Thât Peel et Nicole Yrle, d'un rivage l'autre.

Je crois que la partie du livre que je préfère et celle concernant le Bonheur.
On en trouve un extrait ici
J'aimerais bien que tu nous expliques,( comme tu nous as proposé dans ce fil, Nicyrle) le titre. Pourquoi "d'un rivage l'autre" et non d'un rivage à l'autre.

Pourquoi ce titre ? demande Suzanne. Je suis ravie de répondre à cette question car un titre, je crois, n'est jamais anodin. Je l'ai proposé à Thât et à notre éditeur qui l'ont accepté tout de suite, sans doute convaincus par mes arguments

Il y a bien sûr le fait que "Dun rivage à l'autre" est un titre abondamment utilisé par divers auteurs avant nous. Mais là n'est pas l'essentiel.

L'effacement du "à", normalement demandé par la syntaxe, correspond à ce que Thât et moi voulions transmettre : l'idée d'un passage sans intermédiaire, fluide, entre nos deux pays, nos deux cultures, nos deux personnes. Une sorte de glissement naturel comme celui de l'eau (que nous aimons tant, l'une et l'autre !), comme celui de la vague, avec ce va-et-vient perpétuel qui correspond aussi tellement bien aux allers-retours fréquents de Thât entre le Vietnam et la France. La rédaction du sous-titre (orient occident orient) essaie également de rendre la même idée.
Enfin notre titre voudrait suggérer la richesse, le mystère et l'importance de l'autre dans les sociétés humaines.

très belle réponse, Nicole Yrle !

Je me sens bien empêtrée, gauche, maladroite, imprécise, etc ...pour parler de cette lecture qui me laisse un goût de rêve et de sérénité mêlée à bon nombre de questionnements sur notre occident et notre façon d'aborder le monde et la vie en général.
Je comprenais de mieux en mieux pourquoi Nicole avait tant de questions et de mots à partager avec Thât et ce désire de nous communiquer l'étonnement, le plaisir d'avoir rencontré Thât.
Je ne connais pas beaucoup le Yin et le Yang, cet essai m'en a ouvert la spiritualité. Loin de trouver Thât froide et dure, finalement j'admire son équilibre qui lui permet d'être efficace et persévérante dans son quotidien et ses diverses luttes.
Nicole apporte notre occident avec son côté assez " egoiste" ( je ne trouve pas le mot adéquat çà m'agace mais Nic comprendra sans doute mon propos ) et ce côté qui pousse à la vitesse, toujours plus.
Un regard croisé, sur de magnifiques photos et poèmes, des pages pleines de sagesse et de respect. J'ai senti cette complicité née de la différence, et de l'étonnement l'une envers l'autre.
Des images m'ont marquée comme celle du buffle par exemple, symbole du travail et très respecté. J'ai repensé à une lecture de Yu Hua Vivre dont le premier chapitre s'ouvre sur un vieillard et son buffle, sa seule possession.
Tant de simplicité, d'humilité et d'amour font D'un rivage l'autre un livre lumineux à recommander autour de soi comme un hymne à la tolérance et à la recherche des échanges entre communautés diverses, absolument indispensable par les temps si étranges que nous traversons, une ode à la relativisation.

Un grand merci Nicole et un grand merci a Thât

Une lecture

Et bonne nouvelle, ce livre voyage gràce à Nicyrle qui me l'a fait parvenir afin que je puisse le lire car n'ayant pas les moyens financiers actuellement de l'acheter. L'annonce du livre voyageur suivra ce soir ou demain

