des écrits vains pouet'

Pas si loin
Se lever. Il est temps. Se préparer. Maintenant.
Rejoindre le cortège. Anti-CPE avant tout.
Je hurle, crie, chante, scande au rythme de ma colère... contre le monde, contre moi, contre eux, contre qui, contre quoi. Je ne sais plus.
Tant de fois gardée en moi la fureur, incapable d'être moi dans la peur, je crie : me retrouver dans la clameur.
Monte - Ronge - Gronde

Animal, j'oublie les idées, ne pense qu'à me défouler.
Courir, crier, marcher, chanter, piétiner, hurler.

Ils sont là, ligne sombre, rigide, postée. Immobile et armée, armée et impuissante. Ils ne feront rien, ils attendent, de leur présence ombrent ma clairvoyance.

Qu'il est drôle de les provoquer, les harponner sans succès : la pêche aux gros cons est sans espoir. Un caillou dans les rangs pour dissiper les bancs, une onde d'injure pour faire des vagues, un battement d'aile de poulet pour créer un raz de marée.
Ils avancent. Je suis heureux. Je cours plus vite qu'ils ne marchent en faction. Je fractionne mes idées pour n'en retenir qu'une seule = à jouer aux gendarmes et aux voleurs c'est fun.
Jubilatoire. Défoulement. Exutoire.

Je cours, je jette un pavet dans la mare. Touché coulé le porte avion des vanités.

Nous sommes maintenant une armée, un groupe, une solidarité, un anonymat, une puissance. Tous ensemble, tous ensemble, ouais ouais !!

Des vitrines en éclat sur les doigts, mon pied qui s'enfonce dans un parebrise crevé, courir encore et encore. Mais le temps d'un rire détruire. Voiture en miettes.
Pourquoi je n'ai pas de voiture moi hein ? Y'a que les cons de bourgeois qui ont des bagnoles comme ça ! Putain j'serai bien monté au volant de cette tire ! En attendant, je lui défonce la carosserie, et putain qu'ça fait du bien !

Courir, courir, 5-10-20-50-100-1000, tout seul, courir.

Battre le pavé, battre le coeur, battre l'autorité, battre la société, battre la peur, battre le monde
Se sentir, se ressentir, ressentiment, être soi, être l'animal, être puissant
Faire peur, faire autorité, faire le monde, se faire chier

Courir plus vite, piétiner ses idéaux - dispersion-de-la-foule.

Un homme à terre. Sur mon chemin un homme faible, impuissant, tendre la main en coup de poing, ah que c'est bon de sentir pénétrer sa colère dans la chair.
Massacrer l'humain, l'image de cet homme que j'étais, que je serai, que je suis encore.
Frapper, frapper, et courir encore.
Fuir.

Les pas cadencés se rapprochent. Partir, trouver refuge. Là, un porche. Les bruits si proches et si lointains de la colère sourde.
Une ombre approche, une manifestante égarée rejoint ma planque : d'un sourire elle m'associe à sa lutte pacifiste, à sa petite vie d'étudiante studieuse et partisane. Même combat ? Elle me prend pour qui ?

J'aurai bien bouffé le monde, à la place je vais bouffer la chatte de cette salope au coeur tendre. Enfoncer dans son ventre les traces de ma toute puissance. ...une-deux-une-deux...
Tu le sens hein que je suis le plus fort ! Sens-le, clame-le... mais pas trop fort, s'il te plait...

Je ne voudrais pas que demain
Quand j'aurai gobé le venin
Qu'on me fasse rater mes examens

Quelle violence dans ton texte, Queenie. En tout cas, je pense que cela sort des sentiers battus :!:

Queenie...un caractère bien trempé...et un vrai talent d'écriture!

merci d'avoir lu, c'est sympa. J'ai pas mal hésité avant de poster. Je suis pas mal attirée par le "côté obscur", et j'essaye donner corps aux mots dans la violence.

moi aussi je l'ai lu avec plaisir et le ton violent n'est pas pour m'effrayer, surtout dans le contexte; En revanche je ne saisis pas bien la fin où tu sembles t'en prendre aune "manifestante égarée", a moins que je n'ai rien compris et que ce soit un dechainement d'Eros après la baston ...

J'ai bien aimé Quennie, belle écriture, ça me plaît vraiment, on n'est pas de la masturbation intello, en te lisant... j'entends la pompe qui écrase, le coeur qui s'exalte, la rage ressentie. On est du côté obscur, à la place, dans ce coin obscur qui nous habite parfois, même si on ne sort pas les griffes.

Ce que j'en ai compris ...
Ce texte "humanise" un casseur de manif, en tout cas on voit à travers son regard... enfin c'est que j'ai compris mais ....

