des écrits vains pouet'

le texte de l'embourgeoisé a vu le jour grâce à vous - enfin pas vous en tant que personne, mais vous en tant que lecteurs enthousiastes. un texte plein de défauts certainement quand je le relirai dans quelques semaines, mois, années, mais bon ça va peut-être me permettre de relancer la machine.

coline a écrit:

Le portrait est réussi!...

merci, mais vu les modèles qu'on a dans la vie, je n'ai pas beaucoup de mérite

troglodyte" a écrit:

De la force
Et une vraie chute : ça tombe.
J'aime bien !

j'ai bien failli aller plus loin, je la trouvais limite trop "facile", mais finalement apparemment je n'ai eu raison de ne pas en rajouter (nonon je ne fais pas la pub pour nescafé)

une autr fin possible

Une entorse
A quatre pattes : c'est immonde.
Manges ton pain !

vincimild a écrit:

Queenie, tu nous cachais ce don depuis combien de temps? Tes textes sont prenants. Il y a comme un second degré là qui me plaît beaucoup (j'allais dire "à mort") lol. C'est une explosion de violence, c'est des textes qu'on n'a jamais lus!

Encore

ouais, chuis pas une tillegen moi, fo' pas m'emmerder

Le ventre repu en calories
j'passe devant un groupe de sans abris
Des sans papier à foutre dehors
On leur offre un retour vers la mort

Et je marche, je passe, je m'efface devant leur bâche
Sous laquelle il se protège de la pluie. Il fera froid cette nuit. Blottis

contre les murs de la mairie, ils essayent dans leurs cris d'oublier un

instant leur agonie.

Pas après pas, de leur présence je m'éloigne
Du McDo' à chez moi, je ferme la parenthèse sociale
Dans mon lit, au creux de ma légitimité, je compte les heures jusqu'au matin. Je vais faire quelque chose, demain. Demain sûrement. Oui. c'est sûr. Oui, mais alors pourquoi pas aujourd'hui.

queenieinlove a écrit:

Et je marche, je passe, je m'efface devant leur bâche

Est-ce que tu en as conscience Queenie?... ton texte se lit commme du rap...
Bravo encore une fois.

En tous cas, Queenie, le moins que je puisse dire c'est que tes écrits m'ont pris aux tripes, bravo , ils ne sont pas vains.

ce ne sont malheureusement que des mots. mais ils me permettent de dormir sur mes deux oreilles. est-ce si positif ?

Je suis heureuse qu'ils vous touchent, non je n'avais pas pensé au rap - à vrai dire je n'en écoute jamais - mais oui, tu as raison coline, j'aime jouer avec les sonorités et la rapidité du langage.

Ton rapisme est si profondément
Ancré en toi
Que tu n'en avais même pas conscience !

queenieinlove a écrit:

l'embourgeoisé aux doigts boudinés qui s'étripaille dans la boustifaille
S'en remplit le gosier, s'en fait péter la panse, finit son assiette et
recommence !
A sa fourchette agrippé, le poing bien fermé, il assassine l'épaisseur
bovine de sa frugale pestilance.
Du couteau déchire la chair, trop pressé pour la couper finement, il l'arrache quasiment. Dans un craquement sinistre obtient un morceau sanguinolent qu'il s'empresse d'enfourner dans sa bouche béante d'avarice stupide.
Le voilà bien, qui m'asticote. Qui rumine, et postillonne entre deux
claquements de dents ses désirs de fortune.

C'est que l'homme est plein d'avenir. D'argent il remplira encore plus ses
poches, d'heures supplémentaires il ne s'indignera pas puisque contre sa
dignité on lui cèdera quelques deniers. Sa seule vocation est pognon.

Son assiette terminée, il précipite sa fourchette dévastatrice vers les
quelques menues miettes laissées un instant par sa compagne. Quel
gaspillage ! Dévore aussi sec. Quoi, tu n'avais pas fini ?! bon ben tant pis.

Repu, laisse tomber grimaçant une liasse de tickets restaurants. Sourire narquois, c'est qu'il est le plus riche des deux celà va de soi.
Ce soir
en levrette sa part elle paiera.

C'est drole Queenie, déjà j'avais une copine de classe aux States qu'on appelait Queenie. Mais ce que tu écris m'étonne très fort. Je ne sais pas comment décriré ce que tu écris, c'est vraiment trop french, mais j'arrive à comprendre.

