La nourriture

oui, on a un fil sur la cuisine qui est voisin, et sert de mode d'emploi, ou plus si affinités

que penseriez-vous de parler de la nourriture, des petits plats que vous aimez, des sensations et des rêveries (voire des souvenirs, ah, la petite madeleine !) qu'ils éveillent en vous ?

et les dégoûts aussi !

Citation :

Au lit, le plateau du petit déjeuner sur ses

genoux, enfouie dans une profusion de châles,

de lainages, d’édredons, car elle est devenue

frileuse, elle parcourt les sentiers de la mémoire.

Dans l’humus du passé, la chaleur fait pousser les

souvenirs comme des champignons qui se laissent

cueillir sans effort.

La biscotte crisse. Elle devient le sable qui

égrène le temps parfumé à la confiture ou au miel

parmi les vapeurs de thé.

Noëlle Châtelet, « La Dame en bleu », aux Éditions Stock

les épinards ?

Citation :

“On dirait de la bouse de vache.”

J’aime pas les épinards ! de Katharina Grossman-Hensel, chez duculot.

J'aime bien les bouses de vache ! Enfin pas dans mon assiette, ni sous mon pied mais bon il y a pire dans la nature nan ?

De là, nous arrivons aux épinards.. bon pourquoi pas. Je suis une ex-non-mangeuse d'épinards, servis comme ça flac floc, paf le petit morceau de beurre frais dessus, le coeur remonte de quelques centimètres, la bouche se distord, les yeux montent aux cieux et les pieds rêvent de courir ok !

Mais et ce mais peut tout changer, prenez une bonne respiration, mettez vous en position de lotus ... cuisinez les ! Ces légumes ne demandent que ça, être aimés, choyés et ornés ! N'en donnez pas aux enfants, interdisez, n'est-ce pas le meilleur moyen de les attirer par l'interdit ... bon on peut rêver ! Je n'ai mis que 30 ans à changer d'avis

Non mais !

j'adore les épinards ! j'en ai fait des frais avant hier u n régal !
cuits dans du beurre, le jus rendu dans l'évier, un peu de crème fraiche et des oeufs durs chauds hummmmmm !!!!!

La tragédie du cuisinier (ou de la cuisinière!).

On pense à Vatel dont parlait madame de Sévigné madame de Sévigné qui n'avait pas prèvu assez de rôti et qui attendait en vain "la marée".
Vatel :

Citation :

"Monsieur, je ne survivrai pas à cet affront-ci; j'ai de l'honneur et de la réputation à perdre." Gourville se moqua de lui. Vatel monte à sa chambre, met son épée contre la porte....

,

Chez Noelle Chatelet, Raymonde se désole :

Citation :

"Le silence de la tablée familiale fut éloquent : ratée. La blanquette d'agneau était ratée !

A peine put-elle soutenir le regard lègèrement fuyant de son petit -fils. Sa fille retira le plat sans proposer qu'on se resservit, et Raymonde nota le rien d'agacement que cet incident lui causait à sa façon bien particulière de repiquer l'épingle glissée de son chignon. Quant à son gendre, il s'était plongé depuis longtemps dans les mots croisés du journal."

La blanquette de l'ancienne, in histoires de bouches de Noëlle Chatelet, chez Folio.

Si c'est loupé ,je mange quand même ,par courtoisie
quant au gendre ,il est détestable

Certes, faire des mots croisés à table... je n'aime pas non plus ceux qui fument dès le hors d'oeuvre je crois même que ça se sent , même à la table voisine !

la nourriture comme facteur d'harmonie du groupe : le boeuf en daube dans Vers le phare de Virginia Woolf, j'essaierai de retrouver le passage.

Vous avez compris que l'histoire de la blanquette se terminait mal chez Noëlle Chatelet ...

Comme Jacob faisait cuire un potage, Ésaü revint des champs, accablé de fatigue.

Et Ésaü dit à Jacob : Laisse-moi, je te prie, manger de ce roux, de ce roux-là, car je suis fatigué. C'est pour cela qu'on a donné à Ésaü le nom d'Édom.

Jacob dit : Vends-moi aujourd'hui ton droit d'aînesse.

Ésaü répondit : Voici, je m'en vais mourir ; à quoi me sert ce droit d'aînesse ?

Et Jacob dit : Jure-le moi d'abord. Il le lui jura, et il vendit son droit d'aînesse à Jacob.

