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Nombre de messages : 8306 Age : 34 Localisation : Seattle Date d'inscription : 16/12/2006
Sujet: Boris Vian Ven 06 Avr 2007, 16:21
Je voudrais pas crever
Je voudrais pas crever Avant d'avoir connu Les chiens noirs du Mexique Qui dorment sans rêver Les singes à cul nu Dévoreurs de tropiques Les araignées d'argent Au nid truffé de bulles Je voudrais pas crever Sans savoir si la lune Sous son faux air de thune A un coté pointu Si le soleil est froid Si les quatre saisons Ne sont vraiment que quatre Sans avoir essayé De porter une robe Sur les grands boulevards Sans avoir regardé Dans un regard d'égout Sans avoir mis mon zobe Dans des coinstots bizarres Je voudrais pas finir Sans connaître la lèpre Ou les sept maladies Qu'on attrape là-bas Le bon ni le mauvais Ne me feraient de peine Si si si je savais Que j'en aurai l'étrenne Et il y a z aussi Tout ce que je connais Tout ce que j'apprécie Que je sais qui me plaît Le fond vert de la mer Où valsent les brins d'algues Sur le sable ondulé L'herbe grillée de juin La terre qui craquelle L'odeur des conifères Et les baisers de celle Que ceci que cela La belle que voilà Mon Ourson, l'Ursula Je voudrais pas crever Avant d'avoir usé Sa bouche avec ma bouche Son corps avec mes mains Le reste avec mes yeux J'en dis pas plus faut bien Rester révérencieux Je voudrais pas mourir Sans qu'on ait inventé Les roses éternelles La journée de deux heures La mer à la montagne La montagne à la mer La fin de la douleur Les journaux en couleur Tous les enfants contents Et tant de trucs encore Qui dorment dans les crânes Des géniaux ingénieurs Des jardiniers joviaux Des soucieux socialistes Des urbains urbanistes Et des pensifs penseurs Tant de choses à voir A voir et à z-entendre Tant de temps à attendre A chercher dans le noir
Et moi je vois la fin Qui grouille et qui s'amène Avec sa gueule moche Et qui m'ouvre ses bras De grenouille bancroche
Je voudrais pas crever Non monsieur non madame Avant d'avoir tâté Le goût qui me tourmente Le goût qu'est le plus fort Je voudrais pas crever Avant d'avoir goûté La saveur de la mort...
Un poème absolument sublime, que j'ai découvert grace aux Têtes raides. Ca m'a donné envie de regarder du côté de la poésie de Boris Vian.
Moon Animation
Nombre de messages : 8306 Age : 34 Localisation : Seattle Date d'inscription : 16/12/2006
Sujet: Re: Boris Vian Ven 06 Avr 2007, 16:23
Pourquoi je vis
Pourquoi que je vis Pourquoi que je vis Pour la jambe jaune D'une femme blonde Appuyée au mur Sous le plein soleil Pour la voile ronde D'un pointu du port Pour l'ombre des stores Le café glacé Qu'on boit dans un tube Pour toucher le sable Voir le fond de l'eau Qui devient si bleu Qui descend si bas Avec les poissons Les calmes poissons Ils paissent le fond Volent au-dessus Des algues cheveux Comme zoizeaux lents Comme zoizeaux bleus Pourquoi que je vis Parce que c'est joli
Moon Animation
Nombre de messages : 8306 Age : 34 Localisation : Seattle Date d'inscription : 16/12/2006
Sujet: Re: Boris Vian Ven 06 Avr 2007, 16:32
Y a du soleil dans la rue
Y a du soleil dans la rue J'aime le soleil mais j'aime pas la rue Alors je reste chez moi En attendant que le monde vienne Avec ses tours dorées Et ses casades blanches Avec ses voix de larmes Et les chansons des gens qui sont gais Ou qui sont payés pour chanter Et le soir il vient un moment Où la rue devient autre chose Et disparait sous le plumage De la nuit pleine de peut-être Et des rêves de ceux qui sont morts Alors je descends dans la rue Elle s'étend là-bas jusqu'à l'aube Une fumée s'étire tout près Et je marche au milieu de l'eau sèche De l'eau rêche de la nuit fraîche Le soleil reviendra bientôt.
