Jean-Pierre Spilmont, Sébastien.

éditeur : Fosse aux Ours

Vous avez aimé Poil de Carotte de Jules Renard, vous serez donc sensibles au récit de cet enfant mal aimé, un peu différent peut-être, à moins que le manque d’amour n’amène l’enfant à se recroqueviller sur lui-même. Il raconte lui-même les conversations dont il est l’objet. ( et non le sujet !)

Avant, j’étais à l école primaire des Mourcets dans la classe de Madame Vrégnant, la directrice. Une vraie garce. Elle était aux petits soins pour ma mère « cette pauvre madame Lefrançois qui n’a pas une minute à elle… ah ! Le commerce! Vous êtes pourtant si courageuse Armelle… Sébastien me donne du souci vous savez… on ne peut pas dire que votre garçon soir indiscipliné, ni trop bavard…j’aimerais même parfois qu’il le soit un peu plus… j’en parlais ce matin avec monsieur l’inspecteur… ce garçon est dans son monde. Il en sort quand il peut, je dirais même quand il veut ! Mais il ne vit pas souvent…on a l’impression que rien ne l’intéresse.. Ne me regarde pas comme ça Sébastien… Ce que je dis est vrai et il faut que ta maman le sache.. Tu devrais prendre modèle sur Katia, elle travaille bien, Katia… »

Les lamentations de madame Vrégnant ont duré toute l’année. La nuit, parfois, il m’arrivait de rêver qu’elle ne viendrait pas en classe le lendemain. Qu’elle était malade. Ou pire.

le texte en exergue donne le ton

Citation :

" À l'école primaire, quand j'avais sept ans, il m'est arrivé un incident étrange. À la suite d'une insolation, j'ai perdu la mémoire. Je suis resté pendant six mois en état de choc, ne me souvenant plus que d'une grande lumière, puis je suis brusquement redevenu normal. Pendant toute cette période, on m'avait mis dans une section spéciale de mon école, réservée aux élèves déficients mentaux. Nous étions huit, et devions porter un uniforme noir, alors que les élèves normaux étaient habillés en blanc. Quand je me suis comme réveillé, on m'a redonné l'uniforme blanc, et les élèves considérés comme débiles m'ont demandé : "Mais qu'est-ce que tu fais là, habillé en blanc comme tous ces cons ?"

Hugo Pratt.

Sebastien est placé dans un collège "spécial" : le regard qu'on lui jette l'examine, c'est un regard coupant "comme un opinel", dit-il.

Il faut l'écouter :

Citation :

"Lui, il recevait tout ça comme si c'était naturel, quotidien, normal.

Comme s'il croyait qu'il était né pour qu'on lui pisse dessus et qu'il en avait l'habitude".