Trop french dans la lignée de San Antonio ?

Matin de Rancoeur

Sourire sombre qui pue le malheur
Qu'elle joue les pleureuses
Je serai Bacchante

Pleurniche, chiale
Tes peines je les ramasse à la pelle
Enterre ta puanteur sous des litres de liqueur
Dans les bras de Dyonisos
J'oublie de ronger mon os
Et danse danse danse
MACABRE
Je piétine ton cadavre

Soir Humide
De sang
Plus de jérémiades, aucun gémissement
Je m'endors.

Chère Queenie

Tu vis entre deux mondes
Le chaleureux
Et l'immonde
Le fruit en est heureux

Reste ainsi féconde !

Quennie , je viens de prendre le temps de te lire profondément. Tu as un énorme talent, et je le pense. Peut-être est-ce parce que j'aime le ton, l'ambiance et les mots que tu sais choisir et créer, mais une chose est sûre, ce que tu écris est vraiment très très fort ! surtout continue.

Oui on pourrait penser à du rap? Encore que je pense que c'est du Queenie tout simplement et cela n'en a que plus de valeur.
Troglo: oui il ya un peu de San antonio mais je trouve que SA était moins "militant" si je me fais bien comprendre? Queenie fait du lynchage à une société égoiste et sans âme, qui est la nôtre.

Citation :

Quennie , je viens de prendre le temps de te lire profondément.

ce qui démontre parfaitement que Marie sombre dans la paranoïa collective en écrivant plus loin une société égoiste et sans âme, qui est la nôtre...

Il n'y a heureusement pas de société égoïste mais seulement quelques âmes mal nées dont nous ne sommes heureusement pas, puisque nous te lisons, toi qui nous écrit ...

xian a écrit:

Citation :

Quennie , je viens de prendre le temps de te lire profondément.

ce qui démontre parfaitement que Marie sombre dans la paranoïa collective en écrivant plus loin une société égoiste et sans âme, qui est la nôtre...

Il n'y a heureusement pas de société égoïste mais seulement quelques âmes mal nées dont nous ne sommes heureusement pas, puisque nous te lisons, toi qui nous écrit ...

Je ne voulais pas avoir l'air de me sentir au -dessus du panier c'est tout à mon honneur non? cela dit Xian, je suis tout à fait d'accord avec toi mais hélas, je crains toujours les sociétés dites d'amour et de paix, ça cache souvent quelque chose

N'est qu'humain

Ensevelies sous les draps,
De nos ébats se construit un igloo,
Enfouies, au chaud, la peur du monde froid.

Dehors, mettre le pied, tendre l'orteil, humidité glacée
Voilà que je te réveille
Tu te retournes
Un instant frémit ta poitrine
J'y précipite mes narines
Frémissantes
Parfum de bonheur
Senteur évanescente
Du courage il est l'heure
Du départ.

La rue s'offre à moi
Bouche ouverte où je glisse mes pas
Mes mains glacées envahies par la brûlure de son air suave s'agitent, picotent, asticotent. Mes doigts parcourent, découvrent, entourent la brise urbaine de mille corps en vie.
Le va et vient, la chair en mouvement, contre mon dos, mes hanches, mes bras, mes jambes, mon cul, se cogne. Se frotte un instant.
Et le rythme s'accélère. Tous se bousculent, se renversent, se culbutent. Dans les tripes souterraines les membres se font rigides devant l'appel. Tuuuuuuut au pas messieurs mesdames, cadencé s'il vous plaît. Une deux une deux. Synchronisation parfaite, ensemble il faut entrer. Ne laissez pas passer votre chance, encore un petit saut, un sursaut. Et vous voilà pénétrants et pénétrés.

Collés, corps à corps, chair à chair, s'enserrent, s'étouffent, ahanent, éjaculent ses nervosités. Les formes se gondolent au rythme vague à l'âme des wagons bien tendus. Nonchalance, on se laisse le temps d'être sensations et communauté. Trébuche sur un torse, s'agrippe à une main, équilibre parfait des chairs nouées.

Tuuuuuuuut.
Allez sortez. Entrez. Demain je vous retrouverai.