En cherchant Y a du soleil dans la rue, je suis tombée sur un autre texte de Boris Vian, mis en musique par Marguerite Monnot.
La valse jaune
Il y a du soleil dans la rue Moi j'aime le soleil mais j'ai peur des gens Et je reste caché tout l'temps A l'abri des volets d'acier noir
Il y a du soleil dans la rue Moi j'aime bien la rue mais quand elle s'endort Et j'attends que le jour soit mort Et je vais rêver sur les trottoirs
Et l'soleil De l'aut' côté du monde Danse une valse blonde Avec la terre ronde, ronde, ronde, ronde Le soleil Rayonnant comme un faune Danse une valse jaune Pour ceux de l'autre ciel
Mais moi j'ai la nuit dans ma poche Et la lune qui accroche De l'ombre au coin des toits Je vois tous les songes qui volent En lentes banderoles Et se perdent là-bas
Et l'soleil Fait le tout de la terre Et revient sans s'en faire Et la rue se remplit de travail et de bruit Alors C'est là que j'me méfie...
Car il y a du travail dans la vie Moi j'aime pas l'travail mais j'aime bien la vie Et j'vais voir de quoi elle a l'air En f'sant gaffe de pas trop en faire
Y en a qui comprennent pas la vie Six heures du matin, ils sont déjà l'vés Ça fait vraiment un drôle d'effet Ça dégoûte presque autant qu'la pluie
Et l'soleil De l'aut' côté du monde Danse une valse blonde Avec la terre ronde, ronde, ronde, ronde Le soleil Rayonnant comme un faune Danse une valse jaune Pour ceux de l'autre ciel
Mais moi j'ai la nuit dans ma poche Et la lune qui accroche De l'ombre au coin des toits Je vois tous les songes qui volent En lentes banderoles Et se perdent là-bas
Et l'soleil Fait le tout de la terre Et revient sans s'en faire Et la rue se remplit de travail et de bruit Alors Moi je me mets au lit...
clmemont pilier
Nombre de messages : 941 Date d'inscription : 20/06/2006
Sujet: Re: Boris Vian Mar 07 Aoû 2007, 07:02
Ils cassent le monde En petits morceaux Ils cassent le monde A coups de marteau Mais ça m'est égal Ca m'est bien égal Il en reste assez pour moi Il en reste assez Il suffit que j'aime Une plume bleue Un chemin de sable Un oiseau peureux Il suffit que j'aime Un brin d'herbe mince Une goutte de rosée Un grillon de bois Ils peuvent casser le monde En petits morceaux Il en reste assez pour moi Il en reste assez J'aurais toujours un peu d'air Un petit filet de vie Dans l'oeil un peu de lumière Et le vent dans les orties Et même, et même S'ils me mettent en prison Il en reste assez pour moi Il en reste assez Il suffit que j'aime Cette pierre corrodée Ces crochets de fer Où s'attarde un peu de sang Je l'aime, je l'aime La planche usée de mon lit La paillasse et le châlit La poussière de soleil J'aime le judas qui s'ouvre Les hommes qui sont entrés Qui s'avancent, qui m'emmènent Retrouver la vie du monde Et retrouver la couleur J'aime ces deux longs montants Ce couteau triangulaire Ces messieurs vêtus de noir C'est ma fête et je suis fier Je l'aime, je l'aime Ce panier rempli de son Où je vais poser ma tête Oh, je l'aime pour de bon Il suffit que j'aime Un petit brin d'herbe bleue Une goutte de rosée Un amour d'oiseau peureux Ils cassent le monde Avec leurs marteaux pesants Il en reste assez pour moi Il en reste assez, mon cœur
clmemont pilier
Nombre de messages : 941 Date d'inscription : 20/06/2006
Sujet: Re: Boris Vian Mar 07 Aoû 2007, 07:03
Il a dévalé la colline Ses pieds faisaient rouler des pierres Là-haut, entre les quatre murs La sirène chantait sans joie
Il respirait l'odeur des arbres De tout son corps comme une forge La lumière l'accompagnait Et lui faisait danser son ombre
Pourvu qu'ils me laissent le temps Il sautait à travers les herbes Il a cueilli deux feuilles jaunes Gorgées de sève et de soleil
Les canons d'acier bleu crachaient De courtes flammes de feu sec Pourvu qu'ils me laissent le temps Il est arrivé près de l'eau
Il y a plongé son visage Il riait de joie, il a bu Pourvu qu'ils me laissent le temps Il s'est relevé pour sauter
Pourvu qu'ils me laissent le temps Une abeille de cuivre chaud L'a foudroyé sur l'autre rive Le sang et l'eau se sont mêlés
Il avait eu le temps de voir Le temps de boire à ce ruisseau Le temps de porter à sa bouche Deux feuilles gorgées de soleil
Le temps de rire aux assassins Le temps d'atteindre l'autre rive Le temps de courir vers la femme
Il avait eu le temps de vivre.
