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 Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants

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rotko
Ysandre
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rotko
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rotko


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MessageSujet: Re: Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants    Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants  - Page 4 EmptyMar 05 Mar 2013, 18:01

Merci, Marianne, pour ta notice sur Harry Baur qui m'apprend plein de choses; je ne l'ai vu que dans Volpone avec Louis Jouvet, un film de ciné-club, mais quel film ! cheers
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Ysandre
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MessageSujet: Re: Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants    Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants  - Page 4 EmptyMer 06 Mar 2013, 06:10

Citation :
voilà pourquoi je défends la position du peuple immigré, je suis d'accord que l'Europe doit limmiter l'affluence, mais de là à les refuser, je ne suis pas de cet avis.
c'est très ambigu : limiter l'affluence, pas les refuser .... pour moi, "limiter l'affluence" consiste pourtant bien à en refuser ! non ?
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rotko
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rotko


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MessageSujet: Re: Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants    Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants  - Page 4 EmptyMer 06 Mar 2013, 07:05

Restons dans le sujet du fil initié par Marianne, ou créons-en un autre sur les sujets que vous voulez, avec cette maxime qui différencie GDS* du café du commerce : ne pas donner des avis gratuitement, mais s'appuyer sur des faits et des arguments. Je renvoie à la méthode de Caroline Fourest qui vérifie les dires par des études précises.
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MessageSujet: Re: Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants    Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants  - Page 4 EmptyMer 06 Mar 2013, 07:38

je voulais seulement donner mon idée à moi. Je n'ai pas besoin de m'appuyer sur tels ou tels dires pour en avoir une, ni d'écouter ou de lire madame Forest ou madame Le pen. N'étant ni d'extrême gauche ni d'extrême droite, mais plutôt apolitique et m'appuyant sur le bon sens et ce que je constate autour de moi, je m'exprime, c'est tout. Je ne vois pas pourquoi je prendrais les propos d'untel ou unetelle pour paroles d'évangile.
pardon d'avoir pollué ce fil, je n'y reviendrai pas et je ne donnerai plus mes idées, c'est mieux. Je n'irai pas non plus sur le fil caroline Forest.
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soussou
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MessageSujet: Re: Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants    Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants  - Page 4 EmptyMer 06 Mar 2013, 08:01

Tu es la bienvenue , Ysandre,ton avis compte aussi,un débat pour les immigrés pourrait se faire sur un autre fil , c'est tout.J'essaye de garder le fil sur les juifs d'Europe, les artistes , musiciens cinéastes et les écrivains, je suis obligée parfois de dire qu'ils ont été obligés de fuir, de trouver
asile, car c'est une réalité.
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MessageSujet: Re: Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants    Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants  - Page 4 EmptyMer 06 Mar 2013, 12:23

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Prévert et son ami Alexander Trauner
Biographie d'Alexandre Trauner

Né en Hongrie.
Alexandre Trauner poursuit des études classiques avant de s'inscrire à l'école des beaux arts de Budapest.
Attiré par Paris, ville en pleine effervescence de la création sur tous les fronts et dont il entend parler par ses amis et professeurs, dégoûté par ailleurs du régime Horthy et des persécutions antisémites, Alexandre Trauner décide de s'installer en France où il arrive en 1929.

Dans ce Paris des années 20 qui voit affluer des créateurs du monde entier, Trauner s'intègre tout naturellement au climat de liberté et d'invention qui caractérisent cette époque où les artistes refusent de se soumettre à une seule discipline et s'ouvrent à toutes formes de création : décor de ballets, tapisserie, photographie, dessin de mode, architecture… Pour Trauner, ce sera le cinéma.

La collaboration qu'il noue avec Lazare Meerson sera déterminante pour son insertion dans le monde du cinéma. Il devient son assistant pour le "Million" et "Quatorze Juillet" de René Clair, "la Kermesse Héroïque" de Jacques Feyder.

En 1932, rencontre avec Jacques Prévert. Immédiatement, c'est le choc de l'amitié. Amitié sans faille. Alors commence le grand jeu des saltimbanques : Jacques Prévert écrit, Alexandre Trauner dessine, Marcel Carné, Pierre Prévert, les frères Allégret, Jean Grémillon filment, Maurice Jaubert et Joseph Kosma composent la musique.

Pendant vingt ans, les idées se bousculent, les images éclatent, les mots rebondissent et les "décors" donnent aux séquences filmées un style, une couleur, un climat qui caractérisent les créations de Trauner. Le cinéma français vit sa grande époque : "Drôle de Drame" (1937, Marcel Carné, Jacques Prévert), "Quai des Brumes" (1938, Marcel Carné, Jacques Prévert), "Hôtel du Nord" (1938, Marcel Carné, Henri Jeanson), "Le Jour se lève"(1939, Marcel Carné, Jacques Prévert), "Remorques" (1940, Jean Grémillon, Jacques Prévert).

Pendant l'occupation, Trauner réalisera dans la clandestinité sur des scénarii de Jacques Prévert "Lumière d'été" de Jean Grémillon, "Les Visiteurs du Soir" et "Les enfants du Paradis" de Marcel Carné. Très rapidement, le talent exceptionnel de Trauner est reconnu sur le plan internationnal. Il sera appelé à travailler avec les plus grands cinéastes américains et commence une nouvelle aventure.

Pendant plus de dix ans, il travaille essentiellement à Hollywood avec : Jules Dassin, Stanley Donen, Howard Hawks, Gene Kelly, Anatole Litvak, Martin Ritt, Peter Ustinov, Orson Welles, Billy Wilder, Fred Zinnemann, John Frankenheimer.

Avec "l'homme qui voulut être roi" pour John Huston en 1974, sa période américaine s'achève.
De retour en Europe, il collabore avec Joseph Losey ; "Monsieur Klein" en 1975 qui obtint un césar, "Les Routes du Sud" en 1977, "Don Giovanni" en 1978 qui obtint un césar, "La Truite" en 1982, Bertrand Tavernier ; "Coup de Torchon" en 1981, "Autour de Minuit" en 1985, Claude Berri ; "Chao Pantin" en 1983, Luc Besson : "Subway" en 1984 qui obtint un césar, Arthur Joffe "Harem" en 1985.

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soussou
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MessageSujet: Re: Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants    Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants  - Page 4 EmptyJeu 07 Mar 2013, 14:34

Pierre Alechinsky

Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants  - Page 4 W116161thumbnail

Le père de Pierre Alechinsky est un juif russe et sa mère est wallonne. Tous deux sont médecins. Dans les années 1930, Alechinsky étudie à l'école Decroly à Bruxelles, il est un étudiant modéré. On oblige l’enfant gaucher à écrire de la main droite. La gauche, sa meilleure main, les éducateurs la lui laisseront pour les travaux « de moindre importance » : le dessin...

De 1944 à 1948, il étudie l'illustration du livre, la typographie, les techniques de l'imprimerie et la photographie à l'École nationale supérieure d'Architecture et des Arts visuels de La Cambre à Bruxelles. C'est pendant cette période qu'il découvre l'œuvre d'Henri Michaux, de Jean Dubuffet et des surréalistes. Il rencontre et se lie d'amitié avec le critique d'art Jacques Putman, qui consacrera de nombreux écrits à son œuvre. Il commence à peindre en 1947 et fait alors partie du groupe Jeune Peinture belge, qui réunit notamment Louis Van Lint, Jan Cox, et Marc Mendelson.

CoBrA[modifier]Pierre Alechinsky devient très rapidement l'un des acteurs majeurs du monde artistique belge de l'après-guerre. Il fonde avec Olivier Strebelle et Michel Olyff dans une maison communautaire, les Ateliers du Marais. Après sa rencontre avec le poète Christian Dotremont, l'un des fondateurs du groupe CoBrA (mouvement créé en 1948, regroupant des artistes issus de Copenhague, Bruxelles et Amsterdam, qui préconise un retour à un art plus provocant, agressif et audacieux), il adhère en 1949 à ce mouvement d'avant-garde artistique, rejoignant Karel Appel, Constant, Jan Nieuwenhuys et Asger Jorn. Il participe aussitôt à la « Première exposition internationale de CoBrA » au Stedelijk Museum.

Pendant la brève existence du groupe, il s'y implique très fortement, organisant des expositions, comme la « Deuxième exposition internationale d'art expérimental CoBrA » au palais des beaux-arts de Bruxelles (1951), et contribuant à la réalisation de la revue « CoBrA ». Le rôle capital que joue pour lui le mouvement CoBrA tient autant aux personnes qu'aux idées défendues : spontanéité sans frein dans l'art, d'où rejet de l'abstraction pure et du « réalisme socialiste », refus de la spécialisation.

Après la dissolution du groupe CoBrA, dont il perpétuera l'esprit (« CoBrA, c'est mon école », a-t-il pu dire), Pierre Alechinsky s'installe à Paris, où il va côtoyer les surréalistes. Il va compléter sa formation de graveur et s'initier à de nouvelles techniques à l'Atelier 17, dirigé par Stanley Hayter. C'est l'époque, à partir de 1952, où il se lie d'amitié avec Alberto Giacometti, Bram van Velde, Victor Brauner et où il commence une correspondance régulière avec le calligraphe japonais Shiryu Morita de Kyōto.


En 1954, il fait la connaissance du peintre chinois Walasse Ting, qui aura une grande influence dans l'évolution de son œuvre.

Alechinsky présente, cette même année, sa première exposition personnelle à la galerie Nina Dausset, à Paris. Sa première grande exposition est organisée en 1955 au Palais des beaux-arts de Bruxelles. En 1958, c'est l'Institute of Contemporary Arts de Londres qui accueille ses œuvres (Alechinsky : encres). En 1960, lors de la XXXe Biennale de Venise, il expose au Pavillon belge.

Il abandonne progressivement l'huile pour des matériaux plus rapides et plus souples comme l'encre, qui lui permet de donner libre cours à un style fluide et sensible. Fasciné par la calligraphie orientale, dont la spontanéité l'attire, il effectue plusieurs voyages en Extrême-Orient et tourne en 1955 à Kyōto un film documentaire sur cet art traditionnel japonais (Calligraphie japonaise). Même si La nuit (Ohara Museum of art, Kurashiki - 1952) contient déjà cette inspiration de l'Extrême-Orient par la rencontre entre signe et écriture hors du champ de la couleur, le film Calligraphie japonaise, monté en 1958, témoigne de l'impact de cette découverte sur sa propre technique. Christian Dotremont en a écrit le commentaire et André Souris la musique.

Soutenu par la Galerie de France, il effectue, à partir des années 1960, de fréquents séjours à New York, où il découvre en 1965 une technique qui lui conviendra bien, la peinture acrylique, à laquelle l'initie Walasse Ting. Cette même année, il crée son œuvre la plus célèbre Central Park, avec laquelle il inaugure la peinture « à remarques marginales », inspirée de la bande dessinée[2], où l'image centrale est entourée, sur les quatre côtés, d'une série de vignettes destinées à compléter le sens du tableau. L'interaction entre les deux zones est à la fois énigmatique et fascinante.

Toujours en 1965, André Breton, un an avant sa mort, invite Pierre Alechinsky à participer à la Xe Exposition internationale du Surréalisme, « L'Écart Absolu ».

Il illustre le Traité des excitants modernes d'Honoré de Balzac en 1989. Le livre, accompagné d'une postface de Michel Butor est publié par Yves Rivière.

En 1998 La Galerie nationale du Jeu de Paume, à Paris lui consacre une exposition. En 2004, nouvelle exposition au Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou, Paris

En 1992, on lui confie la décoration de la rotonde d'accès de l'Hôtel de Lassay à l'Assemblée Nationale[3].

En avril 2006, il est fait chevalier de la Légion d'honneur en France.

En 2006, dans Trou (revue d'art) no 16, paraît le travail « Main courante » qu'il a créé spécialement pour cette revue et dont l'édition de tête contient une eau-forte intitulée Temps passé tirée sur des feuilles d'un ancien registre des douanes françaises.

De décembre 2007 à mars 2008, à l'occasion des quatre-vingts ans d'Alechinsky, les Musées royaux des beaux-arts de Belgique de Bruxelles lui rendent hommage à travers une exposition rétrospective de l'ensemble de la carrière de l'artiste et c'est a cette occasion qu'il déclara que l'Art actuel n'est qu'une question de relation.

La Galerie Lelong à Paris représente et expose régulièrement l'oeuvre de Pierre Alechinsky depuis 1979.
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mahiwan
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mahiwan


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MessageSujet: Re: Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants    Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants  - Page 4 EmptyVen 08 Mar 2013, 10:17

Passionnant ces commentaires Marianne .

Ça rappelle le Maccarthysme aux Etats Unis , période historiquement très intéressante au niveau artistique et politique.

Il est vrai qu'il est difficile de dissocier ces deux éléments.

Ce fil est déroulé à 100 à l'heure par Marianne, certes avec brio , mais je me permet de revenir sur le mouvement CoBrA
qui a eu une influence considérable.

