l'IVG.

Bruno Sachs écrit dans ses carnets pour ...soulager son coeur, son âme.

J'aime beaucoup l'écriture de Winckler, et le questionnement qui découle de la lecture des trois livres cités.

Entièrement d'accord avec toi, d'autant que Martin Winkler a plusieurs cordes à son arc et en joue fort bien.
on a parlé de ses polars sur cette page ;

c'est un auteur cultivé, grand amateur de films, et qui relaie aussi des préoccupations contemporaines, car l'affaire du mediator devra bien être tirée au clair, dans toutes ses implications, et ramifications, au vu des morts et des préjudices causés.

le livre le grand secret de l'industrie pharmaceutique est présenté sur GDS* (cf. Philippe Pignarre.)

L'article est intéressant mais inquiétant en ce sens où l'on se sent plus que démuni en songeant à l'avenir des médicaments ( conception, fabrication, commercialisation et traitement adéquat). De plus, plus que jamais face aux déremboursements et, comme signalé dans le papier j'ai l'impression que des maladies que l'on pensait être éradiquées risquent de refaire surface à la vitesse grand V. Le soin est onéreux hélas!

Pour en revenir au sujet de Martin Winckler, j'ai très envie de lire Le choeur des femmes.

J'avais entendu parler de lui pour les polars, je crois en avoir vu un à la bibliothèque qui se déroule dans un hôpital psychiatrique si je me souviens bien.

Tiens il a un site internet très bien fichu à cette adresse Martin Winckler.com

J'avais entendu parler de Martin Winckler lorsque j'étais pigiste à Ouest France au Mans (il habitait la Sarthe où il exerçait son métier). C'était, au dire de ses patients, un excellent médecin. J'ai lu, bien sûr la maladie de Sach et j'ai beaucoup aimé son style. Il colle à la réalité, est honnête avec lui même.

J'ai eu des discussions avec un ami médecin qui s'est reconnu dans les problèmes évoqués dans le livre, les liens avec ses patients et qui m'a dit : "il n'y a aucune exagération dans ce qu'il raconte. C'est le quotidien d'un toubib de province, ses questionnements, son vécu, ses doutes, son effroi aussi de voir l'évolution de la politique santé des divers gouvernements"

Je viens de prendre de lui, Camisoles "Extrapolé à partir de la réalité sanitaire, politique et judiciaire d'aujourd'hui, Camisoles décrit un monde tout proche, où des multinationales sans scrupules manipulent politiciens, médias, psychiatre et cobayes humains pour mettre au point les camisoles de demain.
Je vais lire, et je rendrai compte.

J'attendrai avec curiosité ton avis sur Camisoles J'aime beaucoup Martin Winckler

Un peu désarçonnée par Camisoles. Le style est différent de celui de la maladie de Sachs que j'avais lu dès sa parution.
"Extrapolé à partir de la réalité sanitaire, politique et judiciaire d'aujourd'hui, Camisoles décrit un monde tout proche, où des multinationales sans scrupules manipulent politiciens, médias, psychiatres et cobayes humains pour mettre au point les camisoles de demain."
Ce livre aborde des problèmes tellement cruciaux que j'ai été un peu ... gênée par les bluettes qui se greffent pour donner du corps à la trame du roman. Mais indépendamment de cela, Winckler pose toujours son regard incisif sur les magouilles gouvernementales pour "aider" des saletés de multinationales à faire passer leurs cochonneries de médicaments et leurs idées pour lobotomiser les patients potentiels, les personnes relevant de la psychiatrie et les prisonniers de droit commun. Glissées ça et là, des articles de lois réellement votées.....
Moitié polar, moitié pamphlet, ce livre se lit bien.

Le chœur des femmes



Un très beau roman ,qui parle des femmes , ou plutôt de voix de femmes, toutes différentes,qui viennent confier leurs petits secrets à un médecin. Il ne les prend pas pour le cas "numèro X " ,mais prend le temps de les écouter. Elles lui parlent de leurs problèmes conjugaux,de leurs pilules qu'elles ne supportent plus ...et lui reste , et ne dit rien . il comprend leurs maux.
En parallèle les vies du docteur Karma et de son interne Jean Atwood vont se rejoindre , un fil secret les relie.
Jean Atwood et Franz Karma ont chacun un secret qui les anime, les oppose et, étrangement, les rapproche - le secret originel de leur identité en tant que soignant et en tant qu’être humain.

