que dire d'un écrivain?

Essayant d'être une "auteure" je suis toujours curieuse de savoir ce que pensent les lecteurs de " l'écrivain?"

Fait-il la différence entre un auteur et un écrivain par exemple?
s'intéresse-t-il d'abord à la notoriété de l'individu ou de ses histoires écrites?
est-il plus tenté de voir dans celui ou celle qui écrit un être à part?
se demande-t-il pourquoi il écrit?

bref qu'est ce qu'un écrivain et qu'en dire?

ce sujet est assez vaste mais je crois qu'il y a matière

oui, il y a matière à dire !

je hasarde une réponse pour auteur et écrivain.

- On peut être auteur au sens d'inventeur ou de responsable, on parle de "l'auteur de nos jours" par exemple

Citation :

Lang. cour. L'auteur d'un accident, d'un malheur, d'un crime, etc

c'est-à dire celui qui est responsable d'une action.

- L'écrivain est celui qui se sert de la langue écrite. Il a un statut qui lui est reconnu ou non.

Yasmina Khadra a écrit un livre qui s'appelle l'écrivain on en parle sur ce fil.

le tout est de savoir : écrivain pour qui ? car le lecteur lui reconnaît ou non des qualités d'écrivain.

Ta question interesse aussi le lecteur, celui-ci n'a pas des compétences universelles de jugement. Je vous dirai sans doute comment une première lecture peut jouer en faveur ou en défaveur d'un texte.

Mais j'attends vos avis.

et moi aussi j'attends car justement écrivain est un terme plus puissant dans l'esprit des gens. On dit il est écrivain; c'est un métier

être auteur n'est pas un métier mais tu as raison il est responsable de ses écrits lol

Citation :

il est responsable de ses écrits lol

parbleu ! il y a les droits d'auteur, mais on peut poursuivre en justice l'auteur d'un article ou d'un pamphlet.

Quant à l'écrivain, le poursuivre ou le persécuter est ressenti comme une atteinte insupportable à la démocratie, à la liberté d'expression etc.

A ce sujet Salman Rushdie est devenu un symbole.

Pour moi le terme "auteur" a un caractère général qui renvoie à l’idée de création de quelque chose qui n’existait pas auparavant ; un "écrivain" est un auteur mais celui qui rédige un article ou compose un texte de chanson ou fait une découverte scientifique, archéologique… ou encore est responsable d’un accident est aussi un auteur, et j’en passe !
Un écrivain est l’auteur d’un texte littéraire, le mot même est lié à l’acte d’écrire (scribere en latin) tandis que l’auteur est celui qui agit (auctor, agere en latin). J’aime bien penser qu’on parle également d’un « écrivain public » qui met au service d’autrui sa capacité à écrire n’importe quel texte d’usage courant dans la vie quotidienne, et en fait profession.
J’ajoute que la sonorité du mot « écrivain » me plaît outre le fait qu’elle renvoie de façon immédiate et exclusive à l’écriture.

toujours claire et précise, ma Nic !

oui, on peut être auteur de n'importe quoi, mais "écrivain", c'est une autre paire de manches ....

Ysandre,

Darabesque a dit plus haut :

Citation :

écrivain est un terme plus puissant dans l'esprit des gens. On dit il est écrivain; c'est un métier

C'est vrai que, dans l'esprit des gens, le mot "écrivain" est plus fort que : "auteur", précisément, je crois, parce qu'à l'évidence, il renvoie uniquement à l'activité d'écrire. Mais en même temps, il y a l'idée discutable que l'écrivain est nécessairement quelqu'un de connu.
Par ailleurs, je pense que ce n'est pas un métier, même si quelques-uns, peu nombreux, vivent de leur plume.
Tant pis, au risque de paraître prétentieuse, je revendique le nom d'écrivain et surtout pas écrivaine

ce n'est pas de la prétention Nicyrle c'est de la lucidité lol
on dit un écrivain écrit; par contre un auteur ? il fait quoi? trop vague sans doute comme terme
je suis d'accord avec ce que tu dis mais moi je me considère comme une "auteure" et non écrivain? je vais revoir mes positions

Chez un auteur (article, ouvrage, pamphlet; livre historique) on attend une documentation et du sérieux, mais on est plus indulgent pour la qualité littéraire, je crois.

Par contre des fautes de français ou du moins des constructions hasardeuses chez un écrivain reconnu, même si elles proviennent d'une mauvaise relecture des épreuves, sont mal vues.

C'est pourquoi j'ai parfois critiqué Echenoz.

Comme aux échecs, l'auteur a besoin de se frotter à meilleur que lui, et je suis sceptique devant des auteurs qui ne fréquentent pas des écrivains de talent.

