Un livre, c´est....

J´ouvre ce fil pour offrir au LIVRE son propre espace, suivant l´exemple de LA MER et des LARMES, une bonne idée de GDS.
"un livre, seul lieu au monde où deux étrangers peuvent se rencontrer de façon intime" Paul Auster

Chaque livre, chaque volume que tu vois, a une âme. L'âme de celui qui l'a écrit, et l'âme de ceux qui l'ont lu, ont vécu et rêvé avec lui. Chaque fois qu'un livre change de mains, que quelqu'un promène son regard sur ses pages, son esprit grandit et devient plus fort. (L´ombre du vent, Carlos Ruiz Zafón).
http://www.edition-grasset.fr/chapitres/ch_zafon.htm
Cet extrait c´est Rotko qui nous l´avait indiqué. Il a sa place ICI aussi, je crois.
C´est une idée qui est vraiment dans l´air ( et qui me plait). Un livre n´est RIEN sans le lecteur.

Surtout ne pas hésiter à ouvrir des fils et à entamer des discussions.

Sans le lecteur, le livre n'est rien, mais il a aussi besoin, je crois de plusieurs lecteurs qui parlent de lui, échangent leurs impressions, parfois diverses, disent leur envie d ellire ou le refus de le lire aussi !

On ne peut pas faire un forum avec des fiches de livres. Ce serait aussi vivant qu'un catalogue de la redoute - encore que bien présentés certains articles nous tentent . Circuler entre des fiches de livres ? autant visiter le père Lachaise ! les appréciations de chacun sont utiles, voire nécessaires, comme l'air ravi - ou la moue réservée ! des invités devant le repas servi. On assure ainsi au livre une publicité, on fait sa réputation, différente des circuits commerciaux.

Là dessus, je dois dire que certains livres même mal reussis à mes yeux ne sont pas une perte de temps : ils aident à définir nos critères, à decouvrir aussi les attentes d'autres lecteurs. Sur le coup on n'est pas séduit, mais on y repense parfois plus tard, avec un opinion légérement différente, modifiée par un nouvel avis ou par la seule évolution de notre souvenir.

Voilà une belle initiative ...
Un livre c'est une porte ouverte vers une autre vie , un autre univers, un autre moi, mais un moi que est déjà là que je ne soupçonne pas.
Un livre c'est une boîte contenant un trésor.
A chaque fois que j'ouvre un nouveau livre , entendu que j'ignore son contenu, c'est un présent que j'ouvre pour moi et moi seule , ensuite je le partage afin que chacun puisse en goûter l'essence , mais je ne vous apprends rien ... simplement j'aime le penser et j'aime le dire.

Actuellement, je lis par-ci par-là de nombreuses critiques de la part de lecteurs qui trouvent que les ecrivains contemporains ont tendance à bâcler la fin de leur roman.
J´avais déjà souvent entendu ce commentaire pour Quignard ( Villa Amalia) et puis maintenant je l´entends à nouveau pour Brooklin Follies d´Auster.
Lydie Salvayre répond magistralement à cette question :

ML - Pourquoi vos fins de romans sont-elles si précipitées ? En quelques lignes, le propos est clos, souvent par le rire, alors que rien ne laissait supposer qu'il touchait à sa fin.
Lydie Salvayre - Mes romans s'achèvent non pas sur une fin logique, mais parce que moi, je suis fatiguée de l'histoire. Voilà ma logique de fin. Quand le désir d'écrire me quitte, le temps est arrivé pour moi d'achever le livre. J'adore d'ailleurs les romans qui se moquent, comme ceux de Chevillard, d'avoir un début et une fin. « Conclure est la science des ânes » a dit Flaubert, c'est très joli. Conclure pour moi n'est rien d'autre que le moment où s'épuise le désir d'écrire. On peut jouer avec tous les arbitraires du roman, les chapitres, le découpage, la fin, la chronologie, c'est ça le bonheur. Pour Les Belles Ames, la fin qui n'en était pas une a été très mal prise par les critiques, qui y ont vu une insuffisance du livre. Mais j'aime les livres imparfaits.
http://perso.orange.fr/erato/horspress/salvayre.htm

Lydie Salvayre :

Citation :

Mes romans s'achèvent non pas sur une fin logique, mais parce que moi, je suis fatiguée de l'histoire. Voilà ma logique de fin

[...]

