Walter Benjamin (1892-1940)

Philosophe et critique allemand, qui a participé à la traduction en allemand de la Recherche du temps perdu, et a écrit de nombreux essais, dont notamment l'Oeuvre d'art à l'époque de sa reproduction mécanisée, sujet sur lequel j'ai longuement réfléchi ; je suis bien content d'avoir trouvé ce texte en ligne ici : http://hypermedia.univ-paris8.fr/Groupe/documents/Benjamin/Ben3.html#ref.

Voila ce que l'on peut trouver dans cet essai :

Citation :

Nos bistros et nos avenues de métropoles, nos bureaux et chambres meublées, nos gares et nos usines paraissaient devoir nous enfermer sans espoir d'y échapper jamais. Vint le film, qui fit sauter ce monde-prison par la dynamite des dixièmes de seconde, si bien que désormais, au milieu de ses ruines et débris au loin projetés, nous faisons insoucieusement d'aventureux voyages.

J'ai souvent rencontré au cours de lectures des références à Walter Benjamin. C'est donc un beau lièvre que tu soulèves.

Sur cette page d'autres textes accessibles comme Paris, capitale du XIXe siècle

Citation :

Le génie de Baudelaire, qui trouve sa nourriture dans la mélancolie, est un génie allégorique. Pour la première fois chez Baudelaire, Paris devient objet de poësie lyrique. Cette poësie locale est à l’encontre de toute poësie de terroir. Le regard que le génie allégorique plonge dans la ville trahit bien plutôt le sentiment d’une profonde aliénation.

C’est là le regard d’un flâneur, dont le genre de vie dissimule derrière un mirage bienfaisant la détresse des habitants futurs de nos métropoles. Le flâneur cherche un refuge dans la foule. La foule est le voile à travers lequel la ville familière se meut pour le flâneur en fantasmagorie.

Cette fantasmagorie, où elle apparaît tantôt comme un paysage, tantôt comme une chambre, semble avoir inspiré par la suite le décor des grands magasins, qui mettent ainsi la flânerie même au service de leur chiffre d’affaires. Quoi qu’il en soit les grands magasins sont les derniers parages de la flânerie.

Dans la personne du flâneur l’intelligence se familiarise avec le marché. Elle s’y rend, croyant y faire un tour ; en fait c’est déjà pour trouver preneur. Dans ce stade mitoyen où elle a encore des mécènes, mais où elle commence déjà à se plier aux exigences du marché, (en l’espèce du feuilleton) elle forme la bohème.

A l’indétermination de sa position économique correspond l’ambiguïté de sa fonction politique. Celle-ci se manifeste très évidemment dans les figures de conspirateurs professionnels, qui se recrutent dans la bohè­me. Blanqui est le représentant le plus remarquable de cette catégorie. Nul n’a eu au xixe siècle une autorité révolutionnaire comparable à la sienne. L’image de Blanqui passe comme un éclair dans les Litanies de Satan.

Ce qui n’em­pêche que la rébellion de Baudelaire ait toujours gardé le caractère de l’homme asocial : elle est sans issue. La seule communauté sexuelle dans sa vie, il l’a réalisée avec une prostituée.

M. Benjamin savait exprimer clairement des idées anticipatoires et complexes.

Le texte de Walter Benjamin fait allusion à [l'homme des foules, de Baudelaire qu'on peut lire et télécharger.

L'homme des foules

Citation :

Ce grand malheur de ne pouvoir être seul !

La Bruyère

J'ai assisté hier soir à une conférence très intéressante sur Walter Benjamin, faite par un auteur qui a beaucoup travaillé sur son œuvre et a publié en 2009 un livre sensible intitulé L’ultime chemin de Walter Benjamin (Jean-Pierre Bonnel - Cap Béar éditions) : comme le titre l’indique, il s’agit de relater la fin de vie poignante de Benjamin et de faire réfléchir à l’homme qu’il fut, à son destin d’exilé et à ce qu’il représente aujourd’hui. A la partie biographique et historique qui fournit des repères bien utiles succède un Journal reconstitué des derniers jours, écrit à la première personne, jusqu’au suicide à Port-Bou.
Je connaissais certains textes de Benjamin sur Baudelaire et j’en avais lu quelques autres sur sa conception de l’Histoire qui me fascinaient en me laissant perplexe ; je pense en particulier à son « ange de l’histoire ». En écoutant hier le conférencier dont j’ai lu le livre, j’ai mieux perçu la complexité du philosophe, son pessimisme allié à une perspicacité qu’on ne lui reconnaît que maintenant et pour cause.
Par ailleurs, vivant tout près des Pyrénées sur un sol qui vit passer nombre de désespérés et de fugitifs dans un sens comme dans l’autre, je ne peux être que sensible à tout ce qui se rattache à la notion de frontière, surtout en un temps où l’Europe les fait disparaître.

12 octobre 2011 au 5 février 2012

exposition sur Walter Benjamin, au musée d’Art et d’Histoire du judaïsme. Paris.

L’exposition rassemble des matériaux, des supports, des objets ou des écrits (manuscrits, tapuscrits, cartes postales, carnets de notes, enveloppes, tickets, photographies, coupures de presse, registres, fichiers, répertoires, carnet d’adresses, paperolles, etc.), qui témoignent tous d’une exigence constante chez Walter Benjamin : arracher à l’oubli une pensée en devenir et en organiser le sauvetage, qu’il s’agisse de sa propre pensée, de celle de ses proches ou de pans entiers de l’histoire négligés.

la présentation de l'exposition.

Etonnante chose qu’une œuvre d’art puisqu’elle conserve, dans l’opaque pyramide de son essence, le secret de son origine. Walter Benjamin, dans cet ouvrage éclair aussi dense que bref, dont l’intelligence du propos semble emprunter son feu à quelque sagesse divine, trouve le moyen d’accéder à une compréhension de l’essence de l’art en général en resituant celui-ci dans le champ de l’histoire en interrogeant l’œuvre d’art et son rapport essentiel à l’époque, plus décisivement, à notre époque.

Pour en savoir plus.