Boris VIAN, Chansons et poèmes, L'évadé
Moon Animation
Nombre de messages : 8306 Age : 34 Localisation : Seattle Date d'inscription : 16/12/2006
Sujet: Re: Boris Vian Dim 16 Sep 2007, 15:03
Quel magnifique hasard ! Ca fait des mois que je cherche qui a écrit ce poème, étudié en cours de français en seconde. Je ne m'en souvenais que très vaguement, pas suffisamment pour le retrouver. Merci
Seuguh pilier
Nombre de messages : 2575 Age : 46 Localisation : Bruxelles Date d'inscription : 17/05/2006
Sujet: Re: Boris Vian Ven 12 Oct 2007, 14:59
Johnny fais-moi mal!
Il s'est levé à mon approche Debout, il était bien plus p'tit Je me suis dit c'est dans la poche Ce mignon-là, c'est pour mon lit Il m'arrivait jusqu'à l'épaule Mais il était râblé comme tout Il m'a suivie jusqu'à ma piaule Et j'ai crié vas-y mon loup
Fais-moi mal, Johnny, Johnny, Johnny Envole-moi au ciel... zoum! Fais-moi mal, Johnny, Johnny, Johnny Moi j'aim' l'amour qui fait boum!
Il n'avait plus que ses chaussettes Des bell' jaunes avec des raies bleues Il m'a regardé d'un oeil bête Il comprenait rien, l'malheureux Et il m'a dit l'air désolé Je n'ferais pas d'mal à une mouche Il m'énervait! Je l'ai giflé Et j'ai grincé d'un air farouche
Fais-moi mal, Johnny, Johnny, Johnny Je n'suis pas une mouche... zoum! Fais-moi mal, Johnny, Johnny, Johnny Moi j'aim' l'amour qui fait boum!
Voyant qu'il ne s'excitait guère Je l'ai insulté sauvagement J'y ai donné tous les noms d'la terre Et encor' d'aut's bien moins courants Ça l'a réveillé aussi sec Et il m'a dit arrête ton char Tu m'prends vraiment pour un pauve mec J'vais t'en r'filer, d'la série noire
Tu m'fais mal, Johnny, Johnny, Johnny Pas avec des pieds... zing! Tu m'fais mal, Johnny, Johnny, Johnny J'aim' pas l'amour qui fait bing!
Il a remis sa p'tite chemise Son p'tit complet, ses p'tits souliers Il est descendu l'escalier En m'laissant une épaule démise Pour des voyous de cette espèce C'est bien la peine de faire des frais Maintenant, j'ai des bleus plein les fesses Et plus jamais je ne dirai
Fais-moi mal, Johnny, Johnny, Johnny Envole-moi au ciel... zoum! Fais-moi mal, Johnny, Johnny, Johnny Moi j'aim' l'amour qui fait boum!