C.O.B.R.A est un acronyme pour Copenhague, Bruxelles , Amsterdam, du nom des villes de résidence de la plupart des membres fondateurs ( 1948-1951 )

La liste de ces artistes est impressionnante !
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soussou
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MessageSujet: Krystyna Skarbek   Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants  - Page 4 EmptyVen 08 Mar 2013, 15:52

Krystyna Skarbek
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1908. Le 1er mai, naissance de Krystyna Skarbek à Varsovie, Pologne.

Krystyna grandit dans le confort jusqu’à ce que son père ait gaspillé toute la dot de sa femme en réceptions fastueuses.

Son père étant décédé, elle entre de façon mal assurée dans le monde du travail et du mariage. À 22 ans, son premier mariage avec Karol Getlich, un homme d’affaires, se termine sans rancœur.

1938.

2 novembre. Âgée de 30 ans, elle épouse l’écrivain Jerzy Giżycki, et le couple part rapidement s’installer en Afrique orientale britannique.
Carrière d’espionne 1939. En septembre, quand l’Allemagne envahit la Pologne, le couple décide de rentrer à Londres, où Krystyna cherche à offrir ses services dans la lutte contre l’ennemi commun. Les autorités britanniques marquent peu d’empressement, mais finissent par être convaincues par ses relations, y compris le journaliste et contact du Secret Intelligence Service Frederick Voigt.

Hongrie1940.

Février. Elle part pour la Hongrie. Elle persuade un skieur olympique polonais d’avant-guerre, Jan Marusarz, de l’accompagner pour traverser les montagnes Tatras couvertes de neige en Pologne. Une fois à Varsovie, elle plaide sans succès auprès de sa mère juive pour lui faire quitter la Pologne ; elle sera finalement tuée dans un camp de concentration. Une réussite des missions du courrier polonais a consisté à faire traverser le Tatras au seul fusil anti-tank polonais modèle 35, qui a eu comme destin malheureux de ne jamais servir à la guerre avec les Alliés.
Pendant qu’elle est en Hongrie, elle se lie avec un officier polonais, Andrzej Kowerski (1912 - 1988), connu plus tard par ses papiers britanniques sous le nom d’Andrew Kennedy.
Kowerski, qui avait perdu une partie d’une jambe dans un accident de chasse avant la guerre, exfiltrait du personnel militaire polonais et allié, et recueillait des renseignements.
1941.

Janvier. Krystyna manifeste un penchant pour les stratagèmes : étant arrêtée par la Gestapo avec Kowerski, elle s’arrange pour obtenir leur libération en feignant les symptômes de la tuberculose. Ce qui a plaidé en sa faveur, c’est que la Gestapo ne voulait pas heurter la tante de Krystyna et l’ami de celle-ci, le Régent hongrois, Miklós Horthy. Krystyna et Kowerski réussissent à s’échapper de la Hongrie à travers les Balkans et la Turquie.
À leur arrivée aux bureaux du SOE au Caire, Égypte, ils reçoivent comme un choc la nouvelle qu’ils sont soupçonnés.
Krystyna est soupçonnée pour deux raisons : d'abord à cause de ses contacts avec un service de renseignements polonais appelé Les Mousquetaires ("Musketeers"), mal vu des Britanniques et des Polonais en exil pour diverses raisons, formé en octobre 1939 par un ingénieur-inventeur Stefan Witkowski qui sera tué en 1942, sans qu'on sache par qui ni pourquoi. Ensuite, un autre motif de suspicion de Krystyna est la facilité – que ses accusateurs auraient pu comprendre, s’ils l’avaient mieux connue – avec laquelle, après leur évasion de Hongrie, elle s’était, par ses charmes, arrangée pour obtenir du consul français vichyssois à Istanbul (Turquie) des visas de transit à travers la Syrie (sous mandat français). Pour les agents de renseignements polonais, seuls des espions allemands pouvaient y être parvenus.
Il y a aussi des soupçons qui pèsent sur Kowerski. Le Général Colin Gubbins, celui qui devait devenir le chef du SOE en 1943, les évoque dans une lettre adressée au Commandant en chef et Premier ministre polonais Władysław Sikorski, en des termes qui disculpent Kowerski[1].
Ils sont mis hors de cause : Kowerski clarifie les incompréhensions avec le Général Kopanski et peut reprendre son travail d’espionnage. Un élément favorable à Krystyna survient le 22 juin 1941 avec l'invasion de l'Union Soviétique par l’Allemagne (Opération Barbarossa), que ses renseignements obtenus des Mousquetaires avaient prédit. Ce même renseignement avait été transmis par plusieurs canaux indépendants, y compris Ultra.
Wilkinson annonce à Krystyna Skarbek et Kowerski qu’il veut se dispenser de leurs services. À cette nouvelle, le mari de Krystyna, Jerzy Giżycki prend ombrage du traitement cavalier qu’on leur inflige, et il renonce brusquement à sa remarquable carrière d’espion britannique. Et quand Krystyna lui dit qu’elle aimait Kowerski et qu’elle ne reviendrait pas vers lui, il part pour Londres et finalement émigre au Canada.
[modifier] FranceKrystyna fait l’expérience d’une interruption prolongée de l’action.

1944.

La situation de Krystyna ne change qu’en 1944, quand les événements l’amènent à reprendre du service et accomplir ses exploits les plus célèbres. Parlant parfaitement le français, elle est affectée au SOE Section française (F) avec pour nom de guerre « Christine Granville », sous lequel elle est plus connue.
Krystyna est choisie pour remplacer Cecily Lefort, courrier du réseau JOCKEY, qui a été capturée et sauvagement torturée (et qui sera plus tard exécutée) par la Gestapo.
6 juillet. Krystyna, sous la fausse identité de Pauline Armand, est parachutée dans le sud-est de la France pour faire partie du réseau JOCKEY dirigé par un belgo-britannique, ex-pacifiste, Francis Cammaerts. Elle l’aide en faisant la liaison entre les partisans italiens et le maquis français pour des opérations conjointes contre les Allemands dans les Alpes, et en incitant les non-Allemands, surtout les conscrits polonais enrôlés dans les armées d’occupation allemandes, à se rallier aux Alliés.
12-16 août. Krystyna parvient à faire libérer Francis Cammaerts et deux autres agents, qui ont été arrêtés le 12 août près de Digne-les-Bains, trois jours avant l’Opération Anvil, le débarquement en Provence.
Récit[2].
12 août. Près de Digne, Francis Cammaerts et ses compagnons Xan Fielding, Claude Renoir et Christian Sorensen, s’apprêtent, à l’issue d’une conférence tenue avec les colonels Constans et Wiedmeyr, à regagner Seyne, lorsqu’aux abords de la ville, ils sont arrêtés par un barrage allemand. Après vérification de leurs pièces d’identité,, les quatre hommes vont poursuivre leur route quand le coup de klaxon d’une voiture de la Gestapo surgissant derrière eux les immobilise. Encadrés aussitôt par quatre SS les menaçant de leurs pistolets mitrailleurs, ils sont contraints, une nouvelle fois de présenter leurs papiers à un civil s’exprimant en français. Celui-ci, après avoir examiné attentivement les pièces d’identité autorise le chauffeur Claude Renoir à poursuivre sa route à bord de la voiture de la Croix-Rouge. Les trois autres passagers, tous officiers du SOE, sont conduits à la villa Marie-Louise, siège de la Gestapo.
13 août. Dès qu’elle apprend l’arrestation de Francis Cammaerts, Krystina Skarbek demande à son radio Deschamps « Albert » d'en informer le commandant Brooks Richards, chef du SOE à Alger. Afin de sauver son compagnon, elle enfourche une bicyclette et part à Digne. Là, elle réussit à prendre contact avec un capitaine de gendarmerie français qui, étant Alsacien et parlant allemand, assure la liaison entre la Préfecture et les autorités d’occupation. Ami du chef de la Gestapo, un nommé Max, l’officier de gendarmerie exige, pour libérer les prisonniers, une rançon de deux millions de francs[3]. La jeune femme ayant accepté et promis que la somme serait versée le lendemain, enfourche de nouveau sa bicyclette et couvre les quarante kilomètres du retour. Dès son arrivée à Seyne, Krystina fait transmettre par Albert sa demande d’argent. Dans la nuit, un appareil de la RAF vient d’Alger et parachute, enveloppé dans un sac de caoutchouc, le montant de la rançon. C’est la plus forte somme versée par le SOE pour payer la rançon d’un agent, mais c’est également l’un des parachutages les plus rapides.
15 août. [Pour mémoire : début du débarquement allié en Provence.]
16 août. Les trois officiers ignorant tout de la tentative de Krystina, attendent dans leur cellule l’heure de la mort. Aussi ne sont-ils pas étonnés lorsqu’à l’aube, Max vient les chercher. En effet ce dernier, contre remise de la moitié de la rançon que doit lui remettre le capitaine de gendarmerie en cas de réussite de l’opération et sous réserve de partir avec ses prisonniers pour avoir la vie sauve, accepte de les libérer.
Quelques jours plus tard. Max est remis à la Sécurité Militaire britannique, qui le conduit tout d’abord à Bari (Italie), puis le renvoie dans son pays natal, la Belgique. Quant à l’officier de gendarmerie, il est retrouvé assassiné dans un champ près de Vence. Nul ne sait ce qu’il advint de la rançon.
21 novembre. Début d'une mission de Krystyna. Pour des raisons de couverture, elle travaille comme officier britannique des Women's Auxiliary Air Force (WAAF). Rendant visite au quartier général militaire polonais en uniforme, elle est traitée par les chefs militaires avec le plus grand respect.
1945

14 mai. Fin de la mission de Krystyna.
Après la guerre[modifier]1946. Son divorce avec Jerzy Giżycki est prononcé au consulat de Pologne à Berlin.

1952. Le 15 juin, elle est poignardée à l’âge de 44 ans, par un ancien steward dans la marine marchande, dont elle avait repoussé les avances, et qui finira à la potence. Elle est enterrée au cimetière catholique de St Mary à Kensal Green, au nord-ouest de Londres.

1988. On enterre près d'elle son ami et camarade de combat Andrzej Kowerski.
livres:

En 1999, l’écrivain polonais Maria Nurowska a publié un roman qui raconte la tentative d’une journaliste d’élucider l’histoire de Krystyna Skarbek.
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soussou
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MessageSujet: Re: Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants    Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants  - Page 4 EmptyVen 08 Mar 2013, 17:15


Gisèle Freund


Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants  - Page 4 Image004rh
Née d'un père collectionneur, Julius Freund, qui lui offre un appareil photographique Leica lorsqu'elle est adolescente, elle se passionne très tôt pour le photojournalisme. Elle étudie la sociologie à Francfort où elle rencontre Norbert Elias, qui lui propose d'écrire sa thèse sur La Photographie en France au XIXe siècle, la toute première sur la sociologie de l'image.

D'origine juive et membre d'un groupe communiste, elle doit fuir l'Allemagne et elle achève ses études à Paris en 1936. Amie d'Adrienne Monnier, elle côtoie de nombreux écrivains qu'elle immortalise en des portraits célèbres : Virginia Woolf, James Joyce, Colette, André Malraux sur un toit dans le vent, Henri Michaux, Michel Leiris, Marguerite Yourcenar, Jean Cocteau, Sartre, Simone de Beauvoir, Samuel Beckett. Elle prend sur le vif André Gide, Aldous Huxley et Boris Pasternak lors du Congrès international des écrivains pour la défense de la culture en 1935. Elle devient française par mariage en 1936. Elle emploie dès 1938 les pellicules Agfacolor pour réaliser des portraits en couleurs avant l'heure, notamment ceux d'Henri Michaux et Susana Soca.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, elle part pour l'Argentine où l'accueille Victoria Ocampo. Elle établit des liens avec Borges, Maria Rosa Oliver, Bioy Casares et les membres de SUR. En 1943 elle ramène de Patagonie et de Terre de Feu des paysages puissants. Elle rentre en France en 1946 et travaille à partir de 1948 pour l'agence Magnum comme photojournaliste. En 1950, elle se trouve refugiée en Uruguay, chez Jules Supervielle et aussi Ingheborg Bayerthal, lors d'un départ forcé de l’Argentine, suite à la publication d'un reportage paru dans Life sur la vie de luxe menée par Evita Eva Perón. Suspectée de communisme, elle est interdite de visa américain et est forcée de quitter Magnum en 1954.

En France, le ministère de la Culture lui décerne en 1980 le grand prix national des Arts pour la Photographie. Elle réalise en 1981 le portrait officiel du président François Mitterrand. En 1991, elle est honorée par une grande rétrospective de son œuvre au Centre Georges-Pompidou. Elle a légué plus de 200 photographies de cette exposition à l'État français.

Elle est inhumée à Paris, au cimetière du Montparnasse (12e division), tout près de sa maison atelier du 12, rue Lalande.

