Marie NDiaye

Moi non plus, je ne suis pas du tout fan de Marie Ndiaye. Pour que je puisse aimer un livre, il faut généralement que je parvienne à aimer un des personnages, et dans l'oeuvre de Ndiaye, je n'en aime aucun. Pas simplement parce qu'ils sont pour la plupart médiocres (au contraire j'ai tendance à les apprécier ceux-là), mais surtout parce qu'ils ne trouvent aucune forme de rédemption dans leur médiocrité. De plus, pour pouvoir brouiller les cartes de la chronologie linéaire et transporter le lecteur dans une rêverie extatique, je pense qu'il faut avoir un talent considérable à la Virginia Woolf. Chez Ndiaye, les flashbacks et les flashforwards sont éreintants. C'est L'artifice littéraire qu'elle adore mais je ne vois pas quel est son but si ce n'est déstabiliser le lecteur car on n'a pas grand'chose à lui raconter. Car le problème est bien là, quand je referme un livre de Ndiaye, je me demande toujours "mais de quoi voulait-elle parler?, Que se dégage-t-il de ces histoires indigestes?".

Je fais partie de celles et ceux qui veulent que la littérature ait un sens, direct, indirect, donné ou à trouver, mais un sens; je pense donc que la littérature post-moderne n'est définitivement pas pour moi!

Aglaé a écrit:

la littérature post-moderne n'est définitivement pas pour moi!

as-tu lu Laurent Mauvignier. je te conseille des hommes (le livre ..)

rotko a écrit:

Aglaé a écrit:

la littérature post-moderne n'est définitivement pas pour moi!

as-tu lu Laurent Mauvignier. je te conseille des hommes (le livre ..)

Je ne connais pas cet auteur, mais s'il peut me réconcilier avec la littérature moderne à travers Ses Hommes, je le note parmi les écrivains à découvrir!

Pour ma part, au contraire d'Aglaé, je poursuis ma quête de connaître l'intégralité des auteurs Minuit.

Ainsi, je me suis procuré Quant au riche avenir, de Marie NDiaye, son premier roman publié par Jérôme Lindon à dix-neuf ans.

Je ne manquerai pas de vous en donner des nouvelles...

Modiano a écrit:

Pour ma part, au contraire d'Aglaé, je poursuis ma quête de connaître l'intégralité des auteurs Minuit.

Ainsi, je me suis procuré Quant au riche avenir, de Marie NDiaye, son premier roman publié par Jérôme Lindon à dix-neuf ans.

Je ne manquerai pas de vous en donner des nouvelles...

Avec plaisir, Modiano

Je n'ai lu de Marie NDiaye que la Sorcière et Rosie Carpe. Avec elle, j'ai un tic de lecture, je compte toujours le nombre de fois où revient "quoique ce fût". On critique souvent les écrivains contemporains pour leur abandon du passé simple et du subjonctif mais Mdiaye en use et en abuse. Sans parler de son amour pour la subordonnée qui n'en finit plus.

Je n'accroche ni au style ni à ces histoires. J'ai cru comprendre qu'avec la Sorcière, elle voulait raconter l'ambivalence de sa double culture en mêlant registre sorcier et éléments de vie bien française -comme le RDV des filles devant leur poste de télé pour regarder des séries et le cultre du divorce. Mais je n'ai pas été convaincue, d'autant plus que je goûte peu au fantastique. Je n'ai pas compris la symbolique du père qui termine en escargot. Mais c'est sûrement un peu de ma faute aussi

Aglaé a écrit:

Je n'ai lu de Marie NDiaye que la Sorcière et Rosie Carpe. Avec elle, j'ai un tic de lecture, je compte toujours le nombre de fois où revient "quoique ce fût".

Ha ha ! Je sens que ça va bien m'énerver ça.

Au fait, j'ai appris récemment qu'elle était la compagne de Jean-Yves Cendrey. J'avais lu de lui Le Corps ensaignant, qui au-delà du jeu de mots fastoche, était un livre réussi sur la pédophilie.

Modiano a écrit:

Aglaé a écrit:

Je n'ai lu de Marie NDiaye que la Sorcière et Rosie Carpe. Avec elle, j'ai un tic de lecture, je compte toujours le nombre de fois où revient "quoique ce fût".

Ha ha ! Je sens que ça va bien m'énerver ça.

Au fait, j'ai appris récemment qu'elle était la compagne de Jean-Yves Cendrey. J'avais lu de lui Le Corps ensaignant, qui au-delà du jeu de mots fastoche, était un livre réussi sur la pédophilie.

Pourquoi, tu es aussi fan que ça?

Je ne peux malheureusement pas te renseigner plus que ça à propos de son écrivain de compagnon -que je ne connais pas.

Non, c'est un simple hasard...

Modiano a écrit:

Jean-Yves Cendrey. J'avais lu de lui Le Corps ensaignant, qui au-delà du jeu de mots fastoche, était un livre réussi sur la pédophilie.

tu devrais en parler, vu que c'est un tabou, un pb social, un pb psycho - et que je n'y connais rien

C'est un petit livre que j'avais acheté dans un vide-grenier pour le jeu de mots dans le titre, et pour son genre : le tombeau. N'avais jamais vu ça.

On y voit une jeune policière qui s'est tuée avec son arme de service, des années après avoir subi les approches d'un professeur des écoles assez tactile. L'auteur fait une belle plongée dans le passé.

Un épisode me revient : celui de la projection des photos de la classe de neige, où ledit professeur, au mépris de toute prudence, montre des photos des enfants nus au sortir de la douche. Les parents dans la salle rient jaune (bonne ambiance).

Aucune puce dans aucune oreille.