La fin... m'échappe plus avec le coup de l'examen... doit-on comprendre que le casseur est étudiant... ? et le venin ? ...

je comprends qu'on ressente une veritable euphorie dans ces accès de violence. Tu rends très bien des moments grisants

queenie, tu es une comédienne exceptionelle !
Tu as endossé la peau d'un personnage avec les tripes imbibées de hargne violente. Félicitation.
Quitte vite cet habit.

c'est que vous allez me pousser à m'y remettre (à l'écriture hein ;-)à être si gentils

pour la petite explication de texte, je comprends que les derniers mots ne sont pas clairs, je devrai peut être les revoir... je sais pas...
Enfin, en gros : la manif se termine, il viole une fille qui passait par là dans un dernier sursaut de colère, pour se prouver qu'il n'est pas cet impuissant lâche qui se cache. Et si la fin tombe à plat, c'est que toute cette révolte n'est que celle d'un pauvre étudiant paumé, et qu'au moment de la jouissance dans le viol il se rappelle que de toute façon il va gober tout ce qu'on lui dira de gober (si on lui proposait un cpe, il le signerait sûrement). C'est pour ça qu'il se rappelle son exam... enfin... peut-être, je ne suis pas tellement sûre de devoir dire tout ça. de toute façon vous voyez bien ce que vous voulez voir - la fin est nébuleuse sûrement comme ma tête

Merci Queenie...

Citation :

je ne suis pas tellement sûre de devoir dire tout ça.

Je comprends, j'ai failli ne pas demander...
Merci parce que cela m'éclaire pour le coup du venin.
Pour moi, il ne s'agissait pas d'un étudiant en lisant le texte, mais d'un casseur, hormis ce point qui me tilte, je n'enlève rien à ce que j'ai dit sur le ressenti du texte... ah ouiiiii continue !!!

Pour le futur, n'écrit pas des gros mensonges :

Citation :

la pêche aux gros cons est sans espoir.

Je t'assure que si tu jettes bien les filets, même à mailles larges, tu en ramènes de quoi faire des fricassées pour l'éternité !

Pourquoi Xian provoque toujours en moi ces fous rires

parce qu'il a les pieds sur terre et que c'est vrai que les gros cons on peut encore se les faire

bravo queenieinlove, enlevé, rapide, dur j'aime ce genre de récit. On s'attend à ce que ce jeune homme donne un coup de pied dans une voiture et s'écroule en pleurant (après tout ça)
faiblesse et lâcheté ... en plus tu oses aller loin dans ton récit et cela n'est pas donné à tout le monde sans paraitre aussitôt vulgaire, et ce n'est pas ton cas.

rebravo!

C'est vrai Queenie; on aimerait te lire encore tu sais. Tes écrits ne sont pas si vains.

marie chevalier a écrit:

. On s'attend à ce que ce jeune homme donne un coup de pied dans une voiture

là j'aurais tendance à me reconnaître c'est pourquoi, en des circonstances exceptionnelles et méritées, je parlais de moments grisants et d'euphorie

devant l'insistance, je m'incline (pinez jvais m'la piter vegra auprès des mes tepo !! )

Un vieux texte, dont le souvenir ne me fait pas trop honte. Faut que je me donne un peu d'élan avant d'oser retaper sur mon clavier pour l'Ecriture...

12 mars 1982

Cher Journal,

Il est encore venu hier soir. Il faisait très sombre dans la chambre. J’avais peur. Je l’entendais, je le sentais. Il était là. J’essayais de ne pas bouger, de ne pas respirer, mais il savait que j’étais là, il m’a vite trouvé.
Maman, elle me dit d’arrêter avec mes histoires. Qu’il n’y a pas de monstre. Qu’à 12ans je suis déjà une grande fille, et que les grandes filles savent que les monstres n’existent pas. Je ne lui en parlerais plus, mais je sais qu’il viendra encore.


13 mars 1982

Cher Journal,

Il était encore là. J’étais couchée depuis longtemps déjà, mais je ne pouvais pas dormir. J’avais trop peur qu’il vienne encore. Dans ma tête, j’essayais de le tuer, d’être plus forte, mais quand je l’ai entendu arrivé je tremblais beaucoup.

Il faisait très sombre dans la chambre. J’avais mis tout ce que j’avais trouvé devant la porte pour l’empêcher de rentrer, mais il est entré. Il est très fort, il est trop fort.

Il faisait très chaud, je transpirais beaucoup et en même temps j’avais des frissons, la chair de poule sur tout le corps. J’ai serré les poings, je voulais le frapper. Et puis j’ai senti cette chose, énorme, s’approchait de mon lit.

Sa respiration fait un drôle de bruit, ça siffle comme les serpents. Et moi j’ai très peur des serpents. J’arrivais plus à bouger. J’entendais son grand corps glisser sur le sol, se rapprochait de plus en plus de mon lit. Et je n’arrivais plus à bouger, je gardais mes poings serrés très fort sous les draps. Et quand il est arrivé tout près de moi j’ai pas réussi à lever les poings…
Il a rapproché sa tête tout près de la mienne. Son souffle me rentrait dans les narines. Et puis il m’a mordu. J’ai senti ses dents pincer très fort. J’étais paralysée.
Après il a commencé à vouloir me casser. Il avait des pattes avec des longues griffes au bout. Elles étaient humides, visqueuses. Je les sentais partout sur mon corps. Elles griffaient. Elles tordaient. Elles frottaient. Ma peau commençait à me faire très mal, elle me brûlait.

