Rousseau

Rousseau, le voile déchiré

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J'ai du plaisir à lire cet ouvrage, non pour l'écriture qui a parfois des maladresses, mais pour le sujet  et la façon de l'aborder. Bernardin de Saint-Pierre sert à la fois d'acteur et d'écouteur.

Acteur, il découvre Paris et les salons, nous des liens avec Julie de Lespinasse, et par suite avec les philosophes, notamment d'Alembert et Diderot, Grimm et quelques autres. Il découvre ainsi "l'esprit du monde", les clans et les coteries, avec les intrigues et les médisances.

Il voit aussi le Paris quotidien, populaire et râleur, "pré-révolutionnaire", pourrait-on dire.

Ecouteur, il apprend de Rousseau les griefs que les philosophes ont contre lui, et la version de Rousseau sur les épisodes avec Mme d'Epinay ou à Londres avec le philosophe Hume. Tout ce petit monde correspond régulièrement, etil ne faut pas s'étonner si Rousseau, d'abord exilé volontaire devient un banni, qu'il s'agit de déconsidérer.

Rousseau, le voile déchiré

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Le livre est clairement en faveur de Rousseau, et les citations en exergue, si méchantes, si agressives, traduisent un véritable acharnement contre l'écrivain. Les mésaventures de B. de Saint-Pierre dans ce récit de fiction corroborent la thèse du complot, que l'interdiction des oeuvres de Rousseau confirme, ainsi que l'existence des écrits de Grimm (correspondance littéraire) et des pamphlets de Voltaire.

Henri Guillemin a d'ailleurs montré l'acharnement du patriarche de Ferney. L'influence de Rousseau, comme lui-même le prévoyait, est plus grande en matière de politique (le contrat social) et d'éducation (l'Emile)que la pluspart de ses contemporains, y compris dans d'autres domaines (idée de progrès, sobriété vs luxe).

En gros on a reproché à Rousseau une affectation de pauvreté qui n'était pas feinte, ainsi que le refus des générosités (pensions et rentes) des grands que de moins délicats ont sollicitées et obtenues. La question religieuse, Rousseau se convertissant au protestantisme qu'il avait renié un temps au profit du catholicisme a aussi joué un rôle.

Entre ces gens fortunés (Voltaire, Helvetius, d'Holbach) et Rousseau de modeste origine, la mésentente repose aussi sur des clivages sociaux.

Il était question au début du fil de la postérité supérieur de Rousseau par rapport aux autres lumières, qui se constatait notamment dans l'enseignement secondaire, et des raisons de cette postérité.

En discutant l'autre jour avec mon prof de littérature après un oral, il m'a affirmé qu'on sous-estimait beaucoup l'influence de Rousseau sur la littérature et la philosophie du début du 19ème/fin 18ème. Selon lui, c'est limite si tout écrivain et tout philosophe de cette époque ne se plaçait pas toujours en rapport avec la nouvelle Héloïse ou l'Emile. Les rêveries me paraissent aussi contenir a l'avance toutes les caractéristiques du romantisme qui viendra plus tard.

C'est peut-être cette influence, que les autres n'ont pas, qui explique que Rousseau soit privilégié par rapport à Voltaire ou Diderot.

ton prof a raison, Rousseau est encore sous-estimé, ce n'est pas moi qui dirai le contraire, encore que je n'aie pas tout lu.

"je suis tombé par terre
c'est la faute à Voltaire !
le nez dans le ruisseau
c'est la faute à Rousseau"

Joie est mon caractère
c'est la faute à Voltaire
misère est mon trousseau
c'est la faute à Rousseau ...."

la chanson de Gavroche