Tchipette Animation
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| Sujet: Carlos Bauverd Jeu 24 Nov 2011, 18:59 | |
| Carlos Bauverd, né le 3 janvier 1953 à Madrid, est un sociologue et écrivain vaudois. Il est le fils de Jean-Maurice Bauverd qui fut un fasciste convaincu, participant au ministère de Goebbels. Après la guerre Jean-Maurice Bauverd fuit la Suisse et se réfugie dans l'Espagne franquiste. Il se marie et a un enfant, Carlos. Carlos Bauverd passe une partie de son enfance en Espagne puis la famille Bauverd retourne en Suisse où elle ne sera pas bien accueillie par le reste de la cellule familiale vaudoise. Après des études en sociologie à la Faculté des sciences sociales et politiques de l'Université de Lausanne, Carlos Bauverd s'engage dans l'action humanitaire, devient porte-parole du Comité international de la Croix-Rouge, puis haut-fonctionnaire à l'Organisation internationale du travail. En mai 2002, au lendemain du décès de son père, Carlos Bauverd commence la rédaction d'une lettre adressée à son père, relatant ce que fut leur difficile, douloureuse et presque impossible relation. La lettre posthume que Carlos Bauverd écrit à celui qui l'a élevé dans la haine est publiée par les éditions Phébus en 2003 sous le titre de Post mortem lettre à un père fasciste. | |
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| Sujet: Re: Carlos Bauverd Sam 26 Nov 2011, 11:28 | |
| Le père de Carlos Bauverd restera fasciste jusqu'à sa mort, du moins jusqu'à ce que sa raison vacille. Comment l'est-il devenu ? - Citation :
- Comme moi, tu as regardé ce lac, ces montagnes, ces coteaux de vignobles. Comme ton père, tu es né sur la terre de Ramuz et de Bocion. Tu as dû aussi t'émouvoir à l'approche du glacier, devant les gentianes et les ancolies des pâturages. Ton enfance s'est passée dans ce pays aujourd'hui disparu où il faisait bon vivre. N'as tu pas marché sur la mousse des forêts, au creux des chemins pierreux des alpes? Toi aussi, sans doute, tu connaissais les odeurs d'humus, l'orchis vanillé, le goudron après la pluie qui exhale son fumet âvre en volutes de vapeur, l'odeur acide des vendanges aux premières fermentations et l'haleine froide des caves remplies de pomme et de salpêtre.
Comment, ayant perçu tout cela, as-tu pu laisser la confusion te gagner ? Tu étais capable de t'émouvoir à la vue d'un chien boiteux, d'un oiseau blessé dans ses dernières palpitations, mais pas à celle de la misère humaine. Et la construction de l'identité du fils se fait par un chemin long et douloureux : - Citation :
- Je suis ton héritier, héritier devant l'éternité et la souffrance de ceux dont les âmes et les corps ont été broyés par l'ignominie. Certes, tu ne les as pas tués de tes mains si blanches, si peu manuelles. Tu n'as fait que penser et clamer la haine que tu leur as portée.
Son enfance baigne dans la haine : - Citation :
- J'ai passé mon enfance parmi des brochettes d'exilés réunis les fins de semaine et refaisant leur monde sordide, rêvant de fusiller tous ceux qui avaient eu la chance de leur échapper, jetant l'anathème sur kes Rouges, les Blancs, sur les Ricains, les Grands Bretons, sur les Résistants et sur les autres. Ils étaient plus grotesque que monstrueux. Cocasses et pathétiques paillasses, cruels et sinistres, ils de meuraient pourtant dangereux à évoquer leur révolution sociale fasciste qui devait être pour demain.
Un livre édifiant. | |
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