Le Numèro 7




Un roman un peu particulier de Martin Winckler, on le commence et on ne le lâche plus. Je le classerais comme un thriller médical avec un soupçon d'anticipation. L'action se situe au Darfour ou Eddie Dante va connaître une descente aux enfers. L'intrigue est liée avec certaines affaires médicales.
.Alice fille de de quinze ans visionne les épisodes de la série " le prisonnier " .
L'évasion de Dante est un peu " tirée par les cheveux ", Winckler le sait et s'amuse avec nous lecteurs ( p 295 - "Ah, vous êtes perdus... Ne protestez pas . Allez! Je le vois au regard ébahi que vous posez sur moi. Vous vous demandez où ça mène. Et si le narrateur sait où il va, s'il sait ce qu'il fait .
Rassurez-vous , c'est parfaitement naturel! Eh !Vous ne regardez pas une série télévisée ....")
Par contre le fond du livre parle d' expérimentation médicale dans les pays pauvres , une expérimentation biomédicale sauvage ( qui fait froid dans le dos ).Le dirigeants de ces firmes sont sans scrupules.
L'expérimentation peut être monstrueuse mais que serait-elle sans essai au préalable ?
Winckler caricature certains essais.
Je ne connaissais ni la série " le Prisonnier " , ni le village du numèro 6, si vous le suivez, vous pouvez visualiser les photos de ce lieu sur le site de Martin . Winckler.
Le sujet de ce livre aurait mérité un plus grand intérêt. C'est aussi par la plaisanterie que l'on attire des réactions les plus diverses.
Ce fut pour moi une nouvelle rencontre avec Martin Winckler, je continuerais à suivre cet auteur.[url=ICI]http://martinwinckler.com/article.php3?id_article=895&var_recherche=le+num%E8ro+7[/url]

J'avais particulièrement adoré La Maladie de Sachs et l'adaptation cinéma qui suivit.
Cette chronique du médecin de campagne à l'écoute de toute cette humanité en demande est prenante de bout en bout.

Les invisibles - Martin Winckler



"Oui ,nous pouvons enregistrer ou imprimer tout ce que nous disons, filmer chacun de nos actes, entreprendre toutes les expertises psychologiques possibles et imaginables, et même répertorier nos gênes et leur emplacement sur nos chromosomes.
Mais nous ne pourrons jamais mettre au jour les forces profondes qui nous poussent à agir: les émotions, les intentions, les dilemmes, les coups de tête, les coups de folie, le tourbillon des tourments et des désirs....
Ces forces-là seront toujours invisibles."


Charly Lhombre, médecin légiste dans la ville de Tourmens en France , a décidé de prendre une année sabbatique . Il atterrit au Québec, et plus exactement à Montréal, où un poste de chercheur l'attend. Il a obtenu une bourse pour un an, afin d'étudier au CRIE (Centre de Recherches Interdisciplinaires en Ethique), sur les causes des décès chez les hommes de vingt-cinq à quarante ans. Le soir de son arrivée, il aide une doctorante du CRIE et participe à la distribution des repas pour des plus démunis.
L'accueil des chercheurs est chaleureux. Mais il se rend vite compte que des secrets se cachent dans les murs de ce CRIE. Il loge chez le fondateur du CRIE, dont la femme, Kathleen Cheechoo, été assassinée et le meurtre non élucidé. Il va mener son enquête, à celle-ci succédera une succession de morts chez les démunis . Existe-t-il un lien avec le passé de Kathleen, avec les indiens Cris ?

Martin Winckler nous entraîne dans lea ville de Montréal, avec son langage bien particulier, un véritable plaisir de lire ces expressions . Non seulement, je les lis, mais je les entends avec leur accent : " oui, oui c'est correct " - phrase tout à fait banale, mais avec l'accent québécois une véritable différence.

Quand les Québécois parlent de " blonde ", détrompez-vous, il ne s'agit pas d"une femme blonde, encore moins d'une bière, mais de leur petite amie. Pour la femme , elle a un" chum."

J'aime l'écriture de Martin Winckler, sous des abords pleins d'humour, il dénoncer les agissements méprisables, les individus sans morale. Avec l’œil de l’homme qui utilise ses connaissances de médecin pour décrypter ce qui l’entoure, perdant parfois quelques illusions, mais jamais ni son âme ni son cœur.