Citation :

Quand le désir d'écrire me quitte, le temps est arrivé pour moi d'achever le livre

Voila pourquoi je n'ai pas fini le seul roman de lydie Salvayre que j'avais entrepris la déclaration. L'auteur n'est pas seul, il conduit le ecteur qui l'accompagne et le lecteur - ici c'est moi, n'aime pas qu'on le laisse en pleine campagne !

Si on est complice, d'accord, on rit ensemble, on fait une virée et ensuite on rentre chez soi. C'est pourquoi j'aime bien Sterne et Diderot qui incluent le lecteur dans leur farce, en font un compagnon.

Mais se livrer à un plaisir égoïste : ça ne m'intéresse plus, j'arrête et je boucle le paquetage, c'est une désinvolture qui frise devient de l'impolitesse.

Dans la declaration j'avais été choqué par sa façon de conduire ! d'abord du fiel qui me laisse un mavais goût dans la bouche, puis un éclat de rire sans rapport avec la situation initiale. Voilà pourquoi j'ai abandonné le livre.

on ne me mène pas par le bout du nez au gré des humeurs, à moins qu'on ne me les fasse partager ! non mais !

Merveilleuse idée Swallow d'avoir initié ce fil réservé "Au Livre.."
Au débotté, je m'invite à ce débat avec une déclaration d'Anne Perry, romancière anglaise qui s'est fait un nom dans des intrigues policières:
"Ce qu’il y a de magique avec les livres, c’est que l’on est à l’écoute des plus grands penseurs de n’importe qu’elle époque, de n’importe qu’elle civilisation. On découvre grâce à eux des choses que l’on n’aurait jamais imaginé."

Je suis d'accord avec Aristarque et ses toujours judicieuses citations. Ce fil prendra de l'ampleur, car on a aura des remarques à faire.

Je repense à Lydie Salvaire :

Citation :

Mes romans s'achèvent non pas sur une fin logique, mais parce que moi, je suis fatiguée de l'histoire. Voilà ma logique de fin. Quand le désir d'écrire me quitte, le temps est arrivé pour moi d'achever le livre.

.

elle étend au domaine de la litterature ce qui est une définition de la peinture, et tout specialement du tableau achevé. Je doute d'ailleurs de la citation de Flaubert.

Mais les rapports entre le "regardeur" de tableau et le peintre ne sont pas du tout les mêmes que ceux du lecteur et de l'auteur.

presenter un livre n'est pas toujours facile. L'auteur s'y emploie sur

http://www.facealauteur.com/

source :F.Pécheux sur la liste liensutiles@yahoogroupes.fr

Ainsi ce lien précis devrait plaire à Bertrand :

http://www.facealauteur.com/auteurs/duBoucheron/duboucheron.htm

"Il y a des livres que nous parcourons dans l'allégresse, oubliant chaque page lue sitôt tournée la suivante; d'autres que nous lisons avec révérence, sans les oser ni approuver ni contester; d'autres qui se bornent à nous renseigner et excluent d'avance nos commentaires; d'autres encore que, parce que nous les aimons si fort et depuis si longtemps, nous ne pouvons que répéter, mot à mot, car nous les connaissons au sens propre, par coeur. Et il y en a beaucoup encore qui tiennent de tous ceux-là et qui, au lieu de susciter le silence (respectueux ou ravi), nous aiguillonnent, nous prennent aux épaules, exigent de nousque nous réagissions par une opinion, une réflexion, une question, un souvenir, un désir."
Alberto Manguel ( Journal d'un lecteur)

Je suis, depuis toujours, un passionné de lecture et un admirateur respectueux du livre.
Mais, comme Christian, amoureux transi, sous le balcon de Roxane, j’ai besoin de l’aide de Cyrano (s) pour déclarer ma flamme.
Je citerai, tout d’abord, à ce sujet, feu Yvan Audouard . Sous ses dehors de franc buveur, fumeur, bambocheur, de pilier de bar et de la rédaction du Canard, fin raconteur d’histoires provençales et autres romans à succès, Il savait mieux que quiconque faire l’apologie du livre :

