Romain Gary

Tu as de la chance Amadak de pouvoir découvrir La vie devant soi c'est un très beau livre.

Je viens de commander " La vie devant soi". A force d'entendre les critiques élogieuses de ce livre, je ne pouvais que me le procurer.

Première lecture pour moi de Ajar- Gary, belle surprise que cette vie devant soi, Ajar réussi le tour de force de faire un roman melting pote inter- générationel. Un mélange de fausse naiveté, de réflexions douces et améres sur la vie, la mort, le destin. Un agréable moment de lecture. J'ai un peu été gêné par le style, de la part d'un Goncourt je m'attendais à une oeuvre très académique. Il n'en est rien. J'ai parfois vu planer l'ombre du petit prince sur ce livre. De bon sentiments, de belles émotions, dit Rosa dessine moi un momo ...

bonjour Albert et les autres grains. Je viens de subir une terrible déception, j'ai lu plusieurs de Romain Gary et j'etais sûre d'avoir dans ma bibliothèque "la vie devant soi" à lire. je le cherche et c'est un autre "à l'ombre de soi" d'un auteur d'origine Algérienne Karim Sarroub. Je regrette beaucoup de m'être trompée.

Exposition "Romain Gary, des "Racines du ciel" à "La Vie devant soi"", 3 décembre-20 février 2011, Musée des lettres et manuscrits, 222, bd Saint-Germain, Paris 7e.

Y sont présentés desmanuscrits, notamment ceux du Charlatan (inédit), de Chien blanc, de Gros-Câlin, de La Vie devant soi, de Clair de femme, de La nuit sera calme.

Sa manière de travailler est aussi montrée, grâce à des extraits de sa documentation, des articles de journaux, des pièces manuscrites ou photocopiées, disposés à côté des textes originaux. Dans une vitrine, sont ainsi exposées les neuf versions du premier chapitre des Enchanteurs

dit le Monde qui ajoute :

Citation :

l'écrivain affectionnait les masques. Dans toutes ses vies (aviateur, diplomate, réalisateur de cinéma...), il a en effet usé de nombreux pseudonymes : Romain Gary, Fosco Sinibaldi, Shatan Bogat, Emile Ajar. Dans La Promesse de l'aube, son roman le plus célèbre, il regrette même de ne pas avoir trouvé "de Gaulle" - dont il fut le compagnon à Londres en 1940 -, mais avec un seul "l", bien sûr. Il écrit aussi en plusieurs langues, en français et en anglais, tout en sachant parler le russe, le polonais, le lituanien.

Merci pour l'info rotko, je vais essayer d'aller y faire un tour.

Idem pour moi, j'irai bien faire un tour et voire de plus près ce que cette expo nous propose!

Régulièrement, j'ai besoin de revenir à cette source qu'est Romain Gary pour moi. Comme je le disais un peu plus haut, cet auteur est tout en haut de mon panthéon personnel, l'un des seuls dont j'ai envie de lire plusieurs fois les livres, en étant sûre d'y redécouvrir de la poésie et de la profondeur à chaque fois.

Et comme il a pas mal écrit, malgré tout, j'ai encore quelques premières lectures à faire! Je suis d'ailleurs en ce moment même en train de finir "Les Racines du Ciel". Cette histoire de héros idéaliste, qui se met en tête de sauver les éléphants en Afrique, je la comprends comme une description extrèmement juste de la lutte entre deux facettes de l'humanité: sa bassesse et sa dignité. L'Homme capable du pire et du meilleur, la médiocrité face à la grandeur d'âme...

C'est pour moi tout cela que l'on retrouve dans ce roman et c'est un thème récurrent chez l'auteur. C'est ce que j'apprécie autant, je crois, chez lui: il est à la fois extrêmement lucide sur l'Homme et sa nature, d'un cynisme parfois grinçant, et en même temps, d'un optimisme, d'une foi en l'humanité indestructible malgré lui. C'est comme si malgré toute sa raison, il ne pouvait se résigner à désespérer de l'homme, de l'humanité. Comme son héros dans Les Racines du Ciel, finalement.

Quant à sa description des prémices de l'écologie et des problèmes politiques du continent africain, elle est parfois extraordinairement visionnaire, pour un roman écrit au milieu des années 50!

