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 Sofi Oksanen [Finlande]

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Astazie
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Astazie


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MessageSujet: Re: Sofi Oksanen [Finlande]   oksanen - Sofi Oksanen [Finlande] - Page 3 EmptyVen 14 Oct 2011, 08:17


oksanen - Sofi Oksanen [Finlande] - Page 3 Stalin10

Quatrième de couverture

Les « vaches de Staline », c’est ainsi que les Estoniens déportés désignèrent les maigres chèvres qu’ils trouvèrent sur les terres de Sibérie, dans une sorte de pied de nez adressé à la propagande soviétique qui affirmait que ce régime produisait des vaches exceptionnelles. C’est aussi le titre du premier roman de Sofi Oksanen, dont l’héroïne, Anna, est une jeune Finlandaise née dans les années 1970, qui souffre de troubles alimentaires profonds. La mère de celle-ci est estonienne, et afin d’être acceptée, cette femme a tenté d’effacer toute trace de ses origines, et de taire les peurs et les souffrances vécues sous l’ère soviétique. Ne serait-ce pas ce passé qui hante encore le corps de sa fille ?
Sofi Oksanen fait preuve d’une grande puissance d’évocation quand elle décrit les obsessions de ces deux femmes. Il y a la voix d’Anna qui tente de tout contrôler, son corps, les hommes, et le récit plus distant de la mère qui se souvient de la rencontre avec « le Finlandais », à Tallinn, dans les années 1970, sous un régime de terreur et de surveillance.

Mon avis

Sofi Oksanen a écrit ce premier livre avant " Purge". Celui-ci fut traduit ensuite. Elle met en scène deux femmes, Katarina et Anna, dont les histoires se passent soit en Estonie, soit en Finlande. Ce livre se décompose en trois parties, avec des flasbacks entre présent et passé.

Katarina , Estonienne est marié à un finlandais qu'elle suit dans son pays.. Son mari part travailler en Russie. ils ont une fille, Anna . Katarina veut que sa fille soit une " vraie finlandaise".
Elle souffre de déracinement, elle vit dans un pays riche alors que sa famille est encore en Estonie, dans un pays où toutes les denrées ne sont pas accessibles.Quand elle peut, elle passe des produits cachés en Estonie.

Anna est une adolescente complexée, qui souffre de graves troubles alimentaires, la "boulimarexie", terme qu' elle utilise pour son état. Elle est obsédée par ses kilos. L'état d'esprit d' Anna , ses moindres faits et gestes ,sont décrits avec minutie. Entre ses crises de boulimie, et ses vomissements, la vie d' Anna s'écoule.
Le lecteur n'est pas épargné par ses ressentis.
La souffrance d' Anna est perceptible.L'adolescence est là, ses premières amours , ses premiers rapports sexuels, toujours cette recherche sur elle-même. Sa mère ne veut pas qu'elle apprenne l' estonien, et pourtant elle contourne cet interdit.

" Est-ce que c'était de la peur que provenait la honte, quand tout ce qui m'était limpide et naturel devait être caché sans que j'en comprenne véritablement la raison?"


Sofi Oksanen aborde dans ce roman, des thèmes qui lui sont chers sur l'identité, les femmes, et l' Histoire. J'ai apprécié ce roman, plus que "Purge".Je continuerai de suivre cet auteur, qui nous relate également une partie de l' Histoire de pays , comme l Estonie ou la Russie que nous ne connaissons pas.
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Bridget Jones
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MessageSujet: Re: Sofi Oksanen [Finlande]   oksanen - Sofi Oksanen [Finlande] - Page 3 EmptyVen 14 Oct 2011, 11:00

Il y a un autre aspect intéressant dans ce roman (cette autobiographie...?), ce sont les rapports tendus et bizarres entre Finlandais et Estoniens, surtout du temps du bloc soviétique.