Je n'ai pas de NDiaye dans ma bibliothèque et je comptais m'y mettre. Or, je vois que vos avis sont pour le moins partagés quant à Marie NDiaye. Du coup, je me demande : j'essaie, ou j'essaie pas? Et seconde question : si oui, quelle œuvre ?

Par avance merci

Sans garantie de ma part, mais selon mes sources,


392 p. chez minuit.

Rose-Marie Carpe naît et grandit en province dans un univers fade et jaune, entourée de son frère et de ses parents. Puis elle arrive à Paris, devient Rosie Carpe, rate ses études et se retrouve à travailler dans un hôtel de banlieue, où elle commence à sombrer jusqu'à ce qu'elle atteigne le "bout du rouleau" et parte en Guadeloupe retrouver un frère aux abois et des parents effrayants.

A propos de Rosie Carpe dont j'ai déjà brièvement parlé :
Il faut entrer dans ce roman à l’écriture très travaillée et accepter sa désespérance : c’est à la fois beau et terrible, avec une vision de la Guadeloupe qui n’a rien à voir avec celle des agences de voyage.
Un roman original, qui dérange, auquel on ne peut se’empêcher de penser après l’avoir refermé. Comme je suis positive de tempérament et que la noirceur totale me rebute, je garde le souvenir de Titi, l’enfant malingre et attachant qui semble poser sur le monde un regard étrangement lucide et Lagrand qui incarne en quelque sorte la raison mais aussi l’amour sincère.

Lire Rosie Carpe a été pour moi un véritable supplice. J'ai beaucoup pris sur moi pour ne pas fermer le bouquin mais au contraire le lire jusqu'au bout. Ethique de vie: ne pas interrompre les gens et attendre qu'ils aient fini de parler pour se faire une idée. Je l'adopte aussi quand je lis, parfois à mes dépens.

Je suis d'accord avec toi Nicyrle, Ndiaye y brouille les stéréotypes. 2 archétypes notamment sont mis à mal: la Guadeloupe est à des années lumières d'incarner le mythe du jardin d'Eden et l'opposition Europe/Ailleurs ne tient pas non plus la route.

La famille y est présentée comme la source de toutes les névroses -comme c'est le cas aussi dans La sorcière. Je regrette donc, pour ma part, un non-renouvellement des thèmes abordés.

L'oeuvre tourne manifestement autour d'une problématique identitaire qui ne sera pas résolue et qui est exprimée de manière peu convaincante. Beaucoup de trop de répétitions.

"Elle ne savait qu'une chose, qu'elle était Rosie Carpe de son vrai nom."

Plus haut, "oui Rosie Carpe." et se dit "Rosie Carpe, Rosie Carpe, c'était elle".

Plus loin, "je m'appelais encore Rose-Marie à ce moment là.... j'étais tout bonnement Rose-Marie, à Brive, disait Rosie, lorsqu'il fut évident qu'il était trop tard pour qu'on l'appelât plus jamais Rose-Marie".

Quelque part "elle savait que c'était bien elle, à la fois Rosie et Rosie Carpe"

Ailleurs "Rosie Carpe - qui était Rosie Carpe? se demandait Rosie".

En se regardant sur la vitre d'un mobilier " elle approcha son visage de la table basse...se regarda dedans et ne reconnut pas Rosie Carpe"

Deux pages avant, face à un miroir "elle vit une grande silhouette rouge aux épaules droites...et elle se dit que c'était là Rosie Carpe, c'es-à-dire, assurément elle-même".

Pour moi, toutes ses répétitions ont été lassantes et je pèse mes mots!

De plus, je ne comprends jamais rien à sa symbolique. On sait qu'il y'a un jeu autour des patronymes (Carpe, Foret) et des prénoms (Marie, Lazare, Abel), mais pour moi ce réseau sémantique a été ininterprétable par qu'on est trop ballotté d'une scène à l'autre. Les flashbacks sont mal faits, ils interviennent toujours au mauvais moment, l'histoire n'en est pas une, le style est trop ''travaillé'', trop de subordonnées interminables, trop de subjonctif utilisé pour un oui pour un non.

Bref, vous l'aurez compris, la littérature de Ndiaye n'est pas du tout ma tasse de thé.

Mais j'adorerais qu'un lecteur avisé m'ouvre les yeux sur tout ce que je n'ai pas compris, car dans ce désamour entre Ndiaye et moi, j'ai sûrement ma part de responsabilité.

Aglaé a écrit:

Pour moi, toutes ses répétitions ont été lassantes et je pèse mes mots!

Bref, vous l'aurez compris, la littérature de Ndiaye n'est pas du tout ma tasse de thé.

Mais j'adorerais qu'un lecteur avisé m'ouvre les yeux sur tout ce que je n'ai pas compris, car dans ce désamour entre Ndiaye et moi, j'ai sûrement ma part de responsabilité.

oui, le lecteur avisé fera coup double, car je n'ai pas d'attirance pour Marie N'Diaye avec ce que j'ai lu. Mais je ne me sens pas coupable de quoi que ce soit

J'ai donc terminé Quant au riche avenir, le premier roman de Marie NDiaye.

C'est court, et tant mieux.

De la perspicacité gratuite pendant 115 pages. Le goût de l'observation de l'adolescence mais sans joie, sans joie...

Je ne supporte pas les écrivains à qui il semble qu'écrire est un déchirement continu. Ou qu'ils s'infligent un supplice.

Voilà... Une histoire d'amour extrêmement stylisée.

Modiano a écrit:

Je ne supporte pas les écrivains à qui il semble qu'écrire est un déchirement continu. Ou qu'ils s'infligent un supplice.

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J'avais cru comprendre qu tu aimais beaucoup NDiaye?

Revirement de situation?

As-tu lu Rosie Carpe?

Non, je parlais de son mari, Cendrey...

Pas lu Rosie Carpe.