Bernard CLAVEL

Vous vous souvenez de la lettre que j'avais écrite un peu en notre nom à son éditeur.
Ce matin ,j'avais une lettre très émouvante de Madame Josette Pratte, son épouse. je vous en dirai plus quand j'aurai son autorisation de publier cette lettre ici. je lui ai répondu par mail tout à l'heure.
En tout cas, je suis vraiment très émue de voir que cette petite lettre a fait son chemin et que Monsieur Clavel et sa femme sont des personnes vraiment exceptionnelles.
voilà désolée de ne pas en dire plus mais la lettre m'a été adressée à mon nom personnel et je ne peux la mettre ici sans son accord !

Très sympa d'avoir reçu une réponse.
J'espère que nous en aurons la teneur et que l'auteur viendra nous rendre visite. On peut rêver.

J'ai beaucoup aimé les livres que j'ai lus de lui.
Je ne connais que les tomes des Colonnes du Ciel mettant en scène Marie Bon Pain et Bisontin La Vertu.
J'en garde un très bon souvenir.


Maintenant que j'y pense, je ne sais plus si j'ai lu le dernier volume.
Ils émigrent outre Atlantique, non ?
Ou est-ce que je confonds ?

Harelde, je peux te dire que Bernard Clavel serait sûrement venu nous faire un coucou, ou du moins aurait répondu lui-même à notre lettre s'il l'avait pu. N'empèche que c'est un grand bonhomme et je suis quand même contente qu'il soit au courant que nous l'apprécions beaucoup ici..

D'autant que le nom de "grain de sel" lui rappelle certainement ce beau livre fleur de sel qu'il a préfacé, avec des photos des marais salants de Guerande

Il faut dire que les marais salants inspirent les photographes, et d'une manière générale tous les artistes, comme le montre une exposition que j'ai vue récemment.

Nous adressons nos meilleures pensées à Bernard Clavel, et je sais qu'Aristarque l'admire en tant qu'autodidacte et historien des compagnons, notamment.

j'ai reçu ce matin l'autorisation de publier la lettre de Madame Pratte, en réponse à celle que nous lui avions écrite (voir un haut sur ce fil.

" Je vais porter, dans les jours qui viennent, votre lettre du 31 janvier dernier à mon mari, Bernard Clavel, qui - vous l'ignorez sans doute - a été victime, le 29 octobre 2003, d'une très forte hémorragie cérébrale.

Depuis, il est « réduit» à l'essentiel de lui-même. Et bien que paralysé du côté gauche, il entretient en lui, entre nous, de même qu'avec les proches qui viennent le voir, un espace immense.

Que vous dire? Sinon que Bernard est condamné à vivre désormais dans des hôpitaux, centres de rééducation et maisons médicalisées. Il sait, profondément, je reprends les termes d'une amie, « qu'il ne marche plus vers aucun avenir ». Je ne suis pas certaine qu'il en souffre terriblement. Il contemple sa vie passée et reste fidèle à ses engagements.


L'écriture et le monde de l'écriture - mais aussi, bien sûr, la peinture habitent toujours Bernard. C'est dire s'il sera touché par votre lettre.


J'aurais préféré qu'il vous réponde lui-même- car il répondait toujours à son courrier - mais je mène une existence si chaotique que je n'arriverais pas à taper les lettres qu'il pourrait me dicter. C'est ce qui explique aussi que j'aie mis tant de temps à répondre à votre courrier.


Je suis certaine que vous le comprendrez et vous prie de trouver ici mes remerciements pour le respect que vous témoignez à l'homme et à son oeuvre.


Bien sincèrement,

Madame Josette Pratt.

Voilà donc , il n'y a plus qu'à ajouter : merci à Madame Pratte d'avoir pris le temps de nous répondre et surtout bien des choses à Bernard Clavel ....

Des nouvelles bien tristes.

Oui hélas. Mais même s'il ne peut plus écrire, ses romans, ses histoires demuerent et n'ont pas fini de faire des adeptes !
j'ai encore sous le coude un roman que je n'ai pas lu: "les grands malheurs " je vais l'emmener en vacances

marie chevalier a écrit:

Oui hélas. Mais même s'il ne peut plus écrire, ses romans, ses histoires demuerent et n'ont pas fini de faire des adeptes !
j'ai encore sous le coude un roman que je n'ai pas lu: "les grands malheurs " je vais l'emmener en vacances

Un écrivain est immortel.