Avec les accords de Yalta, la Finlande a pu rester à l'ouest, l'Estonie à l'est, englobée dans l'URSS. Les deux cultures sont sans doute très proches, en tout cas, leurs langues le sont. Les Estoniens arrivaient à capter la télé finlandaise, sans le son, mais les sous-titres en finnois leurs permettaient de suivre les séries américaines, totalement interdites et censurées, évidemment, dans tout le bloc soviétique. L'URSS a même accusé la Finlande de faire de la propagande et de vouloir déstabiliser l'Estonie, à cause des publicités de supermarché, avec de la saucisse en promotion etc... Pour les Estoniens, la Finlande était un véritable pays de Cocagne. Les rapports sont maintenant inversés, les Finlandais vont en Estonie se faire faire des lunettes ou faire des cures thermales. Les Estoniennes viennent "gagner leur vie" en Finlande, si vous voyez ce que je veux dire.... Suspect

La frontière entre les deux pays était aussi hermétique qu'avec tous les autres pays du bloc de l'est. Les Finlandais ont construit beaucoup d'hôtels en URSS, ce qui explique la façon dont la mère de la narratrice a rencontré son mari.

Le fait de passer à l'ouest devait représenter un eldorado pour Katarina, en fait, ça devient un enfer car elle ne peut pas être elle-même. Etre Estonienne en Finlande est bizarre, voire suspect. De plus, certaines personnes cherchent un peu trop à devenir son amie, à faire en sorte que les fillettes deviennent amies. Ca sent le KGB à plein nez, paranoïa etc.

Ca explique sans doute pourquoi Sofi Oksanen a un look aussi explosif: toute son enfance, elle a dû essayer d'être invisible, ne surtout pas attirer l'attention, masquer ses origines estoniennes, alors maintenant, elle se lâche.

Je suis restée en plan au milieu du livre, je le trouve terriblement répétitif. J'essaierai de m'y remettre un jour.....
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Astazie
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MessageSujet: Re: Sofi Oksanen [Finlande]   oksanen - Sofi Oksanen [Finlande] - Page 3 EmptyVen 14 Oct 2011, 12:18

Merci pour cet éclaircissement concernant les deux pays ; Finlande et Estonie.

Je me suis demandée quelle est ou non la part d' autobiographie dans ce roman ?

Sofia Oksanen, était -elle comme son personnage une boulimique , avec des tendances anorexiques ..???
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Dindon
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MessageSujet: Re: Sofi Oksanen [Finlande]   oksanen - Sofi Oksanen [Finlande] - Page 3 EmptyVen 14 Oct 2011, 13:09

Mais en ce qui concerne la construction du roman, est-ce aussi labyrinthique que Purge ?

Il m'a bien fallu 80 pages pour y voir clair !
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Astazie
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MessageSujet: Re: Sofi Oksanen [Finlande]   oksanen - Sofi Oksanen [Finlande] - Page 3 EmptyVen 14 Oct 2011, 17:08

J'y suis rentrée tout de suite, les premières lignes te plongent dans le vif du sujet ......
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Coffeee
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MessageSujet: En livre de poche   oksanen - Sofi Oksanen [Finlande] - Page 3 EmptyMer 08 Fév 2012, 11:54

Purge sort en livre de poche aujourd'hui en France. A lire!
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Amadak
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MessageSujet: sofi Oksanen   oksanen - Sofi Oksanen [Finlande] - Page 3 EmptyJeu 09 Fév 2012, 13:32

Purge, il fait partie des livres qu'on m'a apportés de Paris et bien d'autres que j'avais demandé et pas encore lus; mais ils sont là a l'attente. On m'a fait cadeau du llivre de Almuneda Grandes " le coeur glacé" 1241 pages, et je ne pouvais pas arrêter la lecture, En espagnol, bien sûr , l'histoire véridique de deux familles et de deux Espagnes, don l'une nous laisse le coeur glacé. Un livre incontournable à relire
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MessageSujet: Re: Sofi Oksanen [Finlande]   oksanen - Sofi Oksanen [Finlande] - Page 3 EmptyJeu 09 Fév 2012, 13:34

C'est comment la vie à Buenos Aires? Nous sommes voisines, je suis sur la côte est des us!