<< Le goût de la lecture est surtout une passion. Un passion totale qui engage le corps et l'esprit.
Un livre se lit avec ses yeux. Il se "respire", il se "dévore", il se "déguste".
D'un livre, vous vous nourrissez. Il peut vous changer la vie. Il ne s'épuise jamais car il existe une collaboration entre l'auteur et le lecteur. Il change de contenu au fur et à mesure de ses relectures.
Vous y découvrez sans arrêt des images nouvelles. Celles qu'il vous suggère, celles que vous inventez. Un livre c'est aussi un être vivant, un être aimé. Vous le caressez. Vous parlez avec lui. Vous partez à sa recherche désespérément quand vous l'avez égaré. Vous avez le sentiment qu'il vous a trahi. Qu'il ne vous aime plus. Si on vous le vole, c'est un désespoir absolu. >>
Et il ajoutait en connaisseur:
<< On juge les êtres à leur bibliothèque. Elle n'a pas besoin d'être somptueuse....Il n'y a pas de bibliothèque idéale. Ou, plutôt, chacun a la sienne. Ce qui permet à quiconque de devenir lui-même, ce qui est la seule façon d'inventer sa vie.>>

Aristarque a écrit:

Je suis, depuis toujours, un passionné de lecture et un admirateur respectueux du livre.

Et moi une admiratrice passionnée, secrète et respectueuse d'Aristarque... tu nous trouves toujours des merveilles ... merci !

lisez-vous parfois des nouvelles ? paraîtrait que les Francais n'en sont pas
des fanatiques. on en trouve de 4 pages sur le web

CARAVANE

Celle-ci est un peu plus longue et...la voilà

Le livre, la lecture. C'est tout ce que vous avez si bien réussi à dire. Que rajouter ?

J'aime le livre pour son invitation au voyage, à la reflexion, à la distraction. Parce qu'il représente un moment d'intimité intense. Au milieu d'une foule on se retrouve.

Entre deux arrêts de métro, dans une salle d'attente, dans un train, une voiture, en marchant : un objet qui permet de "faire passer le temps", ou plutôt de traverser le temps, de pénétrer dans un nouvel espace temps.

Avant de s'endormir, lorsque tous les objets et les bruits du monde deviennent étouffants, dans une foule d'inconnus : une bouée à laquelle s'accrocher, auprès de laquelle s'apaiser.

Un bouillonnement de connaissances et de questionnement de soi, et des autres. Une façon d'apprendre à vivre avec soi-même et avec autrui.

Le livre c'est de la solitude accompagnée, une présence intime, un autre dans l'individualité.

Quand je pense à tous les livres qu'il me reste à lire, j'ai la certitude d'être encore heureux.
Jules Renard

Pour Socrate, les livres n’étaient que des objets inutiles. Les livres prétendait le grand philosophe, ne peuvent explique ce qu’ils disent, ils ne peuvent que répéter sans cesse les mêmes mots.
Pourtant… « Les voyages de Gulliver » dont les extravagances vous amusèrent à l’âge de dix ans, semblent ne plus être « Les voyages de Gulliver dont la violence satirique vous interpellera vingt ans plus tard.
Source : James Morrow dans son livre « Le dernier chasseur de sorcières »

A propos, nous t'avons saluée, sur le site adéquat, pour ton arrivée dans notre forum, Vanessa. Cette rubrique-ci est l’endroit idéal pour donner ton opinion sur la symbolique du livre en particulier. Tu le fais de fort belle manière en citant Jules Renard l'auteur de "Poil de carotte". Aurais-tu eu une enfance malheureuse? Nous espérons que tu nous en apprendras davantage bientôt... Tout en sachant que toute notre sympathie t'est acquise d’avance.

Lydie Salvayre :

Citation :

Mes romans s'achèvent non pas sur une fin logique, mais parce que moi, je suis fatiguée de l'histoire. Voilà ma logique de fin. Quand le désir d'écrire me quitte, le temps est arrivé pour moi d'achever le livre.

.

A la première lecture, ce passage m'a choqué, à la deuxième aussi et à la troisième, il fallait que je vous le dise, que ça sorte !!!

On peut espérer qu'à la quatrième lecture, je comprenne ???

Je comprends l'histoire d'une fin non logique mais pas la raison invoquée.

Je ne comprends pas qu'on arrête quand on est fatigué, enfin je comprends tout à fait que l'on arrête pour cette raison quand l'objet créé n'est pas voué aux autres (lecteurs, spectateurs, etc.) mais sinon je m'interroge sur le fait de ce dire : "bon j'en ai marre, je fais une fin" et là j'entends : tant pis pour les "autres".

Je comprends qu'on laisse un travail (un ouvrage) au repos quand le désir nous quitte, c'est souvent très sain, on le reprend ensuite avec une certaine maturité et plus d'entrain.