Imagine-t-on un peintre qui n'irait pas voir des expositions d'artistes, persuadé qu'il serait d'inventer la peinture à lui tout seul ?

pas faux ton analyse
et il est vrai aussi que si tu n'as pas de "maitres" en écriture et que tu te crois capable seul de faire quelque chose de parfait, tu te plantes .
c'est parce que je lis beaucoup que j'ai eu l'envie d'écrire, pas de les copier, mais de me hausser à leur niveau, ( pas facile même très difficile) !

darabesque a écrit:

c'est parce que je lis beaucoup que j'ai eu l'envie d'écrire, pas de les copier,

je crois aux vertus des pastiches.


Loin d'être un divertissement mondain, le pastiche fut employé par Proust comme un élément essentiel de son art. « Faire un pastiche volontaire , insistait-il, pour pouvoir après cela redevenir original, ne pas faire toute sa vie du pastiche involontaire. »

Pour Marcel Proust, le pastiche, c'est beaucoup plus que le pastiche : un moyen de digérer ses influences en saisissant de l'intérieur l'accent, la lumière, la grammaire et le rythme de l'écrivain admiré.

Citation :

est-il [le lecteur]plus tenté de voir dans celui ou celle qui écrit un être à part?

c'est bien possible !

il se demande quel rapport il entretient avec ses personnages, et parfois, dans la conception courante, on crédite l'écrivain des vices, turpitudes et travers de ses personnages.

Ne serait-il pas un peu dans ce style, lui qui décrit si bien les coquins et leurs tours pendables.

c'est comme l'assimilation du comédien à ses rôles.

On pourrait aussi parler de l'identification du lecteur à son écrivain favori...

mais je ne veux pas monopoliser la parole, j'attends des répliques et/ou des compléments (directs ou indirects)

rotko a écrit:

Citation :

est-il [le lecteur]plus tenté de voir dans celui ou celle qui écrit un être à part?

c'est bien possible !

il se demande quel rapport il entretient avec ses personnages, et parfois, dans la conception courante, on crédite l'écrivain des vices, turpitudes et travers de ses personnages.

Ne serait-il pas un peu dans ce style, lui qui décrit si bien les coquins et leurs tours pendables.

c'est comme l'assimilation du comédien à ses rôles.
On pourrait aussi parler de l'identification du lecteur à son écrivain favori...

mais je ne veux pas monopoliser la parole, j'attends des répliques et/ou des compléments (directs ou indirects)

Il y a un an et demi, j'ai fait une expérience surprenante : pour une maison d'édition associative de ma région, j'ai participé à l'élaboration d'un recueil collectif de nouvelles et de poèmes, j'ai fait partie du comité de lecture puis du petit groupe qui a procédé aux corrections et à la composition de la maquette (travail énorme !).
Une fois le livre publié, j'ai eu la stupéfaction d'entendre les reproches véhéments d'une lectrice, (pourtant elle-même auteur mais pas dans ce recueil), "scandalisée" qu'on ait accepté la nouvelle de l'un des auteurs retenus, "manifestement un pervers, un sadique" (sic). Le texte en question est une nouvelle noire, elle met en scène un personnage machiavélique aux prétentions d'esthète qui séquestre, persécute et finit par tuer une jeune fille. Encore maintenant, je n'arrive pas à faire comprendre à cette lectrice qu'il ne faut pas assimiler un créateur à un personnage qu'il a inventé ; j'ai d'ailleurs fait le rapprochement avec un comédien qui serait abonné aux rôles de méchant, mais en vain.
L'auteur, que nous connaissons bien, elle et moi, est au demeurant un homme charmant, très courtois, la gentillesse même !

J'ajoute avoir constaté, très souvent, comme auteur, que plusieurs lecteurs de mes romans ou de certaines nouvelles veulent absolument que ce que je raconte soit autobiographique ; je réponds évidemment qu'il n'en est rien et j'ajoute, sous forme de boutade, que chaque fois que je crée un personnage, jeune ou vieux, homme, femme ou enfant, je me glisse "dans sa peau", je deviens temporairement cet être de fiction pour mieux cerner ce qu'il éprouve, mais que je n'ai en aucun cas vécu ce que je lui fais vivre !

hé bé, Nic ! moi je ne lis plus de livres avec vampires ... ça me donne envie de mordre !

plus sérieusement, je n'ai jamais fait l'amalgame entre un récit, quel qu'il soit, et son auteur; Sauf quand il s'agit d'auto-biographie ou d'un bouquin où, volontairement, l'écrivain se livre.

