Marie NDiaye

Merci à Leutchi et Krol pour ces avis

Ca faisait longtemps que je n'étais pas venue sur le forum, mais après avoir lu "Trois femmes puissantes", pas pu m'empêcher de venir voir ce que vous en pensiez!

Leutchi, c'est marrant mais, juste contrairement à toi, j'ai vraiment préféré l'histoire de Fanta à celle de Norah. Je la trouve moins "académique", on dirait que l'auteur sort de son carcan de recherche savante ou de récit bien tourné, qui donne à réfléchir par la richesse de ses métaphores et de sa prose, pour enfin entrer dans le détail du sujet.

Je me suis plus identifiée à Rudy qu'à Norah, il est plus "humain" je trouve, et l'image qu'il fait de sa femme est semblable à ce que beaucoup doivent ressentir. Peut-être cette proximité dans le fait que l'histoire se passe en province ?

Je ne sais pas. Quoi qu'il en soit, la deuxième partie est moins "mythique" que la première. J'ai vraiment aimé l'image des plantes coupées, et de Rudy qui se met à pleurer devant ce qu'il en reste. Petite déception. Grande tristesse. Vide.

La polémique autour de son roman m'a paru un peu décalée. Ca m'a juste donné envie de lire les goncourt des années précédentes, pour voir ce que ce prix a vraiment dans les tripes.
Envie de disséquer le grand flamboyant, voir de quoi est vraiment composé son parfum jaune.

leutchi a écrit:

J'a i enfin lu "3 femmes puissantes". Comme c'était ma première "NDiaye experience" je ne peux dire si ce bouquin goncourisé est bien différent de ses précédents.

Assurément oui, et heureusement d'ailleurs.

Je trouve le Goncourt 2009 franchement mauvais !



J'ai lu tous les romans commis par Marie Ndiaye, les meilleurs étant à mon goût Rosie Carpe et La Sorcière.

J'ai aussi une affection particulière pour Un temps de saison.

Mon opus préféré : "Autoportrait en vert", dans la collection Traits & Portraits au Mercure de France. Là vous pouvez y aller les yeux fermés ,la collection est excellente dans son intégralité.

J’ai été très déçue par Trois femmes puissantes. Au terme de la première histoire, j’étais moyennement intéressée. J’ai failli ne pas aller au bout de la seconde tant je l’ai trouvée ennuyeuse et longue. La troisième m’a presque plu, peut-être parce que Khady m’a paru plus humaine que les autres, la seule vraiment « puissante » aussi.

En fait, je crois que j’ai beaucoup de mal à trouver belle l’écriture de Marie NDiaye. Il y a d’abord cette manie moderne d’aller à la ligne à la fin de chaque phrase, courte ou longue. Pour moi le passage à la ligne correspond à une pause, à une respiration dans le texte, et ne se justifie que pour un texte poétique écrit en versets. D’autre part, je comprends bien que les très longues phrases dont, à mon sens, abuse l’auteur, correspondent aux méandres de la psychologie des personnages mais cela tourne vite au procédé artificiel. S’il faut, qu’à tout bout de champ, je reprenne la phrase depuis le début pour la comprendre, cela m’agace et gâche ma lecture. J’attache tellement d’importance à la forme que, lorsque je ne l’apprécie pas, cela nuit nécessairement au fond.

Pourtant, dans ces trois longues « nouvelles » (pour moi, ce n’est pas un « roman » même si chaque histoire trouve un écho dans les deux autres), les thèmes de la solitude, de l’exil, de la trahison, des rapports entre le bien et le mal sont abordés avec une certaine finesse mais le tout reste froid à force d’être disséqué.