Alors Jacob donna à Ésaü du pain et du potage de lentilles. Il mangea et but, puis se leva et s'en alla. C'est ainsi qu'Ésaü méprisa le droit d'aînesse.

La purée

Pour Régine desforges, si on veut séduire un homme, il faut lui faire de la purée, de la vraie purée. Ce qui lui rappelle sa maman...

Noëlle Chatelet :

Citation :

Soeur Angélique a déposé sur mes genoux l'assiette de purée de pommes de terre accompagnée de boulettes de viande et battait des cils pour m'encourager [...]

Ah ! marraine ! j'ai cru m'évanouir de bonheur lorsque la cuillérée de purée a glissé dans mon gosier, sans effort ! j'ai mangé deux boulettes entières. Quelle ivresse ! j'ai senti que j'étais guérie, que j'allais pouvoir rentrer à la maison ...

in histoires de bouches, Folio.

rotko a écrit:

Pour Régine desforges, si on veut séduire un homme, il faut lui faire de la purée, de la vraie purée. Ce qui lui rappelle sa maman...

Je comprends bien mais il faut avoir envie de materner ... gros soupirrr.

Citation :

Pour Régine desforges, si on veut séduire un homme, il faut lui faire de la purée, de la vraie purée. Ce qui lui rappelle sa maman...

Utopie

Citation :

Je comprends bien mais il faut avoir envie de materner

C'est une approche, pas un engagement "juré craché".

Chacun voit la purée comme il l'entend !

Elle est souvent connotée comme dans l'extrait de Noëlle Chatelet : "petites attentions maternelles pour soigner le déficient", vous êtes d'accord ?

Chez nous la purée -jambon évoque nos mères quand on était malade

On te sent mélancolique : tu n'aimais pas le jambon ?

non mais c'était inéluctable,,,à mes fils je leur demandais leurs envies
'qd on est malade on mange très peu, autant que cela fasse envie)


Et puis chez nous nos mères sont anxieuses devant la maladie et on peut bien rester une journée à jeun sans risque de mourir

Oui, oui le jambon/purée est un plat typique
Je suis d'accord avec toi Berne sur la peur des mères anxieuses, je crois, peut-être à tort, qu'il s'agit aussi d'une époque, moins de soins, plus de peur.

Chez nous, ils avaient peur pour tout, l'air, le soleil, la pluie, le froid, les courants d'air, ce que cela a pu me saouler ! La génération d'avant me semblait plus ? réaliste ? fataliste ? et pourtant plus de décès d'enfants. En tout cas chez les grands parents, c'était la liberté !

Je ne sais pas bien pourquoi, mais la génération des parents dans ma famille qui ont tous + ou - 80 ans maintenant, était très couveuse, ils sont devenus des grands parents peureux et avec l'âge je les trouve assez hypocondriaques, toujours chez le spécialiste et pourtant pas vraiment d'entretien, pas de sport, rien.. une génération "médecin" mais je me trompe peut-être, toujours détestable de généraliser.

Disons que c'est une observation très personnelle.

Je suis bien de ton avis (96 ans et 91 ans ) certains jours ma main n'a pas envie de décrocher le téléphone car elles n'écoutent que leur cher médecin (qui n'a pas forcément raison )et la famille est corvéable à merci C'est notre génération qui veut cela Mais que d'angoisses de la mort

Tout ce que vous dîtes convient au sujet, parce que la nourriture déclenche les souvenirs et met à jour les preoccupations, comme à table.

Le coup du médecin dont la parole est d'évangile est un phénomène courant.Qu'il s'agisse d'un vendeur de rasoir électrique ou du réparateur télé, ils ont l'avantage sur ce qu'on peut dire, parce que tu es restée une enfant dont l'avis n'est pas autorisé !! Forcement c'est dur à avaler, puisque le premier venu te dame le pion.

Si j'en crois Aristote ( ) l'amitié des vieillards n'est pas à rechercher puisqu'ils calculent, dit-il dans sa philosophie, leur intérêt !

Est-ce à tort qu'il le dit ? Avoir des liens trop proches avec les personnes dont on s'occupe entraine bien des désagréments, voire des exploitations, si bien qu'une aide-ménagère à heures fixes rend bien des services et évite un chantage affectif.

Si tu prépares une purée pour tes parents (je n'ai pas osé dire tes "vieux"), elle sera nettement moins bonne que faite par quelqu'un d'autre.