Les grands Malheurs... Inoubliable

je ne l'avais pas lu alors je vais me faire un plaisir

Les grands malheurs


Histoire d’une famille de vignerons déchirée par deux guerres avec sa panoplie, d’horreur, de rancœur, de douleur et de tristesse. Mais par-delà ces faits, un homme, Eugène, blessé et gazé en 1914, attaché à sa vigne qui croit encore que Pétain va sauver la mise lors de l’annonce de la seconde grande guerre.

Comme toujours Bernard Clavel, avec ses mots à lui, simples mais tellement plein d’humanité, nous touche en nous faisant partager l’horreur des ces guerres et la dure vie de ceux qui ont survécu à tous ces drames.

Ce roman n’est pas triste, il est malheureusement réaliste et plein du bon sens des vignerons attachés à leur terre, de la sagesse de beaucoup et du courage de tous ces gens qui sont pauvres mais dignes.
Du grand Clavel comme d’habitude

Un mot de l’auteur sur la 4 ème de couverture :

Citation :

« Je suis un vieil homme habité par la guerre. Chaque fois que j’ai cru l’avoir distancée, un événement est survenu qui l’a lancée à mes trousses. Vieille bête hargneuse, elle me suit à la trace et ne cesse de grogner à mes pieds… »

Cette citation... Tu l'as repêchée où ? Ça me donne envie de me plonger dans ces Grands malheurs...

en 4 ème de couverture du roman aux éditions pockettet c'est Bernard Clavel qui l'a écrit attend je vais te mettre la suite:

"

Citation :

elle habite ma vie depuis mon enfance et c'est sans illusion que je me remets à parler d'elle. On n'apprivoise pas la guerre. Même lorsque l'on croit l'avoir muselée et enfermée dans un recoin muet de la mémoire, elle demeure en éveil. Un rien la fouaille et la pousse à mordre à nouveau. Si j'ai décidé de raconter la vie de Xavier Roissard, c'est que ce vieux vigneron m'est apparu comme u n frère. C'est qu'il est un homme parmi les hommes, douloureux et chargé d'un énorme fardeau, comme des millions d'êtres qui n'ont pas mérité que tant de malheurs s'abattent sur eux et sur leurs proches"

J'ai l'impression d'entendre mon Grand-Père parler,même s'il parle peu de cette période.
Merci, parce que je suis passée complètement à côté de ce roman...

il a été terminé en 2003 et moi qui suis une fan de Clavel j'avais complètement occulté celui-là. Quand o n sait qu'il a eu son problème de santé en 2003, il n'en a que plus de valeur, tant pour son écriture et son messsage .

Je l'ai confondu avec La Retraite aux Flambeaux de Clavel.... Sur la même période historique, c'est tout aussi poignant....

oui j'ai lu aussi terriblement humain là encore et poignant tu as raison !

La Table du Roi.

Citation :

Il est une île, au milieu du Rhône, appelée La Table du Roi parce que Saint Louis, autrefois, y dîna. Une nuit de mars 1815, une barque de marinier y est amarrée. A bord, il n’y a plus que Patron Mathias, sa fille Lucie et le prouvier Rochard, grand cœur et physique d’athlète. La pluie tombe drue et le fleuve est en crue. Tous les autres mariniers sont descendus, en dépit du vent et des eaux qui montent, pour aller embrasser leur famille à terre. Soudain, Rochard aperçoit un homme qui se noie, il le repêche, et une fois revenu à lui, le garçon affirme ses idées royalistes.
Depuis le 1e mars, Napoléon marche vers Paris, et de part et d’autre du fleuve, républicains partisans de l’Empereur et royalistes s’affrontent. Mais Patron Mathias refuse qu’on fasse de la politique à son bord. C’est un non violent qui croit simplement en l’homme. Quand deux soldats de l’armée républicaine arrivent pour fouiller le bateau, il n’hésite pas à cacher le jeune homme et à désarmer et ligoter le capitaine, devenu trop agressif. Et les deux tenants de l’ordre, le royaliste et, le républicain, se retrouvent prisonniers d’un homme qui ne cherche qu’à faire régner la paix.