Chanté par Magali Noël :
Utopie pilier
Nombre de messages : 11113 Date d'inscription : 12/06/2006
Sujet: Re: Boris Vian Ven 12 Oct 2007, 19:32
Je l'ai mais d'un autre interprète... je cherche
clmemont pilier
Nombre de messages : 941 Date d'inscription : 20/06/2006
Sujet: Re: Boris Vian Lun 05 Nov 2007, 17:22
QUAND J’AURAI DU VENT DANS MON CRÂNE
Quand j’aurai du vent dans mon crâne
Quand j’aurai du vert sur mes osses
P’tête qu’on croira que je ricane
Mais ça sera une impression fosse
Car il me manquera
Mon élément plastique
Plastique tique tique
Qu’auront bouffé les rats
Ma paire de bidules
Mes mollets mes rotules
Mes cuisses et mon cule
Sur quoi je m’asseyois
Mes cheveux mes fistules
Mes jolis yeux cérules
Mes couvre-mandibules
Dont je vous pourléchois
Mon nez considérable
Mon cœur mon foie mon râble
Tous ces riens admirables
Qui m’ont fait apprécier
Des ducs et des duchesses
Des papes des papesses
Des abbés des ânesses
Et des gens du métier
Et puis je n’aurai plus
Ce phosphore un peu mou
Cerveau qui me servit
A me prévoir sans vie
Les osses tout verts, le crâne venteux
Ah comme j’ai mal de devenir vieux.
Seuguh pilier
Nombre de messages : 2575 Age : 46 Localisation : Bruxelles Date d'inscription : 17/05/2006
Sujet: Re: Boris Vian Lun 05 Nov 2007, 17:54
Je bois Systématiquement Pour oublier les amis de ma femme Je bois Systématiquement Pour oublier tous mes emmerdements
Je bois N'importe quel jaja Pourvu qu'il fasse ses douze degrés cinque Je bois La pire des vinasses C'est dégueulasse, mais ça fait passer l'temps
La vie est-elle tell'ment marrante La vie est-elle tell'ment vivante Je pose ces deux questions La vie vaut-elle d'être vécue L'amour vaut-il qu'on soit cocu Je pose ces deux questions Auxquelles personne ne répond... et
Je bois Systématiquement Pour oublier le prochain jour du terme Je bois Systématiquement Pour oublier que je n'ai plus vingt ans
Je bois Dès que j'ai des loisirs Pour être saoul, pour ne plus voir ma gueule Je bois Sans y prendre plaisir Pour pas me dire qu'il faudrait en finir...
alfplv neophyte
Nombre de messages : 9 Date d'inscription : 13/01/2009
Sujet: Re: Boris Vian Mar 13 Jan 2009, 20:18
Je ne comprend pas le poème "pourquoi je vis" quelqu'un pourrait m'expliquer le sens.
Merci
Lîlâ pilier
Nombre de messages : 1598 Date d'inscription : 08/01/2009
Sujet: Re: Boris Vian Mar 13 Jan 2009, 20:38
Basiquement, j'y verrais une interrogation de Boris Vian sur la raison pour laquelle il vit dans un monde que l'on peut considérer comme sordide, aliénant, ou encore ennuyeux.
Réponse : parce qu'il y a des choses belles qui le méritent et qui valent que l'on continue ainsi.
Enfin ce n'est que mon avis.
Que tu es impatiente
La mort est passée ce soir-là Pour prendre un gosse de quinze ans Pour le serrer dans ses grands bras Et l'étouffer avec sa robe de jacinthes
La mort a couché ce soir-là Dans un lit d'une belle fille Pour une étreinte d'une fois Et n'a laissé que cendre froide et sans parfum
Que tu es impatiente, la mort On fait le chemin au devant de toi Il suffisait d'attendre Que tu es impatiente, la mort La partie perdue, tu le sais déjà Tout recommencera
Le soleil sur l'eau Tu n'y peux rien L'ombre d'une fleur Tu n'y peux rien La joie dans la rue Les fraises des bois Un sourire en mai Tu n'y peux rien
Un valse valse Tu n'y peux rien Un bateau qui passe Tu n'y peux rien Un oiseau qui chante L'herbe du fossé Et la pluie si lasse Tu n'y peux rien
La mort est revenue ce soir Avec sa robe d'iris noirs La mort est revenue chez moi On a frappé.. Ouvrez la porte... La voilà
Elle brûlait comme une lampe Dans une nuit près de la mer Elle brûlait comme un feu rouge A l'arrière d'un camion sourd sur les chemins
Que tu es impatiente, la mort...
