John Steinbeck

J'ai ouvert mon premier steinbeck, des souris et des hommes, pas très original, il y a 15 ans maintenant, j'ai mis tout ce temps pour en ouvrir un second, puis un troisième...

Bref, en bonne voie pour continuer à découvrir, à savourer ses livres.
Loin des polémiques sur l'homme, je découvre à travers lui la littérature américaine, même si s'en arrêter à ça serait autant réducteur pour cette littérature (ces littératures) que pour son œuvre.

J'ai lu récemment dans une critique, "c'est du Steinbeck", cela m'a été incompréhensible, peut être ai-je lu des livres trop différents, mais si j'ai apprécié la rue de la sardine, les naufragés de l'autocar, la coupe d'or, la perle, je ne peux pas dire que j'y ai retrouvé la pâte d'un auteur de manière flagrante.

Chaque fois, malgré tout, derrière un récit qui pourrait apparaître banal, derrière une misère, il y a la révolte et l'espoir d'un mieux qui pointent, la conscience d'un ailleurs, d'un différent possible.
Que ce soit pour Kino dans la perle, qui tente de réaliser ce mieux ou pour Juan dans les naufragés de l'autocar qui ne fait que le rêver, tous ont conscience de là où ils en sont, tous sont guidés par un idéal qui fait fonction d'élan de vie.
Tous ces personnages ont une conscience acérée de ce vers quoi ils tendent et les doutes, le (des)espoir, l'attention à l'autre qui vont avec.

cafeine a écrit:

J'ai ouvert mon premier steinbeck, des souris et des hommes, pas très original, il y a 15 ans maintenant, j'ai mis tout ce temps pour en ouvrir un second, puis un troisième...

ouf, j'ai encore 5 ans pour ouvrir mon second Steinbeck , après le grand "des souris et des hommes"...

Est-ce que tout le monde commence par celui-là ? :yes:

Attends ! on est fainéant... il est petit, facilement transportable, ultra connu, pourquoi avoir une once d'originalité ?

et puis je crois en fait l'avoir lu au lycée et c'était le seul Steinbeck du CDI, et puis il faut les rendre vite et puis ado il y a plein d'autres choses importantes à faire...

Steinbeck appartient au patrimoine littéraire américain descendant de Zola, une façon comme une autre de dire qu'il est, à mes yeux, un peu dépassé.

j'explique : le gothique, c'est très beau, mais les statues de Viollet le duc au XIXe font démodé.

ARGH !

OUI bien sûr, il ne les a pas écrit hier ses livres, je ne lis que des traductions et ne peut pas savoir si son écriture est désuète, mais je ne comprends pas ce que tu veux dire en employant le terme dépassé ?
Parce qu'il ne parle pas de réchauffement planétaire et de G20 ?

non, je crois que certains de ses livres comme en un combat douteux, les raisins de la colère sont écrits au XXe siecle comme ceux de Zola au XIXe. Autrement dit, il plaquerait une vieille écriture sur une réalité plus récente.

je pense qu'on ne peut plus écrire comme Chrétien de Troyes, faire des poèmes comme Ronsard ou Baudelaire, et que chaque époque doit trouver son expression dans un style propre, que ce soit en musique, en peinture ou en écriture.

Mais je reconnais n'avoir pas lu récemment Steinbeck dont je dois avoir quelques livres de poche de mes parents, avec feuillets jaunis et texte compact

De mon côté ce sont deux livres que je n'ai pas lu !

... et puis il m'a longtemps fait cet effet là parce que justement, en un combat douteux, je l'ai trouvé chez mes grands-parents dans cette édition jaunie !

La perle est un roman court à la limite du conte.

Un récit qui donne à méditer. De toute beauté.

je m'en doutais : un film a été fait sur la nouvelle de Steinbeck.... en 1947 !

La Perla, d'Emilio Fernández avec Pedro Armendáriz (Quino ) María Elena Marqués ( Juana)

on a peu de chances de le voir...

J'ai lu Des Souris et des hommes cet été, et incontestablement c'est excellent... Histoire touchante, personnages attachants... Mais le style est assez commun somme toute, non? J'ai lu La Perle récemment, histoire prenante aussi.

Bientôt les Raisins de la colère en anglais, mais seulement, on dit que c'est un roman à caractère plus historique qu'autre chose... Steinbeck a-t-il réussi à en faire quelque chose de bien?

Personnellement, "les raisins de la colère" fait partie de mon top 5 des romans qui m'ont marqué! POurtant je l'ai lu il y a 10 ans, et j'ai encore la senteur des oranges dans les narines, l'accordéon du bal populaire dans les oreilles, et la longue chevauchée dans le camion ou ce qu'il en reste...superbe...

Je garde le meilleur pour la fin ou du moins le plus connu : les raisins de la colère.
Le dernier en date fut Tortilla Flat et ce fut, comme à chaque fois un grand plaisir, je pense l'avoir déjà dit ici mais je n'ai que peu d'objectivité lorsqu'il s'agit de Steinbeck.

De toute façon Steinbeck c'est que du bon !

M.854 a écrit:

De toute façon Steinbeck c'est que du bon !

Excellent résumé, cher ami.

Merci homme aux paupières closes !

Je viens de terminer les pâturages du ciel , plutôt particulier, je l'ai lu mais il m'a peu enthousiasmé, trop décousu.

