Zamiatine [Russie]

Zamiatine, Seul, Rivages.

Traduit par Bernard Kreise.

Biélov vit l’enfermement, avec des bribes de pensée, obsessionnelles, qui font le tour de sa tête, comme lui fait le tour de sa cellule.

Quelle joie quand il peut, en tapant sur une canalisation, communiquer avec un autre détenu.! Quels rêves à lire ou à écrire une lettre à l’aimée.

Le silence, le vent, la solitude, l’inquiétude s’emparent de son esprit. Les bruits ? Ce sont trop souvent les pas de qui vient le chercher pour un interrogatoire, ou procéder à la fouille.

Zamiatine écrit en 1907 cette nouvelle qui tient du fantasme et du cauchemar. C’est par la détention, la destruction d’un homme par lui-même. L’antichambre de la folie.


je le rapprocherais volontiers de guillermo Rosales.

La couverture est une reproduction de Jawlovski, la jeune fille aux pivoines.

Citation :

Sept pas, sept pas. Les murs s’attroupent, se poursuivent. De vieilles inscriptions transparaissent. Des noms de gens oubliés, à moitié effacés, de poèmes affligés - sanglots del pierre froide.
Qui les a écrits ? Où sont-ils, où sont leurs tourments ?

Derrière la fenêtre - des cloches : elles sonnent, elles pleurent, quelque part au loin, on entend à peine.

Là-bas, au loin -le monde étrange énorme. Les gens -ils marchent , ils se dépêchent, ils parlent, ils s’abreuvent des pensées des uns et des autres. Les gens !

Le cœur martèle les murs froids, en suffoquant, il les cherche, comme de l’air…les gens !

Le calme... Un cercueil vide en bas. Les murs autour muets. A peine entend-on les cloches qui sonnent, qui pleurent : le matin déjà.

"Nous autres"
lecture commune

j'ai réussi (à grand peine!) à aller jusqu'à la moitié du livre

lLa traduction est spécialement mauvaise (le traducteur ne connaît qu'une couleur le "rose" ou "rosé")mais il réussit à la placer entre 2 et 5 fois par page (oui, j'ai compté)

Le sujet, bon au départ, qui semble-t-il a inspiré Orwell (et d'autres) a été largement dépassé -et en mieux-par ses émules.
C'est très "daté", lent, plein de redites;

Bref, une curiosité littéraire en tant qu'ancêtre mais c'est tout...

Nous autres
Je l'ai lu...
Je n'ai pas trop aimé et en plus je ne me souviens vraiment pourquoi? peut-être ces non-dits tout en disant mais sans dire ce qui se passe?
Il m'a semblé un brin opportuniste Zamiatine, mais je n'engage que moi

moi aussi j'ai opté pour nous autres pour la lecture commune.
Le récit à un petit côté suranné que j'aime bien et qui est pardonnable (écrit en 1920). Si les traits sont grossis dans ce récit, certains messages et interrogations ne sont pas inintéressants : intérêts et limite de l'individualité, relation à la nature...
Quelles grosses ficelles peu "vraisemblables" : comment les résistants peuvent embarquer dans le vaisseau de D-503 à l'insu de l'Etat ?
En revanche, le système "d'élections" et la justification donné par D-503 m'a beaucoup fait rire. Hélas, tout cela n'est pas qu'imaginaire...
Et puis ces hommes retournés à la nature et poilus...

Le personnage principal m'a paru un brin simplet (mais bon, c'est un homme à la base aussi)... sourire... mais à qui la faute ? à l'auteur ou à la société parfaite dans laquelle vit ce personnage ?
Je ne comprends pas très bien comment D-503, parfaitement formaté, peut faire chavirer le coeur de la belle résistante.
un mystère de la nature féminine ? la capacité féminine à voir au dela des apparences ? ;o)

En tout cas, mention spéciale pour le beau portrait de cette femme libre, et résistante (Zamiatine avait il un petit côté féministe ?) plus consistante que D-503. Certains auteurs seraient incapables aujourd'hui d'envisager une telle héroïne...
en revanche, la fin me déçoit, sans que je sache réellement définir pourquoi.

Pas beaucoup d'avis dites donc...

Et bien moi, j'ai bien apprécié ce roman qui m'a semblé avoir bien inspiré Huxley et Orwell (on retrouve les mêmes images, les mêmes idées d'un monde futuriste formaté et déshumanisé).
J'ai parfois eu du mal à suivre le personnage dans le méandre de ses réflexions et ses mouvements.

Ce livre pose de bonnes questions, et c'est assez impressionnant de constater qu'il a pû être écrit en 1920.

OUi Brume, il est vrai que l'on oublie qu'il a été écrit en 1920. Ce qui peut-être dans mon esprit, joue en sa défaveur?

Pour moi aussi: on a eu mieux depuis....

Nous autres, modèle de 1984 d'Orwell qui s'en est inspiré.

Bibliobs qui ne craint pas les ragots, quitte à les démentir ensuite, parle même de plagiat

Citation :

Ce qui est cocasse, c'est qu''Orwell avait alors remarqué l'influence que ce roman avait pu avoir sur «Le Meilleur des mondes» d'Huxley (une influence qu'Huxley a toujours niée du reste). Se doutait-il que lui-même allait fortement s'en inspirer pour «1984», paru trois plus tard ?

Finalement, comme dans les bons films, l'article réconcilie tout le monde, et reconnaît le mérite spécifique d'Orwell

J'ai fini hier soir "Nous autres".

En matière de dystopie, cela reste un livre intéressant, les éléments traditionnels sont là (conditionnement, contexte historique bien déterminé, Etat Déifié, ...). On peut même se demander, vu l'ancienneté du livre, si ce n'est pas l'une des premières références en la matière, ce que certains commentateurs semblent penser (influence sur Orwell).
Il y a un peu l'aspect science-fiction (évolution technique conséquente) qui ressort, mais il n'est pas déterminant.
Concernant l'originalité de l'histoire, je peux noter la narration qui est intéressante, car rédigée sous forme de notes. En revanche l'intrigue est plutôt pauvre, inachevée, ou insuffisamment développée. Je suis resté un peu sur ma faim. De plus on a assez peu d'action, l'auteur ne nous tient jamais en haleine.

Pour la fin je met un spoil.

Spoiler:

Pour conclure, ce fut plaisant sans plus.