Chantée également par Serge Reggiani (normal, vu qu'il a repris un bon nombre de textes de Vian...).
Moon Animation
Nombre de messages : 8306 Age : 34 Localisation : Seattle Date d'inscription : 16/12/2006
Sujet: Re: Boris Vian Mar 13 Jan 2009, 20:40
Lîlaaaaaaa ! Il a un devoir à faire sur le sujet !
Lîlâ pilier
Nombre de messages : 1598 Date d'inscription : 08/01/2009
Sujet: Re: Boris Vian Mar 13 Jan 2009, 20:45
C'est de la triche, ça, de ne pas le dire en posant la question !
Ma naïveté et ma bonté me perdront.
Bernique pilier
Nombre de messages : 2029 Localisation : complètement à l'Ouest Date d'inscription : 03/01/2008
Sujet: Re: Boris Vian Mar 13 Jan 2009, 20:46
La java martienne
En descendant de la fusée Je t'ai trouvée presque aussitôt Et je suis resté médusé Tu m'avais pris comme au lasso Je t'ai suivie sur la pelouse Tes tentacules autour du cou Et avec tes petites ventouses Tu m'as fait des baisers partout Les musiciens soufflaient sans trêve Dans leurs bazouks et leurs strapons Et cette musique de rêve Me perforait jusqu'au trognon J'évoquais des orgies superbes Des bacchanales dans les canaux Et pendant qu'on s'aimait sur l'herbe Je fredonnais ces quelques mots
C'est la java martienne La java des amoureux En fermant mes persiennes Je revois tes trois grands yeux Ça marse toujours, ça marse comme ça Oui saturne à tour de bras La java d'amour, martiale java Que j'ai dansée dans tes bras C'est la java martienne La java des amoureux Toutes tes mains dans les miennes Je revois tes trois grands yeux
On s'est aimés comm' dans un rêve Mais hélas j'ai dû repartir Et nos amours ont été brèves Chérie je voudrais revenir Ton nom me hantera sans cesse Pendant les longues nuits d'été Ton nom doux comme une caresse Porfichtoumikdabicroûté Un jour je monterai peut-être Chercher le fruit de nos amours Cet enfant bâti comme un hêtre Qui naquit au bout de huit jours En voyant amarsir son père Le chéri l'aimera beaucoup Et prendra pour courir lui dire Ses treize jambes à ses deux cous
C'est la java martienne La java des amoureux En fermant mes persiennes Je revois tes trois grands yeux Ça marse toujours, ça marse comme ça Oui saturne à tour de bras La java d'amour, martiale java Que j'ai dansée dans tes bras C'est la java martienne La java des amoureux Toutes tes mains dans les miennes Je revois tes trois grands yeux
Pour retrouver mon rêve Ma martienne aux trois yeux bleus Allons-y, mars ou crève Je remonterai-z-aux cieux
On remarquera chez Vian, la permanence du néologisme improbable, du jeu de mot laid et du zozottement aléatoire ...
Moon Animation
Nombre de messages : 8306 Age : 34 Localisation : Seattle Date d'inscription : 16/12/2006
Sujet: Re: Boris Vian Mar 13 Jan 2009, 20:53
Et oui Lîla...
Bernique
Citation :
On remarquera chez Vian la permanence du jeu de mot laid
Je vous mets un petit poème de Vian sur la poésie :
Un poète C'est un être unique A des tas d'exemplaires Qui ne pense qu'en vers Qui n'écrit qu'en musique Sur des sujets divers Des rouges ou des verts Mais toujours magnifiques.
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
Sujet: Re: Boris Vian Jeu 03 Déc 2009, 12:27
Je n'ai plus très envie
Je n'ai plus très envie D'écrire des poésies Si c'était comme avant J'en ferais plus souvent Mais je me sens bien vieux Je me sens bien sérieux. Je me sens consciencieux Je me sens paresseux.