Y hablo un poquito de espanol!
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Amadak
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MessageSujet: pour Coffee   oksanen - Sofi Oksanen [Finlande] - Page 3 EmptyJeu 09 Fév 2012, 14:41

Où est-ce que tu habites? je n'ai pas compris.
la vie à Buenos Aires est belle, si on laisse de côté sujet politique, mauvais et corruption totale. Mais nous avons une vie culturelle comblée ,théatres, spectacles gratuits aussi, les gens achetent des livres, musique , les restaurants il y en a beaucoup et toujours pleins de monde, les cafetería sont aussi nombreuses et nous les femmes nous pouvons aller où il nous plaise, Mais je crains que prochainemement à cause de la mauvaise politique ,tout ce bien -être va changer.
Chère Coffe "vamos de mal en peor"
réponds-moi, je t'en prie
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MessageSujet: Re: Sofi Oksanen [Finlande]   oksanen - Sofi Oksanen [Finlande] - Page 3 EmptyJeu 09 Fév 2012, 14:44

Vivo près de Washington...
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MessageSujet: Re: Sofi Oksanen [Finlande]   oksanen - Sofi Oksanen [Finlande] - Page 3 EmptyJeu 09 Fév 2012, 15:22

Coffee a écrit:
Purge sort en livre de poche aujourd'hui en France. A lire!

super ! Je le note dans mon panier ! siffle
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Amadak
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MessageSujet: pour Coffee   oksanen - Sofi Oksanen [Finlande] - Page 3 EmptyJeu 09 Fév 2012, 17:37

un poco lejos de la Argentina, ya pensaba que nos podràmos ver


une petite explication pour les gds, comme Coffee m'avait dit qu'elle était voisine j'avais p bye ensé que c'etait près de chez moi, mais elle vit à Washington, un peu loin de l'Argentine bye
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soussou
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MessageSujet: Re: Sofi Oksanen [Finlande]   oksanen - Sofi Oksanen [Finlande] - Page 3 EmptyLun 20 Mai 2013, 11:31

Après "Purge", Sofi Oksanen revient en force
Guy Duplat

Mis en ligne le 20/05/2013

L’excellent roman “Quandles colombes disparurent” prolonge le terrible huis clos de “Purge”.
Sofi Oksanen fut la révélation littéraire de 2010. Elle avait à peine 33 ans et avait déjà à son actif un triomphe mondial avec son formidable roman "Purge" (Stock), prix Fémina, vendu à plus d’un million d’exemplaires et traduit en une quarantaine de langues. De plus, son look gothique-punk en faisait une vedette médiatique. Habillée tout de noir, dreadlocks mauves, cheveux rouges, maquillage rouge et fines lunettes, on la voit de loin.

Sofi Oksanen est née en 1977 à Jyväskylä, "Alvar Aalto city", dit-elle, du nom du grand architecte finlandais. Elle publie aujourd’hui son nouveau roman, "Quand les colombes disparurent". L’an dernier, on avait publié d’elle un roman de jeunesse, "Les Vaches de Staline", mais qui n’était qu’un brouillon de "Purge". Ici, on a un roman très abouti, formidable et prenant.

"Purge" était un huis clos terrible entre deux femmes dans une ferme d’Estonie, sur fond de 50 ans d’une double occupation, nazie puis soviétique, de ce petit pays que bien peu de lecteurs connaissent. Un roman marqué aussi par la question de la violence faite aux femmes, violence sexuelle devenue une arme de guerre (un sujet longtemps tabou), une violence qui continue aujourd’hui en Russie, sous forme de prostitution forcée.

"Quand les colombes disparurent" poursuit en quelque sorte le récit en se focalisant cette fois sur les hommes. Que faisaient-ils dans ces périodes troublées, dans la clandestinité des forêts ou la jungle des villes ? Le roman parle aussi de l’occupation allemande de 1941 à 1943, un thème qui nous est plus proche. Un roman qui montre comment l’Histoire et la politique, pendant tant d’années, occupèrent totalement les esprits pour les formater et les détruire.

Que firent les hommes ?