Ciel bleu presque transparent
Air glacée, mes membres se figeant
Croûte terrestre gelée
Que mes pas font craquer
Elle crisse sa douleur
Me sort un instant de ma torpeur

Et je vois.
Des corps sur des cartons humides
Des corps qui cherchent asile
Des corps aux pieds des églises
Des corps d'où s'échappent la vie

Quand les bourgeois devenus clochards
D'une nuit
Partageant la couche des soulards
Une nuit
Comprenant leur calvaire
Une nuit

Les voilà, les bourgeois, maintenant tous fiers, d'avoir quelques heures connus la misère.
Faut dire qu'ils n'y croyaient pas, en sortant de leurs beaux appartements, que le froid d'hiver peut tuer des enfants.
Faut dire qu'entre théâtre et restaurant, ils n'ont pas toujours le temps de sentir l'air sibérien envahir les rues.

Sensations fortes - acte du politiquement correct - à croire qu'une nuit sous un abris de fortune leur donnera envie de partager leur bonne étoile.

Sous mes pas, la terre craque. Un dernier regard en arrière et je rentre chez moi.

les réactions à la suite de ce poème sont sur chroniques littéraires
les bourges sous les tentes;

le titre est de Nestor et un renvoi a été fait vers le poème comme un renvoi est fait vers les réactions.

Elle était grande, brune et belle
Que dis-je belle
Elle était une étincelle
Un éclair de merveille

Là où les verres tintent
Où les sourires brillent d'artificielle bonne humeur
Où l'argent tintinnabule dans les poches cousues
Où ils se font l'accolade, espérant voir chuter le camarade

Une réception
De bourgeois bien pensants
De parvenus bien velus
Et moi et moi et moi
Goinfrant mes poches de petits fours odorants

Je la vois alors
Je l'entends d'abord
Un timbre de voix à glisser dans l'autre monde
Des doigts à caresser de baisers avides
Un corps à serrer dans l'obscurité d'une chambre anonyme

Mais la voilà qui s'en va
Subrepticement, après un coup de fil
Je ne peux m'empêcher, je la suis, la poursuis. Guidée par son parfum à travers les chemins.
Persuadée de la retrouver dans quelques instants pendue aux lèvres de son amant. Pour qui d'autres une femme de ce monde-là trottinerait-elle ainsi ?

Hôpital. Couloirs blancs, odeurs stériles. Chaussons silencieux, et chambres qui puent la mort.
Son parfum embrase la mort.
Une salle pleine d'enfants, des crânes dénudés, des perfusions emmêlées, des membres desséchés, des yeux trop grands, et des rires, des rires.
Ils rient.
Une voix leur conte une belle histoire de fête.
La voix, cette voix. Elle. Là, devant eux. A quitté sa réception pour venir donner quelques sourires à des enfants abandonnés.

Et moi, de miséreuse j'en deviens misérable.
L'argent brillait tant dans les poches des autres, j'en étais aveuglée et enfermais le mien à double croches.

pas de débats hein c'est inspiré de... mais ça n'a rien à voir avec...

Saisissant contraste ! Pourquoi "à double croches" ?

doubles croches, pour moi ce n'est pas le terme musical, mais les doigts serrés sur les pieces dans la poche. On parle de "doigts crochus".

Ce texte est beau à en pleurer Queenie...
Pour écrire comme ça, tu es une très très belle personne...

rotko a écrit:

doubles croches, pour moi ce n'est pas le terme musical, mais les doigts serrés sur les pieces dans la poche. On parle de "doigts crochus".

Ah oui je n'y avais pas pensé, j'avais compris comme on dit fermer à double tour... voui voui voui...

Très beau ton texte Queenie, une seule phrase me tique "et moi de miséreux j'en deviens misérable"... enfin dans le texte pourquoi pas, mais ce n'est pas surtout pas une polémique... juste question d'avis d'idée bref..

je pense qu'il y a une différence entre miséreux et misérable
miséreux: dans la misère , dans le manque
misérable :dans son âme et conscience non?
me trompe-je?

mais cela dit, très belle écriture Queenie comme toujours. Tes poèmes sont d'actualité et tu mets toujours le doigt là où ça fait mal :cry: c'est très émouvant.

Beaucoup de monde dans ce train
Au quotidien
Ce que l'Homme est commun

oui, j'aime bien, et le dernier mot dynamise le tout.
Qu'en est -il de la ponctuation dans le Haiku ? je prefére ici le texte sans ponctuation.