Georges Perec

La vie mode d’emploi


Le roman total.

L’aventure.

Pour l’érudition, on pense à Huysmans, pour l’ivresse du rythme, on pense à Potocki, même si la construction du roman n’est pas basée sur une mise en abymes, mais sur le thème du puzzle.

Riche idée de structure. Par morceaux.

D’abord épars. Apparemment épars...

Des morceaux de vie.

Le lieu : un immeuble. Dit autrement : des boîtes.

Dedans : des insectes êtres humains.

L’auteur : comme un entomologiste gentil, un brin railleur et curieux de tout. Un encyclopédiste traînant son binocle sur ce monde agité, fébrile et attachant.

De la variété, mais aussi de l’universalité dans la variété...

Il nous narre leur vie dans les grandes largeurs et dans le détail (au choix).

De tout.

Des vies familiales, professionnelles, des passions.

Certains sont épris : d’un art, d’une manie, d’un vice. Ils poursuivent tous leur idéal. Seuls ou accompagnés.

Telle l’histoire de ce trapéziste virtuose, si amoureux de son art qu’il finit par ne plus jamais descendre de son trapèze, il vit en hauteur, dort et mange et finalement, décide le grand saut, le vrai, dans le vide et s’écrase au sol.


Rideau.


Une expérience de lecture étourdissante, ensorcelante, irrationnelle dans le rationnel, ou l’inverse, je ne sais plus.

Unique.

Pérec est un bâtisseur de cathédrales...

Marie kiss la joue a écrit:

Un homme qui dort
(L'histoire d'un jeune homme de vingt-cinq ans, visiblement étudiant en sociologie, qui décide de se laisser aller, mais véritablement, qui n'ira pas passer ses examens, qui ne verra plus personne, ne sortira plus sauf pour se promener et acheter l'indispensable. Pour le reste, sa chambre lui suffit. Le récit est rédigé dans son entier à la 2ème personne du singulier, ce qui crée une sensation étrange, comme si l'auteur parlait à son personnage mais aussi et surtout comme s'il nous parlait à nous-même, nous mettait en garde, en quelque sorte...

Un film en a été issu, quelqu'un l'a vu ?

En voici les dix premières minutes.

le premier roman de Georges Perec, inédit et refusé en 1960, le Condottière.

Gaspard Winckler est un peintre faussaire. Maître de ses techniques, il n’est pourtant qu’un simple exécutant d’un commanditaire, Anatole Madera. Comme dans un bon polar, dès la première page du livre, Winckler assassine Madera. Ce roman enquête sur les mobiles de ce meurtre dont l’une des raisons sera l’échec du faussaire à rivaliser avec le peintre de la Renaissance

l'éditeur.

C’est presque l’histoire d’un écrivain de la classe moyenne, d’un Paris en révolution, celle de la mémoire d’un génocide qui émergeait de l’oubli. Ce qui fait le prix de Perec, c’est le souci d’inventer des formes qui révèlent la réalité sans exposer les sentiments, de jouer avec elles comme aux échecs ou au jeu de go

Libé.

Je suis en train de le lire, au départ j'étais déconcertée par le fait que ce soit un roman, précisément, puisque Perec a surtout écrit des essais ou en tout as des livres assez ludiques, qui proposent mille réflexions. Là, on a affaire à une véritable narration puisqu'il s'agit d'un faussaire, Gaspard Winckler, chargé d'exécuter la copie d'un Condottière, du peintre Antonello de Messine. Mais après douze ans de faux en matière de peinture, il ne croit plus en ce qu'il fait et n'arrive pas à trouver cette dernière copie convaincante.
C'est étrange car le roman a beau être écrit dans un style moderne, on a vraiment l'impression d'être à l'époque datent les tableaux, évoqués c'est-à-dire le XVIème siècle environ.

lily briscoe a écrit:

ne soyez pas pessimiste! Perec n'est pas oublié.

Loin de là. Au programme de ma troisième année de licence, l'inévitable W. Arrivée à mi parcours je dois avouer que je suis dubitative, même si certaines évocations, à la fois terribles et pudiques m'ont positivement marquées.

J'attends de voir la suite, avec l'éclairage de mon cours.