Bref, je serais curieuse de savoir ce que vous en avez pensé, pour ceux d'entre vous qui ont lu ce roman!

bonsoir, ce post va rendre content Albert : je me suis inscrite à la biblithèque de l'Alliance Française de buenos Aires. Bien entendu ils ont tous les classiques, mais beaucoup d'auteurs français, que j'ai chez moi ,mais Oh surprise ils ont presque tous ceux de Romain Gary. on m'envoie un catalogue et j'ai trouvé "la vie devant soi" que tu m'avais chaudemant recommandé, il est en prêt et on va me le reserver, "la promesse de l'aube" et "apres cette limite votre ticket n'est plus valable" on va les garder pour moi.
je suis ravie, dommage que tous ceux dont on a besoin pour le forum n'existent pas. Aucun écrivain non français. Vous avez la chance en France d'avoir tous les auteurs du monde. C'est loin de mon quartier, mais on arrive.

J'en suis ravi pour toi Amadak. j'avais vu sur le net que la médiathèque de l'Alliance Française du centre de Buenos aires était assez importante.
Bonne lecture alors!

merci Albert, je lirai ce livre émouvant, on m'a dit qu'on en a fait un film avec Simonne Signoret dans le rôle de madame Rosa.

c'est exact, et il y a eu l'année dernière une pièce de théâtre avec Myriam Boyer (que je n'ai pas vue)

présentation de l'exposition dans cet article

Pseudo écrit sous le pseudonyme d'Ajar;
je ne sais pas comment qualifier ce livre pas vraiment un roman, pas vraiment une autobiographie
un livre totalement surréaliste et fantaisiste ou l'auteur se prend pour Paul Pavlowitch qui se prend pour Ajar qui est...?? tonton macoute??

Mais toujours les trouvailles de style de Gary:

lorsqu'il évoque les interrogations sur Ajar:

Citation :

p.16
On a même supposé que j'étais un ouvrage collectif. C'est exact, je suis une œuvre collective, avec ou sans préméditation.

Citation :

p. 30
Ce n'était pas très gentil, il me péjorait.

p120

J

Citation :

e finirai mon livre parce que les blancs entre les mots me laissent une chance.

Ayant lu tout le fil, et vu la vidéo que me reste-t-il à écrire sur ce magnifique auteur
et "la vie devant soi" un livre remarquable et bouleversant. Je lirai d'autres de lui
et je mets mon petit commentaire sur "La vie devant soi"

Je n’oublierai jamais Momo; je n’ai pas trouvé dans l’histoire de la littérature, à ce que je me souviens, un portrait d’enfant si bien dessiné, au langage argotique, plein de tendresse qui nous fait sourire souvent et nous comble de tristesse quelques lignes après.

Une histoire d’amour entre le petit arabe et la vielle juive, qui méritait d’avoir un ascenseur. Dans ce faubourg obscur de Paris, Madame Rosa, accueille les fils de putes qui se défendent dans les rues, elle-même survivante de Auschwitz, avait fait ce métier et maintenant malade, elle éprouvait pour ce petit Mohamed un amour, hors commun et réciproque.

Entourée de personnages pleins de couleurs, dans le sens véritable du mot, noirs, arabes, sénégalais, vies brisées et pourtant solidaires les uns pour les autres et tous prêts à secourir madame Rosa, qui dans ses moments de délire se cache dans son trou juif.

Momo qui ne sais même pas son véritable age, ne connaissant ni mère ni père, porte dans son âme des sentiments charitables à fleur de peau : son chien qui était sa vie, son bonheur, il l’a vendu à gros prix, puis il a jeté cet argent à l’égout. ( cet épisode m’a particulièrement touchée) il avait voulu lui assurer une meilleure vie.

Momo petit philosophe qui un jour écrira lui aussi « Les Misérables » Il ne lui manque pas de sujets. Je ne raconte pas tout ce que livre nous dit, nous émeut, nous fait réfléchir, sur les religions, le racisme, la misère et la déchéance. Et surtout l’amour, amour inconditionnel de Momo qui restera avec Madame Rosa jusqu’à la fin et même après.

Un livre inoubliable ou Romain Gary a réussi à nous faire vivre une histoire pathétique et admirable à la fois.

