Bernard CLAVEL

J'ai été triste en apprenant sa mort ce matin, c'était quelqu'un de bien, l'écrivain préféré de mon père avec Victor Hugo. J'ai lu nombre de ses romans pendant mon adolescence même si je n'en ai pas ouvert un depuis longtemps.
J'avais également apprécié sa position sur l'histoire du prêt payant en bibliothèque : d'abord, il avait signé une pétition pour, mais s'était ensuite rétracté en admettant qu'il s'était trompé, que les bibliothèques étaient un service public utile à tous et devrait donc rester gratuit.

Je ne me rappelle plus tous les livres que j'ai pu lire de cet auteur mais je sais que qu'adolescente, j'aimais beaucoup !
Avec un pour "La grande patience".
Merci et bonne route monsieur Clavel.

J'ai lu et relu l'Hercule sur la place et Malataverne au temps du collège (c'est à dire quelque part entre la période des dinosaures et l'arrivée des premiers australopithèques..... )
J'en garde un souvenir vague, mais un bon souvenir. Il va falloir que je m'y remette.

Très honnêtement je n'ai jamais lu cet auteur. Il s'avère qu'il figurait en bonne place dans les présentoirs de France loisir et que souvent la littérature de FL n'est pas terrible ( en gros). J'avais donc assimilé cet auteur à une espèce de Musso ou Levy ( que je n'ai jamais lus) et avait donc fait l'impasse. A la vue des critiques dithyrambiques je réparerai cette erreur. Les aprioris sont toujours cons, mais comme chacun j'en ai ma part.

Clavel devrait te plaire, car à mon avis il a plus d'étoffe que Vincenot.

Personnalité engagée et non conformiste, militant de la paix et des droits de l'homme, il est resté au cours de ses cinquante ans de carrière plutôt à l'écart du milieu littéraire parisien. De la colère dans le regard, chauve, la voix ardente, Bernard Clavel était un homme chaleureux et souvent râleur, détestant parler de lui.
Plus à l'aise dans les grands espaces que dans les salons, il puisait son inspiration dans une jeunesse turbulente et dans la nature qu'il vénérait: son Jura natal, le Rhône mais aussi les immensités du Canada où il s'était un temps installé.

on a parlé de lui comme un ecrivain "du terroir", au sens où Giono serait aussi du "terroir", c'est dire !

une bonne formule serait un écrivain humaniste, qui défendait les causes qu'il choisissait. un vrai caractère d'autodidacte.


Son texte fait ressentir la poésie du travail et du paysage.

rotko a écrit:

Clavel devrait te plaire, car à mon avis il a plus d'étoffe que Vincenot.

Personnalité engagée et non conformiste, militant de la paix et des droits de l'homme, il est resté au cours de ses cinquante ans de carrière plutôt à l'écart du milieu littéraire parisien. De la colère dans le regard, chauve, la voix ardente, Bernard Clavel était un homme chaleureux et souvent râleur, détestant parler de lui.
Plus à l'aise dans les grands espaces que dans les salons, il puisait son inspiration dans une jeunesse turbulente et dans la nature qu'il vénérait: son Jura natal, le Rhône mais aussi les immensités du Canada où il s'était un temps installé.

on a parlé de lui comme un ecrivain "du terroir", au sens où Giono serait aussi du "terroir", c'est dire !

une bonne formule serait un écrivain humaniste, qui défendait les causes qu'il choisissait. un vrai caractère d'autodidacte.

clic !

Son texte fait ressentir la poésie du travail et du paysage.

HO ! si tu me prends par les sentiments , plus d'étoffe que mon très cher Vincenot. I lva falloir que je me penche très sérieusement sur cet auteur. Quel roman me conseilles-tu pour une entrée en matière.

tu sais Hexagone, moi qui suis une inconditionnelle de B.Clavel, je ne peux que te conseiller de regarder tous les posts des amis ici sur ce fil et te faire une idée en fonction de ce que tu aimes:


Le tambour du bief traite de l'euthanasie
"lettre à un képi blanc" de la connerie de la guerre
"histoires de chiens" raconte plusieurs vies de chien
etc.....

ensuite on passe aux "sagas" harricana
le grand Nord
Lumières du lac etc..etc..

et on peut revenir à l'hercule sur la place, ce lutteur de foire
l'espagnol ce réfugié etc....
bonne lecture !!
tu vois, il traitait de tous les sujets avec son coeur, ses tripes mais jamais de haine ...

Ah oui, l'Espagnol ! C'était une bien belle histoire, qui avait été portée à l'écran, je crois.

