En lisant "Le corps féminin au XVIIIème et XIXème siècle" de Philippe Perrot (Né à Genève en 1950 où il y est chargé d'étude à l'université) - très bien écrit du reste - je suis arrivé à un passage fort intéressant de par sa réflexion en notre vie sociale.
L'auteur fait une belle analyse philosophique, certes avec un poncif mais très bien formulée (Se référant notamment aux
Confessions de Rousseau).
Il nous dit qu'être sincère avec soi et les autres, dire les mots que l'on pense, ceux de notre âme, ne veut pas dire être mieux compris des autres...
- Citation :
"C'est l'expérience tragique du sens donné aux gestes ou aux mots, qui sitôt exprimés n'appartiennent plus à leur auteur. Ce qu'il fait, ce qu'il sent, ce qu'il pense sera interprété malgré lui, donc contre lui. Ce qui était évidence immédiate lui revient méconnaissable et faux."
En effet, n'avez-vous jamais fait l'expérience que l'on déforme vos propos pourtant sincères dans un sens totalement contraire à vos sentiments...?
N'avez-vous jamais fait l'expérience que quoi que vous disiez, on ne croira jamais vos mots alors que vous êtes totalement sincère, mais que cette sincérité ne sera jamais crue...?
En fait, je pense que cela dépend beaucoup du rapport entre deux êtres.
Si tous deux se font confiance et ont une profonde estime l'un pour l'autre, l'incompréhension de cette nature est par essence presque impossible.
Par contre, que l'un ait un jour un doute profond sur la sincérité de l'autre et par la suite, ce petit doute continuera à soupeser les paroles prononcées, les intentions inavouées (même si elles sont en vérité inexistantes).
Pis encore, si vous avez des griefs contre quelqu'un, toute votre vision de l'autre sera faussée par ces derniers, vous ne croirez plus que ce qui est conforme à la nouvelle vision (peu amène, bien entendu) que vous vous imposez de l'autre... Deviendrez sourd à tout ce qui peut porter à démentir cette nouvelle vision sombre et attacherez, au contraire, une importance exagérée au moindre détail (quitte à tout déformer pour le créer) qui pourrait l'étayer...
En somme, je trouve cela triste que la nature humaine fait qu'en certaines humeurs nous ne voyons plus les autres en ce qu'ils sont mais en l'image fausse que nous avons crées et que nous défendons cette caricature d'autrui jusqu'à mentir à notre propre raison, à nos propres sentiments, jusqu'à mentir à nous même.