Biographie de Romain Gary

Romain Gary, de son vrai nom Roman Kacew, né en 1914 à Vilnius en Lituanie, est un romancier français d'origine russo-asiatique, écrivant en français et en anglais, parlant russe et polonais. Un des grands noms des lettres françaises. Devenu catholique non croyant, il est né de l'union de parents juifs : un père grec orthodoxe, Léonid Kacew, et une mère russe, Mina ("c'était une petite comédienne qui n'avait pas beaucoup de talent, me dit-on, mais qui aimait passionnément le théâtre.") Ne connaissant pas son père, parti vivre avec une autre, il est élevé par sa mère divorcée qui l’adore. Il part d'U.R.S.S. en 1921, arrive à Nice en 1928 à l'âge de 14 ans, y passe son bac, puis étudie le droit à Paris. Naturalisé français en 1935, il est appelé au service militaire pour servir dans l'aviation où il est incorporé en 1938.

C’est en 1937, sous le nom de Romain Kacew, que paraît son premier roman passé inaperçu Le Vin des morts. En 1940, mitrailleur en avion, il rejoint de Gaulle en Angleterre et les Forces aériennes françaises libres. C'est durant cette période que Romain Kacew choisit le nom de guerre de Gary (signifiant « brûle ! » en russe) qui deviendra son pseudonyme. Il termine la guerre comme capitaine de réserve. Compagnon de la Libération, il reçoit la Croix de guerre. En 1944, il se marie à Lesley Blanch, écrivain britannique avec qui il vivra jusqu’en 1962, à qui l'on doit le merveilleux Romain, un regard particulier.

En 1945, Gary quitte l'aviation après sept ans d'uniforme. C'est un monsieur très décoré. Education européenne, publié d'abord en traduction anglaise en 1944, lui vaut le prix des Critiques et est traduit en de nombreuses langues. Il a trente ans, on ne peut rêver d'un retour d'Ulysse plus réussi. Il reçoit immédiatement deux offres prestigieuses : Georges Bidault lui propose d'entrer au ministère des Affaires étrangères et un groupe d'hommes d'affaires avertis, à la recherche d'une couverture, lui propose de prendre la présidence du conseil d'administration gérant une trentaine de bordels à travers la France. Il choisit les Affaires étrangères et travaillera dans la diplomatie pendant quinze ans, d'abord comme secrétaire d'ambassade en Bulgarie (Sofia), en Suisse (Bern) puis en Bolivie (La Paz) comme chargé d'affaires. En 1948, il rentre à Paris à la Direction d'Europe, dirigée par le gendre de Paul Claudel, Jacques-Camille Paris.
a suivre


En 1956, il signe un roman devenu célèbre, Les Racines du ciel, étiqueté « premier roman écologique ». Il est vrai que la protection de la nature en est un thème essentiel. Romain Gary consacre de très belles descriptions aux éléphants et aux oiseaux, aux magnifiques paysages et aux grands espaces africains. Au-delà de l’allégorie sur les éléphants, symboles de la liberté, ce roman est aussi une condamnation de l'exploitation des ressources naturelles de l'Afrique par les colonisateurs occidentaux. Romain Gary recrée tout un contexte politique et historique, faisant appel à une fascinante galerie de personnages, des Africains et des occidentaux venus de tous les coins du globe, amoureux de l'Afrique ou naufragés rejetés, des personnages profondément humains et émouvants dans leurs errements. C'est une belle réflexion sur les magouilles et les luttes d'influence, sur les ambiguïtés et les compromissions de l'engagement politique, sur les dangers de l'idéalisme et sur la nécessité pourtant de continuer à s'engager. C'est surtout un plaidoyer "pour la défense du milieu humain dans son sens le plus large, avec tout ce que cela suppose de respect pour l'homme, de liberté, d'espace et de générosité." (in La nuit sera calme) Un beau témoignage, d'un humanisme lucide.

Attaché de presse de l'ONU à New York puis, en 1957, Consul général de France à Los Angeles jusqu’en 1961, Romain Gary mène une vie de consul qui lui fait croiser de nombreuses stars : Fred Astaire, Frank Sinatra, Gary Cooper, Kirk Douglas, Katharine Hepburn. Il connut un peu Marilyn Monroe et beaucoup mieux Veronica Lake. En 1959, à 45 ans, il tombe sous le charme de l'actrice américaine Jean Seberg qui en a 21. Elle venait d’éviter de brûler vive sur le tournage de Sainte Jeanne de Preminger et sortait d'A bout de souffle de Godard.