OUI IsaBzh
trouvé LA


Réalisation
Jean Prat Realisateur
Scénario
Bernard Clavel Scenariste
Acteurs
Jean-claude Rolland Pablo
Claude Joseph Le Lieutenant Dubois
Dominique Davray Germaine
France Beucler Jeannette
François Cadet Godard
Gabrielle Doulcet Marguerite
Jean-louis Le Goff Le Maire
Jean-paul Frankeur Pierre




L'espagnol

1ère partie : L’étranger dans la vigne
Au printemps 1939, deux républicains espagnols, Pablo et Enrique, arrivent à Château-Chalons, petit village du Jura.
Les deux hommes sont engagés comme ouvriers agricoles chez des vignerons. Pablo est un homme brisé par la guerre. Depuis la perte de sa femme, il n’aspire qu’à une vie tranquille, loin de tous combats. Son compagnon de camp, Enrique, est très différent : pour lui, la lutte continue. Il quitte rapidement la ferme. Pablo s’attache à cette terre qui lui a redonné le goût de la vie - il met toute sa joie à la faire fructifier. Au milieu d’une guerre qui ne le concerne pas, il poursuit obstinément une œuvre de paix.

2ème partie : Les dernières vendanges
Depuis la mort du patron, l’Espagnol s’occupe activement de la ferme. Il s’est attaché à cette terre, mais aussi à Jeannette, cette enfant sans défense qui lui a donné l’illusion d’un foyer. Il incite Germaine à acheter de nouvelles terres, seules valeurs sûres en cette période troublée.
Mais la guerre continue : des maquis s’organisent. Un jour Enrique revient. Il veut emmener Pablo dans le maquis. Ce dernier hésite. Il veut oublier cette guerre qui lui a fait tant de mal. Mais il ne peut l’ignorer plus longtemps et repart se battre. Il attrape une grave maladie, est évacué vers un hôpital. À la fin de la guerre, quand il revient à la ferme, personne ne l’y attend...

Oui c'est ça !

Voilà un certain temps déjà que je voulais poster mon petit mot par ici. Les souffrances endurées par Clavel ces dernières années m'avaient rendue très triste et je ne suis pas loin de penser que la mort fut pour lui une délivrance.
Je suis loin d'avoir lu toutes ses oeuvres mais certaines m'ont "habitée" longtemps : je pense à Harricana, premier récit de sa série Le Royaume du Nord, L'angélus du soir, qui en est le dernier, Celui qui voulait voir la mer, avec un portrait de mère à la fois nuancé et touchant, Les fruits de l'hiver écrit "à la mémoire des mères et des pères que le travail, l'amour ou les guerres ont tués sans bruit et dont l'Histoire ne parle pas."

Merci pour toutes vos recommandations. Je prends note de ' l'Hercule sur la place " ayant pratiqué ce sport dans les arrières salles d'estaminets belges, cela ne peut que m'aider à rentrer en matière avec cet auteur. Encore merci.

Quelques mots sur Le carcajou :

Un récit court et prenant, où la même noblesse se retrouve dans l’immense taïga et ses habitants, des Indiens et des animaux, le chien et l’ours en particulier. Un seul animal, terrifiant, puant, cruel et insaisissable, incarne le mal, c’est le carcajou, « diable invisible », qui fera l’objet d’une traque sans merci avant que la mort ne l’emporte et n’emporte aussi d’autres héros du drame.

L’écriture sobre et vibrante à la fois de Clavel séduit à chaque page :

Citation :

La forêt devient taïga là où finissent les arbres qui portent des feuilles. Ceux que rouille l’automne et que l’hiver dénude. Elle finit où plus aucun arbre ne peut pousser.
Les dernières de ses épinettes ont mis des années et des années pour atteindre la taille d’un loup. Leur bois est si dur que la lame du couteau-croche s’émousse à vouloir le mordre. […]
La mort dans la taïga est douce à ceux dont les os s’enfoncent lentement dans son sol spongieux. Ils nourriront les mousses et les lichens. Leur âme montera dans le cœur des épinettes où ils vivront la vraie vie. Celle du silence. Celle dont rien ne vient troubler la nuit.
Et les étoiles du ciel d’hiver s’accrochent aux branches où luisent les larmes pétrifiées des âmes mortes. p.33-34

Le carcajou, "animal sans âme", symbolise l’homme blanc détruisant l’univers ancestral des Indiens, modifiant irrémédiablement l’équilibre naturel de la taïga qui pourtant " appartient à ceux qui l’aiment" .