hé bé voilà ! il fallait que ma tite Nat disent les mots qui me manquaient ! merci la puce ! je trouve en ce que tu exprimes du livre de Nicole, ce que je n'ai pas su dire !
je relis le livre, je retrouve les pages que j'ai marqué d'une petites feuille, et que j'ai lu à nouveau. Pour ce qui était dit, pour ce que je ressentais en les lisant.
mon être ! tu cours
jusqu'à aujourd'hui...
as-tu trouvé la vérité ? ou l'obscurité ?
et puis...
"Nous nous connaissions à peine, Thât et moi, que je sentais une sorte de connivence difficile à analyser. Pourtant, je fus parfois déroutée par son comportement.
....j'avais ,sans le vouloir, été trop directe dans mon discours, trop abrupte dans mes questions..."
Oui, toujours l'incommunicabilité, Nic ! qu'ils soient soeurs ou frères d'ici ou d'ailleurs, très loin... le même problème : se faire comprendre à l'autre, comprendre l'autre ! les mots sont ils si utiles quand quelque chose manque pour communiquer ? Eduqués différemment, dans une autre culture, les barrières s'élèvent entre nous, une complication supplémentaire à notre impossibilité, nos phrases dérisoires.... est-il possible de se faire comprendre, VRAIMENT ?
et plus loin ..
"la femme ne doit elle pas être capable en permanence de dire "non" avec fermeté ? N'est ce pas une chose que les mères devraient apprendre à leurs filles dès leur plus jeune âge ?
"c'est valable aussi pour les hommes, me rétorqua-t-elle. Il arrive toujours un moment où n'importe quel être humain doit dire "non" avec force et surtout sans attendre, sinon, il est trop tard.
Et parlant de l'affaire DSK, Thât dit : "il ne faut pas juger".
et pour moi, c'est à partir de ces mot que je l'ai comprise. Comme Nicole l'a comprise.
Il ne faut pas juger.... mais peut-on, sans réticences voir ce qui se passe dans le monde, ces hommes d'ailleurs qui ne respectent pas les femmes, qui les violent, les voilent, les empêchent d'exister, sans se révolter ? Thât est d'un monde non violent par essence. Je ne sais trop que penser... je crois que je voudrais bien être comme elle.
Je ne peux tout citer de ce que j'ai aimé. Je n'ai pris que le début. Mais j'ai vraiment aimé ce livre qui m'a fait beaucoup réfléchir sur notre mentalité occidentale.

Natalia, Ysandre, un grand merci pour votre lecture attentive et vos commentaires

Natalia a écrit:

Loin de trouver Thât froide et dure, finalement j'admire son équilibre qui lui permet d'être efficace et persévérante dans son quotidien et ses diverses luttes.
Nicole apporte notre occident avec son côté assez " egoiste" ( je ne trouve pas le mot adéquat çà m'agace mais Nic comprendra sans doute mon propos ) et ce côté qui pousse à la vitesse, toujours plus.

Oui, Natalia, je comprends, je crois que tu penses au côté individualiste des Occidentaux. Par ailleurs, ce que j’essaie d’exprimer dans certains chapitres de ce livre, c’est moins la vitesse que le fait d’être très direct en face de l’autre ; à cet égard, je dois dire que parfois je reste encore déconcertée devant la façon dont Thât diffère la réponse à une question ou l’amène à travers des détours. Et là encore faut-il nuancer car il y a certes ce qui est lié à la culture propre de chacune mais aussi à ce qui relève de notre tempérament personnel.

Ysandre a écrit:

Et parlant de l'affaire DSK, Thât dit : "il ne faut pas juger".
et pour moi, c'est à partir de ces mot que je l'ai comprise. Comme Nicole l'a comprise.
Il ne faut pas juger.... mais peut-on, sans réticences voir ce qui se passe dans le monde, ces hommes d'ailleurs qui ne respectent pas les femmes, qui les violent, les voilent, les empêchent d'exister, sans se révolter ? Thât est d'un monde non violent par essence. Je ne sais trop que penser... je crois que je voudrais bien être comme elle.

Tu as raison, Ysandre, Thât est d’un monde non violent par essence mais toute sa génération et les précédentes ont vécu de très près la violence, ô combien !
Pour ma part, jai compris que Thât "juge" mais à sa façon qui est l’action humanitaire, d’où d’ailleurs le chapitre Réponses qui fait suite à celui intitulé Conflits. En revanche, elle se méfie au plus haut point des mots qui, selon elle, trahissent toujours la pensée d’une manière ou d’une autre ou, au moins, la déforment ou encore risquent d’être mal compris, et donc elle refuse d’exprimer à haute voix un jugement mais elle n’en pense pas moins et se demande instantanément ce qu’elle peut faire pour aider la ou les victime(s). A noter d’ailleurs que si elle estime ne pouvoir rien faire, elle « continue son chemin » et ne perd pas son temps à s’apitoyer. J’ajouterai qu’à mon avis son comportement prend racine dans sa culture orientale certes mais qu’il est aussi une composante propre à son être. D’ailleurs il est très difficile de démêler ce qui appartient à notre héritage culturel et ce qui découle de notre caratère individuel, que l’on soit un oriental ou un occidental.