Des expositions lui ont été dédiées à la Maison de l'Amérique latine (« Susana Soca et sa constellation vues par Gisèle Freund ») ainsi qu'en Allemagne à l'occasion du centenaire de sa naissance
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MessageSujet: Re: Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants    Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants  - Page 4 EmptySam 09 Mar 2013, 14:48

Ossip Mandelstam

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Nina Berberova disait de lui :« On n'éliminait pas les personnes en tant qu'individus, mais en tant que membres d'un groupe, d'un mouvement ou d'une "classe". La répression était planifiée comme la production des objets. C'est ainsi que Mandelstam fut supprimé et qu'on interdit à Zamiatine d'écrire. »


Ossip Mandelstam naît dans une famille juive peu pratiquante. Son père est un commerçant en maroquinerie et sa mère enseigne le piano. Il est éduqué par des tuteurs et des gouvernantes.

À Saint-Pétersbourg, il suit les cours de la prestigieuse école Tenichev (1900-1907). D'octobre 1907 à mai 1908, il est étudiant à la Sorbonne à Paris où il suit les cours de Joseph Bédier et d'Henri Bergson qui auront une influence sur son oeuvre future. Il y découvre la poésie de Verlaine. Ne pouvant rentrer à l'Université de Saint-Pétersbourg en raison des quotas limitant les inscriptions des étudiants juifs, il part en septembre 1909 en Allemagne, où il étudie la littérature française ancienne et l'histoire de l'art à l’Université de Heidelberg (1909-1910). De 1911 à 1917, il étudie la philosophie à l’Université de Saint-Pétersbourg où il a pu s'inscrire après s'être fait baptiser selon le rite méthodiste-épiscopal, marginal en Russie tsariste. Mandelstam est membre de la Guilde des poètes à partir de 1911. Ses premiers poèmes paraissent en 1910 dans la revue Apollon.

Il a une courte liaison avec Marina Tsvetaïeva de janvier à juin 1916.

Il se lie avec Boris Pasternak

Avec Anna Akhmatova et Mikhaïl Kouzmine, il est l'une des principales figures de l'école acméiste fondée par Nikolaï Goumilev et Sergueï Gorodetski.

En définissant l'acméisme comme « la nostalgie de la culture universelle », il donne la clef de sa propre poésie, qui actualise par la musique du mot l'univers intemporel de la culture pérenne où celui-ci plonge ses racines.

Il rejette le symbolisme russe. C'est pourquoi dans son œuvre une place centrale est accordée au mot considéré comme phénomène acoustique et aussi comme réalité architecturale : « les mots sont des pierres, "voix de la matière" autant que matière de la voix ».

Ses nombreux textes en prose gravitent autour des trois recueils qu’il a écrits : Pierre (en russe Камень, Kamen'), avec lequel il obtient la reconnaissance, paru en 1912 ; Tristia en 1922, qui confirmera son statut de poète, dont les poèmes annoncent avec une ironie tragique, par la référence à Ovide, l’exil au cours duquel il écrira en 1935 et 1937 les Cahiers de Voronèj, son œuvre ultime.

Dans La Quatrième prose, il réplique de façon virulente à une accusation de plagiat dont il est victime. À travers son accusateur Arkadi Gornfeld, c'est l'établissement littéraire stalinien qui est visé. Mandelstam exprime ses convictions les plus profondes sur la nature du travail littéraire avec un style tournoyant où le sens poétique décomplexé scrute à la surface une prose surprise.

L'œuvre de Mandelstam a influencé de nombreux poètes, parmi lesquels Paul Celan qui lui dédie son recueil La Rose de personne, André du Bouchet ou Philippe Jaccottet, et parmi les plus jeunes, Serge Venturini qui lui dédia son premier livre.


Ossip Mandelstam en 1934, fichier du NKVD après sa première arrestation.Ossip Emilievitch Mandelstam, malgré toutes les circonstances malheureuses, ne cessa jamais d’être poète.

Dans les années 1920, Mandelstam pourvoit à ses besoins en écrivant des livres pour enfants et en traduisant des œuvres d'Upton Sinclair, de Jules Romains, de Charles De Coster, entre autres. Il ne compose plus de poèmes de 1920 à 1925, et se tourne vers la prose.

Mandelstam se voit comme un outsider et établit un parallèle entre son sort et celui de Pouchkine. La préservation de la culture traditionnelle prend pour lui un rôle central, et les autorités soviétiques mettent en doute – à raison – sa loyauté vis-à-vis du régime bolchevique.

Quelques années plus tard, alors qu'il est de plus en plus suspecté d'« activité contre révolutionnaire », il part en Arménie (Voyage en Arménie) et revient à la poésie après un silence de cinq ans.

Il poursuit une œuvre douloureusement solitaire et courageusement novatrice dans un climat très hostile et de plus en plus dangereux, comme pour Meyerhold.

À l'automne 1933, il compose un bref poème de seize vers, une épigramme contre Staline, Le Montagnard du Kremlin :

Nous vivons sourds à la terre sous nos pieds,
À dix pas personne ne discerne nos paroles.
On entend seulement le montagnard du Kremlin,
Le bourreau et l'assassin de moujiks.
Ses doigts sont gras comme des vers,
Des mots de plomb tombent de ses lèvres.
Sa moustache de cafard nargue,
Et la peau de ses bottes luit.
Autour, une cohue de chefs aux cous de poulet,
Les sous-hommes zélés dont il joue.
Ils hennissent, miaulent, gémissent,
Lui seul tempête et désigne.
Comme des fers à cheval, il forge ses décrets,
Qu'il jette à la tête, à l'œil, à l'aine.
Chaque mise à mort est une fête,
Et vaste est l'appétit de l'Ossète
.
Mandelstam fut arrêté pour la première fois en 1934 pour cette épigramme.

Il fut exilé à Tcherdyne. Après une tentative de suicide, la sentence fut commuée en exil à Voronej, jusqu’en 1937. Dans son Carnet de Voronej (1935-1937), Mandelstam écrit : Il pense en os et ressent avec ses sourcils / Et tente de reprendre forme humaine.

Après trois ans d'exil, Mandelstam est arrêté pour activités contre-révolutionnaires en mai 1938 lors de la période des Grandes Purges, et condamné à cinq ans de travaux forcés. Après avoir subi les pires humiliations, il meurt de faim et de froid, du côté de Vladivostok, pendant le voyage qui le conduit dans un camp de transit aux portes de la Kolyma, après avoir subi de multiples privations. Son corps est jeté dans une fosse commune.


Carte postale de1991 en son honneur.Cet immense poète ne sera pleinement connu et enfin reconnu internationalement que dans les années 1970, plus de trente ans après sa mort, à la publication de ses œuvres en Occident et en Union soviétique.

Sa veuve Nadejda Mandelstam publie ses propres mémoires, Espoir contre espoir (1970) et Fin de l’espoir (1974), qui décrivent leur vie et l’ère stalinienne. Cela Contre tout espoir comme l’écrira Nadejda, il aura opposé sa voix, car selon Varlam Chalamov : « il ne vivait pas pour la poésie, il vivait par elle. Et maintenant il était évident, il était clair de façon perceptible que l'inspiration, c'était la vie : il lui était donné de savoir avant de mourir que la vie, c’était l’inspiration, oui, l'inspiration[
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MessageSujet: Re: Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants    Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants  - Page 4 EmptySam 09 Mar 2013, 15:01

Mars 2013
« Survivre et préserver les poèmes [d’Ossip] Mandelstam », tel est le projet qui anime les Mémoires de Nadejda, sa veuve, publiés en 1970. A sa voix se superpose celle d’Ossip (1891-1938), auteur des Cahiers de Voronej et du Bruit du temps, qui commit en 1933 une épigramme contre Joseph Staline intitulée Le Montagnard du Kremlin. Considéré par les autorités comme un « document contre-révolutionnaire sans précédent », ce bref poème lui valut d’être arrêté en 1934, puis déporté. Il meurt en 1938.
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Nadejda Mandelstam décrit le quotidien, mais aussi les mouchards et leurs expédients, les renoncements des intellectuels et l’arbitraire des juges. Elle évoque les motifs biographiques qui traversent l’œuvre de ce « poète perturbateur des idées », et dresse un bilan sans concession du climat intellectuel des années 1930. Les portraits d’un Victor Chklovski capitulard ou d’un Boris Pasternak égocentrique sont peu flatteurs…


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un extrait:
«Voici une lettre qui n’est pas parvenue à son destinataire. Elle est écrite sur deux feuillets de mauvais papier. (...) Ma lettre a été préservée par hasard. Je l’avais écrite en octobre 1938, et en janvier 1939 j’appris que Mandelstam était mort. La lettre se trouvait dans ma valise avec d’autres papiers, et elle y restée près de trente ans. Je l’ai retrouvée la dernière fois où j’ai trié mes papiers, me réjouissant de chaque feuillet préservé, et pleurant des pertes immenses et irréparables. Je n’ai pas relu cette lettre tout de suite. J’ai attendu plusieurs années. En la relisant, j’ai pensé aux femmes dont le destin avait été analogue au mien.
Le 22 octobre 1938

«Ossia, mon chéri, mon ami lointain !

«Mon amour, les mots me manquent pour cette lettre que tu ne liras peut-être jamais. Je l’envoie dans l’espace. Peut-être ne serai-je plus là lorsque tu reviendras. Ce sera alors le dernier souvenir que tu auras de moi.

«Ossioucha, notre vie d’enfants à tous les deux, comme elle fut heureuse ! Nos disputes, nos querelles, nos jeux et notre amour ! A présent, je ne regarde même plus le ciel. Si je voyais un nuage, à qui le montrerais-je ?

« Te souviens-tu des festins misérables que nous apportions dans nos pauvres habitations de nomades ? Te rappelles-tu comme le pain est bon lorsqu’on se l’est procuré par miracle et qu’on le mange à deux ? Et notre dernier hiver à Voronej. Notre heureuse misère, et la poésie. Je me rappelle qu’une fois, nous revenions des bains, après avoir acheté des oeufs ou des saucisses. Une charrette de foin passa. Il faisait encore froid et je grelottais dans ma veste (c’est notre destin de grelotter : je sais combien tu as froid !). Et j’ai gardé le souvenir de ce jour-là : j’ai compris alors, jusqu’à en avoir mal, que cet hiver, ces journées, ces souffrances, c’était le plus grand et le dernier bonheur que nous devions connaître.

«Chacune de mes pensées est pour toi. Chacune de mes larmes et chacun de mes sourires sont pour toi. Je bénis chaque jour et chaque heure de notre vie amère, mon ami, mon compagnon, mon guide d’aveugle, aveugle lui-même.
«Nous nous cognions l’un dans l’autre, comme des chiots aveugles, et nous étions heureux. Et ta pauvre tête délirante, et toute la folie avec laquelle nous brûlions notre existence ! Quel bonheur c’était, et comme nous avons toujours su que c’était cela, le bonheur !

«La vie est longue. Qu’il est long et difficile de mourir seul, ou seule. Est-ce le sort qui nous attend, nous qui étions inséparables ? L’avons-nous mérité, nous qui étions des chiots, des enfants, et toi qui était un ange ? Et tout continue. Et je ne sais rien. Mais je sais tout, et chacune de tes journées et chacune de tes heures, je les vois clairement, comme dans un rêve.

« Tu venais me rendre visite chaque nuit dans mon sommeil, et je te demandais sans cesse ce qui était arrivé ; mais tu ne répondais pas.

«Mon dernier rêve : j’achète une nourriture quelconque au comptoir malpropre d’une boutique malpropre. Je suis entourée d’étrangers, et après avoir fait mes achats, je me rends compte que je ne sais pas où porter tout cela, car je ne sais pas où tu es.

«A mon réveil, j’ai dit à Choura : «Ossia est mort». Je ne sais pas si tu es en vie, mais c’est à partir de ce jour-là que j’ai perdu ta trace. Je ne sais pas où tu es. Je ne sais pas si tu m’entendras. Si tu sais combien je t’aime. Je n’ai pas eu le temps de te dire combien je t’aimais. Et je ne sais pas le dire maintenant non plus. Je répète seulement : toi, toi... Tu es toujours avec moi, et moi, sauvage et mauvaise, moi qui n’ai jamais su pleurer simplement, je pleure, je pleure, je pleure...

«C’est moi, Nadia. Où es-tu ? Adieu.
«Nadia.»
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MessageSujet: Re: Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants    Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants  - Page 4 EmptySam 09 Mar 2013, 15:17

« On raconte que Mandelstam, dans le camp, le goulag, de Sibérie où il a passé ses dernières années, aurait récité des poèmes de Pétrarque aux autres prisonniers. Malgré la faim, le froid, ils écoutaient, les oiseaux noirs aussi, qui s'arrêtaient un instant de tourner autour de la mort, seule libération des déportés. Dieu sait qu'il n'est rien de plus éloigné du lumineux Pétrarque que ces hommes en haillons. Mais ajoute-t-il, la poésie dans ce cas, c'était un peu comme la goutte d'eau pour un homme qui marche dans le désert, quelque chose qui tout à coup prend un poids d'infini et vous aide à traverser le pire.

