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| | Traducteur de Houellebecq | |
| | Auteur | Message |
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saquiwej neophyte
Nombre de messages : 2 Age : 57 Localisation : Limeil-Brévannes Date d'inscription : 16/09/2012
| Sujet: Traducteur de Houellebecq Dim 04 Nov 2012, 23:34 | |
| Bonjour Mesdames, Messieurs,
Je suis traducteur littéraire, et je viens de traduire « Extension du domaine de la lutte » de Houellebecq. Quoique j’ai terminé la traduction, laquelle a été acceptée par l’éditeur, il reste une question, une énigme à résoudre qui me perturbe les nuits depuis : la troisième partie du roman est précédée de l’épigraphe suivante :
« Ah, oui, c'était au second degré ! On respire... »
Je pense que je ne me trompe pas en prenant ces phrases pour un commentaire sur le chapitre précédent. Il s’agit donc de quelque sorte de langage symbolique, d’une métaphore élaborée dont l’auteur se sert pour transmettre un message au lecteur. Ou bien, juste le contraire : il peut vouloir dire au lecteur que ce qu’il (le lecteur) pense par rapport à ce qu’il vient de lire n’est pas vrai, même si ça pourrait être compris autrement. Mais de quoi s’agit-il exactement ? Nous avons un triangle de personnes étrange se composant d’un juif, d’un noir et d’une fille européenne blonde. Dans la scène culminante, sur la plage, les deux dernières sont engagées dans un acte sexuel oral, pendant que la première assume le rôle d’un voyeur et se masturbe. La première chose qui saute aux yeux par rapport à ce triangle c’est que trois continents y sont représentés, ce qui équivaut en même temps à trois sous-espèces de la race humaine. Est-ce une idée raciste que l’auteur voulait ridiculiser par une telle distribution de rôles ? Ou bien il fait allusion à quelque parallèle biblique ? Je me suis souvent posé la question, si ce roman a été traduit en hébreu, sans que mes recherches y relatives aient abouti aux informations voulues. (Je ne connais ni la langue ni l’écriture, ce qui rend une telle recherche très peu efficace.) Toute sorte d’aides est bienvenue, des idée, des suggestions…je suis en peu perdu, je dois admettre.
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| | | rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
| Sujet: Re: Traducteur de Houellebecq Lun 05 Nov 2012, 05:22 | |
| je ne peux pas te donner une seule idée ou même un brin de suggestion. D'autres seront, je l'espère, plus éclairés et éclairants.
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| | | ignatius pilier
Nombre de messages : 416 Localisation : Sud est Date d'inscription : 18/12/2010
| Sujet: Re: Traducteur de Houellebecq Mar 06 Nov 2012, 14:29 | |
| Salut Saquiwej,
déjà, je dois te prévenir, j'ai hésité à te répondre car, à mon grand regret, je n'ai pas de réponse claire à te donner.
J'ai souvent relu ce roman que je considère comme le meilleur de ceux que je connais du bonhomme. Ma dernière lecture remonte cependant à quelques années. J'ai rouvert le bouquin après avoir lu ton post, pour me remémorer un peu les événements. Je suppose que tu te demandes si cette épigraphe est un clin d'oeil biblique car celle de la première partie est tirée de la bible. Je ne le pense pas (de plus il n'y a aucune épigraphe pour la seconde partie du roman). Je pencherais plutôt pour ton autre analyse, à savoir une adresse au lecteur. Fait-elle référence au racisme qu'on pourrait reprocher à Houellebecq vu le rôle donné au Noir ? possible, pourtant s'excuser de ce qu'il écrit ne correspond vraiment pas au profil de l'auteur. D'ailleurs si tel était le cas le "Ah, oui..." et le "on respire" sonneraient faux, j'y vois plus de l'ironie. J'ajoute que le "on respire" ne me semble pas "premier degré". Houellebecq ne respire jamais (je me base sur ses poèmes pour affirmer ça", il angoisse, il somatise, il philosophe, il "pessimise" (sic), mais il ne respire jamais, il n'est jamais tranquille. Du coup je rapprocherais plutôt cette épigraphe de celle du chapitre 10, L'escale : "Ah, oui, avoir des valeurs !...", cynisme, ironie. Dans Rester Vivant, Houellebecq définit la littérature comme "appuyer là où ça fait mal", je crois donc qu'il met cet axiome en pratique dans ces deux épigraphes.
Voilà, tel qu'annoncé en début de post, je n'éclaire en rien ta lanterne, je n'ai pas de réponse assurée, argumentée, définitive. Mais je suis ravi de parler avec un traducteur de ce roman que j'aime beaucoup (envisages-tu de traduire ses poèmes ? ils sont excellents !) ; d'ailleurs, en quelle langue l'as-tu traduit ?
Au plaisir de converser avec toi et de peut-être faire avancer le schmilblik...
Ig.
Dernière édition par ignatius le Lun 12 Nov 2012, 07:57, édité 1 fois | |
| | | saquiwej neophyte
Nombre de messages : 2 Age : 57 Localisation : Limeil-Brévannes Date d'inscription : 16/09/2012
| Sujet: Re: Traducteur de Houellebecq Lun 12 Nov 2012, 05:54 | |
| Salut Ignatius,
Tout d’abord, je te remercie d’avoir pris la peine de me répondre. Même si, comme tu le signales poliment dès le début de ton message, tu n’as pas de réponse explicite à ma question, le fait même que quelqu’un d’autre que moi, une personne lettrée de surcroît, de langue maternelle française, ne se débrouille pas davantage que moi dans les labyrinthes du symbolisme houellebecquien, me rassure, en dissipant la crainte angoissante qui me tourmentait, à savoir qu’il y a quelque chose que tout le monde voit, moi excepté. Cela me fait plaisir aussi de ne pas être seul avec mon opinion que le livre en question est un des meilleurs écrits par Houellebecq. Ayant réexaminé mes premières impressions spontanées, en prenant compte de tes réflexions pénétrantes à ce sujet, certaines choses commencent à se cristalliser, même si tout reste un peu flou, évidemment l’auteur voulait éviter toutes sortes d’accusations. Pour le parallèle biblique, je pense aussi qu’un tel n’existe pas. Même si cet ouvrage saint est plein d’adultères, d’inceste et de tout imaginable genre de perversité sexuelle (la langue française, comme d’ailleurs les autres langues européennes aussi, a puisé une bonne partie de son vocabulaire sexuel juste dans ce livre-là), y trouver une histoire et la mettre en parallèle avec la scène sur la plage, ce serait un peu tiré par les cheveux comme raisonnement. Je pense que sur ce point-ci on est d’accord, ma seule raison pour suggérer la possibilité d’un tel parallèle ayant été que je ne connais pas suffisamment la Bible pour me souvenir de toutes les histoires et fables qu’elle contient, et que j’espérais que quelque connaisseur des Écritures viendrait au secours. Pour ce qui est de l’autre ligne de raisonnement que j’ai ébauchée dans mon post original, je pense qu’avant de la rejeter, ça vaut le coup de pousser cette expérience mentale jusqu’au bout et voir ce qu’elle donne. Je serais curieux de connaître ton opinion avant de continuer à développer ma pensée ; est-ce que tu as une troisième ligne à proposer ? En quoi exactement consisterait l’ironie, le cynisme dont tu fais mention dans ta réponse ? Pour répondre à ta question : C’est en hongrois que j’ai traduit Extension du domaine de la lutte. Ça me fait plaisir d’avoir fait ta connaissance, et j’espère qu’on discutera encore, même sur d’autres sujets.
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