En 1960, Romain Gary écrit un roman biographique, La Promesse de l’aube, qui retrace avec beaucoup d’humour son parcours. C’est surtout un hommage émouvant à sa mère, envahissante et attachante, qu’il décrit avec tendresse. La mère de Gary, omniprésente dans l’inconscient de son œuvre, était le modèle le plus achevé de la mère juive dans toute son atroce splendeur ("Vous devriez vous sentir heureuse de n'avoir pas eu une mère russe et juive ! Elles vous étouffent ! Elles vous dévorent tout cru ! Grand Dieu !... Si vous saviez..." a-t-il confié à Lesley Blanch). Non de celles qui promettent un destin à leur enfant mais qui promettent leur enfant à un destin. « Avec l’amour d’une mère, la vie vous fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais ». Gary y montre aussi un grand sens de la justice sociale, un optimisme à toute épreuve et une foi éternelle en la vie et les hommes.

Romain Gary se met en congé du ministère des Affaires étrangères en 1961 et divorce de Lesley Blanch. Il se marie à Jean Seberg en 1963 dont il divorcera en 1969 juste avant sa mort (salie par le FBI pour son soutien aux Black Panthers, gravement dépressive, Seberg sera retrouvée gisante, à 40 ans, le sang chargé d'alcool et de barbituriques).

En 1974, paraît Gros câlin, l’histoire d’un employé de bureau qu'on pourrait qualifier d'idiot sympathique, philosophe autodidacte de surcroît, qui décide de vivre avec un énorme python pour meubler un peu sa solitude. Le fameux sens moral de Romain Gary refait surface. Il traite en profondeur l'inconfort de la solitude avec modestie et humour. L’insondable tristesse de ce petit monument de comique est à (re)découvrir, tout comme la singulière mélancolie sous l’évidence du charme. Une vraie profondeur teintée de gravité sous le panache... L’année suivante, La Vie devant soi remporte le Goncourt 1975. Et l’affaire Ajar, génial canular qui sera révélé bien plus tard, naît. En effet, ce n’est qu’après sa disparition qu’on apprit que, sous le pseudonyme d'Émile Ajar, Romain Gary était également l'auteur de quatre romans dont la paternité avait été attribuée à un proche parent Paul Pavlovitch, lequel avait assuré le rôle d'Ajar auprès de la presse et de l'opinion publique. Ajar et Gary ne furent pas ses seuls pseudonymes puisqu'il est aussi l'auteur d'un polar politique, Les Têtes de Stéphanie, écrit sous le nom de Shatan Bogat et d'une allégorie satirique signée Fosco Sinibaldi, L'Homme à la colombe. Romain Gary est le seul écrivain à avoir jamais été, par volonté de mystification ambiguë, récompensé deux fois par le Prix Goncourt : la première fois en 1956 sous son pseudonyme courant, Romain Gary, pour les Racines du ciel, et la seconde fois en 1975 sous le pseudonyme d'Émile Ajar, pour La Vie devant soi. Cette même année, en 1974, l'homme engagé, le diplomate et l'écrivain se livrent et s'expliquent magnifiquement dans un long entretien fictif accordé à son ami François Bondy dans La Nuit sera calme.

Méprisé par la critique de son vivant, considéré comme auteur réactionnaire parce que diplomate gaulliste, Gary, qu'on ne cesse de redécouvrir aujourd'hui, fit avec l'épisode Émile Ajar un véritable pied de nez au Tout-Paris littéraire. Depuis, plusieurs de ses livres ont été mis en scène au théâtre et adaptés au cinéma, notamment La Promesse de l’aube en 1960 par Jules Dassin, Clair de femme (1979) par Costa-Gavras, avec Yves Montand et Romy Schneider dans les rôles principaux, et La Vie devant soi (1977) par Moshé Mizrahi, qui remporta l'Oscar du meilleur film en langue étrangère, et dans le rôle de Madame Rosa, Simone Signoret remporta le César de la meilleure actrice. Romain Gary a également réalisé deux films, pour lesquels il tint en même temps le rôle de réalisateur et celui de scénariste : Les oiseaux vont mourir au Pérou en 1968 et Kill en 1972. Cette partie de son œuvre n'a guère connu de succès. Il fut aussi coscénariste du Jour le plus long.