Tu fais bien de parler des mots et des paroles Nicyrle , cela m'avait d'abord désarçonnée pour finir par avoir mon acquiescement En y repensant c'est un peu comme si Thât faisait comme dans notre adage " tourne sept fois ta langue dans ta bouche avant de parler " ...bon, ça m'y fait penser, vous n'êtes pas obligés d' être de mon avis
tu dis

Citation :

D’ailleurs il est très difficile de démêler ce qui appartient à notre héritage culturel et ce qui découle de notre caratère individuel, que l’on soit un oriental ou un occidental.

Je suis complètement d'accord, que Thât ait su se protéger des effets dévastateurs de la guerre relève certainement des deux.
Et puis justement il n'y a pas cette " notion " de culpabilité qui la hante, ça me semble important aussi

je n'ai jamais lu Nicole Yrle, il va un jour falloir que je m'y mette avec les dames.
je ne la connais que virtuellement mais je me permets de dire que si son écriture est au niveau de sa personnalité, ses livres doivent être exceptionnels!

Pour une fois que je suis d'accord avec Besta, c'est grave!

Oui, Nicole Yrle figure depuis un certain temps sur ma liste achat de bouquins. J'ai prévu de découvrir deux romans dont il a peu été question sur GDS*: Noces de Lavande et Amertume et douceur.

Aglaé a écrit:

Pour une fois que je suis d'accord avec Besta, c'est grave!

merci...

Citation :

je ne la connais que virtuellement mais je me permets de dire que si son écriture est au niveau de sa personnalité, ses livres doivent être exceptionnels!

dit Besta
c'est tout à fait vrai ! mais là, je crois qu'elle va être rouge comme une pivoine, ma Nic !

J'ai lu avec une enorme emotion et admiration le livre de notre amie graine* Nicyrle et je l'ai envoye, en tant que livre-voyageur, a Arundathi qui m'ecrit avoir recu le livre D'un rivage l'autre.
Je suis comblee, quelle merveille notre GDS*!

J'ai voulu me mettre a ecrire des impressions et je me trouvais tout ce que je mettais, banal, influence par tout ce que les grains ont dit sur ce livre qui est reste cher a mon coeur.
Pourtant Nicole Yrle, son amie Vietnamienne et leur livre si meritable, ont le droit a un petit mot de ma part, une humble lectrice bulgare. J'ose dire que cette rencontre fortuite entre les deux femmes - l'Orientale et l'Occidentale qui ont plein de choses qui les rapprochent - age, profession, don et envie d'ecrire afin de laisser a la vie apres elles, un heritage quelque important qu'il soit. Et cet heritage est bien important et ce ne sont pas des flatteries. Quels fameux themes traites au cours des differents chapitres, c'est comparable a un voyage a travers la vie ou il y a tant de sujets a traiter! Et les deux auteures le font d'une maniere subtil, humain atravers la parole et les documents visuels. J'ai adore les conversations sur l'experience dans la vie de chacune.
Nicole offre la priorite a Thât et c'es normal. Thât nous condiot dans le monde inconnu de l'Orient, mais que d'harmonie, que d'attaches, de modestie et de moderation, que d'amour pour les humains dans les entretiens de ces deux heroines maitrisant la plume!

Aglaé a écrit:

Pour une fois que je suis d'accord avec Besta, c'est grave!

Oui, Nicole Yrle figure depuis un certain temps sur ma liste achat de bouquins. J'ai prévu de découvrir deux romans dont il a peu été question sur GDS*: Noces de Lavande et Amertume et douceur.

j'en ai parlé ici:

https://grain-de-sel.1fr1.net/t2114p45-auteurs-independants-auto-edition?highlight=les+noces+de+lavande
mais d'autres l'ont fait également je pense dans d'autres fils?

Toujours dans l'enchantement et la délicatesse particulièrement attachante de ces deux vies de femmes, j'avance ... au gré des pages, des paragraphes, je découvre de merveilleux jardins poétiques et je prends le temps de quelques haltes bienfaisantes ...

toi aussi, tu t'es arrêtée pour écouter le bruit doux et léger de leurs âmes ?

Arundathi a écrit:

Toujours dans l'enchantement et la délicatesse particulièrement attachante de ces deux vies de femmes, j'avance ... au gré des pages, des paragraphes, je découvre de merveilleux jardins poétiques et je prends le temps de quelques haltes bienfaisantes ...

Je plussoie!

Merci encore Nicyrle pour ce très beau livre concernant la solidarité et l'amitié ... De plus, ayant fait partie du groupe humanitaire "Artisans du Monde" dans une autre vie, je ne pouvais qu'apprécier ce livre ! 