Des récits de la Kolyma, l'enfer des camps russes, nous disent que la poésie aura été parfois la forteresse, et non pas du tout une échappatoire. La poésie parle toujours au nom de la vie. »



Cette parole au nom de la vie nous n'en aurions connu presque rien si l'amour insensé de Nadejda Mandelstam ne lui avait pas fait apprendre par cœur les poèmes de son mari, les cachant au fond d'elle-même, là où les sbires de Staline ne pouvaient les débusquer. Tout avait été soigneusement brûlé des écrits de Mandelstam. La parole de sa femme, la fervente mémoire d'une femme, l'ont sauvé de la nuit.


Les cahiers de Voronej sont son œuvre ultime (1935-1937) dans lequel il parle de sa condition de bagnard, dans le froid et l'anonymat de ceux qui vont mourir :



Des monceaux de têtes s’effacent à l’horizon

Là-bas je me réduis, nul ne me remarque plus.

Mais en de tendres livres, et dans les jeux d’enfants.

Je ressusciterai pour dire : le soleil brille

Lui le poète juif d'origine lettonne, d’un père pelletier et d’une mère pianiste, mais sans culture juive aucune, il aura été le symbole de la crucifixion des justes.

Alors elle, sa poésie, coule presque sereine, sachant qu'elle est une conscience, qu'elle éveille le peuple à la conscience, celle de sa véritable vie :



Au peuple il faut un vers secrètement natal

Pour qu’indifféremment il secoue sa torpeur

Et qu’avec la vague de châtaigniers aux boucles de lin

Il se lave dans le souffle du vers.



Sa poésie ne se veut pas moderne, mais hors du temps: « je ne suis le contemporain de personne ».

Calme et dure est sa poésie, une force intérieure toujours éclairante.

Sa poésie est d'après les russophones geste musical, chair de sons, paroles de vie. Elle est avant tout vibration. Il croit passionnément en la musique mais il sait que:

Et au son des cloches toute mon âme s’ouvre…

Mais la musique ne peut pas sauver du gouffre !



Nadejda aura gagné sa vie à pouvoir redire les poèmes gravés dans l'écorce de sa chair, ses marches dans la nuit, pour retrouver la scansion exacte du rythme si particulier de sa poésie, afin que la plus infime goutte de ses mots ne se perde aucunement. Elle aura, comme un personnage de Fahrenheit 451 de Bradbury, appris par cœur les rondes d'humanité, la fraternité des écrits de son mari. L'amour aura fait reculer la nuit et les roues des moulins dorment encore dans la neige.

Il pensait à un destinataire inconnu, nous sommes celui-là même. Nous lisons les mots sur ses lèvres qui remuent encore et toujours.

Nadejda Mandelstam est une femme que j'admire pour avoir gardé en mémoire tout les poèmes de son époux, inscrits dans sa chair.
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MessageSujet: Re: Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants    Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants  - Page 4 EmptySam 09 Mar 2013, 15:56

Anna Akhmatova amie d'Ossip Mandelstam

Au poète Robert Frost qui lui rend visite dans sa datcha en 1962, elle écrit : J'ai tout eu: la pauvreté, les voies vers les prisons, la peur, les poèmes seulement retenus par cœur, et les poèmes brûlés. Et l'humiliation, et la peine. Et vous ne savez rien à ce sujet et ne pourriez pas le comprendre si je vous le racontais....
Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants  - Page 4 50315504

Akhmatova, Ossip Mandelstam et Goumilev, qui a fondé le mouvement, deviennent les animateurs de l'acméisme, qui rompt avec le symbolisme, en privilégiant la simplicité et la concision dans la langue. Ils sont bientôt rejoints par d'autres auteurs. Contrairement aux réunions ésotériques des symbolistes, les réunions des acméïstes ressemblent davantage à des séminaires où l'on éprouve, entre autres, de nouvelles techniques d'écriture. Anna Akhmatova puise son inspiration, non seulement chez Pouchkine, mais aussi chez Annenski, un précurseur de l'acméisme, chez Verlaine ou encore le jeune Maïakovski.

Après avoir repris des études de littérature à Saint-Pétersbourg, elle publie son premier recueil intitulé Le Soir en 1912 qui connaît un grand succès. Avant que le recueil suivant, Le Rosaire, ne paraisse en 1914, des milliers de femmes s'étaient mises à composer des poèmes à la manière d'Anna Akhmatova. Ses premières œuvres décrivent habituellement un homme et une femme impliqués dans les moments les plus intenses et les plus ambigus de leurs rapports. De telles pièces ont été beaucoup imitées et plus tard parodiées par Vladimir Nabokov et d'autres. Cette réussite a poussé Akhmatova à s'exclamer : « J'ai appris à nos femmes comment parler, mais je ne sais pas comment les faire taire ».
Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants  - Page 4 Altmanakhmatova1

portrait peint par Nathan Altman
Elle s'était drapée dans les mots de la poésie, dont elle fit son maquis, sa terre de résistance. Elle reste la recluse, la beauté irradiante mise en cage par les bourreaux staliniens. Interdite de publication, traquée par la police et par les déportations ou la mise à mort de ses proches, elle semble par la force tranquille de ses poèmes s'opposer seule à la tyrannie du monde. Sa poésie, à peine redécouverte, nous saisit par ce qui semble irradier d'elle : une pureté d'eau.

En ces temps toujours incertains, l'image et les mots de cette statue de la résistance au mal, à l'extermination folle, sont toujours dressés et actuels :

Mon Dieu nous régnerons avec sagesse

bâtissant des églises au bord de la mer

et aussi des phares élevés

Nous sauvegarderons l'eau et la terre

et nous ne ferons du mal à personne


Elle se lie d'amitié, parfois plus, avec de nombreux artistes de l'époque, tels qu'Alexandre Blok et Boris Anrep. Ses manières aristocratiques et sa rigueur artistique l'ont fait apprécier au sein du cercle des acméistes qui l'honorent des titres de « Reine de la Neva » et d'« Âme de l'Âge d'Argent », nom sous lequel sera connue cette période dans l'histoire de la poésie russe. Plusieurs décennies plus tard, Anna se rappellera cette période bénie de sa vie dans le plus long de ses travaux, la Poésie sans héros (1940-65), inspiré par l'Eugène Onéguine de Pouchkine.

Anna Akhmatova.Le recueil suivant La Foule blanche paraît en 1917, mais sa diffusion souffre des événements de l'époque. En 1918, elle divorce de Goumilev pour se remarier avec l’assyriologue Vladimir Chileïko, dont elle se sépare en 1921, puis vit jusqu'en 1938 avec l'historien et critique d'art Nikolaï Pounine.Elle refuse par la suite les propositions d'union de Boris Pasternak.

Les nouvelles autorités jugeant ses travaux « socialement trop peu pertinents », Akhmatova est condamnée comme élément bourgeois et sa poésie interdite de publication dès 1922 et pour plus de trente ans. Akhmatova gagne difficilement sa vie en traduisant Victor Hugo, Rabîndranâth Tagore ou Giacomo Leopardi et en éditant des essais, y compris quelques essais brillants sur Pouchkine dans des revues spécialisées. Néanmoins, ses œuvres ne cessent jamais de circuler sous le manteau.

Nikolaï Goumilev, qui n'avait jamais fait mystère de son anti-communisme, est arrêté par la Tchéka sous prétexte qu'il était monarchiste, dans ce qui constitue, pour beaucoup d'historiens, la première affaire montée de toutes pièces par les services secrets des soviets[réf. nécessaire]. Il sera fusillé en août 1921. Tous les amis et proches d'Akhmatova qui n'ont pas émigré sont réprimés, déportés ou exécutés. Nikolaï Pounine est arrêté en 1935 et meurt dans les camps staliniens en 1953. Son fils est arrêté pour la première fois et déporté en 1938. Akhmatova refusera toujours d'émigrer, considérant que ce serait une trahison envers sa langue et sa culture.

La Grande guerre patriotique permet de voir ses œuvres à nouveau publiées : en 1940, elle devient membre de l’Union des écrivains soviétiques et ses poésies paraissent mensuellement dans la revue Zvezda (L'Étoile). Elle témoigne du siège de Léningrad. Son poème Courage est publié en 1942 à la une de la Pravda. Mais, dès la fin du conflit, victime du jdanovisme artistique, elle est radiée de l'Union des écrivains en 1946 pour « érotisme, mysticisme et indifférence politique » et n'arrive plus à publier officiellement. À son sujet, Andreï Jdanov écrit qu'elle est « une nonne ou une putain, ou plutôt à la fois une nonne et une putain qui marie l'indécence à la prière ».

Cependant, ses poésies ne cessent jamais de se diffuser de manière clandestine par le bouche à oreille et dans les samizdats. Quelques poésies à la gloire de Staline paraissent dans l'hebdomadaire Ogoniok dans les années 1950, composées pour gagner la libération de son fils, exilé en Sibérie. Lev, qui s'est battu dans l'armée de l'air durant la guerre, a en effet été de nouveau arrêté en 1949 et condamné à quinze ans de travail forcé. Il est libéré en 1956.
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MessageSujet: Re: Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants    Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants  - Page 4 EmptySam 09 Mar 2013, 16:10

Anna Akhmatova

- Pourquoi te déguises-tu
Pourquoi te déguises-tu
En vent, en pierre, en oiseau ?
Pourquoi me souris-tu du ciel
Comme un éclair inattendu ?

Cesse de me tourmenter : Ne me touche pas !
Laisse-moi à la gravité de mes soucis…
Un feu ivre passe en vacillant
Sur les marias gris desséchés.

La Muse dans sa robe trouée
Chante d’une voix traînante, monotone.
Sa force miraculeuse
Est dans son angoisse cruelle et jeune.


L'amour

C’est parfois un serpent magicien,

Lové près de ton cœur.

C’est parfois un pigeon qui roucoule,

Sur la fenêtre blanche.



C’est parfois sous le givre qui brille

La vision d’une fleur.

Mais mène, en secret, à coup sur,

Loin de la joie tranquille.



Il sait pleurer si doucement

Dans la prière du violon,

Il fait peur quand on le devine

Sur des lèvres que jamais on n’avait vues.
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MessageSujet: Re: Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants    Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants  - Page 4 EmptySam 09 Mar 2013, 16:53


Marianne, felicitaions chapeau pour ce fil que je ne connaissais pas.
Je l'ai parcouru, je vais y revenir car j'ai des amis juifs sepharades, Michael et gaelle, avec qui j'ai beaucoup travaille en les aidant a rediger un catalogue des livres en judeo-espagnol dans la bibliotheque ou je travaille et en bulgarie, en general.

Il y a eu de tres grandes communautes juives en Bulgarie dans beaucoup de villes, mais la plupart sont partis a Israel apres l'instauration du regime communiste. Pourtant je regrette de ne pas avoir parle sur GDS* d'Angel Wagenstein, il ecrit si bien et ses livres autobiographiques les plus important sont traduits en francais.

Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants  - Page 4 Wa10Wagenstein

Elias Canetti est ne en Bulgarie, a Rousse.

On parle beaucoup chez nous comment les juifs bulgares ont ete sauves des camps de concentration:


Comment la communauté juive de Bulgarie fut sauvée du génocide
Un exemple d'action non-violente réussie injustement igno
ré.

Spoiler:
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MessageSujet: Re: Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants    Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants  - Page 4 EmptySam 09 Mar 2013, 17:04

merci pour cette intervention , maya, continues à alimenter ce fil avec des personnes qui ont soufferts et ont vécus pour leurs idées.


Dernière édition par Marianne R. le Sam 09 Mar 2013, 18:02, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants    Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants  - Page 4 EmptySam 09 Mar 2013, 17:24

Mais c'est un grand plaisir pour moi de decouvrir ce fil, Marianne.

Si vraiment un jour on decide de lire soit un auteur d'origine juive, soit un auteur des Balkans, je vous conseillerai Angel WAGENSTEIN:

1. “ Abraham le Poivrot
“, L’Esprit des Péninsules, Paris, 2002.

Un roman picaresque savoureux qui met en scène la communauté juive de Plovdîv dans la première moitié du XX ème siècle, et le voyage d’un Israélien “bulgare” dans la Bulgarie d’aujourd’hui. Riche d’un humour juif, généreux et tonique.
Avec, allant crescendo, une petite musique mélancolique qui accompagne cette évocation d’un monde détruit par l’idéologie puis par l’argent.

"Abraham le poivrot” est t une histoire aussi gaie que triste qui a lieu a Plovdiv, la ville ou j'habite. C’est une saga sur l’amour, l’espoir, la tolerance qui sont plus fort et se perennisant plus que les passions politiques destrictives.
On voit un ecrivain cosmopolites, un roman cosmopolite, hors standard, hors tradition, imprevisible, surprenant. Un ecrivain bulgaro-europeen qui a grandi, qui a ete forme en Europe et qui a quand meme vecu ses plus grands drames en Bulgarie, ainsi que ses plus grandes joies. “Abraham le poivrot" est une confession – plebeienne et populaire cote langage et aristocratique cote esprit.