Il fait toujours ça avant d’essayer de me tuer pour de bon. Je crois qu’il veut me faire le plus mal possible, il veut que je souffre. C’est un Monstre, et les Monstres aiment faire souffrir les petites filles. Mais je ne pleure jamais, je veux être forte. Mais des fois y’a quand même des larmes qui coulent de mes yeux… Mais en tout cas il ne les entend pas !

Pendant qu’il me faisait mal partout, il s’énervait de plus en plus fort. Il écrasait mon ventre, mes mains, ma figure, et aussi mes seins.
Maman m’a dit que personne ne devait toucher mes seins. Moi d’abord j’ai envie que personne me touche nulle part. Et puis ça fait très très mal. Le Monstre il doit savoir que ça me fait encore plus mal ici, et que c’est très interdit par ma maman.
Je crois qu’il veut me les arracher. Pour que j’ai mal encore plus.

Il commençait à être très essoufflé. J’entendais qu’il respirait très très fort. Il allait encore essayé de me tuer pour de bon avant d’être trop fatigué.

Et c’est là qu’il a rentré le baton en moi. J’avais très peur qu’il arrive à me faire mourir, alors je serrais le plus possible les jambes. Mais ça faisait encore plus mal. Il essayait de me découper en deux c’est sûr. Sa bave coulait sur mon corps, elle empoisonnait mes pores. ça pénètrait à l‘intérieur, ça déchirait le reste d’innocence.

Et puis ça s’est arrêté tout d’un coup. Le Monstre était trop fatigué. C’était fini. Je savais qu’il allait partir. Il n’avait pas l’air content. Il est parti très vite.
J’avais froid partout. Les draps étaient tout entortillés autour de mes jambes. Je me suis recouverte le corps. J’avais mal partout. Mais je n’étais pas morte. Il n’avait toujours pas réussi à me tuer. Je ne savais pas encore comment le battre, l’empêchait de me faire mal, mais je trouverais.


18 juin 1982

Très Cher Journal,

Il s’est passé un truc super. Maman faisait la fête pour son anniversaire. Elle avait invité des amis. Je m’amusais bien et je n’avais pas du tout envie d’aller me coucher. Et puis j’avais peur qu’il vienne encore. Je savais qu’il n’avait pas peur des grandes personnes, qu’il viendrait même s’ils étaient tous en train de rigoler en bas.
Mais maman m’a dit d’aller dormir. Et j’y suis allée.

Il est arrivé presque tout de suite. Son souffle sentait encore plus mauvais que d’habitude. Il avait l’air malade. Il me serraient moins fort. J’entendais maman juste à côté qui parlait. Si je criais très fort, elle m’entendrait c’est sûr. Le Monstre était tout bizarre, il n’arrivait pas à m’attraper la peau, à la tordre. Il ne m’écrasait pas la poitrine. Alors j’ai pris une grande inspiration. Et j’ai crié.

Maman, et beaucoup d’autres sont arrivés dans la chambre. La lumière a fait peur au Monstre qui est tombé du lit. Maman a crié fort, elle m’a pris dans ses bras. C’était tout doux et tout chaud là. J’ai regardé le Monstre. Les adultes l’avaient attrapé, il le tirait dehors.
Maman m’a dit que je ne devais plus avoir peur, que je ne verrais plus jamais Bruno.

Bruno c’était son « petit ami », je ne l’ai jamais aimé. J’étais contente. Et le Monstre a disparu.

no comment possible...

troglodyte a écrit:

Terrifiant.

certes, mais le ton est réussi, et c'est l'essentiel dans l'ecriture.

l'embourgeoisé aux doigts boudinés qui s'étripaille dans la boustifaille
S'en remplit le gosier, s'en fait péter la panse, finit son assiette et
recommence !
A sa fourchette agrippé, le poing bien fermé, il assassine l'épaisseur
bovine de sa frugale pestilance.
Du couteau déchire la chair, trop pressé pour la couper finement, il l'arrache quasiment. Dans un craquement sinistre obtient un morceau sanguinolent qu'il s'empresse d'enfourner dans sa bouche béante d'avarice stupide.
Le voilà bien, qui m'asticote. Qui rumine, et postillonne entre deux
claquements de dents ses désirs de fortune.

C'est que l'homme est plein d'avenir. D'argent il remplira encore plus ses
poches, d'heures supplémentaires il ne s'indignera pas puisque contre sa
dignité on lui cèdera quelques deniers. Sa seule vocation est pognon.

Son assiette terminée, il précipite sa fourchette dévastatrice vers les
quelques menues miettes laissées un instant par sa compagne. Quel
gaspillage ! Dévore aussi sec. Quoi, tu n'avais pas fini ?! bon ben tant pis.

Repu, laisse tomber grimaçant une liasse de tickets restaurants. Sourire narquois, c'est qu'il est le plus riche des deux celà va de soi.
Ce soir
en levrette sa part elle paiera.

Le portrait est réussi!... ...

Queenie, tu nous cachais ce don depuis combien de temps? Tes textes sont prenants. Il y a comme un second degré là qui me plaît beaucoup (j'allais dire "à mort") lol. C'est une explosion de violence, c'est des textes qu'on n'a jamais lus!

Encore!