Citation :

Ils prennent tout, fait encore Mooz. Les terres de chasse, les roches d’or qui sont sous la terre. Ils prennent même l’eau des rivières. Bientôt, nos enfants n’auront plus rien. Plus rien que des sous comme s’ils étaient des mendiants. […] Les hommes blancs font alliance avec toutes les puissances du mal. […] Il faut beaucoup de temps pour effacer les laideurs apportées par les hommes. p.65-66

Inutile et nuisible, le carcajou est redoutable et son élimination entraîne aussi la mort de ceux qui le pourchassent comme les Indiens et leurs chiens meurent de froid et de faim par la faute de l’homme blanc dans un monde rude et beau qui, jusque-là, les a nourris.

darabesque a écrit:

tu sais Hexagone, moi qui suis une inconditionnelle de B.Clavel, je ne peux que te conseiller de regarder tous les posts des amis ici sur ce fil et te faire une idée en fonction de ce que tu aimes:


Le tambour du bief traite de l'euthanasie
"lettre à un képi blanc" de la connerie de la guerre
"histoires de chiens" raconte plusieurs vies de chien
etc.....

ensuite on passe aux "sagas" harricana
le grand Nord
Lumières du lac etc..etc..

et on peut revenir à l'hercule sur la place, ce lutteur de foire
l'espagnol ce réfugié etc....
bonne lecture !!
tu vois, il traitait de tous les sujets avec son coeur, ses tripes mais jamais de haine ...

J'ai trouvé " l'Hercule sur la place" dans ma biblio, je l'attaque ce soir

tu devrais aimer Hexagone bonne lecture

J'ai lu 80 pages et suis emballé. Mes aprioris sur Clavel ( lecture populaire, grand public, de tête de gondole, France loisirs, etc ...) viennent de voler en éclats et tant mieux. Lorsque je l'aurai fini je vous donnerai mon avis.

l'Hercule sur la place ;




Il s'agit d'une histoire d'hommes comme il en existera toujours dans un environnement, qui lui, a définitevement disparu.

Kid Léon est l'un de ses lutteurs de foires, homme fort, gagnant sa vie en exhibant sa force, jonglant avec des haltères et affrontant le quidam qui veut bien se frotter à son cuir tanné. Blanchit sous le harnois des années passées à faire la route de vogue en vogue, Kid est malgrè son air bourru, sa mine renfrognée et ses bosses musculeuses qui le caractérisent, aussi doux que les sucres d'orge que l'on vend au stand des nougats. C'est cette petite communauté de forains que fait vivre Clavel dans cet ouvrage.

Les forains du temps des manèges en bois, des loteries où l'on gagne des oiseaux vivants et puis l'arène des lutteurs. On y pratique la boxe, le combat arrangé qui ne s'appelle pas encore le catch.
Pierre et Guy, deux être en déserrance, veulent voler dans une roulotte. Kid tombe à bras raccourcis sur l'un d'eux, en l'occurence Pierre. Guy prend la fuite et abandonne lâchement son copain. Cette mésaventure va bouleverser la vie de Pierre. De son état de malfrat à la petite semaine, Kid va l'ammener grâce à la rudesse du combat a devenir un homme. Un homme qui prend ses responsabilités comme elles viennent. C'est sous le charme de cette vie marginale, faite de blessuress, de joies de peines et d'allégresse que Pierre va découvrir l'amour, et qu'il va prendre pleinement possession de son destin.

Kid va lui révéler les astuces du combat, lui montrera que les boniments clamés avec foi font plier un public récalcitrant, que la force s'emploie à bon escient et que le corps est somme toute plus fragile que l'âme. Il y a un peu du " Sous le plus grand chapiteau du monde" dans cet ouvrage, il y a surtout l'ambiance des foires, la vie souterraine de ces hommes.

Clavel dont j'ignorais tout se révèle un habile conteur. J'y ai reconnu un peu dans la forme, les romans de Henri Vincenot, peuplés d'hommes ordinaires qui font simplement des choses extraordinaires, qui donnent aux autres le plus beau reflet d'eux mêmes, reflet qui restait caché dans les tréfonds de leurs âmes.

C'est simple et émouvant : merci Darabesque de nous avoir fait part de ce précieux courrier

Rentré ce matin de la biblio avec ce titre. Aucune idée de ce qu'il évoque. On verra

Tiens j'ignorais complétement qu'il s'agissait du féminin de Bourreau, pourtant évident quand on le sait.