2. "Le Pentateuque ou les cinq livres d'Isaac"
Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants  - Page 4 4111
Un avis:
L'histoire (vraie ou imaginée, qu'importe) est celle d'un personnage banal qui raconte ses péripéties dans l'Europe tourmentée de la première moitié du XXe siècle. La vie (en rien banale...) d'un Juif « durant deux guerres, trois camps de concentration et cinq patries ».
Un récit touchant écrit par Angel Wagenstein dans un style frais, très proche et direct. Ce livre est bien différent d'autres écrits sur le même sujet, car l'humour, l'ironie et la lucidité sont le kaléidoscope à travers lequel on perçoit le fond tragique de l'histoire.
Un livre tout à fait surprenant, triste et amusant à la fois, qui se lit avec beaucoup de plaisir.


Mon avis:
Dans le preface de “Pentateuque”, l’auteur dit qu’a part le titre, rien n’est invente par lui – cette oeuvre est un recueil des souvenirs des autres, ses interventions ne sont qu’une pincee de sel et de levure dans le pain pascal. Souvenirs de son enfance, de son adolescence qui, d’un homme adulte. Il y a plein d’anecdotes, partout car nous savons comment les juifs savant blaguer, la prose d’Angel Wagenstein en est une excellente preuve. Il y a des anecdotes racotes de petits juifs inoffensifs – leur seule arme. D’autres qui resument certaines situations, d’autres qui tirent au clair les idees de l’auteur.
Langue imagee et riche rend la lecture une incroyable plasir.
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MessageSujet: Re: Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants    Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants  - Page 4 EmptySam 09 Mar 2013, 18:23


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David PERETZ est né en 1906 à Plovdiv, Bulgarie. Diplômé à l’Académie Nationale des Beaux-Arts de Sofia en 1932, spécialité « Peinture », dans la classe du prof. Dimitar Gudjenov. En 1947 il fait une spécialisation de peinture à Paris chez André Lhote. Depuis 1948 il s’installe à Paris. Ensemble, avec les grands artistes – peintres bulgares Zlatyo Boyadjiev et Vassil Barakov, David Peretz fait parti du groupe « Baratzite ». Il a laissé à la Bulgarie un grand nombre de ses œuvres, des années 30 et 40, qui s’étendent sur tous les genres de la peinture. David Peretz est mort à Paris le 28 mai 1982.

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P.S. En 1943 il a ete dans un camp de concentration en Europe d'ou il a ramene des peintures. Cela reste flou quand meme, pourtant on parle beaucoup de ce peintre dans mon pays.
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Ysandre
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MessageSujet: Re: Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants    Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants  - Page 4 EmptySam 09 Mar 2013, 21:37

merci Marianne merci
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MessageSujet: Re: Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants    Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants  - Page 4 EmptyDim 10 Mar 2013, 11:32

je découvre avec plaisir beaucoup d'auteurs inconnus , mais avec déplaisir certaines souffrances atroces.

Egalement de très belles poésies

merci
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MessageSujet: Nina Berberova   Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants  - Page 4 EmptyDim 10 Mar 2013, 12:05

http://player.ina.fr/player/embed/CPB89005300/1/1b0bd203fbcd702f9bc9b10ac3d0fc21/560/315/1/148db8'

présentation dans"Apostrophes "par Bernard Pivot.

http://www.decitre.fr/gi/05/9782277231905FS.gif


Nina Berberova est née à Saint-Pétersbourg, en 1901, dans le milieu de la bourgeoisie libérale russe. Son adolescence a été marquée par les bouleversements révolutionnaires de l’époque : « Entre 1912 et 1916, tout croulait, s’effilochait sous nos yeux comme un vieil habit usé. La contestation était l’air que nous respirions, elle a nourri mes premières vraies émotions. » (in C’est moi qui souligne). En 1917, le gouvernement démet son père de ses fonctions de conseiller d’État et, jugé comme contre-révolutionnaire, il doit quitter la ville. Sa femme et lui meurent la même année à quelques mois d’intervalle.

Nina Berberova reste en Russie jusqu’en 1923 mais, en raison des répressions systématiques contre l’intelligentsia russe, elle rejoint son compagnon, le poète Khodassevitch, à Berlin, puis à Prague. En 1924, tous deux retrouvent Gorki à Sorrente, en Italie, puis ils s’installent à Paris en 1925. Ils connaissent alors la vie difficile des exilés, car, avec leurs passeports d’apatrides, il leur est difficile de travailler. À Billancourt, dans la banlieue parisienne, Nina Berberova rencontre les émigrés russes qui se sont installés autour des usines Renault et rédige en 1932 des chroniques sur leurs difficiles conditions de vie.
En 1939, elle s’installe avec Makeiev dans un hameau, à Longchêne, près de Versailles, où elle passe les années de l’Occupation, marquées par les répressions et la pénurie.

Après la guerre, en 1946, une amie, Greta Guerell, arrivée de Suède, lui apprend que son ouvrage, Tchaïkovski, rédigé en 1937, avait été réédité et elle se rend à plusieurs reprises à Stockholm ainsi que dans des îles suédoises où elle séjourne plusieurs mois.

En 1947, elle reprend ses activités de journaliste pour un hebdomadaire, La Pensée russe, et elle y rédige la page littéraire.
En raison de ses conditions de vie précaires, elle émigre en 1950 pour les États-Unis. Elle explique les motivations de son dernier exil ainsi : « Trois raisons m’avaient donc poussée à quitter la France […]. J’étais bien sûr habituée à tirer “le diable par la queue”, mais à présent, la situation était devenue vraiment inquiétante. Ensuite, je me retrouvais seule ou presque, dans cette ville où, durant un quart de siècle, j’avais vécu au milieu d’une vingtaine de personnes liées par leur attachement à la poésie russe, à ses mots, à sa musique, à ses idées, à ses rythmes, que nous cultivions de façon plus ou moins heureuse. […] Mais, avec le recul du temps, c’est la dernière raison qui m’apparaît aujourd’hui comme la plus déterminante. Dès 45, tout avait changé. L’absence de “nourriture intellectuelle” me conduisait tout droit au dénuement et à la stagnation spirituelle. »

Aux États-Unis, durant sept ans, elle occupe sept professions, puis elle devient professeur de russe dans les universités de Yale et de Princetown. Elle prend sa retraite en 1971 dans le New Jersey, mais continue de voyager. Ses passages à Paris et son premier retour dans l’ex-URSS depuis 1922, à Moscou et à Saint-Pétersbourg, ne l’incitent pourtant pas a quitter sa dernière demeure américaine ou elle s’éteint, à Philadelphie, en 1993.

En 1985, les éditions Actes-Sud font traduire son oeuvre et publient son roman L’Accompagnatrice, bientôt suivi d’autres ouvrages comme : Le Laquais et la Putain (1986), Le Roseau révolté (rédigé en 1958 mais publié en 1988), Alexandre Blok et son temps (1991), Récits de l’exil (1991), Chroniques de Billancourt (1992) et Où il n’est pas question d’amour (1993).
Vladislav Khodassevitch
http://bibliophilierusse.blogspirit.com/photos/medium_Khodassevitch%20003.jpg

Réédition dans l'émigration russe du deuxième recueil de poésie de Vladislav Khodassevitch; "Une petite maison heureuse". Edition Z.I Grjebina, Berlin, Pétersbourg, Moscou, 1922. Livre broché de 74 pages
Vladislav Khodassevitch est né en 1886 à Moscou, il est mort à Billancourt près de Paris en 1939. Le grand poète Nicolas Goumilev remarque ses deux premiers recueils de poésie dont cette "Petite maison heureuse", édités à Moscou. Il publie des articles critiques et enseigne à Moscou dans les studios du Proletcult en 1918 et 1919. En 1920 -1922, il habite à Petrograd. Il émigre avec Nina Berberova à Berlin en 1922. Il édite une anthologie de la poésie juive dont il a traduit les poèmes lui-même. Il s'installe ensuite à Paris. En France il ne publie qu'un seul recueil de poésie, en 1927, avec un choix de 26 poémes écris entre 1922 et 1926. Khodassevitch a peu écrit de poémes en France, il est possible qu'une partie soit restée dans les archives de sa deuxième compagne ( après Nina Berberova) qui furent saisies par les nazis après l'arrestation et la mort de cette dernière dans un camp d'extermination.
Vladislav Khodassevitch fut hostile au régime soviétique et ses poèmes ne circulaient qu'en "samizdat". Ses oeuvres complètes furent rééditées après la péréstroika en Russie.



Portrait de Vladislav Khodassevitch par Georges Annenkov en page de garde, daté de 1921 et signée des initiales.

http://bibliophilieemigrationrusse.blogspirit.com/media/02/01/9d7d6cb4781ee010266582c3a3a26981.jpg

Georges (Iouri ou Youri) Annenkoff (Annenkov), né en 1889, est mort à Paris en 1974. Il est peintre, décorateur, portraitiste, illustrateur, écrivain (pseudo Temiriazev), déjà connu en Russie avant l'émigration. En 1911, il voyage à Paris, étudie à la "Grande Chaumière" et à "La Palette", féquente des peintres et illustrateurs français (Valloton par exemple). En 1913 il revient à Petersbourg où il mène une carrière très riche de décorateur de théatre.
Avant la révolution il entame sa célèbre série de portraits des peintres, écrivains et hommes politiques russes (dont Akhmatova, Remizov, Benois, Evreinov, Pasternak etc) publiés en partie en 1922 à Prague dans l'album "Portraits". Jusqu'en 1924, il travaille beaucoup pour le théatre d'Evreinov et d'autres auteurs. Il émigre définitivememt en en 1924 et s'installe à Paris. Dans l'émigration il continue son travail pour le théatre mais aussi pour le cinéma. Il illustre de très nombreux livres d'auteurs français ou russes.
Son livre de souvenirs illustré en deux volumes a été édité à New-York en 1966 par Inter-Language Literary Associates (People and Portraits a Tragic Cycle) avec une introduction de Waldemar Georges. Multitude d'anecdotes et de superbes portraits dessinés de personnalités, d'André Gide, Gérard Philippe à Remizov ou Blok.

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MessageSujet: Re: Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants    Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants  - Page 4 EmptyDim 10 Mar 2013, 12:44

Apostrophes .... un Bernard pivot manque cruellement aujourd'hui !

D'un autre côté quels écrivains de la stature de Nina Berberova pourrait il présenter aujourd’hui ?

Une précision intéressante sur son éducation , effectuée sous l'emprise de sa mère ; les pères à son époque avaient peu d'influence sur l'éducation des enfants. Et ça paraissait assez efficace . A méditer !
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MessageSujet: Re: Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants    Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants  - Page 4 EmptyDim 10 Mar 2013, 13:34

Ton devoir est de ne
jamais te consumer dans le sacrifice. Ton véritable devoir est de sauver ton rêve).
Modigliani, Lettre à Oscar Ghiglia

Artistes d'Europe,d'origine juive et les résistants  - Page 4 Avrvsv3caz4k7ybcabxbsvf


Amedeo Modigliani est né à Livourne le vendredi 12 juillet 1884. Son père, négociant en bois et charbon, venait d'être mis en faillite et une loi interdisait alors qu'on saisît ce qui se trouvait sur le lit d'une accouchée. D'où l'amoncellement d'objets précieux et de bijoux qui manqua coûter la vie à la mère et à l'enfant. Modigliani a toujours cherché là un signe qui aurait expliqué ses extravagances. Il se disait qu'il était né sous les auspices de la ruine. Que les choses matérielles avaient dès son premier souffle mis ses jours en danger, une veille de shabbat.

Sa mère, Eugenia Garsin est née à Marseille et lui parle parfois le français, lui raconte de la France. Les Garsin sont d'origine sefardim, c'est à dire descendant des élites juives émigrées d'Espagne, installées après l'Inquisition à Livourne et ayant fidèlement conservé langue et usages raffinés aussi bien que les coutumes des anciens temps. Les Garsin appartiennent à la grande tradition des lettrés israélites, commentateurs de livres sacrés, ou fondateurs d'école talmudique. La famille gardera toujours l'habitude des discussions philosophiques. Les grands-parents parlent le judéo-espagnol, langue de l'exode, de l'exil, du secret. Ainsi, lorsqu'il vient au monde, à l'heure où son père est déclaré failli, Amedeo est l'héritier de voyages, de fables et de vérités lointaines.

Sa mère avait jadis connu Flaminio Modigliani quand elle avait quinze ans. Il etait lui aussi issu d'une famille juive, originaire du village de ce nom, au sud de Rome. " A quinze ans dans notre monde une jeune fille se laissait marier….. " lui confie-t-elle un jour. Eugenia Garsin devait avoir, à quinze ans, en pensant à ce qui l'attendait, cette absence de regard, des yeux vagues, presque clos sur cet avenir vers lequel on la poussait et qu'elle ne voulait pas voir. Modigliani l'a peinte ainsi, après, dans sa vie d'adulte, chaque fois qu'il a peint une fillette à l'inquiétude paisible, aux angoisses silencieuses, le cou supportant une tête qui cède et s'incline…..