Citation :

, je me glisse "dans sa peau", je deviens temporairement cet être de fiction pour mieux cerner ce qu'il éprouve, mais que je n'ai en aucun cas vécu ce que je lui fais vivre !

ça m'arrivait quand je faisais du théâtre amateur mais je n'ai jamais essayé en écrivant.

On n'a pas parlé de la folle adoration du disciple pour son écrivain favori.

Tout spectacle le renvoie à un passage d'une oeuvre - il a tout lu de son modèle, il connait toutes les critiques et commentaires. Il a fait son mémoire sur lui, puis sa thèse,, il publie à tour de bras, il rencontre son écrivain vivant, et pense, pauvre naïf, qu'il sera le porte parole du maître, la seule autorité à parler de lui.

Hélas ! lui qui commençait à physiquement lui ressembler dans les attitudes, qui a adopté sa coupe de cheveux, il apprend que son directeur de thèse accepte d'autres thèses sur son domaine privé ! il aurait dû négocier un contrat d'exclusivité, déposer un brevet ! il devient jaloux comme Swann de celui qu'il a élu son piedestal dans la vie sociale.

La Bruyère en ferait un de ses caractères, car ce type d'homme - ou de femme existe, à vivre par procuration avec son héros littéraire, comme le sosie de Johnny avec son halliday - non merci pas trop d'alcool, le soir

C'est déjà un portrait à la manière de La Bruyère que tu nous brosses là, rotko ! Aurais-tu connu pareils disciples, véritables caricatures ? !

oui, je connais.

je trouve pitoyables les gens qui prennent l'apparence, la voix, les mimiques de leur chanteur favori, comme les "sosies" d'Halliday, par exemple, ou de claude François, mais admirer un écrivain, comme tu le dis, Rotko, n'est pas ridicule ! oui.. évidemment, se coiffer comme lui, calquer ses attitudes... c'est peut être un peu trop mais si tu en connais un, tu dois mieux savoir que moi !

Le livre est un facteur de reconnaissance sociale.

A priori, et parfois à tort, écrire un livre sur un sujet est un signe d'autorité intellectuelle. De même l'écrivain est supposé donner un nouveau regard sur la société, alors même que certains d'entre eux brassent des lieux communs.

D'autres maitrisent, créent ou font découvrir un univers.

Pour moi un écrivain (un vrai) est quelqu'un dont l’œuvre est immortelle, pas juste un effet de mode. C'est quelqu'un aussi qui vous change par ses écrits, vous transforme, vous éduque, vous nourrit, vous fait mûrir. C'est un ami aussi, car on a partagé des moments intenses et intimes.

Citation :

D'autres maitrisent, créent ou font découvrir un univers.

c'est peut être pour cela que l'amiration de certains de leurs lecteurs dérapent dans l'idolatrie....
on est si content, parfois, de voir que d'autres expriment notre pensée bien mieux que nous ! c'est un bonheur, une communion dans l'espace et le temps.

Kafkasurlerivage a écrit:

Pour moi un écrivain (un vrai) est quelqu'un dont l’œuvre est immortelle, pas juste un effet de mode. C'est quelqu'un aussi qui vous change par ses écrits, vous transforme, vous éduque, vous nourrit, vous fait mûrir. C'est un ami aussi, car on a partagé des moments intenses et intimes.

C'est très beau et plein d'émotion ce que tu dis là. J'ai ressenti l'intensité dont tu parles à des moments privilégiés et précieux. L'intimité me paraît moins évidente. Pour ma part, je sors parfois d'un livre, habitée par un ou plusieurs personnages qui continuent à vivre en moi longtemps.

Pour en revenir à "auteur' et "écrivain", on s'interesse pour le premier à ses productions, et pour le second, à un certain art de vivre ou de penser.

Si les belles figures ou les dénonciations, ou les valeurs, qu'on trouve chez un écrivain sont démenties par sa vie publique (on ferme les yeux sur le domaine privé qui n'est pas de notre ressort), son image et son oeuvre en prennent un coup.

On le soupçonne d'insincerité, voire de malhonnêteté, ce qui jette une ombre préjudiciable, voire un discrédit, sur ses écrits antérieurs.

L'hommage public de Handke à Milosevic auteur de crimes contre l'humanité me dissuade à présent de le lire. Pourquoi ne pas admettre que l'escroquerie - ou la faute, soit réduite au terrain politique ou financier ?

A moins que l'écrivain en convienne ou s'en explique, par différents moyens, comme Elia Kazan par exemple : sa collaboration avec le maccarthysme a marqué l'auteur - et son public.

que c'est le roi des imbéciles