Boris VIAN
C'est dans les cantilènes en gelée
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
Sujet: Re: Boris Vian Ven 04 Déc 2009, 19:33
ah si j'avais un franc cinquante la chanson qui ouvrait le Tabou !
rotko pilier
Nombre de messages : 69282 Date d'inscription : 26/12/2005
Sujet: Re: Boris Vian Sam 05 Déc 2009, 10:52
Chanson galante
Je voudrais te renverser Où tu sais Un pot de Khonfiture De groseilles de saison Ma Lison Bien rouges et bien mûres.
À coups de langues mutins Le matin Je prélèverai ma dose En tu prendras en retour Mon amour Ta ration de gyraldose
j'ai cru un moment que la gyraldose pouvait être une addiction à Paul Geraldy. Il n'en est rien. Il s'agit d'une lotion de toilette intime féminine.
Gyraldose, pour la toilette des dames
Spoiler:
Gyraldose est un antiseptique à usage externe destiné à « l'hygiène et à la toilette des dames ». Un médicament réservé aux femmes : on comprend le choix de la couleur rose bonbon pour les boîtes. En fait, Gyraldose existe sous deux formes : les comprimés (dans la petite boîte) et la poudre (dans la grande boîte)....
Sacré Boris ! toujours le sens du détail inattendu
Constance pilier
Nombre de messages : 1650 Date d'inscription : 01/10/2009
Sujet: Re: Boris Vian Mar 05 Jan 2010, 22:05
...
soussou pilier
Nombre de messages : 14224 Date d'inscription : 25/02/2007
Sujet: Boris Vian et un conte optismiste Jeu 28 Fév 2013, 19:40
Boris Vian et un conte optimiste.
"Il était une fois un prince beau comme le jour. Il vivait entre son chien et son cheval à l'orée d'un bois, dans un château aux murs gris et au toit mauve [...]. Il vivait solitaire et cette solitude affligeait ses jeunes ans. Une nuit qu'il passait à flâner dans on parc, alors que la lune, sa douce et souriante compagne (je croyais qu'il était seul) caressait d'un tendre regard (septembre comme du poulet) les sommets des grands arbres agités par une brise tiède et embaumée (merde! qu'il cause bien), il se prit à penser que la vie est amère quand il n'y a pas de sucre au fond. Une grande résolution s'empara de son cœur: "Partir: (c'est mourir un peu)"." Tels sont les premiers mots de ce conte loufoque qui mêle ingrédients traditionnels du genre (le prince charmant, son fidèle destrier et son acolyte, les princesses, les fées, les grottes magiques, les multiples combats à l'épée, les coffres au trésor...) et éléments tout à fait saugrenus (des scarabées qui parlent, des gnomes qui enlèvent des humains, des sorcières qui font du trafic de sucre...), pour le plus grand plaisir des petits et (surtout) des grands. Joseph, le prince charmant, parviendra-t-il au bout de ses nombreuses quêtes, résoudra-t-il les énigmes qui lui seront proposées, réussira-t-il à épouser une magnifique princesse, comme dans les autres contes? De péripéties en rebondissements, cette aventure ne sera en tout cas pas pour lui de tout repos...
C'est une œuvre de jeunesse rédigée pour amuser son épouse convalescente.Vian avait imaginé ce pastiche de conte de fées, mêlant tous les registres de langage, du plus soutenu au plus ordurier, tous les styles (du calembour à la poésie en passant par une écriture digne de Montaigne, orthographe comprise) et tous les clichés du conte de fées, qu'il réinterprète joyeusement et parodie avec talent.