En 1700 et quelques, l'hstoire au Québec d'une belle garce venue de Normandie.
Accusée de vol, elle est condamnée à la potence. Pas beaucoup d'alternatives pour échapper à ce sinistre destin. Il en existe un, se marier au bourreau. Cela tombe bien, un soldat en déroute vient d'être incarcérer dans la même prison. Usant de ses charmes pour soudoyer le surveillant, elle en usera pour convaincre le soldat de l'épouser.
C'est que la bourelle est belle, peu d'hommes résistent à ses charmes.
Vivant une vie de mari et femme, le couple ne se satisfait pas de cette vie en marge de la cité, refluée aux portes de la ville, houspillée, caillassée, rejetée, la bourrelle n'en peut plus.
Elle convainc son mari de prendre le large grâce au concours d'un courreur des bois.
Bien sur elle s'en éprend. Le Pelletier sera son unique amour, le seul, le grand.
Echappée puis rattrapée, réincarcérée, la bourrelle sera trahie par celui qu'elle aimait et finira pendue.
C'est une très courte histoire que nous conte là Bernard Clavel, presque une nouvelle, basée sur une hsitoire vraie. L'auteur y place toute la miséricorde, l'amour, le pardon qu'il faut savoir accorder à ceux qui font des faux pas. C'est un livre pétrit de sentiments ambivalents et d'une grande foi en l'humain.
La bourrelle, au regard des moeurs de l'époque, n'a que ce qu'elle mérite, mais Clavel laisse la porte ouverte à la miséricorde, à l'espoir qui finalement se trouvent déçus.
Une agréable lecture.

Le radeau toxique de la méduse mutante

Effectivement ce rafiot qui trimbale des fûts toxiques est une belle métaphore de notre société d'hyper consommation qui engendre des déchets qu'elle ne maîtrise pas. Là dessus viennent se greffer des margoulins prêts à empocher les billets mais pas à assumer les problèmes.
De déroutes en changements de cap, le Gabbiano va de Charybde en Scylla et ses tonneaux toxiques sont eux aussi des Danaïdes.
Clavel dresse le portrait d'un équipage où les hommes sont égaux à eux-mêmes. Comme dans tous ses romans, humains et presque idylliques dans leurs comportements.
Un commandant légitime et probe, un équipage qui lui est dévoué corps et âmes, sauf quelques mutineries de pacotille et sans réelles ambitions d'aboutir.
Ce roman fiction basé sur une triste réalité, celle de la pollution des mers et des terres, pèche un peu par un style plat comme une mer d'huile. Le suspense est quasi absent, pas grand chose à retenir, sinon que toujours des bateaux bombes à retardements sillonnent nos mers et mettent en péril nos terres et que ce roman restera toujours d'actualité

Je viens de terminer le soleil des morts de clavel.



Certains disent que c'est le chef d'oeuvre de cet auteur prolifique et incontournable du patrimoine littéraire français. Je fais partie de ces personnes.



C'est l'histoire d'un homme, orphelin, élevé par sa grand mère, morte de froid, qui fait deux guerres, en réchappe pour se confronter à la bétise et à la méchanceté des hommes de son village notamment le nouveau maire. Le passé est important pour lui. Il mourra après l'incendie du lavoir où sa grand mère lavait des heures et des heures dans de l'eau glacée. Cet homme est d'une profonde humanité, il n'oubliera jamais la guerre, ni ceux qui l'a aimés ou haïs. Il a la fierté d'un paysan, la droiture du soldat et la bonté d'un homme simplement humain. Et dans ce Charles Lambert, beaucoup d'homme se reconnaitront, ceux pour qui le respect, l'amitié, le passé ne sont pas que de simples mots gaspillés et foulés au pied.

rotko a écrit:

on a parlé de lui comme un ecrivain "du terroir", au sens où Giono serait aussi du "terroir", c'est dire !

Hexagone a écrit:

lecture populaire

J'ai lu Le tambour du bief il y a quelques temps (ça m'a bouleversée). Dans mon édition (vieille!), la préface est une interview de l'auteur, et je vous fais part de cette citation, qui montre (si c'était encore à démontrer) ses grandes qualités humaines ; je ne suis pas sûre que beaucoup d'écrivains parlent ainsi :

Citation :

Journaliste : On vous considère souvent comme un écrivain "populiste". Le prix du Roman populiste a d'ailleurs couronné La maison des autres en 1962. Que pensez-vous de ce qualificatif ?

Venant du peuple, m'efforçant de rester avec le peuple et écrivant avec le souci constant que les moins lettrés puissent me lire, je ne vois pas ce qui me gênerait dans ce qualificatif. Ceux qui l'emploient en lui donnant un sens péjoratif perdent leur temps. Parlant des Fruits de l'hiver, un critique disait que ce livre était une bûche de plus pour les chaumières. Rien ne pouvait m'être plus agréable. Remplacer le conteur du coin du feu, quel rêve pour un romancier ! [...] Pour moi, être populiste, c'est savoir se montrer digne du peuple, et ce n'est pas une petite affaire ! Comme c'est le peuple qui me fournit la matière première de mes romans, il est bien naturel que j'aspire à lui donner en échange des livres où il se retrouve et qu'il puisse lire avec émotion, sans être obligé de se tenir la tête à deux mains.

Roman populiste / populaire, oui ! Roman de gare, non ! moi je dis, chapeau