Je voulais me faire une idée de Trois Femmes Puissantes parce que justement j'aime les femmes puissantes ; le Goncourt aussi intrigue quand même, bien que comme la Palme d'Or à Cannes, il me semble que depuis plusieurs années pas mal de considérations, comme disait quelqu'un plus haut, l'emportent sur la qualité intrinsèque de l'oeuvre.
Au bilan de lecture des avis, pour le sujet déjà cela ne paraît pas du tout être ce que j'attendais. Pourquoi Marie NDiaye ne raconterait-elle pas l'épopée de trois des amazones de Behanzin, armées de fusils à tir rapide vers 1880 ? ce serait plus original.
Pour le style, sûrement des qualités, oui, mais je subodore ici le mélange de Proust et de Camus (dans "L'Etranger"), avec le petit gimmick-trouvaille de revenir à la ligne après chaque point. Je suppose qu'il n'y a que des points (= "L'Etranger")? ça fait poignant, genre "émotion retenue", hébétude souffrante, toussa toussa...
Enfin je suis peut-être stupidement injuste, j'irai le feuilleter un peu en magasin.

Ernst a écrit:

Je voulais me faire une idée de Trois Femmes Puissantes parce que justement j'aime les femmes puissantes ; le Goncourt aussi intrigue quand même, bien que comme la Palme d'Or à Cannes, il me semble que depuis plusieurs années pas mal de considérations, comme disait quelqu'un plus haut, l'emportent sur la qualité intrinsèque de l'oeuvre.
Au bilan de lecture des avis, pour le sujet déjà cela ne paraît pas du tout être ce que j'attendais. Pourquoi Marie NDiaye ne raconterait-elle pas l'épopée de trois des amazones de Behanzin, armées de fusils à tir rapide vers 1880 ? ce serait plus original.
Pour le style, sûrement des qualités, oui, mais je subodore ici le mélange de Proust et de Camus (dans "L'Etranger"), avec le petit gimmick-trouvaille de revenir à la ligne après chaque point. Je suppose qu'il n'y a que des points (= "L'Etranger")? ça fait poignant, genre "émotion retenue", hébétude souffrante, toussa toussa...
Enfin je suis peut-être stupidement injuste, j'irai le feuilleter un peu en magasin.

Rien ne vaut de se faire une opinion personnelle !

Ernst a écrit:

avec le petit gimmick-trouvaille de revenir à la ligne après chaque point. Je suppose qu'il n'y a que des points (= "L'Etranger")? ça fait poignant, genre "émotion retenue", hébétude souffrante, toussa toussa...

ça ne me paraît pas du tout être dans son style, elle a plutôt tendance à refuser d'aller à la ligne trop souvent

Seb a écrit:

Ernst a écrit:

avec le petit gimmick-trouvaille de revenir à la ligne après chaque point. Je suppose qu'il n'y a que des points (= "L'Etranger")? ça fait poignant, genre "émotion retenue", hébétude souffrante, toussa toussa...

ça ne me paraît pas du tout être dans son style, elle a plutôt tendance à refuser d'aller à la ligne trop souvent

Aurais-je eu entre les mains une édition particulière ??? Dans Tois femmes puissantes, le passage à la ligne après chaque phrase est constant. Il est vrai que certaines phrases font jusqu'à dix lignes !

Ernst a écrit:

Enfin je suis peut-être stupidement injuste, j'irai le feuilleter un peu en magasin.

et celui-là

Comment parler des livres qu'on a pas lus de Pierre Bayard

tu le feuilletteras ?

mona a écrit:

et celui-là

Comment parler des livres qu'on a pas lus de Pierre Bayard

tu le feuilletteras ?

pas besoin, puisque sa methode est simple, il suffit de survoler ce fil

qui d'ailleurs ne vole pas haut

Je viens de terminer Trois femmes puissantes, et je dois dire que je suis perplexe........qu'est ce qu'ils ont bien pu lui trouver pour lui décerner un prix??
Le style d'écriture me plaît bien, mais je ne comprends pas la structure du texte. Quel lien entre ces trois histoires, à part le lieu?

Quelque chose a dû m'échapper, vous pourrez peut être m'expliquer...
Et quelle désolation ces histoires, quelles tristes vies, sans lien avec les autres si ce n'est dans la souffrance.
Ces femmes ne me semblent pas puissantes, mais plutôt ballotées de ci de là, au gré des humeurs des hommes qu'elles rencontrent.
Quant aux hommes, ce sont de pauvres choses, veules, immatures, lâches, malades, ridicules.
Si vous me dites que les autres livres sont mieux, j'essaierai peut être de nouveau....