On suit les destins croisés et dramatiques de deux cousins, Roland et Edgar. En 1941, ils ont tous deux déserté l’Armée rouge pour rejoindre les rangs des "Frères de la forêt" qui, dans tous les pays baltes, combattirent pour l’indépendance. Mais leurs chemins, ensuite, bifurquèrent.

Si Roland resta fidèle à son idéal, combattant toutes les occupations, la soviétique comme l’allemande, perdant en chemin sa chère Rosalie assassinée de manière mystérieuse, Edgar, lui, est un opportuniste qui voit dans les tourments de l’Histoire des chances à saisir. Il change son nom en Eggert Fürst, devient un serviteur zélé des nazis et les aide à connaître les sentiments des Estoniens et à "régler la question juive". Quand les Russes reviennent et chassent les Allemands, il parvient à nouveau à retourner sa veste sous le nom de Parts et à devenir un auxiliaire tout aussi zélé du KGB dans la recherche des Frères de la forêt et des ex-collabos allemands.

"Certes, nous dit Sofi Oksanen, je parle des hommes cette fois, mais n’oubliez pas le personnage de Juudit, la femme délaissée d’Edgar, qui trouve l’amour dans les bras d’un officier allemand et qui finit sa vie enfermée dans un hôpital psychiatrique. C’est, pour moi, mon plus fort personnage."

Va-et-vient

Sofi Oksanen avance dans son récit avec l’habileté d’une grande pro. Des chapitres courts et incisifs font passer sans cesse de l’époque de l’occupation allemande (1941 à 1943) à celle des Soviétiques en 1963, et inversement. Elle ménage le suspense (on ne dévoilera pas les surprises du roman et la cause du meurtre de Rosalie). Elle prépare ses effets. Et elle combine un roman naturaliste avec une belle finesse psychologique et historique.

Naturaliste est la description de la campagne avec ses bruits, ses odeurs, son archaïsme, ses bois humides, suintant la peur. L’écriture d’Oksanen sollicite les cinq sens. Et en face de cela, il y a Tallinn, la capitale. L’auteure explore, cette fois, de nouvelles atmosphères (champs de bataille, bureaux, ville). "Mais la campagne reste très présente. Il ne faut pas oublier que le dernier Frère de la forêt ne fut abattu par les Soviétiques qu’en 1980 seulement ! Et dans ce huis clos oppressant, se dévoilent petit à petit les caractères d’Edgar, de Roland et de Juudit. La guerre change les hommes, créant la peur et la schizophrénie. Elle fait du brain washing, du lavage de cerveau. Ce qu’on a connu si longtemps en Estonie doit se retrouver aujourd’hui en Irak ou en Syrie."

"Quand les colombes disparurent" donne une image de l’Estonie qu’on a trop longtemps voulu occulter. Une nation foulée aux pieds par cinquante ans d’occupation.

"Mon propre grand-père maternel résista aux Soviétiques alors que mon grand-oncle collabora avec eux. Les procès de cette époque n’ont pas vraiment eu lieu. Par beaucoup de côtés, la longue occupation soviétique fut pire encore que l’allemande : plus de déportés, plus de morts, des dégâts sur l’environnement dont on n’a mesuré l’ampleur que lorsque les Soviétiques sont partis, des mines laissées à la frontière. Les Russes qui ont été forcés d’émigrer en Estonie et qui ont souvent collaboré avec l’autorité soviétique, voire le KGB, sont toujours là, car ils ne peuvent revenir dans un pays qui, entre-temps, a implosé !"

Dans "Quand les colombes disparurent", la différence entre les bourreaux et les victimes, entre les héros et les collabos, est mince comme le fil d’une vie. On peut être l’un ou l’autre sur un coup de dés, un jour du côté des oppresseurs et, le lendemain, brisé parmi les victimes. En Estonie, chaque famille connaît des frères et des sœurs qui ont opté pour les uns ou les autres. Que signifient la culpabilité et le courage quand l’Histoire est si implacable ?