Un terrible huis-clos : la totalité du livre se déroule dans la pièce principale du bateau amarré au milieu du Rhône. Napoléon a débarqué, nous sommes au début des 100 jours : royalistes et bonapartistes s'affrontent. Les premiers sont sur la rive droite, les seconds sur la gauche. Et Patron Mathias et les siens au milieu. Hors de cette guerre civile qu'ils craignent et exècrent. Le Rhône apparaît comme l'ultime zone franche que déjà les deux camps envahissent en montant à bord.

Il fait nuit, la pièce probablement peu éclairée pas quelques lampes. L'horizon du lecteur est très resserré. A l'intérieur la tension monte lentement au cours d'un récit détaillant les sentiments, les coups de gueules et les faiblesses des personnages. Dehors la crue menace l'embarcation.

J'ai commencé à lire" la lumière du lac 'ce soir, une lecture paisible.
je vous en dirai plus quand j'aurai terminé.

Né en 23, il publia son 1er roman "L'ouvrier de la nuit" en 56 et obtenu le Goncourt en 68 pour "Les fruits de l'hiver"
Né le 29 mai 1923 à Lons-Le-Saulnier (Jura) dans une famille modeste, il devient apprenti pâtissier à 14 ans avant de se former en autodidacte en exerçant les métiers les plus divers et de devenir journaliste dans les années 950.

La publication de son premier roman marque le début d'une oeuvre importante, riche de quelque 40 romans.


En 1968, il avait obtenu le prix Goncourt pour "Les fruits de l'hiver". Elu à l'Académie Goncourt en 1971, il en démissionnera six ans plus tard.

Il a longtemps travaillé avec l'association Terre des Hommes, expérience dont il s'est servie pour écrire son livre Le massacre des innocents. Ses histoires, parfois constituées en sagas qui ont rencontré un vaste public comme La Grande Patience (4 volumes – 1962/1968), Les Colonnes du ciel (5 volumes - 1976/1981) et Le Royaume du Nord (6 volumes 1983/1989).

Plusieurs de ses oeuvres ont été adaptées au cinéma. Parmi celles-ci: Le Tonnerre de Dieu (1965) de Denys de La Patellière, avec Jean Gabin, adapté du livre Qui m'emporte et Le Voyage du père (1966) de Denys de La Patellière, avec Fernandel et Lilli Palmer dans les rôles principaux.

Et à la télévision : La Maison des autres, de Jean-Pierre Marchand, Vincendon, de Frank Apprederis, avec Jacques Dufilho, Michel Constantin et Jenny Cleve, d'après la nouvelle de Bernard Clavel L'arbre qui chante ou Les Colonnes du ciel, avec Bernard-Pierre Donnadieu et Michel Bouquet.

Bernard Clavel est mort, on l'estimait beaucoup sur GDS*, et on savait qu'il avait une fin de vie difficile.

j'ai envoyé un mot à Darabesque.

Merci Rotko je n'étais pas au courant.

Un grand bonhomme qui a fait mon bonheur de lecture dès mon adolescence et jusqu'à aujourd'hui. Un type bien tout simplement ..

Je suis triste mais il est libéré de ses impossibilités de faire ce qu'il avait aimé le plus: parler aux gens du peuple et écrire. Plein de choses à sa compagne et sa famille bien sûr.

ps: je viens d'envoyer à tout hasard un mail à Madame Pratte, je vous le confie car nous étions tous concernés quand nous avions pris contact avec elle il y a quelque temps....

Madame Pratte, je suis de tout coeur avec vous, venant d'apprendre le décès de mon maître en écriture: Bernard Clavel. Mes amis imprégnés eux aussi de l'écriture de ce grand homme, se joignent à moi aujourd'hui pour vous offrir notre soutien mais aussi sans doute, est-ce une certaine délivrance pour cet écrivain de très très grand talent

Bien à vous

Madame Marie Chevalier (auteure si modeste)

Nous parlions de Monsieur Clavel là : https://grain-de-sel.1fr1.net/auteurs-francais-et-d-expression-francaise-f3/bernard-clavel-t1049.htm?highlight=bernard+clavel

et nous avions toutes deux échangé deux ou trois mails quand Monsieur Clavel était souffrant.