Je comprends et j'aime aussi beaucoup les livres qui nous racontent une partie d'une histoire, comme si on sautait dedans à deux pieds sans connaître ni le précédent, ni la fin, pas de conclusion, cela permet l'imagination de s'envoler mais lorsque c'est voulu par l'auteur. Il y a quelques livres de M. Duras qui sont ainsi et j'apprécie cette sorte de plongée en apnée dans une histoire.
Un peu comme si l'on prenait un train en marche et qu'on le quittait de même ...

Le fait que cela soit une volonté ou une fatigue de l'auteur me paraît faire une grande différence, qui doit se sentir à la lecture non ?

quennieinlove a écrit:

Entre deux arrêts de métro, dans une salle d'attente, dans un train, une voiture, en marchant : un objet...

Le livre, au-delà de son contenu, c'est aussi un contenant. L'objet en lui-même est parfois très beau, et quand je visite une librairie pour un achat au hasard, c'est parfois la couverture qui guide la main ! En marchant : ça m'arrive aussi quelquefois, c'est généralement un signe que le bouquin est bon Attention aux peaux de bananes, tout de même...

Seuguh a écrit:

. L'objet en lui-même est parfois très beau,

ou pas beau du tout, mais on s'y est attaché, c'est comme avec une fxxyx ou un chyxyy, avec beaucoup de choses.

Je regrette certains livres sans valeur marchande que j'aimais bien : ils tenaient bien dans ma main, ils m'avaient été offerts, je les avais acquis en certaines circonstances, bref, ils me plaisaient et l'exemplaire que j'ai dû racheter n'est pas si pratique

Citation :

Entre deux arrêts de métro, dans une salle d'attente, dans un train, une voiture, en marchant : un objet qui permet de "faire passer le temps", ou plutôt de traverser le temps, de pénétrer dans un nouvel espace temps.

Moi je n'ai jamais su lire en train ou en transports en commun. Il me faut un minimum de calme.
Quand j'ai acheté un livre, j'ai l'impression de rentrer chez moi avec un trésor.
Je trouve que les classiques de Balzac, Stendhal et Hugo sont des livres qui m'ont beaucoup marqué. Robinson Crusoé de Defoe est devenu pour moi familier, cette brique n'étant pas écrite d'abord pour la jeunesse, rumeur encore fort répandue, mais je ne vais pas vous énumérer ce que j'aime. En vous fréquentant, j'ai découvert François Cheng. Merci Coline, et tant d'autres écrits!


Les livres, ce sont des compagnons de vie.

Comment font les gens qui savent vivre sans eux??

Jacques a écrit:

Quand j'ai acheté un livre, j'ai l'impression de rentrer chez moi avec un trésor.

Il m'arrive parfois de travailler dans une librairie...Lorsque les livraisons arrivent, je suis fébrile...J'ouvre les cartons comme si c'étaient des cadeaux de Noël...

Mes sentiments par rapport aux livres peuvent être contradictoires...Je suis depuis toujours une lectrice avide, insatiable, et parfois je leur en veux de se faire autant aimer de moi , de me prendre tellement de temps...

Je peux être enthousiaste de savoir que j'aurai toujours, de toute façon, des désirs de lectures nouvelles....Et puis je peux céder au découragement parce que je sens bien que je passe ou suis passée à côté de tellement d'auteurs...parce que je sais que je n'aurai pas le temps de tout lire...
(C'était ma minute quotidienne de mélancolie! )

Repas solitaire

Je mets la soupe entre moi et le livre posé contre le demi-litre;
La cuillère est amie de la lecture, elle pêche même toute seule dans l’assiette. La fourchette demande plus d’attention.


Erri de Luca, Trois chevaux.

Un livre n’est pas seulement un objet. Ou plutôt, c’est ce que contient cet objet qui nous importe.
C’est avec les yeux du corps que nous choisissons nos lectures ; mais c’est avec les yeux de l’esprit que nous interprétons cette lecture, suivant ce qu’à su ou pas, nous communiquer l’auteur, avec le récit qu’il nous propose. Sans oublier notre humeur du moment.
Parfois, lorsque le contenu du livre est en communion parfaite avec notre esprit, c’est avec les yeux du cœur que nous poursuivons notre lecture. Et ce sont des moments inoubliables, ceux que nous recherchons dans notre quête inassouvie de nouveaux textes et de nouveaux auteurs.