Albert a écrit:

Je viens de terminer Trois femmes puissantes, et je dois dire que je suis perplexe........qu'est ce qu'ils ont bien pu lui trouver pour lui décerner un prix??
Le style d'écriture me plaît bien, mais je ne comprends pas la structure du texte. Quel lien entre ces trois histoires, à part le lieu?

Quelque chose a dû m'échapper, vous pourrez peut être m'expliquer...
Et quelle désolation ces histoires, quelles tristes vies, sans lien avec les autres si ce n'est dans la souffrance.
Ces femmes ne me semblent pas puissantes, mais plutôt ballotées de ci de là, au gré des humeurs des hommes qu'elles rencontrent.
Quant aux hommes, ce sont de pauvres choses, veules, immatures, lâches, malades, ridicules.
Si vous me dites que les autres livres sont mieux, j'essaierai peut être de nouveau....

Rosie Carpe, prix Femina 2001, m'avait paru bien meilleur mais c'est aussi un livre sombre avec une héroïne médiocre et désespérante, des personnages qui sont tous des perdants ! Cela dit, l'écriture m'avait paru remarquable et je ne l'ai guère retrouvée dans Trois femmes puissantes, d'où mon étonnement, moi aussi, devant le prix obtenu pour cette oeuvre qui, à mon sens, ne fera pas date.

Comme je l'avais dit plus haut, j'ai feuilleté l'oeuvre en librairie pour éclairer ma lanterne et je dois avouer que mon opinion est la même que celle d'Albert, et de Nicyrle. Le style est un peu meilleur que je ne le craignais d'après les posts précédents. Mais les récits ! on en retire même une impression paradoxalement négative sur l'immigration africaine, "Eh bien, s'il sont comme ça...". Moi qui interviens en tutorat dans des familles d'origine étrangère, je trouve cela presque choquant, car je n'ai vu que des familles africaines (modestes, je précise) très dignes, avec des gens courageux. Dans ce roman, où sont les "femmes puissantes"?!? des carpettes du mâle, oui. Mais je n'ai pas tout lu, certes. Et m'en tiendrai là ! heureusement qu'on a Alain Mabanckou, par exemple.

Ernst a écrit:

on en retire même une impression paradoxalement négative sur l'immigration africaine, "Eh bien, s'il sont comme ça...". Moi qui interviens en tutorat dans des familles d'origine étrangère, je trouve cela presque choquant, car je n'ai vu que des familles africaines (modestes, je précise) très dignes, avec des gens courageux.

je faisais la même réflexion au thèâtre avec papa doit manger.

Ernst a écrit:

des carpettes du mâle

je me demande si on a lu le même livre ...

Pour moi l'Afrique a permis à l'auteur de mieux illustrer son propos et je n'ai pas lu ce roman comme un "roman africain" tel que L'intérieur de la nuit de Léonora Miano

alors Mona, qu'est ce que c'est son propos?

Albert a écrit:

alors Mona, qu'est ce que c'est son propos?

ce que peut être une femme dans l'adversité que celle-ci soit culturelle, sociologique, familiale, affective ...
avec l'espérance en toile de fond, moteur de survie

Trois Femmes puissantes sera adapté au cinéma par Christophe Perton. Il a déja mis en scène au théâtre deux pièces de Marie N'Diaye, Hilda et Les Grandes Personnes.

Bonsoir,

Je lis en ce moment "Rosie Carpe". J'ai lu 100 pages. J'accroche à l'histoire, aux personnages et en particulier à cette femme qu'on aimerait bousculer par moment et lui demander de se réveiller.

De l"humour avec cette "grand ma" qui regarde question pour un champion. Beaucoup de distance parfois par rapport aux évènements comme si tout était lié à la fatalité, à une enfance dont les parents n'ont pas su dire et exprimer leur amour.