Mais je peux me tromper, j'entends des choses si différentes !!

rotko a écrit:

Tout ce que vous dîtes convient au sujet, ...

Oui .. j'avais un peu peur d'être hors sujet

Citation :

.... parce que tu es restée une enfant dont l'avis n'est pas autorisé !! Forcement c'est dur à avaler, puisque le premier venu te dame le pion.

Oui c'est exactement ça, dans tous les domaines ! Pourtant chez moi ils se font avoir en beauté, mais non, ces gens là ont raison et savent tout donc nous, les plus jeunes (environ 50 a) on se tait ... moi ça me rend complètement folle. J'arrive pas à me résigner et pourtant il n'y a que ça à faire, se taire.
Aimer c'est aussi respecter non ? ...

Citation :

Si j'en crois Aristote ( ) l'amitié des vieillards n'est pas à rechercher puisqu'ils calculent, dit-il dans sa philosophie, leur intérêt !

Et pourtant, mes grands parents ont vécu très âgés, c'était des amours, tout ce que nous n'avons pas trouver affectivement auprès de parents trop dans le matériel, nous l'avons trouvé avec eux plus une chose importante, l'écoute et le respect réciproque.
Je ne me sens pas respectée par la génération des parents, c'est terrible ça ! enfin pour moi.

Je recherche et me préoccupe souvent des personnes âgés qui sont autour de moi mais qui ne sont pas de ma famille, sûrement je recherche mes gds parents, mais j'aime bien partager avec eux et les aider si besoin, l'aide est réciproque d'ailleurs pas question de pitié non, un vrai partage.
Certains sont seuls ça me touchait bcp, maintenant je me dis qu'il y a peut-être des raisons En fait il faudrait inter-changer... je m'occupe des parents de x et x s'occupe des miens.

Citation :

(je n'ai pas osé dire tes "vieux")

Je n'ose pas dire vieux non plus lorsque j'écris, mais je le dis très affectueusement.

Citation :

Mais je peux me tromper, j'entends des choses si différentes !!

Oui, je n'aime pas du tout généraliser...
Disons que j'ai plusieurs échos, et sur ceux ci je retrouve ces gds parents là bcp plus égoïstes, même avec les petits enfants, et pourtant ils réclament leurs droits de les voir etc.
Ma mère quand elle vient... elle lit bonjour les relations avec la petite fille, ne pas s'étonner si celle-ci est parfois indifférente, d'ailleurs pour la ramener à un rapprochement, elle achète ! Vraiment tout l'opposé de ce que j'ai connu.

Et pour en revenir à la nourriture, pas de bonnes gourmandises faites maison, on va chez le boulanger

Les sociologues aiment à étudier les différentes générations et soulignent, à partir d'enquêtes, ce qui apparaît comme des bizarreries : telle mère voit son propre père, autrefois si distant, devenir un grand père attentionné et plein d'initiatives pour sa petite fille.

Des grands parents relativement jeunes ou du moins en pleine forme, libérés des servitudes professionnelles, se découvrent une nouvelle vie affective plus riche et des centres d'intérêts nouveaux.

J'ai entendu ce témoignage qui sidérait la "fille de jadis devenue mère", et qui lui faisait dire qu'elle-même n'avait pas été l'objet d'élémentaires attentions

On discute autour de la purée, comme à table, c'est bien le rôle de ce fil et du forum. Super !

Il y a un livre aux Editions Autrement, Collection Mutations qui est épuisé mais que l'on peut trouver d'occasion.

Nourritures d'enfance. Souvenirs aigres-doux



4ème de couverture :

Blanche et onctueuse purée, clafoutis bien-aimé, abjectes cervelles, épinards répugnants, terrifiantes blanquettes... Quelle langue d'avant les mots parlent nos nourritures d'enfance pour que, bien des années plus tard, saisis par le souvenir, nous retrouvions intacts en nous la précision de l'image, le vif des sentiments, le tumulte du coeur, toutes les saveurs ?

De quels signes silencieux et secrets se parent les aliments de notre enfance pour que s'y trouvent associés dans notre mémoire la joie ou la souffrance, le goût ou le dégoût, la nostalgie ou le rejet ?

Hélas, je viens de voir qu'il est mis au rebut !

On le trouve d'occasion, comme je le signalais, par ici !


Mais j'ai quelques articles sur le net ... à suivre