Le combattant de la forêt est-il un nationaliste comme le dit le mythe estonien, ou un national-socialiste comme le décrétèrent les Russes ? Parfois les deux à la fois. L’arrivée des Allemands chassant les Soviétiques en 1941 fut vécue comme une libération par une grande partie de la population, écrasée par le joug soviétique.

Et comment juger Juudit et son amour pour l’officier Helmuth ? À cette époque, les femmes restaient seules et une enquête au Danemark a montré que, durant la guerre, plus de 50 % des femmes trouvaient les Allemands plus séduisants que les Danois.

Marguerite Duras

Les romans de Sofi Oksanen - comme "Les Bienveillantes" de Jonathan Littell et, tout dernièrement, le livre de l’historien anglais Keith Lowe sur "L’Europe barbare" - nous dévoilent l’histoire de l’Europe de l’Est pour laquelle la Seconde Guerre mondiale ne s’acheva pas en 1945 mais se prolongea bien au-delà.

Ce nouveau roman clôture, dit-elle, un triptyque avec l’histoire de l’Estonie en toile de fond. "Malgré la chute du mur, celui-ci, en réalité, est toujours là dans les têtes, à l’Est comme à l’Ouest, d’autant que les pays de l’Est ont montré toute leur fragilité dans la crise économique. J’ai toujours été passionnée par l’Histoire, et l’Estonie a l’avantage de montrer encore les strates du passé. On y voit des églises du Moyen Âge à côté de bâtiments 1900 ou contemporains. Alors qu’en Finlande, presque tout a été bâti au XXe siècle."

Est-ce son but ? "Oui, je veux rendre les gens plus conscients de ce qui se passe dans les ex-pays de l’Est. Ils ne connaissent pas leur histoire et si on ne les comprend pas, cela peut influencer les autres pays européens, ne fût-ce que par la persistance du crime organisé dans plusieurs de ces pays."

Veut-elle vaincre une sorte de racisme à l’égard de ces pays ? "Certainement, mais pas chez tous les lecteurs, heureusement."

L’Estonie est si proche mais si méconnue. Pendant 50 ans, nous n’avons pas voulu voir la double occupation soviétique et allemande que ce petit pays a subie. Les cicatrices de tant de morts et de déportés sont toujours douloureuses. Il y a quelques années, un diplomate belge nous disait avoir reçu une demande d’interview d’une journaliste locale sur Léon Degrelle. Et quand il la rencontra, celle-ci lui fit tout un discours à la gloire du collaborateur belge, vu par certains, en Estonie, comme un héros de la lutte contre les Soviétiques. Cette histoire douloureuse est le terreau des romans d’Oksanen.

Sofi Oksanen est très soucieuse de son style. Elle explique qu’elle aime la langue française qu’elle continue à apprendre en lisant Duras dans le texte : "J’adore, nous dit-elle, les romans de Marguerite Duras que je tâche de lire en français pour me perfectionner. Je me souviens de cette phrase tirée, je pense, de L’Amant , où elle écrit : ‘Hélène, elle, elle est belle’. Quelle musicalité dans les mots. De plus, elle a remarquablement parlé des sentiments post-coloniaux au Vietnam. Cela m’inspire."

Sofi Oksanen, "Quand les colombes disparurent", traduit du finnois par Sébastien Cagnoli, Stock, 400 pp.
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Amadak
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MessageSujet: sofi Oksanen page5   oksanen - Sofi Oksanen [Finlande] - Page 3 EmptyMar 21 Mai 2013, 21:57

Merci Soussou, quel magnifique article; J'ai en Français "Purge" pas encore lu. Si celui dont on parle" quand les colombes disparurent" a la même puissance, il faudrait le lire à la suite de Purge.C'est vrai que la guerre pour ces pays n'a pas finie en 1945. Je vais voir si je trouve en Espagnol: Purge est dans nos librairies, mais je préfère lire en Français, comme Sofi, j'aime voir comment c'est écrit, et Apprendre!!!
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MessageSujet: Re: Sofi Oksanen [Finlande]   oksanen - Sofi Oksanen [Finlande] - Page 3 Empty

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