En revanche et comme l'a écrit l'un ou l'une des intervenants, certaines phrases sont très longues et l'on se perd facilement. J'ai eu du mal au début, mais cette femme enfant est si désespérement "attachante" !

je terminerais le livre cette semaine si je ne meurs pas étouffer dans le RER B demain ou les jours suivants

Amicalement

Bonsoir,

J'ai terminé Rosie Carpe et je dois dire que j'ai eu un mal fou à le finir. Le style est trop lourd, il faut un GPS pour éviter les obstacles, retrouver l'idée de base et le fil de l'histoire. Des personnages attachants, d'autres que l'on déteste, bref une histoire de famille étrange, une perte de soi,, mais hélas noyé dans style épais, illisible parfois,un style faussement précieux, désordonné, surécrit. Les flash back de Lagrand sous ses lunettes noires, son polo blanc, sa bagnole, et ses souvenirs d'enfance de psy à 2 balles ....non, pas aimé du tout..

Bref, je vais vite l'oublier.

A@@@@

J'ai fini Trois femmes puissantes il y a deux jours... J'ai maintenant le recul nécessaire pour tenter de mettre au clair mes impressions
C'est un livre étrange. Je ne l'ai pas lu parce que j'en suis tombée amoureuse , mais parce que jusqu'à la fin j'ai cherché à rétablir toutes les pièces du puzzle Marie NDiaye sème des passerelles entre chaque héroïne, et son livre est truffé de symboles qu'on cherche à s'expliquer clairement (l'oiseau notamment, qui revient dans chaque histoire). Il y a des lieux qui se font écho sans cesse (Dara Salam, les maisons aux murs roses et au toit bleu, le flamboyant qui revient dans deux histoires) et des personnages qui se croisent (par les liens du sang, ou par hasard ) toujours.
Marie NDiaye a tissé une trame, non pas fine, mais assez floue, comme pour un effet de style... Le style en effet est singulier, original, mais pas vraiment accrocheur. C'est laborieux ! Force descriptions et lentes circonvolutions nous amènent vers de nouveaux indices sur la vie des personnages.
Sinon Marie NDiaye dessert formidablement la cause de l'immigration africaine. Chacune de ses héroïnes est une femme comme les autres, qui tente de se battre. Alors elles n'ont pas grand chose d'extraordinaire ces trois femmes, et si elles sont qualifiées de "puissantes" c'est surement pour le courage avec lequel elles font front aux vicissitudes de la vie : un père absent et cruel, un mari incapable et colérique, un ami déterminé mais finalement égoïste...

Les hommes n'ont pas la part belle dans cette œuvre, ce sont toujours des sources de problème pour les femmes desquelles ils partagent la vie ! Des poids qui pèsent sur les épaules de leurs proches. Bref, l'image de l'homme n'est pas terrible, et c'est la femme qui sans cesse se remet en question...

A lire si l'on est motivé donc

finalement, pas trop tentée par ce livre pour le moment.

J'aurais peut-être dû passer par ici avant de m'aventurer dans la lecture de Trois femmes puissantes. Il me reste une cinquantaine de pages à lire, j'ai lu les 250 premières avec un peu de perplexité, je ne sais pas où on va, le style est assez pénible et les histoires relatées sont autant de relations médiocres entre des êtres humains pas bien passionnants ni même passionnés semble-t-il... Encore une déception avec un auteur français contemporain pour moi

Mercromina a écrit:

J'aurais peut-être dû passer par ici avant de m'aventurer dans la lecture de Trois femmes puissantes. Il me reste une cinquantaine de pages à lire, j'ai lu les 250 premières avec un peu de perplexité, je ne sais pas où on va, le style est assez pénible et les histoires relatées sont autant de relations médiocres entre des êtres humains pas bien passionnants ni même passionnés semble-t-il... Encore une déception avec un auteur français contemporain pour moi

J'ai aussi été très déçue par ce roman .

Egalement déçue , j'ai mis un temps fou à finir ce livre que j'ai trouvé soporifique à souhait ., aucune émotion ne m'a transportée , des longueurs pour finalement ne jamais arriver à saisir le sens véritable de ces histoires aux personnages sans couleurs ni envergure.
Je n'ai pas du saisir la puissance de ces femmes.