Eugenia après avoir connu la maison raffinée de son père Isaac, de son grand-père le voyageur, l'homme de Tunis et de Londres, trouva les Modigliani sévères et tristes. Chez elle, elle avait pris part à des discussions sur les textes sacrés; elle avait appris l'anglais, la philosophie, la littérature. Dans sa belle-famille livournaise, on lui imposa des règles strictes de respect du rituel, une forme de vie qu'elle jugea étroite, sans clarté et à laquelle elle ne s'habitua jamais.

Mettre en question les normes établies, c'est ce qu'elle veut avant tout enseigner à chacun de ses enfants. Amedeo voit rarement son père dont il n'oubliera jamais le regard hautain, le menton relevé, la barbe large et carrée. Plus il lui parait conformiste, plus il se jure de ne pas lui ressembler. Des femmes vivent à la maison. Il y a Laura et Gabriela, ses tantes et la Signora Nonnina (la grand-mère qui se dit descendante du philosophe Baruch Spinoza ). Ce que les trois sœurs se content sans prendre garde aux enfants qui jouent tout près est triste, si triste qu'Amedeo en est impressionné. Il n'est pas étonné d'apprendre vers 1915, alors qu'il est depuis longtemps installé à Paris, que sa tante Gabriela s'est suicidée. Elle s'est jetée du haut d'un escalier, à Rome. Il n'a pas connu les raisons de sa mort. Les femmes dans sa famille comptent pour lui. Il les sait mystérieuses et puissantes, issues des ombres, sans cesse allant et venant du monde des corps présents au monde des transparences. Le Nonno Isaac (le grand-père maternel)) est le seul homme adulte vivant dans la maison et il l'entraîne encore bambin dans des conversations sévères. Tous deux dévorent les livres, et Isaac, qui parle quatre langues, apprécie surtout l'histoire et la philosophie.

Quatrième et dernier enfant, Amedeo, que les siens surnomment affectueusement Dedo, a une jeunesse comblée, mais difficile. Difficile en raison de l'atmosphère sombre qui règne dans la vieille maison patricienne ensuite en raison des ennuis financiers qui contraignent son père à s'absenter pour de constants voyages et Eugénie à se dédier à l'enseignement ou à entreprendre divers travaux littéraires et des traductions. Ces ennuis n'empêchent cependant pas la poursuite des études de chacun, Emmanuel l'aîné devenant avocat et Umberto Ingénieur, tandis que leur sœur Margherita demeurera toujours au foyer et élèvera plus tard la fille d'Amedeo, Jeanne. A onze ans Amedeo n'est pas un brillant élève mais il aime les livres, les discussions philosophiques entre sa mère, ses tantes et leur cercle d'amis. Son ami Uberto qui a sept ans de plus que lui cite des classiques grecs et latins, Dante et les grands peintres du quattrocento. Amedeo a une obsession, une de ces idées fixes qu'on peut redouter comme étant la marque d'un caractère difficile : il veut faire du dessin. Il répète sans cesse à sa mère " je me sens peintre ". La précoce détermination de ce garçon s'affirme si bien qu'Eugénie finit même par accepter, avec regret, de le voir quitter définitivement le lycée.

De santé chétive Amedeo est tout d'abord atteint d'une pleurésie, puis à l'âge de quatorze an une typhoïde met ses jours en danger. Là il a connu sa mort, il l'a contemplée. Elle semblait logée en lui, paisible. Et ce calme qu'elle a toujours eu à l'attendre lui a donné plus tard cette hâte de réaliser un rêve d'existence qui menaçait de demeurer inachevé.

De son enfance Amedeo gardera des souvenirs de tourmente qui se conjuguent avec des images paisibles. En 1900, sa tante Laura donne des signes d'extravagance tels qu'on craint pour son équilibre mental. Amedeo tousse, ses poumons ont été atteints lors de sa fièvre typhoïde. Eugenia sa mère s'inquiète et décide de l'emmener vers le soleil. C'est le soir et c'est l'hiver. Ils partent vers les villes blanches. Ils visiteront Rome, Naples, Capri…Les musées.

De Rome il écrit à son ami Ghiglia " Peut-on être sculpteur après Michel-Ange ? Y a-t-il lieu de peindre, après Carpaccio, Leonardo, Véronèse ? Mais je sais que ma peur même est un stimulant. Je saurais découvrir des formes, poser à l'œil et au toucher des questions nouvelles. J'ai l'orgasme, mais l'orgasme qui précède la joie auquel succèdera l'activité vertigineuse, ininterrompue de l'intelligence.".

Le 7 mai 1902 il s'installe à Florence et s'inscrit à l'Ecole libre des nus. Il aime errer dans les rues inconnues de cette ville qui recèle, malgré ses allures commerçantes et bourgeoises, les Apocalypses chaque fois réinventées que sont les œuvres d'art. Il a alors 18 ans. Il n'attend que l'enfer ou le paradis. Les deux sans doute, avec la même violence. Puis un jour, au terme d'une promenade, il la voit. : La Carità de Tino de Caimano, géante de marbre, une jeune femme allaitant deux enfants. Son visage ovale est allongé à l'excès, coupé d'un nez droit, penché vers les petits qu'elle couve du regard de ses yeux clos, vides ou pleins déjà de la mort à venir. Ce n'est pas seulement une belle œuvre sculptée, une superbe figure allégorique, mais l'essence même de la femme. En la regardant il lui semble sentir le marbre prendre forme sous ses doigts. C'est là qu'il faut chercher la vérité : la tête, temple, siège sacré de la pensée, se trouve supportée par un cou souple et large et solide comme le corps d'une cariatide. Ce jour là il sait qu'il peindra et sculptera des cariatides et, dans ses portraits, le cou sera le dessin, à déchiffrer, de ces femmes puissantes. Il a toujours sans le savoir clairement, voulu atteindre à cette écriture du corps et cette volonté vient de lui être révélée.

En 1903 il quitte Florence et se rend à Venise, à Campielle Centopiere près de San Sebastiano. Là, il travaille dans un atelier, au bord du canal, juste en face de l'église. Le matin il va boire un café à la Trattoria où se rassemblent les portefaix, les gondoliers et les petits artisans de cette partie éloignée du centre. Croccolo le baronnet napolitain un peu ridicule dans son bel habit de drap, vient chercher les futurs artistes pour animer et partager ses fresques nocturnes. Ils vont en bande à la Giudecca, dans des lieux de rencontres qui leur paraissent appartenir au monde du danger et de la luxure où doit s'enraciner toute inspiration. Ils ont le sentiment de risquer leur vie et leur âme. Les filles sont belles et rouges à la lueur des chandelles, leurs seins presque nus. Dans cette torpeur bienfaisante que donne le haschisch il se laisse envelopper par les bras d'une femme dont le corps disparaît dans l'obscurité. Et lorsqu'il en distingue les formes, il est d'une couleur bistre, comme pétri de terre et de feu.

Un jour il se rend à Carrare. Le marbre brut qu'il y découvre l'émeut plus que les statues lisses. Le marbre est là, compact, plein d'aspérités, sans défense dans le silence de son intensité. Le désir le prend de heurter la pierre, de la prendre en enfonçant son ciseau dans sa chair jusqu'à ce qu'elle crie. Il veut aussi que ses traits parlent comme les mots de Dante. Qu'ils soient comme eux dangereux, irréfutables.

Sa mère lui rend visite à Venise. A ce moment là il sait déjà qu'il veut quitter l'Italie, chercher la France, chercher la vie. Il lui faut connaître Paris pour découvrir cette liberté du trait, cette folie maîtrisée, cette douleur riante. C'est là-bas que l'art se fait. Là-bas est l'audace, l'imagination, le nouveau. Il veut connaître le pays de Baudelaire, de Lautréamont, de Gauguin et de Cézanne. Il s'exalte à l'idée de vivre dans la capitale de cette France que sa mère a connue et aimée. Elle lui donne un peu d'argent pour partir, c'est la seule a soutenir son projet..

C'est le début de 1906. Pour tout bagage il emporte une photographie de sa mère et un livre qu'elle lui a offert. Il s'installe à Montmartre, dans le fameux "maquis" que les promoteurs défrichent déjà pour le bâtir. Bientôt délogé d'un atelier sans doute précaire, il doit aller d'une chambre d'hôtel à l'autre, car il donne à sa mère l'adresse du Bateau-Lavoir où il fait la connaissance de Picasso, de Braque, Salmon, Jacob et de bien d'autres. Amedeo a 22 ans, un beau visage de " Romain ", au dire des femmes. Si beau, si brun, si insolemment étranger, si arrogant dans ses habits négligés qui indiquent la subtile recherche. Il porte un costume de velours côtelé, un foulard rouge noué autour du cou, un chapeau noir à larges bords et est animé par le désir de devenir un grand sculpteur. Plein d'espoir et de talent, cultivé, il vient pour conquérir la France. Il a la conviction qu'il faut vivre vite et sans économie d'aucune sorte. Il a peut-être déjà le sentiment de sa fin….Des ombres l'escortent, celles des suicidés, des déraisonnables qui l'ont précédé dans sa famille. Il aime, tout en la craignant, l'idée que son sang est, dans la chimie mystérieuse de l'hérédité, porteur de menaces.

Ses poumons ne sont pas guéris. Il le sait. En apparence il fait comme s'il n'en était rien, mais son corps et sa mémoire ont peur. Et ils le poussent à se hâter, à signifier avec grandeur son existence. Dans son atelier les cartons s'entassent. Il ne cesse de travailler, de chercher la forme qui est en lui, qu'il porte, mais qu'il ne parvient jamais à saisir tout à fait. Elle lui échappe. Il lui semble qu'il la voit, vivante, lumineuse, à l'intérieur de lui, mais lorsqu'il veut la fixer sur le papier, ses yeux, clos, pour mieux la contempler, deviennent soudain aveugles. Il croit que la vérité est peut-être dans ce regard privé de vue. Il fera ainsi des portraits aux yeux vides ou fermés. Des yeux dont la lumière est intérieure au point qu'elle illumine le regard du dedans.

Longtemps le seul acquéreur de ses toiles est un aveugle : Léon Angeli. Celui-ci vient chez lui, colle son nez sur ses toiles encore fraîches et finit par acheter le tableau persuadé qu'à la longue il pourra bien en tirer quelque profit. Modigliani n'oubliera jamais ce regard trouble, cette vision imparfaite, cet œil clos sur la lumière et les couleurs. Il a peur de la manière qu'il a d'observer ces visages qu'il a peints et qu'il livre au regard de son œil mort. Peut-être est-ce à cause de lui que les yeux de ses portraits sont blancs, ouverts en dedans vers une lumière qu'il cherche sans cesse à définir ?

Au bout d'un peu plus d'un an de séjour parisien, Modigliani obtient un premier succès. Sept de ses œuvres sont présentes au salon d'automne qui s'ouvre du 1er au 22 octobre 1907 au Grand Palais. C'est particulièrement au cours de ces années que les artistes étrangers accourent en foule d'Allemagne, d'Europe centrale, des Etats-Unis attirés par l'animation de la capitale, par le renom grandissant du mouvement fauve qui est en passe de triompher. Leur légion nombreuse se réunit à Montparnasse au café du Dôme et obligera sous peu Matisse à ouvrir son Académie. Bien qu'il vive un peu à l'écart et se montre réservé, Modigliani se retrouve parfois avec la bande plus cohérente de Picasso, Max Jacob et leurs amis du Bateau-Lavoir, souvent accompagnés des poètes André Salmon et Guillaume Apollinaire.

L'œuvre de Modigliani à l'époque est encore assez rude, hésitante, à l'image de ses incertitudes et de son besoin d'affirmation, à mi-chemin entre Fauvisme et Expressionnisme, comme beaucoup d'autres à l'Epoque. Il répugne visiblement à faire appel à la couleur pure, aux fanfares éclatantes chères à ses amis, se cantonne encore volontiers dans les ocres et les tons sombres pour ses nus. Son exaltation foncière se révèle dans la secrète violence qui émane de sa peinture.

Lorsque Modigliani rencontre Paul Alexandre, celui-ci s'étonne de son talent et décide de lui acheter une toile, " la Juive ". Il l'a peinte en se rappelant le portrait d'une femme de Livourne qui venait rendre visite à sa mère et restait des heures, silencieuse et pensive, sur le sofa. Il avait admiré autrefois ce visage long comme l'ombre d'un couteau, ce visage où les joues creusées en dedans semblaient dévorer les paroles qui venaient aux lèvres. Le silence du regard était tumultueux. La bouche se fermait, rouge, sur les mots. Ces mots que jamais elle ne prononçait. Et le nez, aquilin, royal, était impératif comme une lame.