J'aime beaucoup cet auteur Astazie Je n'ai pas lu le titre dont tu parles en dernier, j'vais fouiller ma médiathèque

A signaler chez FOLIO À 2 € la Petit éloge des séries télé
«Quelques-uns des droits inaliénables du sériephile (avec mes remerciements à Daniel Pennac) :
Le droit de regarder sans être jugé ou méprisé.
Le droit d’aimer (ou de détester) sans devoir se justifier.
Le droit de revoir indéfiniment ses épisodes préférés.
Le droit de considérer certains personnages comme des amis intimes.
Le droit de rire, de pleurer, de souffrir, d’espérer en regardant un épisode et, une fois qu’il est terminé, de se sentir compris et valorisé, éclairé et informé.»

A ce prix on peut craquer

Winckler a une grande culture audiovisuelle contemporaine, y compris BD.

Je l'ai entendu en parler à la radio, il est très bon. Merci Astazie de signaler ce titre.

Ah, je me permets de rajouter un livre de Martin Winckler absolument superbe "Les miroirs Obscurs" paru Au diable Vauvert. Ce livre est une sorte d'anthologie des séries télé américaines. Il y a beaucoup d'informations sur la naissance et le pilotage de nombreuses séries américianes ainsi que sur lien avec la société. Ainsi est-il surprenant de découvrir que David Vincent, chasseur d'extraterrestres, chassait en fait un ennemi qui n'était autre que les communistes... En effet, les scénaristes américains, en pleine guerre froide, avaitent utilisé la métaphore des extra terrestres pour dénoncer une "invasion des Etats-Unis" par les communistes. Bref, ce libre est captivant.

pgmb a écrit:

Ah, je me permets de rajouter un livre de Martin Winckler absolument superbe "Les miroirs Obscurs" paru Au diable Vauvert. (...)Bref, ce libre est captivant.

Ah tiens super ! Je n'ai pas du bien fouiner dans la catalogue du Diable Vauvert

Pour David Vincent j'ai appris ça assez récemment, si dans le livre il y a d'autres trucs aussi étonnants à apprendre je le note dans ma liste à lire

(clic )

j'aime bien le Diable Vauvert, car en plus leurs bouquins sont de beaux objets

Je regardais sa bibliographie et j'apprends quoi ? POL vient de sortir En souvenir d'André (208 pages, 16 € )

Citation :

Le narrateur a été l'un des premiers médecins, dans un pays européen non précisé, à assister les personnes qui demandaient à mourir – clandestinement d'abord, puis plus ouvertement, à mesure qu'une certaine tolérance s'installait et que les lois s'adaptaient à la situation. Après avoir maîtrisé les techniques qui permettent aux hommes et aux femmes de quitter la vie sans souffrance et sans angoisse, il a découvert, au gré de son histoire personnelle, que cette assistance technique ne suffisait pas. Que l'accompagnement d'une personne qui a décidé de mettre fin à ses jours passe par une démarche personnelle plus profonde. Et que cet accompagnement, d'autres que les médecins peuvent l'assurer. Au moment où lui-même se retrouve en fin d'évolution d'une maladie mortelle, le narrateur raconte son histoire (...)

Le thème m'intéresse beaucoup !

En souvenir d'André, par Martin Winckler,
POL, 198 p

Ce livre raconte la vie secrète d'Emmanuel Zachs, médecin respecté, la vie devant soi, qui un beau jour décide d'ajouter un droit à son serment d'Hippocrate: celui d'aider un grand malade à se suicider.

«Je voulais aider mon père à mourir. A première vue, allongé dans le lit, son gros corps simplement recouvert d'un drap blanc, c'était l'homme que j'allais réveiller, enfant, le dimanche en milieu de matinée.» Autour de lui, l'équipe médicale s'affaire mécaniquement.

«Quand je me suis approché comme chaque fois pour poser un baiser sur son front, j'ai vu son visage maculé de sang, sa narine tuméfiée. On avait essayé de lui passer un tuyau de gavage par le nez. E ne s'était pas laissé faire. J'ai senti la colère monter.»

source bibliobs.

En souvenir d' André

Un peu perdue au début du livre, la fin éclaire l'ensemble.

Le sujet est d'actualité : un médecin aide sur simple demande un homme, une femme, à se suicider.
Il prend sa décision seul selon qu'il juge la personne prête ou pas à la suite d'entretien (essentiellement de l'écoute) qui font le corps du livre jusqu'au jour où sa vie intime entre en collision avec cet engagement ....

Si cela pouvait se passer comme ça dans la vraie vie : une fin de vie choisie et assumée