Un livre très court (même présenté avec sa variante et son projet de suite) mais jubilatoire, où chaque phrase se termine dans un grand éclat de rire de l'auteur et du lecteur. On ne se prend pas au sérieux, et c'est ce qui fait tout le sel de ce conte de fées revisité, où les palefrois parlent et jouent, pour notre plus grand plaisir, à faire l'âne, où les princes charmants et leurs amis sont plus stupides les uns que les autres, où les sortilèges se font et se défont à vitesse grand V, où l'on goûte tout le piquant de la langue française grâce à des jeux de mots en pagaille ("il fut bien heureux et bien aise de rencontrer un limaçon (de cloche) (merle) (un l'enchanteur)", "On a gagné le grelot"...), le tout saupoudré d'un humour caustique permanent. Fous rires garantis (attention aux personnes qui tenteraient de le lire dans les transports en commun). C'est tellement drôle, tellement improbable et tellement bien écrit qu'on aimerait qu'il ne finisse jamais, tant les aventures de Joseph, de son ami Barthélémy et de son palefroi sont passionnantes. et amusantes.
Une œuvre de jeunesse certes, mais quelle œuvre! Quel talent déjà sensible dans ces lignes! L'absurde, l'illogisme, la stupidité dans toute sa splendeur ont enfin leur place dans la littérature grâce ce conte à l'égal des plus grands. Quoi qu'il en soit, nul doute qu'avec cette véritable perle d'humour et de cynisme, la convalescence de Mme Vian s'en est trouvée plus agréable. Au nom de toutes les moyennes personnes qui ont découvert ou découvriront ce conte,
Ysandre pilier
Nombre de messages : 18014 Age : 121 Localisation : sud ouest Date d'inscription : 25/06/2009
Sujet: Re: Boris Vian Jeu 28 Fév 2013, 20:55
mariaaaaaanne ! moi je suis une petite personne ! ni grande ni moyenne, mais je connais depuis longtemps ce conte. Impossible de le retrouver sur internet ! J'avais déjà lu l'écume des jours et je lisais de Vian tout ce qui me passait sous le museau ! j'aimerais bien relire son conte optimiste
soussou pilier
Nombre de messages : 14224 Date d'inscription : 25/02/2007
Sujet: Re: Boris Vian Jeu 28 Fév 2013, 21:56
J'ai pensé à toi, qui voulais un livre divertissant, tu dois pouvoir le trouver en bibliothèque,Ysandre, j'ai regardé ,il n'y a que les extraits de ce conte sur le net.
Un conte adapté au théatre, mis en scène par Marianne Feigner.
La parodie du conte surgit sous forme de cliché : une galerie de personnages propres au genre, allant du héros bellâtre, au palefroi, en passant par des trolls facétieux, des fées enrubannées et autres créatures des forêts et profondeurs. Mais tout prend vie dans notre imagination car, sur scène, ni décor ni costumes. Pour animer l’histoire, seuls apparaissent des accessoires saugrenus comme sortis mystérieusement d’une grande malle sans fond. Au moment où celle-ci s’ouvre le récit commence… Un drôle de narrateur prend place sous les feux de la rampe (si l’on peut dire… vous verrez par vous-mêmes !). Il fait défiler l’histoire, jouant à la fois avec le public et avec les personnages. Sur le fil ces derniers laissent entrevoir des faiblesses et hésitations toutes humaines, décapant le vernis du conte. Ils vont jusqu’à prendre les rênes de l’histoire, à laquelle ils impriment une cadence infernale. Les péripéties s’enchaînent, les mots fusent et l’humour va bon train même si le trait apparaît de temps à autre un peu forcé.
Quant aux cinq jeunes comédiens, ils évoluent sur la scène avec une fougue contagieuse. Sarah Cottereau notamment incarne à elle seule de multiples figures, maléfiques ou bienveillantes, auxquelles elle prête ses traits tour à tour malicieux ou inquiétants. Bousculant les règles du genre, cette pièce adaptée et mise en scène par Marianne Feignier fourmille d’idées. Néanmoins le rythme qui s’accélère à la fin rend le trait plus brouillon. On se retrouve alors face à de grands enfants dont on ne suit pas toujours les facéties. « Conte de fées à l’usage des moyennes personnes » n’en reste pas moins une pièce qui, par instants, tend vers le burlesque et titille les imaginaires et les zygomatiques les plus assoupis.
Ysandre pilier
Nombre de messages : 18014 Age : 121 Localisation : sud ouest Date d'inscription : 25/06/2009