Au cours de l'été 1909 Modigliani retourne à Livourne pour quelques mois. Lorsqu'il regagne Paris il s'installe à Montparnasse, tour à tour à la Ruche, au 216 boulevard Raspail et au 16 rue du Saint-Gothard tout en conservant un atelier 39 passage de l'Elysée des Beaux Arts. Ensuite il travaille et réside pendant de longues périodes chez Brancusi, au 54, rue du Montparnasse. La fascination qu'exercent sur lui les arts d'Afrique et d'Océanie, ainsi que ses interminables discussions avec Brancusi lui communiquent l'énergie nécessaire pour alimenter sa soif de sculpture vers laquelle il se lance à corps perdu. Mais il s'épuise et ses poumons semblent se déchirer aux pierres qu'il attaque. Manifestement il s'est lancé dans cet art comme s'il était entré en religion, avec la même passion dévorante, le même désir d'absolu, le même besoin d'une véritable ascèse. Si Modigliani réussit à poursuivre un chemin solitaire vers une expression personnelle, c'est à la sculpture qu'il le doit. Brancusi s'intéresse aux dessins de cariatides que le Livournais multiplie. En Grèce les cariatides, qui doivent leur nom aux femmes de Caryes, en Laconie, soutiennent le toit des temples. Or Brancusi, qui apprécie l'art nègre, sait que le trône des chefs de tribus, en Côte d'Ivoire, comporte aussi des figures féminines, qui ont la même fonction de support, et le docteur Alexandre, collectionne des pièces d'art baoulé et yaouré, venues de cette région. Or, si Modigliani réussit de merveilleuses têtes, d'une grande pureté, il n'a pas cherché à rendre dans la pierre les figures toutes en sinuosité de ses dessins et ses toiles.

Modigliani s'habitue vite à la faune de Paris dont il fait désormais partie. Dans ce milieu de paumés il fait la connaissance du fonctionnaire de police Descave, grand amateur de peinture. Et de Zamaron qui emplit les bureaux de la Préfecture des peintures de Kisling, de Pascin ou de Severini et de Modigliani lui-même. Souvent, pour éviter un passage à tabac, pour s'acquitter d'une amende tous ces peintres laissent un tableau ou quelques dessins au lieu de l'argent qu'ils n'ont pas. Quant à Chéron, le marchand dont la galerie se trouve rue La Boétie, il a compris une chose avec certitude : qu'il est bon d'acheter des tableaux aux peintres inconnus. En quelques journées de travail, dans la cave qu'il a aménagée, ces crève-la-faim réalisent des toiles qu'il met ensuite en vente dans sa vitrine, ou qu'il garde parfois en réserve. Il a le temps d'attendre. Pour quelques sous, un repas, une bouteille de rhum qu'ils peuvent finir sans qu'il trouve à redire, le brave homme devient ainsi propriétaire d'un Soutine, d'un Utrillo, d'un Foujita, d'un Modigliani…..

En 1910 Amedeo voit arriver de sa Cracovie natale Moïse Kisling. Celui-ci n'a pas vingt ans, et son visage large aux yeux légèrement bridés est celui d'un enfant. Il est encore vêtu de la lévite et la redingote noire lui permet dès son entrée dans le monde parisien de ne pas passer inaperçu.

A Montmartre la mort est un peu partout, comme les filles.
Ô ! beaux corps de femmes qui enlacez
Comme les anneaux d'un reptile
….Beaux seins qui dressez vos pointes fleuries…..

Chez Modigliani des moments de colère s'alternent à des moments de déclamation poétique. On le regarde sans sympathie dans les cafés. Un jour, des gens tiennent des propos antisémites à la table voisine. Il réagit comme un fou. D'un bond il monte sur la table et les défie : - Je suis Modigliani, juif et je vous emmerde ! " Quelqu'un l'entraîne dehors. La fureur le prend parfois, il s'épuise. Et cependant son ami Cingria le décrit ainsi : " Modigliani avait un très beau visage où un peu de réserve luttait avec l'amusement. Il arrondissait bien ses phrases, parlait un très beau français. Il riait d'un petit rire sec, fumeux. Il ne flattait personne. Je n'ai jamais connu d'être plus entièrement dépourvu de snobisme. Malgré sa courtoisie (oui, une très grande courtoisie), il était obligé parfois de dire des choses dures. Il les disait sans défaillance. Pour Zadkine c'était alors un jeune dieu déguisé, ou bien un ouvrier endimanché. "

En 1907 il peint rue de Douai, au couvent des Oiseaux près de la place Pigalle, là où Matisse a crée son Académie. Il écrit à sa mère "Un garçon né à Rome de mère polonaise et de père italien se fait appeler Apollinaire. Il est employé de banque, écrit des poèmes et des articles de journaux. Grâce à lui j'ai vendu quelques toiles. Chaque fois qu'on me donne des sous pour mon travail, je redeviens Amedeo Modigliani, le fils de famille cultivé. Mon savoir-vivre les séduit tous…Je paie à boire, je fais la bombe….demain, ils m'inviteront à leur tour.

L'hiver se passe. Les amis sont là, Apollinaire, Salmon, Max Jacob. Ils se retrouvent au Lapin agile. Dans les verres, l'éther succède à l'absinthe et le flacon passe discrètement d'une main à l'autre. L'éther laisse son emprise glacée dans les gorges, au fond des poitrines. L'hiver brûle au-dehors. La cécité de la mort lui semble proche.

En 1909 il se retrouve à la cité Falguière. Les déménagements comptent peu. Il suffit d'entasser dans une charrette ses quelques habits, ses toiles, ses dessins et les sculptures qu'il a faites…..Il est habitué à ces déambulations dans Paris. Lipchitz et Brancusi l'encouragent à continuer. La peur est inscrite ici et là. Elle les regarde de toutes les facettes de ses yeux glissés dans les yeux de leurs modèles, de leurs portraits, de leurs autoportraits enfin. Et si leur vie était vécue en pure perte ? Pour oublier leur peur ils font la fête, il font la bombe, ils font l'amour.

Au cours de l'été 1912, sans doute épuisé par le travail de taille directe, très poussiéreux, et par une vie déréglée, Modigliani perd connaissance. C'est son ami Ortiz de Zarate qui le découvre inanimé sur le plancher de sa chambre et qui l'incite à se rendre à Livourne. Les amis se cotisent et lui achètent un billet de train. Une fois chez lui sa mère le serre dans ses bras sans rien dire. Ses cheveux blancs sont plus blancs, mais elle a toujours le port élégant, royal. Il remarque comme le nez aquilin donne à son visage lentement ridé une force d'effigie. Il retrouve avec bonheur Livourne, élégante et secrète sous le soleil blanc. Ses amis qu'il va retrouver le regardent étonnés. A-t-il changé à ce point ? Il se dit qu'il porte désormais en lui les traces d'un monde qu'ils ne connaissent pas. Ses amis lui trouvent un local assez vaste, près du marché, et des pierres, d'énormes pavés, des fragments de sa ville natale. Il travaille ainsi jour et nuit. Il tousse. Il faut faire vite. Des corps et des têtes prennent forme, d'étranges statues hiératiques, sortes de robustes et souples caryatides, de figures totems aux têtes oblongues qui semblent parfois lui parler à la tombée du jour. Non il n'est pas fou, mais il lui semble que des dallages de ses rues sortent des êtres qui autrefois étaient allés et venus dans Livourne. Quand vient le moment de rentrer à Paris et qu'il demande à ses amis du café Bardi où ranger ses œuvres, ils lui répondent de les flanquer dans le canal.

Un rire énorme s'est échappé de toutes leurs bouches. Il rit à son tour, il boit quelques verres, retourne vers le hangar, un flacon d'éther dans sa poche. Ses sculptures semblent avoir perdu de leur individualité combative, de leur présence agressive. Il les charrie une à une et va les jeter dans le canal. C'est ainsi que ses dieux basculent dans le monde des démons : un simple miroir d'eau les sépare.

Son frère Emanuele, sensible à sa solitude et à son désir de sculpter lui offre un voyage à Carrare. Dans ce feu de l'air de Carrare, ses poumons brûlent, son corps est en fièvre. Il sait qu'il faut abandonner la pierre. Il décide de rentrer à Paris. La pluie peut-être lui manque. A Paris il recommence à dessiner, et sur la toile à peindre. Avec cette arrière pensée permanente qu'elle est infiniment plus chère que le papier. Et son prix en fait à ses yeux un objet aussi rare, aussi précieux que le marbre d'Italie.

A Paris il y a les amis, la bande de copains. Il y a les terrasses des cafés. Parfois il donne ses dessins contre un verre de rouge. Parfois il se lève et récite des vers de Dante. Les femmes lui sourient. Les hommes parfois lui crient " Modigliani ! Finita la commedia ! ". Il y a les frères Libion de la Rotonde. Il y a les rires de Diego Rivera, les plaisanteries de Moïse Kisling, les rugissements de Chaïm Soutine. Il y a les ivresses éblouissantes de Maurice Utrillo, les découvertes tonitruantes de Picasso, les voix des Espagnols, des Italiens, des Polacks, il y a toutes les sonorités du monde. Le temps presse et lui échappe comme les passants. Il faut faire vite.

En 1914 il rencontre Béatrice Hasting. Béatrice est de feu et semblable pourtant, par son nom, à celle qui règne au paradis de Dante. Il brûle d'elle. Béatrice est la plus folle des femmes de Montparnasse. On connaît ses chapeaux voyants, ornés de fleurs, de fruits et de plumes multicolores. Avec Modigliani ils rivalisent d'extravagance. Il peut réciter Dante sous la pluie aux terrasses de cafés; il peut jeter des rouleaux de dessins à ses créanciers - bistrotiers et restaurateurs - il peut aller de table en table, proposant ses œuvres et lançant à l'éventuel acheteur éberlué " Modigliani ! Juif ! Cent sous ! " elle le dépasse de loin en excentricité. Journaliste et poète, Béatrice est une femme riche, si autoritaire qu'il s'est donné pour but de la soumettre à sa volonté. Leur amour a commencé par des fous rires, des déclarations incongrues, des élans de passion déchaînée et une fascination commune pour ce qui leur parait " grandiose ". Il s'est déroulé comme un opéra. Les yeux de Béatrice sont roux comme sa peau. L'amour avec Béatrice est roux comme la fureur.

Le 1er août : mobilisation générale. Paul Alexandre est enrôlé dans un bataillon d'infanterie. Celui qui avait recueilli ses premiers dessins disparaît ainsi, dans un bruit de bottes et de fusils, dans l'absurdité d'une mobilisation où défilent les soldats rigolards, où les filles agitent leurs mouchoirs rêvant au romanesque des retrouvailles avec un homme qui sentirait la boue et le fusil.

Modigliani prend de la cocaïne, du haschisch, du vin, du rhum, de l'éther, de l'absinthe. Quelque part, dans l'Est, ses amis se font massacrer. Le courrier d'Italie se fait rare.

Max Jacob lui présente un jour Paul Guillaume. A propos de lui Modigliani écrit à sa mère " Celui qui achète mes tableaux est Paul Guillaume, il Novo Pilota. Il expose les peintres dans sa galerie de la rue Miromesnil. Je fais partie maintenant de sa collection avec d'autres jeunes : Derain, Chirico, Picasso et même Matisse. "
Amedeo est jaloux de Béatrice, jaloux comme un fou. Il y a entre eux de violentes disputes. Béatrice crie, elle a la voix de plus en plus perçante et l'accent anglais, cet accent si délicieux lorsque la voix est douce lui fait mal soudain comme la lame d'un couteaux. Il la regarde avec des yeux qui l'inquiètent. Et ses yeux lui renvoient son image, modifiée - il sait qu'il ressemble à nonno Isaac, vers la fin de ses jours, atteint de neurasthénie. Il a le regard de tante Laura, qui continue de souffrir de persécution. C'est l'œil fixe, perdu, terrible, de tous ces morts trop jeunes, de son sang, qui le cernent.

Pour que tous sachent qu'il est courageux dans ces actes, il veut rejoindre le front. Il se présente comme volontaire. Le médecin qui l'examine a l'air fatigué, la mine grise et le déclare inapte. Poumons trop endommagés. Puisqu'il ne peut pas se battre avec les autres, il décide de sculpter à nouveau. L'important est de frapper ce qui résiste, de faire éclater la pierre et de se dire qu'il n'est d'autre ennemi que ce grand silence scellé dans le granit..

Un soir après une dispute avec Béatrice, ivre, à la lumière de la lune, il réussit à se faufiler à l'intérieur du cimetière de Montmartre où il aime errer. Le plaisir et la mort rôdent. Baudelaire le suit de son ombre. Et Mallarmé, Rimbaud, Lautréamont….et les autres, les morts anonymes le suivent de plus en plus nombreux, l'effleurent au détour d'une tombe. Il voit leurs yeux très blancs, leurs cous longs et blancs qui sont piliers de chair, leurs visages blancs, joues ovales, tête légèrement penchée vers l'épaule gauche, puis encore les yeux blancs. Jamais vides. Une fine pellicule glaireuse les recouvre. Cette nuit là il la termine dans une poubelle, au cœur des détritus. Des agents de police l'en ont extrait le matin suivant.