Je me répète sans doute mais c'est réellement un bijou ... ton écriture rayonnante, claire m'a bouleversée ... tes interrogations,  ton héroïne et amie qui refuse tout compromis et surtout de se mettre en avant, qui livre ses photos, ses poèmes, qui nous fait découvrir ses moeurs et horizons lointains, avec le coeur pur de ceux qui ont du lutter et qui ont voués leur vie aux autres ... je suis comme toi, je ne peux qu'admirer  ! 

Nous, qui sommes occidentales d'abord, même si on s'y refuse, même si on veut être autre, même si nos enracinements nous font parfois rougir et nous troublent ... on admire l'autre, on voudrait atteindre certains rivages, on essaie ... 

Pas de fausse modestie tu as une écriture brillante, inventive où se mêle tendresse, poésie, humanisme chère nicyrle et j'admire également cela ...  

Ainsi ce livre je pense qu'il faut l'avoir avec soi pour s'y replonger de temps en temps, s'y promener, y faire 
quelques haltes bienfaisantes comme je l'ai dis plus haut ... donc je dois en faire l'acquisition et l'acheter ... 

Je propose également d'envoyer ce livre voyageur à un grain, afin qu'il puisse profiter de cette oeuvre ...  A ce sujet on peut me contacter sans problème en mp ou sur ce fil ... 

c'est ce que je fais, il est dans ma bibliothèque, et je retourne me promener dedans !
les livres de poèmes de Darabesque subissent aussi le même sort, je vais m'y balader, picorant une poésie ça et là ... j'ai le dernier de rêves en souvenirs, j'en parlerai sur son fil prochainement.
Elles sont mes amies, je les connais en les lisant, peut-être davantage que si elles étaient réellement avec moi.

pas faux ce que tu dis  Ysandre  nos écrits reflètent quand  même  bien souvent  nos  intérieurs  (non non pas les étagères ni le frigo !!!)

oh mais, dans le monticule de c........s que je dis, il y a parfois des vérités ! je m'étonne moi-même

Ysandre a écrit:

oh mais, dans le monticule de c........s que je dis, il y a parfois des vérités ! je m'étonne moi-même

qui en doutait??

Arundathi, tu me fais rougir, merci pour ton commentaire.  Je suis touchée que tu veuilles acquérir ce livre pour le  conserver. Je t'envoie un M.P à ce sujet.
Quant à l'exemplaire du livre-voyageur que tu proposes d'envoyer au Grain qui le souhaiterait, si tu permets, j'en parle sur le fil qui lui est consacré ou alors tu le fais toi-même, comme tu veux. Je pense qu'il faudrait aussi le signaler au bar, là où passent les uns et les autres !  Qu'en dis-tu ?

Je suis entièrement d'accord nicyrle ! je vais également t'envoyer un petit mot ! 

Oh NICOLE, j'ai lu ce livre avec délice et délicatesse! Thât et toi, deux cultures, deux modes de vies différentes mais un seul regard sur ce qui fait le propre de la femme : le combat pacifique pour le respect de soi et des autres, l'amour désintéressé pour nos proches, nos amis, l'humanité souffrante, l'apaisement procuré par une tâche bien réalisée, la force intérieure qui soulève des montagnes, la volonté d'aller toujours de l'avant. Culturellement si différentes mais la compréhension mutuelle des ressentis fait de ce livre un long poème d'amour, de couleurs, de passions.
Je vais le relire une fois encore et peut-être me le rappeler avec affection et bonheur dans les années à venir.
De tout coeur, je vous remercie toutes les deux pour ce partage si harmonieux et ce reportage si bien réalisé   

tu as raison ma Sapho, c'est un livre que l'on peut reprendre facilement par passages. J'ai mis des "marque la page" par endroits et je le reprends dans ma bibliothèque de temps en temps.
J'ai été contente que quelqu'un me rappelle les nouvelles de Darabesque sur GDS*. Je suis retournée sur son fil car certaines m'avaient échappé à l'époque où je les avaient lues et j'ai vu que je n'avais pas fait de commentaires, sauf pour les dernières ! il va falloir que je prenne le temps de le faire. D'autant plus que lorsque l'on écrit soi même, même d'un façon sporadique et insignifiante comme moi, on aime bien avoir des échos, quels qu'ils soient, de ce que l'on a fait.
Toi, tu prends bien le temps de faire le tour des fidèles, chaque jour sur le bar pour écrire un petit mot gentil aux Grains qui se sont manifestés !