Homme de contradictions et fabuleux écrivain, Romain Gary voulait laisser derrière lui « toute une étagère », quitte à y intercaler quelques navets, ce qu’il fit (comment écrire 35 chefs-d’œuvre ?). « Minoritaire-né, Gaulliste inconditionnel » comme il se définissait lui-même, Romain Gary avait depuis longtemps été étiqueté par ceux qui ne l’avaient pas ou mal lu comme un écrivain de droite, un conservateur, un réactionnaire. Mais l’homme, comme l’œuvre sabotèrent cette volonté illusoire et rassurante de ranger les individus dans des casiers bien ordonnés. Gary était un être complexe, lucide, « un cosaque un peu tartare mâtiné de juif », un antiraciste à l’humour au vitriol, un fin observateur de la société (française comme américaine), et l’on réalise aujourd’hui qu’il fut avant tout un visionnaire. Il n’hésitait jamais à tenir un discours qui dérangeait en mettant en lumière toutes les hypocrisies. Un désir d'échapper à tous, pour se fuir et s'inventer. Entre l'être et le néant, Gary est une métaphore de la liberté. C'était un homme aux multiples facettes et à mille vies, sans compter celles qu'il s'inventa dans une œuvre littéraire gigantesque. Comédien, joueur, aventurier, séducteur, excentrique, cet écorché vif n’était pas un dilettante. Homme travaillé, en permanence et en profondeur, par le désespoir, narcissique, égoïste, neurasthénique, il avait un caractère épouvantable et imprévisible. Sauvage à ses heures, essuyant ses pieds sur les coussins, reléguant ses secrétaires trop moches derrière un paravent, affectionnant le drame et la commedia dell'arte, pleureur compulsif, affecté du «spleen slave», Gary avait dialectiquement un don solaire pour la joie, la générosité, les femmes. Écrivain incandescent, formidablement délié, il se vit reprocher par de troubles puristes de mal écrire en français. Ainsi, au moment où Giono et Mac Orlan donnaient le Goncourt aux Racines du ciel, qu'il avait l'admiration de Roger Martin du Gard, d'Elsa Triolet, Joseph Kessel, Arthur Koestler, André Malraux et Albert Camus, alors qu’on l'adulait à Londres ou à New York, la critique française le rangeait parmi les auteurs mineurs.

Romain Gary se donna la mort un an après Jean Seberg, en 1980, en se tirant une balle dans la bouche le 2 décembre 1980 à Paris.

J'ajoute quelques mots, cette superbe biographie je l'ai touvé sur le Net.
Carlos Fuentes était amoureux de Jeanne Seberg, lui aussi. et elle avait choisi Romain Gary. Comme dit l'article il était difficile de vivre avec lui. Elle le quitta et s'engagea pour la défense des noirs. Elle était enceinte d'un autre homme et très malade. Hollivood ne lui pardonnait pas sa lutte. Gary voulait donner son nom à l'enfant, qu'elle perdit et voulait un tombeau de cristal pour qu'on puisse voir qu'il était blanc, tant ses détracteurs disaient que le père était un Noir. Après elle a sombré dans la drogue et l'alcool, une sorte de suicide. Dommage, grandeurs et misères de la gloire.

Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable de Gary Romain

résumé : Le personnage de Jacques Rainier est un homme d'affaires puissant que la puissance s'apprête à quitter. Le monologue intérieur du personnage divague entre déclin du monde, déclin de ses affaires, déclin sexuel, déclin de sa vie conjugale. Un fantasme va prendre corps dans un homme jeune, espagnol, pauvre, fort, fragile, idéal, que Rainier va utiliser comme générateur de libido. Dans le texte, c'est l'écriture qui sert à la fois de révélateur et de frein aux angoisses. Par son détournement du tragique du monde et du langage en un monologue de la relation amoureuse, c'est comme si la chute de l'empire tentait, en voulant se redresser et en se trouvant dérisoire, qu'un couple se rapproche, pour mettre un début à ce qui se termine.
La Tour de Pise ne se redressera plus jamais. Pas plus que la virilité de Jacques Rainier, qui atteint l'âge où le déclin de la prostate entraîne le déclin du monde, ou l'inverse, à moins qu'aucun rapport n'existe... Pas si sûr, le narrateur nous fait douter, nous fait danser sur la corde du connu et de l'inconnu. Connu de la petite phrase, inconnu du sens sous-entendu propre à chacun, et que nous partageons petit à petit, page après page. Jusqu'à ce que l'étrangeté de la phrase nous devienne plus familière qu'elle ne le sera jamais au personnage de Laura, amante jeune et brésilienne, aux prises avec ces détours si masculins, tandis que son vieil amant peine à comprendre une logique brésilienne dont le langage franbrasilien est tout aussi touffu d'images mystérieuses, de traductions erronées, de poésie spontanée, que celui de Rainier.
La locution à double tranchant du titre est le début d'une lecture surprenante par ses détournements de lieux communs. Ce sont les larmes plein les poings serrés de rire que les idiomatismes quotidiens de Gary transforment en pierres blanches la vie des personnages, pour mieux ponctuer notre voyage au pays de la métaphore. Ce ticket de l'écriture et du plaisir de lire reste valable au-delà de toute limite, car il n'y a aucun abus.
Les personnages semblent éloigner de nous un sens qui pourrait être plus clair, avec leur manière de substituer des mots, de les inverser, de faire glisser ce que nous connaissons trop loin de nous. Pourtant, par cette opération même, leur langage se rapproche au point de se confondre avec nous : nous devons interpréter ces propos plein de secrets, pour en faire nos propres secrets. Comme dans La Vie devant soi, d'Ajar alias Gary, où le monde est vu par, montré par les mots de, il n'y a pas meilleure façon de voir le monde que par les mots des autres : c'est l'essence même de la littérature, de la lecture, de l'écriture. Le travail sur la langue de Gary est bouleversant. Chaque personnage est une source poétique. Et pourtant c'est un roman. Franchie la limite de la dernière page, notre vision antérieure du monde n'est plus valable. - wikipedia


étonnée par le réalisme et la crudité du livre, mais voilà longtemps que je n'avais pas relu Gary. Tellement différent de "La Danse de Gengis Cohn" !

lecture terminé, besoin de souffler un peu avant d'en parler...

moi aussi je l'ai fini, c'est un Gary différend de ses autres romans, je donnerai mon compte-rendu plus tard, puisque nous sommes nombreux, et donner le temps aux participants de s'exprimer.

Amadak a écrit:

je donnerai mon compte-rendu de Romain Gary plus tard, puisque nous sommes nombreux, et donner le temps aux participants de s'exprimer.

à partir du 15 juillet si vous voulez, vous gardez un peu vos notes, j'espère vous rejoindre à temps.

Pour ne pas nuire ni faire du tort à personne, je vais rémedier ma gaffe, involontaire et je posterai mon avis la dernière des participants, vers la fin du mois juillet
tout le monde en paix, je suppose et moi aussi.

Mes excuses Rotko, oui on avait parlé du jour 15, mais je ne serai pas chez moi à cette date, alors je me suis pressée à poster, je reviendrai lundi.

Bah, Amadak, tu pouvais laisser ton post, on n'est pas à un jour près d'autant que le 14 juillet est férié et que je t'avais dit :"tu peux poster".

Garde précieusement ton post, remets-le dès que possible, il est bienvenu

Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable de Romain Gary

« Le déclin de l’empire américain » (rire)

On verra que cette expression, comme le projet de « redresser la tour de Pise » ou des considérations sur les « hommes puissants » relève des euphémismes et autres métaphores atténuées pour parler du déclin sexuel du narrateur.

Pas étonnant alors que le récit abonde en « consultations » : confidences entre sexagénaires (le terme n’est pas anodin), ou entrevues, voire conseils de médecins, pour pallier les « crises vespérales » ou l’angoisses des défaillances dans le débat amoureux.

En même temps il semblerait que soit établi un lien entre sexualité et activité économique, l’une relançant l’autre par procuration, ou traduisant toutes deux le même « désinvestissement. »

je suis en mi-parcours de lecture.

A plusieurs reprises le narrateur utilise le tutoiement : s’adresse-t-il à Laura, la jeune Brésilienne dont il est épris ? Comme quoi on attend l’avis des femmes, et des graines en particulier