Je commence la grande vallée, un recueil de nouvelles pour certaines magnifiques, non non rien de moins que cela.
Certes pas très approfondie comme reflexion, mais que voulez vous, j'ai l'impression que Steinbeck décoche des flèches en plein sentiments humains. Il bouleverse, attendrit, en tous les cas il sait m'accrocher jusqu'au dernier mot.

Pour ce recueil, je fais traîner, je savoure.

Les raisins de la colère.

Je termine à mon tour ce livre magnifique.
Je ne reprends pas le résumé, il a déjà été détaillé dans les messages plus haut. Je n'y ai pas vu de longueur malgré les 640 pages. Je l'ai réellement dévoré d'un bout à l'autre avec de sérieuses difficultés au moment de le poser (il a bien fallu tout de même ).

Je n'y ai vu aucune allusion à Zola non plus. Du moins, avant de lire vos messages. La Terre parle également du monde paysan et de ses difficultés. Et les deux oeuvres apportent un témoignage sur les petites gens et leur quotidien. Mais j'ai l'impression que les parallèles s'arrêtent là. J'imagine que d'autres oeuvres doivent pouvoir être également rangées dans ce même tiroir...

La fin est curieuse : le dernier paragraphe. Rotko parlait d'une évocation biblique...
Hum... Je ne sais pas. J'y voyais plutôt une image des indigents sauvés par eux mêmes : la solidarité, l'entraide.
Egalement une renaissance avec le sein et le lait maternel dont nous sommes tous issus.

J'avais adoré les Raisins de la colère (on l'avait étudié en troisième). Je dois avoir chez moi encore le dossier de lecture avec les citations que j'en avais tirées pour étudier les petites fables, les avis sur la dureté de la vie, etc. Je me souviens vaguement d'une tortue qui persistait sur le chemin...
La Perle est un beau livre également. Les autres font partie de ma liste à lire.

le film the pearl de Jr. Alfredo Zacharias, avec Lukas Haas, Jorge Rivero, Richard Harris, Tere Tarin, Paul G. "Litefoot" Davis existe en DVD.

Grimmy a écrit:

Je me souviens vaguement d'une tortue qui persistait sur le chemin...

Me souviens pas de ça...
Ca ne m'a pas marqué !

un très court chapitre, malgré le soleil elle avançait (et se faisait renverser je crois), enfin ça fait plus de 10 ans que je l'ai lu donc c'est peut-être un faux souvenir. Faudrait que je le récupère chez mes parents pour voir.

Comme tout le monde ici, j'ai commencé par Des Souris et des Hommes... et ce fut une véritable claque. Une bonne introduction à la littérature américaine. Je me souviens avoir terminé ce livre dans le métro, et avoir eu du mal à retenir mes larmes au milieu de tous ces gens.

J'ai assez rapidement continué avec les Raisins de la Colère. Là encore, la magie a operé, j'ai été fasciné par cette capacité à naviguer entre l'universel et le particulier, entre la petite et la grande histoire. Je trouve que Steinbeck a une puissance d'évocation très forte dans ces mots: il éveille chacun de nos sens, et il nous transporte en un clin d'oeil sous le soleil californien, sur les routes poussièreuses... Je me souviens aussi avoir été déstabilisée par la fin, que je trouve aujourd'hui très puissante mais que j'ai mis quelques jours à assimiler.

Depuis, j'ai entamé Les Naufragés de l'Autocar, mais n'ai pas accroché et je l'ai laissé sur un coin de mon étagère. Question d'humeur du moment? Je pense que je réessaierai dans quelques temps. Quelqu'un l'a-t-il lu, et peut-il me dire ce qu'il en a pensé?

Salut,

Sur mes étagères, on trouve un coin dont les auteurs commencent par S.
Et, parmi eux, il y a ce que j'appelle mon "petit coin de paradis" : toute l'œuvre de Steinbeck. Qui m'a sauvé plus d'une fois de très, très, très sombres périodes.
Steinbeck a cette capacité de rendre visibles, presque comme s'ils se levaient du livre pour se tenir à côté de vous, les personnages.
On les voit, on les entend, on les situe tout de suite.
Certains d'entre eux sont restés gravés dans ma mémoire, et je peux encore les voir.

L'œuvre de Steinbeck est bourrée de générosité, de tendresse, de gentillesse -dans son acception non dévalué par notre monde moderne ; certaines lignes, certaines phrases sont capables de vous arracher un sourire de gratitude, et de vous faire chialer deux secondes après.

Jamais je n'oublierai "East Of Eden" qui, pour moi, est le bouquin de Steinbeck qui m'a le plus marqué. Parmi mon top 5, assurément.

"Des souris et des hommes", "les raisins de la colère", les classiques, sont excellents aussi.

Et mention spéciale pour la simplicité du coeur évoquée dans "rue de la sardine" et le second volet : "tendre jeudi".

Et puis, perso, on s'en fout un peu de ses positions politiques.
S'agit juste de savoir si vous lisez l'homme ou le livre ?

C'est un peu facile de venir titiller juste pour ça. Un homme, est toujours bourré de contradictions.
Si tant est que son oeuvre eut pu être en contradiction avec ses idées...

Citation :

Depuis, j'ai entamé Les Naufragés de l'Autocar, mais n'ai pas accroché

Ce livre, comme "Rue de la Sardine" et "Tendre Jeudi" fait partie d'un cycle "à part" de l'oeuvre de Steinbeck

Léger et humoristique.
Disons que c 'est "aigre-doux" plutôt.

Après "A l'est d'eden" ou "Les raisins de la colère " ça peut déranger.

Lis cette trilogie sans penser au reste de l'oeuvre et tu apprécieras