Sa rupture avec Béatrice aura été aussi violente que le bris volontaire d'une statue. Il se sont lancés des injures, il se haïssent désormais. L'Anglaise et l'Italien ont traduit dans leur français respectif les mots les plus colorés de leurs idiomes. Il apprend quelques mois plus tard que Béatrice à mis au monde une fille mort-née. Modigliani imagine le ventre de Béatrice saignant un enfant de boue écarlate, de pourpre, mort. Le ventre de Béatrice a saigné le vide.

Dès 1914 le spectacle d'un Modigliani sobre est de plus en plus rare. Il se met, pour vivre, à dessiner le portrait de tous ceux qui veulent bien poser; mais le franc qu'il a empoché pour un dessin, il va le boire aussitôt. Il a le vin mauvais, et devient souvent méchant. C'est alors le désespoir des bistrots. Ses amis habitués à ses excès, lui pardonnent; mais les patrons et les garçons de café, qui ne se recrutent pas d'ordinaire parmi les artistes le traitent comme un vulgaire ivrogne. Son ami le peintre Maurice Vlaminck disait de lui " Je l'ai vu ayant faim, je l'ai vu ivre, je l'ai vu riche de quelque argent, jamais je n'ai vu Modigliani manquer de grandeur et de générosité. Jamais je n'ai surpris chez lui le moindre sentiment bas. Je l'ai vu irascible, irrité d'être obligé de constater que la puissance de l'argent, qu'il méprisait tant, dominait parfois sa volonté et sa fierté. Je revois Modigliani assis à une table de café de la Rotonde. Je revois son pur profil de Romain, son regard autoritaire ; je revois aussi ses mains fines, des mains racées aux doigts nerveux, ces mains intelligentes, tracer d'un seul trait un dessin sans hésitation. "

Lorsqu'il rencontre le poète Zborowski, Modigliani remarque la finesse ovale de son visage, le silence attentif des yeux, cette sorte de tenue distante qui est la protection instinctive que les fragiles s'accordent à eux-mêmes. Zborowski devenu le marchand de Foutjita et de Soutine, invite Modigliani à peindre dans la plus grande pièce de l'appartement qu'il occupe, 3, rue Bara, sur la rive gauche. Hanka Zborowska, la femme du poète, sera l'un des modèles préférés du peintre, après sa rupture avec Béatrice.

Une amie du couple, la douce et raffinée Lunia Czekowska, pose aussi souvent pour Modigliani et lui inspire certaines de ses plus profondes investigations psychologiques. Zborowski pose fréquemment pour Modigliani, qui voit en lui plus le poète que le marchand. Il lui donne une figure allongée, éthérée, évocatrice de toutes les exaspérations romantiques. Ces portraits se trouvent aujourd'hui dans les musées les plus prestigieux du monde. La bonne entente de Modigliani et de Zborowski est un exemple frappant des liens presque familiaux qui, à l'époque, unissaient à Paris la plupart des artistes et des marchands de tableaux.

Lors du carnaval de 1917 il rencontre Jeanne Hébuterne alors étudiante chez Colarossi. Avec ses dix-neuf ans elle lui apporte tout ce dont il avait toujours rêvé, la fraîcheur, la grâce, l'amour, la confiance admirative, le dévouement inlassable. Elle accepte de quitter sa famille pour partager sa vie rayonnante, mais combien misérable et errante. Petite, avec des cheveux châtains foncés, des yeux sombres, une peau très claire (la " noix de coco " de la légende montparnassienne), Jeanne est venue habiter son désert.

En ce temps là Utrillo le rejoignait parfois à Montparnasse. Il s'échappait alors de la maison de santé de Villejuif où se succédaient ses délires éthyliques - il disait qu'il voyait alors des choses qu'il ne parvenait pas à peindre lorsqu'il était calme.

Modigliani se consume dans le feu de ses poumons déchirés. Il se consume dans l'amour qu'il prend. Il se consume dans les rouges, les cramoisis, les incarnats, les pourpres et le sombres de ses toiles. Toujours Il se répète la phrase " Ton devoir est de sauver ton rêve ".

Zborowski ne lui a pas menti. Il ne s'est pas trompé. Il lui apprend qu'il va enfin avoir une exposition individuelle, dans une vraie galerie. Arrive enfin le jour du vernissage : le 3 décembre 1917. L'exposition est superbe. Les amis sont là, présents. Jeanne timide, dans un coin, lui adresse de temps à autre des regards d'admiration. Soudain des agents de police font irruption dans la galerie. - Ordre d'enlever ça de la vitrine. Attentat à la pudeur….On n'expose pas des traînées pareilles dans des poses pareilles, pendant que nos enfants meurent au front. Les habitants des maisons alentour se sont plaint. Et les passants aussi, qui demeurent ailleurs….. Le silence tombe. Il fait nuit soudain. La galerie se vide. Ils rentrent rue de la Grande Chaumière et Amedeo bois du mauvais vin qui lui donne la nausée. Jeanne au fond de la pièce, debout, mains jointes, curieusement atrophiées comme des mains de pierre ou de peur, Jeanne est absorbée par une toile vierge. Ses yeux se vident de leur substance. L'iris en est gelé. La chair irradie une lumière rouge qui se heurte aux vitres de la verrière.

De plus en plus ses formes s'allongent, s'allongent comme si le corps devait toucher les cieux et s'enraciner dans la terre. Jeanne peint aussi. Chaque fois que Jeanne a fait un paysage, il y avait comme un mouvement en spirale des éléments attirés vers l'abîme.Le mal d'Amedeo s'aggrave. Il lui arrive de boire tant et tant que Jeanne doit se charger de le mettre au lit comme un enfant. Dans ces moments là elle pleure tranquillement, doucement. Modigliani lui dit alors " Jeannette, tu es trop jolie pour moi et trop fraîche, et tu pleures des larmes de lait. Tu devrais rentrer chez tes parents. Tu n'es pas faites pour moi ". Elle sanglote sans bruit, près de lui, droite devant le lit où il est comme un gisant de plomb, en proie à l'alcool, au délire et à la fièvre.

Un jour elle lui apprend qu'elle est enceinte. C'est le mois de janvier. Ce froid de l'année 1918 ! Un être conçu par eux va venir au monde alors que tant d'hommes meurent. Comment laisser naître un enfant dans cet atelier mal commode alors que Modigliani lui-même est de plus en plus atteint par la tuberculose ? Finalement une décision est prise. Ils iront passer le reste de l'hiver à Nice. Il est convenu que la mère de Jeanne les accompagnera. A Nice ils s'installent 5, rue de France à l'hôtel Tarelli. L'hiver est doux, comparé à celui de Paris. Modigliani ne cesse de cracher le sang et il lui arrive de contempler avec terreur le ventre de Jeanne qui s'arrondit. Simone Thirioux une ancienne maîtresse lui fait parvenir une lettre par laquelle elle lui annonce qu'elle a mis au monde un enfant qui est peut-être le sien.

C'est à Nice qu'ils apprennent la signature de l'Armistice. Ils apprennent aussi qu'Apollinaire est mort, le 9 novembre, non de sa blessure à la tête, mais de la grippe espagnole qui a ravagé ses poumons gazés. A la maternité de Nice, Jeanne met au monde une petite fille le 29 novembre de cette année-là. Ils l'appellent Jeanne comme sa mère.

Le 7 juillet 1919 ils retrouvent Paris. L'après-guerre est perceptible partout. Demeurent les problèmes d'argent., de plus en plus difficiles à résoudre. Amedeo travaille sans cesse avec toujours Jeanne auprès de lui. Elle est comme une ombre protectrice contre toutes les agressions, même celle de la lumière qui lui est parfois intolérable. Et cependant il se sent seul dans l'attente d'une gloire qui ne vient pas. Seul dans la honte et la fureur de cette attente vaine. Il en est à constater parfois avec satisfaction les progrès que fait en lui la maladie. Avec lucidité, avec fatalisme, tout en rêvant parfois encore à quelque retour en Italie, il s'installe dans cette idée d'une mort proche.

Cette sorte de condamnation il la porte au fond de lui-même, à la manière de Van Gogh, mais en fidèle disciple de Nietzsche cette idée l'anime un peu et le soutient. Jamais il n'a autant travaillé qu'au cours de ces trois dernières années.

Dans cet adieu au monde qu'il veut laisser, il s'efforce d'étreindre ce qu'il a sous les yeux et au-delà même de ce qu'il voit, avec une passion accrue. Dans cette voie du renoncement il puise aussi un sentiment inattendu de liberté entière qui l'incite à relier passé et présent pour mieux se rapprocher d'une expression universelle. De ces multiples figures chaque fois plus allongées et sinueuses, à la manière de tiges flexibles à demi ployées, de corolles à peine ouvertes prêtes à se faner, de ces têtes qui basculent, de ces visages diaphanes avivés par les contrastes éclatants ou tendres des rouges, des orangés, des outremers, des lilas, des bleus légers ou des grisailles, émane un étrange sentiment de lassitude et de résignation. Ce même genre de mélopée lancinante sourd également des quelques paysages peints sur la côte d'Azur.

Le samedi 24 janvier 1920 Amedeo Modigliani s'éteint à l'hôpital de la Charité - 47 rue Jacob - pas loin de la Seine, pas loin de la Grande Chaumière où Jeanne immobile attend son retour. Comme le rapporte sa fille, pendant son transport à l'hôpital, Amedeo Modigliani aurait murmuré " Italia. Cara italia ". Lorsque Jeanne apprend sa mort, elle se réfugie chez ceux qui l'aiment. Pour ne pas retourner dans leur atelier, elle couche dans un hôtel, l'hôtel de Nice qui lui rappelle leur dernier voyage en quête de soleil. Puis elle se lève, va chez ses parents, les Hébuterrne, 8 rue Amyot. Sans cesse elle sait qu'il est mort. Et le vide l'attire. Dans cette chambre du cinquième étage, elle voit tourner le paysage à ses pieds, se penche. Et chute. Son corps est là, qui contient leur deuxième enfant.

La colonie d'artistes de Montparnasse, qui venait de se reformer au lendemain des années noires, fut bouleversée par cette tragédie. Retenu à Rome par ses fonctions de député à la Chambre italienne, Emmanuel Modigliani, averti de la mort de son frère, avait télégraphié à Kisling : " Enterrez-le comme un prince ". Et c'est bien comme un prince, celui de la jeunesse, que Modigliani fut conduit au Père-Lachaise suivi par un long cortège de poètes, d'écrivains et d'artistes qui n'avaient pas conscience que ces funérailles étaient celles de leur passé.

Le Montparnasse d'avant 14 allait s'enfoncer dans une brume légendaire. Rien au lendemain de la guerre n'était plus pareil. Les artistes qui avaient grelotté la misère dans leurs ateliers étaient en passe de devenir riches et célèbres. Il s'en est fallu de peu que Modigliani lui-même ne le devînt. Ses œuvres entreprirent une ascension brutale dès le lendemain de sa mort.

Fuyant les lieux de leurs souffrances, les pauvres hères de l'Ecole de Paris allaient imiter Picasso, bourgeoisement installé rue La Boétie, et Matisse fixé à Nice. Soutine passera la plupart de son temps à Céret et à Cagnes. A Montparnasse, lorsqu'il y séjournait, il évitait les cafés du carrefour Vavin envahis par les artistes juifs. Devenu snob, il affectait de ne comprendre que le français. Zadkine allait s'installer rue d'Assas, occupant à lui seul une cité d'artistes. Foujita, Derain auront leurs hôtels particuliers, Chagall se fixera bourgeoisement à Passy, loin, si loin, du quartier de sa jeunesse.

Seuls des anciens, demeurèrent à Montparnasse, ceux qui aimaient la fête : Kisling, Pascin, Mané-Katz…..Ils allaient servir de figuration folklorique, donnant un alibi artistique à ce qui n'était plus qu'une industrie du plaisir.





« Toutes les femmes qu’il a aimées sont sujets de ses portraits. Les portraits qui sont exposés ici démontrent que Modigliani a eu des rapports fort intéressants avec des grandes personnalités du monde de la culture : que ce soient Beatrice Hastings, Jeanne, Nina Hamnett, Erik Satie, Max Jacob... Donc ce n’était pas un ignorant comme on veut le faire passer, ce n’état pas un ‘petit Italien qui ne fait que des portrait’. Effectivement, c’est un cas unique. Il n’y a pas eu, dans l’histoire de la peinture, un artiste qui ait consacré sa vie aux portraits. Il n’y a pas de maître, il n’y a pas d’élève. Sa peinture est indépendante des courants : il n’est pas cubiste, il n’est pas futuriste, il n’est pas réaliste, il n’est pas abstrait. Il est Modigliani.
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